dimanche 27 mars 2011

Une opération de flibusterie électorale

par Michel Soudais

La décision d’Europe écologie Les Verts (EELV) de maintenir ses candidats au 2nd tour contre le PS ou le Front de gauche dans une trentaine de cantons est un événement dont nous n’avons pas fini de mesurer la portée, faute d’en mesurer dans l’instant la nouveauté et les conséquences.

Je rappelle les faits : La direction d’EELV a décidé dimanche de maintenir ses candidats le 27 mars, au second tour, partout où la droite est éliminée. Les mêmes ont aussi décidé qu’EELV soutiendrait face à la droite le candidat de gauche le mieux placé et ferait bien entendu barrage au FN. Après quoi, Cécile Duflot s’en est allé prendre la pose gauche unie sur une péniche aux côtés de la première secrétaire du PS, Martine Aubry, et du secrétaire national du PCF, Pierre Laurent. En se gardant bien de dire alors que ses candidats continueraient de ferrailler contre ceux de ses deux compères, partout où ils le pourraient, sans risque de faire élire un candidat de droite. Gageons que si tante Cécile avait annoncé sa cuisine, nous n’aurions sans doute pas eu droit à cette belle image d’unité retrouvée.

Sitôt l’annonce du retour de la gauche plurielle diffusée sur toutes les antennes, EELV dévoilait son intention de mettre un terme à la règle traditionnelle du désistement pour le candidat de gauche arrivé en tête. Argument des écolos servi par la fringante Cécile Duflot [1] : « Les recettes de 1880 [2] ne sont pas celles du XXIe siècle. En cas de qualification de deux candidats de gauche au second tour, je ne vois pas pourquoi obliger les lecteurs à voter pour un candidat unique. C’est le contraire de la démocratie. »

Un moyen de droitiser la gauche

Au risque de déplaire [3], je ne crois pas que la démocratie puisse exister dans la confusion des idées et des choix. Car la « démocratie » que nous chante ici EELV n’est rien d’autre qu’une opération de flibusterie électorale. Un jeu de massacre hasardeux où les électeurs de droite et d’extrême droite sont invités, après la défaite de leur champion, à choisir quel opposant leur convient. Comme s’il revenait aux gens de l’UMP et du FN d’arbitrer les débats qui traversent la gauche.
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