mardi 7 septembre 2010

Grenoble : Les métallos en nombre

65 000 personnes ont battu le pavé à Grenoble (Isère) soit 15 000 personnes de plus que le 24 juin. Fort de ce succès, les syndicats isérois se disent prêt à remettre le couvert si le gouvernement ne recule pas sur l'âge de départ à la retraite.
« Sarkozy ta réforme des retraites prend l'eau ! », affiche une banderole détrempée. Sous les gouttes de pluie et une nuée de parapluie, l'intersyndicale CGT, CFDT, CFTC, Unsa, Sud, FO, FSU, CFE-CGC défile dans les rues de Grenoble. Humides, les manifestants sont presque ragaillardis par ce temps maussade.
« Cette fois-ci, on prend les grands boulevards, c'est pour les grandes manif » assure Patrick Brochier, secrétaire de l'union départementale CGT. Effectivement, 65 000 personnes, soit 15 000 de plus que le 24 juin dernier se sont jointes à la manifestation. « Il faut que le gouvernementt recule sur tous les points comme la reconnaissance de la pénibilité, l'allongement de durée de cotisation... qui posent problème dans ce projet  ».
Sur le camion des métallos de la CGT, coiffé d'une perruque blonde, Jacky, ouvrier chez Dickinson, fabricant de seringue, tape sur un tonneau. « Si on casse notre industrie, comment on va créer des emplois et ensuite pouvoir financer les retraites ? » La quasi totalité des syndicats CGT de la métallurgie suivent cette journée de grève.
Richard, ouvrier chez Caterpillar, a installé sa banderole sur son parapluie pour porter haut les couleurs de la CGT. « On travaille en 4/8 dans le bruit, les odeurs, A 55 ans, j'en ai déjà plus que marre, soupire t-il. Chez Caterpillar, le Plan social de 2009 avec plus de 700 suppressions de postes aussi laissé une ambiance de travail dégradée.
« Jacques Chirac a une retraite 56 fois supérieure à la mienne ». Sylvain, retraité du bâtiment, s'agrippe à sa pancarte faite maison. « Il y a de l'argent pour payer la réforme des contraire, qu'on ne nous dise pas le contraire. Ca me dégoute, les affaires d'argent et de politique avec madame Bettencourt », rage-t-il.
« On est totalement prêt à retourner manifester »
Autre génération, Célia, 14 ans venue manifester avec sa maman, Véronique, caissière et déléguée FO chez Casino. « Je veux qu'elle se rende compte que ça la concerne aussi. Si on bosse plus longtemps, Ça fera moins de travail pour elle ». Véronique décrit la poursuite de son emploi deux ans de plus comme complètement utopique. « C'est physiquement impossible et de toute façon, on nous fait comprendre qu'une caissière de 60, c'est mauvais pour l'image de marque de la maison ».
Emboitant le pas aux salariés, Annie David, sénatrice communiste de l'Isère, aimerait une manifestation de la même ampleur le 5 octobre pour l'examen du projet par la chambre haute. Pas impossible. Si tous les organisations attendent la réunion intersyndicale de mercredi pour décider de la suite du mouvement, l'envie d'en découdre avec le projet est sur toutes les lèvres « on est totalement prêt à retourner manifester », insiste Annie, déléguée Sud PTT chez France Télécom.
Arrivée sur la place de la préfecture, Luc, délégué Unsa à la Semitag, transport de l'aglomération grenobloise, savoure l'ampleur de la mobilisation et tacle la réforme. « Je suis chauffeur de bus, j'ai mal au dos, mais je suis rassuré, madame Bachelot a déjà prévu les déambulateurs pour nous faire bosser jusqu'à 62 ans!" Avant de repartir, il redécore la place avec une banderole de l'Intersyndicale. Souvenir d'une pari réussi.
Envoyée spéciale,
Cécile Rousseau

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