lundi 26 septembre 2011

Fralib : des salariés créatifs en lutte contre une multinationale cupide

Par Sophie Chapelle
Ils sont plus d’une centaine de salariés à occuper leur usine de thés et de tisanes, à Gémenos, dans les Bouches-du-Rhône. Objectif : éviter la fermeture d’une activité pourtant viable et construire un projet industriel alternatif, local et écologique. Problème : le géant de l’agroalimentaire Unilever, propriétaire de l’usine et des marques Lipton et Éléphant, que les salariés accusent de détournements fiscaux au profit des actionnaires, s’y opposent. Reportage.
Les portraits au pochoir du Che tapissent les murs, les vitres, les conteneurs et même les lignes de production. Des signes de résistance à une fermeture promise. À l’accueil du site de Fralib – la Française d’alimentation et de boissons –, qui conditionne les thés Lipton et Éléphant, une feuille placardée indique les horaires de roulement. Ils sont une centaine de salariés à veiller jour et nuit sur leur usine, craignant que la direction ne vienne en catimini déménager les machines pour les emmener en Pologne.
En pleine période électorale, la perte de 182 emplois suscite des réactions. Depuis juillet, les candidats à la présidentielle se pressent jusqu’au site de cette zone industrielle de Gémenos, à 20 km à l’est de Marseille. Las des questions des journalistes, Omar, qui gère les tours de garde, clarifie les choses dès l’entrée sur le site : « Ici, on n’est pas là pour parler de Strauss-Kahn ou de Guérini. Si on reçoit les politiques, c’est pour qu’ils nous aident vraiment à sauver Fralib et qu’on parle de Fralib. »
Des salariés dépossédés de leur entreprise
Raconter l’histoire des « Fralibiens », c’est inévitablement mentionner celle d’Unilever. Multinationale anglo-néerlandaise, Unilever rachète le Thé Éléphant au groupe Ricard en 1972. Cinq ans plus tard, elle crée Fralib en fusionnant cette société avec celle des thés Lipton. À la fin des années 1990, Unilever spécialise le site de Gémenos dans les thés parfumés, les infusions et les thés verts, et confie les thés noirs à une usine située à Bruxelles. À cette époque, Fralib mène de front achat de ses matières premières, transformation, conditionnement et commercialisation.
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