jeudi 31 mars 2011

Le Pr André Grimaldi : “Une consultation, pour être rentable, devrait durer douze minutes !”

Pour André Grimaldi, auteur de “L'Hôpital malade de la rentabilité” et professeur à la Pitié-Salpêtrière (Paris), la fin du service public hospitalier est proche. En cause : les réformes successives dont les logiques mercantiles font de l'hôpital une entreprise. 

Le Pr André Grimaldi est l'un des fers de lance du Mouvement de défense de l'hôpital public (MDHP) qui a rassemblé médecins et professionnels de la santé contre la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires), dernière grande réforme de l'hôpital en 2009. Franc-tireur et solidaire dans ce milieu des professeurs de médecine où l'individualisme l'emporte, ce diabétologue de la Pitié-Salpêtrière a tiré la sonnette d'alarme dans un livre qui décrit avec force les dérives du service public : L'Hôpital malade de la rentabilité (éd. Fayard, 2009).
Nous sommes entrés dans l'ère de l'hôpital-entreprise, écrivez-vous dans votre livre L'Hôpital malade de la rentabilité. De quand datez-vous cette transformation ?
Le processus date d'une dizaine d'années, mais le vrai basculement correspond à l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Qui influençait jusque-là les décideurs politiques ? Surtout le secteur médical, où de grands noms, tels les Debré – le premier d'entre eux, le professeur Robert Debré, était le père du Premier ministre du général de Gaulle –, ont joué un rôle décisif en tant que conseillers politiques. Désormais, c'est le monde des assureurs et les grands gestionnaires de compagnies de cliniques privées (Médéric, Axa, la Générale de santé, Korian...) qui ont l'oreille de l'Elysée. Ce secteur financier, industriel et commercial de la santé est un lobby très influent aux plus hauts sommets de l'Etat.

Comment se manifeste cette dérive du service public vers l'hôpital-entreprise ? 

Grâce à un outil essentiel : la tarification à l'activité, dans notre jargon, la T2A. Les recettes d'un hôpital sont désormais directement liées au nombre d'actes et de consultations enregistrés par l'établissement, donc à son volume d'activité. Ce mode de financement a été mis en place avant l'arrivée de Sarkozy, vers 2005, mais il est devenu aujourd'hui l'alpha et l'oméga du système, et s'est révélé d'une grande perversité.
Pourquoi ?
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