vendredi 10 février 2012

Toutes les 3 minutes, un salarié européen meurt à cause de son travail

Par Ivan du Roy
À l’heure où les plans d’austérité se multiplient, où le chômage partiel se banalise, où la durée de vie au travail s’allonge un peu partout, quel est l’état de santé des salariés européens ? Les inégalités sociales face à l’enjeu de la santé au travail demeurent très fortes. Pour espérer vivre vieux, mieux vaut être cadre qu’ouvrier, et ouvrier que jeune précaire. Entretien avec Laurent Vogel, de l’Institut syndical européen. 
Basta !  : Comment se portent les salariés européens ?
Laurent Vogel [1] : Nous assistons à une détérioration de la santé au travail sur le long terme. Le problème est moins l’impact immédiat des conditions de travail sur la santé que le cumul des atteintes à la santé dans la durée. Dans le cadre de l’enquête européenne sur les conditions de travail [2], lorsque l’on demande aux salariés s’ils se sentent capables de travailler jusqu’à l’âge de 60 ans, les réponses négatives sont importantes. Un effet d’usure se manifeste : seulement 44 % des ouvriers non qualifiés pensent ainsi pouvoir tenir le coup jusqu’à 60 ans, et à peine la moitié des ouvriers qualifiés. Les différences sont fortes selon la place dans la hiérarchie sociale, car la proportion de ceux qui pensent pouvoir tenir le coup monte à 71 % pour les employés les plus qualifiés. Il existe ainsi un fossé entre les ouvriers les moins qualifiés et les personnes qui ont des qualifications élevées. En France, les ouvriers décèdent six ans et demi avant les cadres supérieurs. En Estonie, la différence d’espérance de vie entre un homme âgé de 25 ans possédant un diplôme universitaire et un homme du même âge possédant le niveau d’éducation le plus bas s’est accrue de 13 ans. La situation des femmes est plus favorable que celle des hommes dans des secteurs où les conséquences immédiates du travail sont moins perceptibles. Mais sur le long terme, les femmes perdent tout avantage. Elles sont notamment confrontées tout au long de leur vie à une organisation plus disciplinaire du travail.
Dans un contexte où la durée de vie au travail s’allonge...
Tout cela est effectivement inquiétant alors que dans beaucoup de pays européens l’âge de départ à la retraite et la durée du temps travaillé s’allongent. Cette logique simpliste qui vise à affirmer que l’espérance de vie augmentant, la durée du travail doit suivre, risque d’avoir des effets délétères. Les conditions de travail actuelles rendent cet objectif impossible pour une grande partie de la population.
460 personnes meurent chaque jour en Europe à la suite d’accidents et de maladies liés au travail (168 000 par an selon la Commission des affaires sociales du Parlement européen). Les décès liés au travail ont-ils tendance à se réduire ?
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