mercredi 5 janvier 2011

Coups bas contre Cuba

Au début des années 90, cinq agents cubains sont chargés de surveiller les terroristes qui visent leur île depuis cinquante ans, notamment à partir de la Floride. En 1998, les États-Unis les jettent en prison, où ils croupissent.
Gerardo Hernández. Fernando González. René González . Antonio Guerrero. Ramon Labañino. Ces noms devraient nous être connus : ce sont ceux des cinq victimes d’un des pires scandales judiciaires des années 2000. Cinq Cubains qui croupissent depuis plus de dix ans dans des geôles américaines, après ce qu’il faut bien appeler une parodie de procès. Leur crime ? Avoir informé leur gouvernement – qui a ensuite transmis ces renseignements aux plus hautes autorités des États-Unis – sur les auteurs des attentats qui, depuis un demi-siècle, ensanglantent Cuba.

Rompre l’omerta

Mais qui a entendu parler de cette campagne de terreur ? Et qui connaît le nom des « Cinq », comme les appellent les militants – personnalités de premier plan, parmi lesquelles plusieurs Prix Nobel, ou anonymes – qui, partout dans le monde, se battent pour obtenir leur libération ? Maurice Lemoine, ancien rédacteur en chef au Monde diplomatique et excellent connaisseur de l’Amérique latine, a voulu rompre cette omerta en publiant Cinq Cubains à Miami : un roman à clés. Pour que nul ne puisse plus dire qu’il ne savait pas. Une enquête qui s’avère être un passionnant thriller, comme seuls les spécialistes américains du genre savent les réussir.

Terrorisme anti-Castro

Pour comprendre, il faut remonter au 6 octobre 1976. Ce jour-là, un avion de ligne de la compagnie Cubana, piégé par des terroristes, explose en vol au-dessus de la Barbade. Bilan : 73 morts – dont la totalité des escrimeurs de l’équipe nationale cubaine, qui venait de remporter les Jeux transaméricains. L’un des instigateurs du massacre est un éminent représentant de l’extrême droite cubaine exilée à Miami : Luis Posada Carriles. Incarcéré au Venezuela, il s’évade en 1985 – avec l’aide de la CIA. Il rallie le Guatemala, où il met son enthousiasme anticommuniste au service des Américains dans leur guerre secrète contre le gouvernement sandiniste du Nicaragua.
L’attentat de la Barbade s’inscrit dans une suite ininterrompue d’exactions qui ont fait à Cuba, depuis un demisiècle, 3 400 morts, autant que les attentats du 11 septembre 2001 – sans que cela émeuve outre mesure les opinions occidentales. L’effondrement de l’URSS, principal soutien de Cuba, n’a aucunement mis fin à cette campagne de terreur : en 1997, par exemple, des bombes ont explosé dans plusieurs hôtels de l’île, tuant un vacancier italien. Objectif : frapper au portefeuille un régime sous embargo américain et dont le tourisme est l’une des principales ressources.

Parodie de procès

Pour lutter contre ce terrorisme, le gouvernement cubain envoie en Floride, au début des années 90, cinq agents dont la mission est d’infiltrer les organisations paramilitaires qui ont juré de renverser Fidel Castro. Ces infiltrés se distinguent très vite par « la qualité des informations qu’ils recueillent et transmettent »
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