mercredi 12 octobre 2011

« La taxe Tobin fera fuir les traders ? Tant mieux ! »

Par Agnès Rousseaux
La Commission européenne a proposé une taxe sur les transactions financières, assez proche de la « taxe Tobin », défendue depuis dix ans par Attac. Pour Dominique Plihon, économiste et président du conseil scientifique de l’association altermondialiste, cette décision est une première avancée intéressante, malgré ses limites. Il reste encore à convaincre de nombreux États européens de la nécessité d’une telle mesure.
Basta ! : La taxe sur les transactions financières proposée par la Commission européenne est-elle la même que la « taxe Tobin » défendue par Attac depuis plus de dix ans ?
Dominique Plihon : La Commission européenne a toujours considéré la taxe Tobin [1] comme irréalisable, dangereuse et même contraire aux traités européens et à la libre circulation des capitaux. Nous sommes contents qu’elle ait changé d’avis. Les modalités proposées nous paraissent plutôt satisfaisantes : un taux de 0,1 %, appliqué à toutes les transactions impliquant des opérateurs financiers européens, et un taux de 0,01 % sur les transactions sur les produits dérivés. Ce sont des taux que nous avions envisagés. Ce qui est moins satisfaisant, c’est l’exclusion du « spot trading », c’est-à-dire des transactions sur le marché des changes (entre euro et autres devises) [2]. Même si ce marché pèse de moins en moins, il est indispensable de l’inclure.
La taxe proposée va-t-elle permettre une réelle limitation de la spéculation et une régulation des échanges financiers ?
Elle est vue aujourd’hui uniquement comme un moyen pour récolter des fonds pour renflouer les finances européennes en temps de crise. C’est un fonds pour colmater la brèche dans les budgets nationaux. Ou pour renforcer le budget européen, qui ne représente actuellement que 1 % du PIB de l’Union. Pour Attac, l’objectif premier d’une telle taxe doit être la lutte contre la spéculation. Or ces deux objectifs peuvent être contradictoires : en luttant contre la spéculation, on va faire dégonfler la sphère financière, et donc diminuer la base fiscale de ce nouvel « impôt ». Mais dans la configuration proposée, cette taxe aura sans doute un effet réel sur la spéculation, c’est donc une bonne première étape.
Quelles sont les principales limites de la taxe proposée ?
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