mercredi 25 janvier 2012

Dominique Plihon : « Il faudrait instituer un tribunal des banques »

À en croire le gouvernement, mais aussi une grande partie de la presse qui relaie la pensée dominante, le problème principal des pays européens serait aujourd’hui la dette publique. Ce qui légitimerait à leurs yeux les politiques d’austérité menées un peu partout en Europe. Pour le Front de gauche des intellectuels, www.placeaupeuple2012.fr a demandé son avis à Dominique Plihon, professeur à Paris 13 et signataire de l’appel des Économistes atterrés, qui contestent radicalement les politiques d’austérité et proposent un audit citoyen de la dette. Notamment pour en identifier la part qui doit être effacée : la dette « illégitime ».

Dans les propositions de la gauche dite de transformation sociale, on distingue aujourd’hui dette légitime et dette illégitime et on propose un audit citoyen pour évaluer l’une et l’autre. Pouvez-vous expliquer ces notions ? Comment cela pourrait-il s’organiser ?
D.P : La dette publique est réputée illégitime quand elle a servi à financer des dépenses qui ne servent pas à l’intérêt général, et souvent même nuisent à celui-ci. Par exemple, pour financer des réductions d’impôts profitant aux classes les plus riches. Le rôle d’un audit citoyen est d’expertiser la dette publique afin de déterminer les origines de la dette, et la part qui provient d’opérations indues. Il faudrait instituer un tribunal des banques qui jugerait les dettes illégitimes, et déciderait d’annuler celles-ci.
La dette publique est aujourd’hui présentée comme responsable de tous nos maux et prétexte à des politiques d’austérité qui sont selon vous un faux remède à un faux problème. Pouvez-vous expliquer cela ?
D.P : Le vrai problème n’est pas celui de la dette publique mais de l’endettement privé excessif qui a conduit à la crise financière, plus particulièrement dans les pays (États-Unis, Royaume-Uni, Irlande, Espagne) où l’endettement des ménages a alimenté des bulles immobilières. Avec les politiques de sauvetage des banques et des politiques de relance menées en 2008 et 2009 pour enrayer la récession, la dette publique, qui était raisonnable avant la crise, a augmenté en moyenne de 20 points de PIB.
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