mardi 7 décembre 2010

Les peuples n'ont pas à payer la crise

C’est la haute finance qui plonge l’Union européenne dans une tempête dont on ne connaît pas la fin. La finance, c’est-à-dire le monde bancaire, les fonds financiers et assurantiels, les spéculateurs de tous poils. Ils peuvent le faire parce que depuis des années les gouvernements qui se sont succédé leur ont lâché la bride et ont fait des lois leur permettant cette spéculation déchaînée.
La loi suprême est le traité de Lisbonne qui instaure la liberté de circulation des capitaux et des marchandises quand de plus en plus de travailleurs sont privés de la « liberté » de travailler.
Au lieu de tirer les enseignements de cette impasse totale, les dirigeants des Etats et de l’Union européenne continuent et permettent donc aux même requins de la finance, qui ont plongé l’Europe dans la crise, de profiter encore et encore de la crise. Les Etats garantissent les fonds aux banques et bloquent ou réduisent les salaires, suppriment des services publics et abaissent les niveaux de sécurité sociale et de retraite, vendent des entreprises publiques au privé pour rembourser leurs déficits.
Ces déficits ne cessent eux-mêmes de se creuser car le gouvernement abaisse sans cesse les impôts sur le capital. En France, avec 150 milliards d’euros de déficit, le gouvernement s’apprête à faire à nouveau 4 milliards d’euros de cadeaux aux plus fortunés, en supprimant l’impôt sur les grandes fortunes. Mieux, la dette des Etats profite aux banques qui, avec des taux d’intérêt élevés, gagnent de l’argent sur ces dettes.
Il n’y a donc aucune fatalité à cette crise. Elle est le résultat des politiques ultralibérales à l’œuvre. Malheureusement, ce que nous avions annoncé ici depuis longtemps se produit. Ce n’est pas un aménagement à la marge de la construction européenne qui permettra d’en sortir. C’est une transformation graduelle de cette construction européenne, avec un processus citoyen pour un autre traité européen, qui nous permettra d’en sortir. Cela appelle à sortir de l’austérité. C’est au contraire la rémunération correcte du travail, la création d’emplois nouveaux, la valorisation des territoires ruraux, un haut niveau de protection sociale et de retraites qui permettra de relancer les économies et de faire rentrer de l’argent dans les caisses des Etats et de la protection sociale.
D’autre part, le dogme de la libre circulation des capitaux mène à la faillite. Il faut donc progresser vers une taxation des mouvements de capitaux. Une telle taxation, infime, de 0,5% permettrait de doubler le budget européen. D’autres recettes peuvent être trouvées avec une taxation des transactions bancaires et un impôt européen uniformisé sur les grandes sociétés pour réduire la concurrence fiscale.
De même, on ne peut comprendre qu’aux Etats-Unis la Banque centrale puisse racheter des titres de dettes des Etats et que la Banque centrale européenne se l’interdit par les traités eux-mêmes. La Banque centrale européenne pourrait, par création monétaire, racheter tout ou partie de la dette des Etats au lieu d’imposer des plans d’austérité aux peuples et la privatisation des services publics.
Partout en Europe, les peuples commencent à se soulever contre les choix à l’œuvre. Ils ont raison ! Ils n’ont pas à a payer la crise déclenchée par et au service de la haute finance.

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