dimanche 30 janvier 2011

La révolution égyptienne

Les flammes de la colère se répandent à travers toute l’Egypte, et rien ne peut les arrêter. Le sort du régime de Moubarak est en jeu. Aujourd’hui [vendredi], il y a eu des affrontements violents dans les rues du Caire et d’autres villes d’Egypte. Le gouvernement avait prévenu les manifestants qu’ils feraient face à toute la puissance de l’Etat.
La situation se développe avec une extraordinaire rapidité. Ces derniers jours, des centaines de milliers d’Egyptiens sont descendus dans la rue pour exiger la liberté. Avec un courage admirable, ils ont bravé les matraques, les gaz lacrymogènes et les balles de la police. Aujourd’hui, les manifestations – jusqu’alors surtout composées de lycéens et d’étudiants – ont été renforcées par une armée de pauvres et de déshérités venue des bidonvilles du Caire et d’autres villes.
La répression peut-elle réussir ?
Le régime dispose d’un appareil d’Etat fort de 1,5 million de soldats, dont il s’efforce d’acheter la loyauté à grands frais. La fonction de cet appareil redoutable n’est pas de défendre l’Egypte contre un agresseur étranger ou de combattre Israël. Sa fonction est de soumettre le peuple égyptien. Mais y parviendra-t-il ?
Sur le papier, c’est une force gigantesque que le peuple n’a aucune chance de vaincre. Mais on pourrait en dire autant de tous les régimes tyranniques de l’histoire. Louis XVI, le Tsar Nicolas II et le Shah d’Iran disposaient d’appareils de répression beaucoup plus puissants que celui de Moubarak. Et pourtant, à l’heure de vérité, ils se sont effondrés comme un château de cartes.
Le déploiement de cet arsenal répressif ne révèle pas une force, mais une faiblesse : sans la police et l’armée, le gouvernement est impuissant. Napoléon remarquait qu’on peut faire beaucoup de choses avec des baïonnettes, mais qu’on ne peut s’asseoir dessus. En dernière analyse, la police et l’armée constituent une base trop étroite pour soutenir un régime impopulaire. A leur grande surprise, les autorités constatent que l’appareil d’Etat ne peut pas mettre un terme aux manifestations. Aujourd’hui, il y avait 80 000 manifestants à Port Saïd, 50 000 à Beni Suef, à 100 kilomètres au sud du Caire, et de grandes manifestations à Alexandrie, à Suez et ailleurs.
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