lundi 10 octobre 2011

La marche des milices hongroises sur Gyongyospata

Pendant trois mois, en pleine présidence hongroise de l’UE, le village de Gyöngyöspata a été occupé par les milices fascistes. En juillet, elles ont gagné les élections municipales. Première mesure : le travail forcé pour les Roms.
Gyöngyöspata (Hongrie), envoyé spécial. Une femme lit le magazine Barikad, l’une des publications du Jobbik, le parti néofasciste le plus influent
d’Europe, qui a obtenu 16 % des voix lors des législatives de 2010. Les photos donnent le ton : une croix gammée, un portrait de Franco. Elle est dans le bus qui se dirige vers Gyöngyöspata, village de 2 800 âmes à 80 km de Budapest. Depuis juillet, la ville est administrée par le Jobbik, qui l’a conquise à la faveur d’une élection municipale partielle, imposée de force par des milices. La première mesure prise par le nouveau maire, Oszkar Juhasz, a été d’obliger les chômeurs à travailler. Dans son esprit : les Roms. Si elles refusent, les personnes privées d’emploi se voient supprimer les allocations sociales. « La plupart des non-Roms convoqués ont refusé, sans être inquiétés pour autant », nous explique Janos Farka, responsable de la communauté rom.
Seize hectares a nettoyer
Le travail obligatoire s’effectue à flanc de colline, à une demi-heure du village. « Le camion qui nous apporte les outils n’emmène que quatre femmes », certaines âgées, nous prévient-on. Les hommes et les autres femmes vont à pied. Leur tâche est simple : débroussailler seize hectares d’ici à la fin novembre. Les Roms, et les rares non-Roms qui travaillent, sont en émoi. Quatre d’entre eux ont été licenciés la veille. Deux certificats médicaux n’ont pas été acceptés. Deux autres hommes ont vu leur demande de congés refusée, alors qu’ils avaient trouvé à s’employer pour faire les vendanges pendant deux jours, nous dit-on.
Ici, le droit du travail ne s’applique pas. Les toilettes sont à dix minutes. Aucun lieu ombragé. Lázár (1), la vingtaine, a eu la veille une altercation avec le maire, venu jouer l’inspecteur des travaux finis. « Je lui ai réclamé des gants », se plaint-il. Les anciens sont troués. Cet été, sous le soleil, l’eau venait même à manquer.

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