samedi 7 avril 2012

La seconde jeunesse du PCF


Depuis le début de l’année, un nouvel adhérent communiste sur deux a moins de 30 ans. Le parti donné moribond profite de la candidature Mélenchon à la présidentielle. De jeunes militants témoignent. Par LILIAN ALEMAGNA
Les vieux doivent se sentir moins seuls. A chaque meeting, c’est pareil : à Lille, à Clermont-Ferrand, sur la place de la Bastille à Paris… Des jeunes sont là. Dans les réunions de Jean-Luc Mélenchon, ils arborent l’autocollant «PCF». Le sigle est placé en évidence sur le poitrail. Au Parti communiste, les têtes se font tout à coup moins grises. Y aurait-il péril jeune en la demeure rouge ?
«Depuis le début de l’année, sur les 2 500 adhésions recensées, la moitié d’entre elles sont des moins de 30 ans», observe Jacques Chabalier, chargé du secteur «vie du parti» au PCF. Les communistes profitent à fond de l’«effet Front de gauche-Mélenchon». La vague ressemble à celle connue en 2005, durant la campagne contre le traité constitutionnel européen. Faisant déjà tréteaux communs avec Mélenchon, les communistes avaient alors enregistré 8 000 nouvelles adhésions en un an. «Pour la première fois depuis un quart de siècle, nous avions cessé de perdre des militants», se souvient Chabalier. Aujourd’hui, Pierric Annoot, secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF), est lui-même «surpris» de ce nouvel attrait : «On a fait 321 adhésions à la Bastille, 70 au meeting de Lille», détaille le patron de la «JC», dont l’organisation compte 12 000 membres. «D’habitude, les jeunes prennent une carte lors d’un mouvement social, type CPE en 2006, poursuit-il. Pas dans le cadre d’une campagne présidentielle.»
«Astre mort»,«décrépit»,«fini» : que n’a-t-on pas entendu depuis l’imposant siège du PCF, place du Colonel-Fabien à Paris… A tort ? En 1974, près de la moitié des délégués au congrès avaient moins de 30 ans. En 2010, ils étaient à peine plus de 10% (1).Fin 2011, sur 130 000 adhérents déclarés, ils n’étaient plus que 10 000. Cette présidentielle est pour le PCF une cure de jouvence. «Le parti est dans une nouvelle phase d’ouverture, observe l’historien Roger Martelli. Ce ne serait pas surprenant qu’il y ait un rajeunissement. Maintenant, il faudra voir ce que ça veut dire en termes de culture militante, de rapports avec la structure du parti.»Libération a rencontré quatre représentants de cette nouvelle génération communiste. Bien vivante.
Mehdi Mokrani, 30 ans Secrétaire de section à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) «Faut que ça tourne»

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