lundi 3 octobre 2011

Le double scandale de l’hôpital d’Évry-Corbeil

Dans l’Essonne, le Centre hospitalier sud-francilien paie un loyer exorbitant pour le futur site unique, construit par Eiffage et toujours inoccupé. Tout le monde reconnaît l’échec du « partenariat public-privé » : un gâchis financier et sanitaire.
«Cet hôpital, c’est une bombe à retardement en matière de maladies nosocomiales. » Pharmacien biologiste, responsable de l’hygiène du Centre hospitalier sud-francilien (CHSF), le docteur Didier Lecointe ne décolère pas. L’objet de son courroux ? La société Eiffage, chargée de la construction du nouveau bâtiment de l’hôpital dans le cadre d’un partenariat public-privé, qui a « mal fait son boulot ». Depuis qu’il ausculte minutieusement les moindres recoins du futur établissement, coquille vide depuis sa livraison, le 17 janvier dernier, ce Monsieur Propre de l’hôpital va de déconvenue en déconvenue. Il y a un an, l’hygiéniste a demandé à Eiffage d’enlever les meubles en aggloméré, « véritables nids à bactéries », installés en réanimation. « À ce jour, ce n’est toujours pas fait ! » s’énerve Didier Lecointe, tout en rappelant l’histoire de la bactérie tueuse qui sévissait dans un hôpital du nord de la France, l’an dernier : « La source, c’étaient des meubles en agglo imbibés d’eau, qu’on ne pouvait pas désinfecter. » Mais de son avis, « le pire du pire », c’est la température de l’eau chaude, « qui n’est pas chaude ». « Pour les malades immunodéprimés, il est recommandé d’utiliser une eau bactériologiquement maîtrisée, explique le médecin. Il faut qu’elle soit à 60 degrés et non à 25 ! C’est la réglementation. Cela prouve bien qu’ils n’ont pas lu les circulaires ! » s’emporte Didier Lecointe. Et de citer encore ces chambres protégées qui devraient être situées au bout du service d’oncologie, de façon à limiter les passages et le risque d’aspergillus, à l’origine de graves affections du poumon. « Sur le plan initial, que j’ai validé, tout était pourtant bien précisé. Mais ils l’ont changé, sans me prévenir. Résultat : tout est fait à l’encontre des règles d’hygiène. Et on ne peut plus rien changer car le système de traitement de l’air est installé. »
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