mercredi 11 janvier 2012

Révisionnisme. La nostalgie des colonies, 
un fonds de commerce électoral

La falsification et l’instrumentalisation du passé colonial ont contribué de façon décisive, en 2007, à la réussite de l’OPA de Nicolas Sarkozy sur les voix d’extrême droite. L’hôte de l’Élysée espère rééditer l’opération cette année. 
Un président de la République citant, dans ses vœux aux armées, un ancien officier putschiste… L’extrême droite en rêvait, Nicolas Sarkozy l’a fait. Mardi, à l’école navale de Lanvéoc-Poulmic (Finistère), l’hôte de l’Élysée n’a pas hésité, pour exalter «l’honneur», «la patrie», «la discipline», à puiser dans un mauvais texte d’Hélie Denoix de Saint-Marc. Cet officier parachutiste membre de l’état-major du général Massu lors de la bataille d’Alger en 1957, acteur de premier plan du putsch d’avril 1961, a été récemment élevé par l’Élysée au rang de grand-croix dans l’ordre de la Légion d’honneur. Ce nouveau clin d’œil aux nostalgiques de l’Algérie française ne doit rien au hasard. Il s’inscrit clairement dans une stratégie de reconquête de l’électorat d’extrême droite.
Le 22 avril 2007, Jean-Marie Le Pen enregistrait un score de 10 % à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle. Cinq ans plus tôt, le vieux chef de l’extrême droite provoquait un séisme politique en accédant, avec 17 % des voix, au second tour. Aux élections législatives de juin 2007, le Front national (FN) enregistrait son plus bas score depuis vingt ans, avec seulement 4,5 % des voix. Nicolas Sarkozy pouvait se réjouir. Cet effondrement du FN signait le succès complet de sa stratégie de conquête du pouvoir, orientée dès 2002 vers le racolage des électeurs frontistes. Les discours martiaux de l’hôte de la place Beauvau, pourfendeur de la «racaille», héraut de la lutte contre «l’insécurité» et champion de la chasse aux sans-papiers séduisirent alors, au-delà de ses espérances, l’électorat d’extrême droite. Mais un autre aspect du discours sarkozyen contribua de façon décisive à la réussite de cette OPA sur les voix d’extrême droite : la falsification et l’instrumentalisation du passé colonial.
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