vendredi 31 décembre 2010

La fausse mort annoncée du communisme

Yvon Quiniou a publié L'ambition morale de la politique. Changer l'homme ? (L'Harmattan, 2010)

Décidément, Le Monde, malgré ses grandes qualités, ne changera pas, comme ne change pas la classe médiatique dont il exprime l'opinion et qui englobe une partie de la gauche. Le diagnostic sur l'état de décomposition avancée du PCF qu'il a de formulé dans son éditorial du 28 décembre transforme une analyse factuelle partiellement exacte en jugement de valeur dépréciatif et en pronostic sans fondement avéré, faute d'un effort suffisant de réflexion critique ou autocritique.

L'analyse indique des faits d'affaiblissement incontestables, à comparer à d'autres concernant le mouvement communiste au niveau européen. Mais il oublie de signaler que son score à la dernière présidentielle a été largement du au vote utile en faveur du Parti socialiste pour éviter un nouveau 2002, sans qu'il soit besoin d'y voir un signe de décès : la presse a-t-elle déclaré Les Verts morts sous le prétexte d'un score encore plus calamiteux de Dominique Voynet ? Et surtout, pourquoi ne pas signaler deux autres faits inverses, tout aussi vrais ? L'influence réelle est remontée à 5 % aux législatives suivantes, permettant de faire exister un groupe parlementaire avec Les Verts (le Modem peut-il en dire autant ?), et à partir des Européennes et des Régionales, dans le cadre du Front de gauche, le poids du PC peut s'estimer à 6 ou 7 %. Par ailleurs, pourquoi occulter le fait que, mesuré à l'aune de ses élus (municipalités, conseils généraux, conseils régionaux et, à nouveau, parlement), il constitue le troisième parti de France ? Voilà un étrange nonagénaire prétendument agité par les tremblements de la décrépitude !
Par contre, il faudrait s'interroger sur les causes de cet affaiblissement, hors de tout a priori idéologique. Les raisons sociologiques ne sont pas pertinentes : le monde du travail (ouvriers, cadres, employés des services, paysans) est non seulement largement majoritaire en France (comme ailleurs), mais il subit la crise du capitalisme à un niveau rarement atteint : paupérisation, chômage, mal-être et mal-vivre, souffrance au travail, recul sans précédent des acquis sociaux du XXe siècle, etc. Tout cela dessine les contours d'un peuple qui, dans son immense majorité, aurait intérêt à voter communiste. Mais il ne le fait pas, alors qu'une récente enquête signalait un désaveu massif (65 %) du système de production capitaliste. Pourquoi ? C'est là la question pertinente ! Or deux phénomènes sont en jeu, qu'une réflexion réellement critique devrait indiquer. D'abord la disparition du système soviétique qu'à peu près tout le monde, au siècle dernier – partisans naïfs comme adversaires acharnés –, identifiait au communisme et qui, à travers une vision mythifiée, continuait à incarner malgré tout une alternative au système libéral. Son échec, sur la base de cette identification, fait croire massivement à l'impossibilité définitive du communisme, que l'histoire aurait ainsi démontrée. D'où cette situation tragique d'un refus de notre société et d'un scepticisme radical quant à la possibilité de la dépasser, dont le mouvement communiste fait les frais, ici comme ailleurs.

LE PARTI COMMUNISTE PEUT ÊTRE LE PORTEUR VIVANT D'UNE NOUVELLE ESPÉRANCE
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