vendredi 15 juin 2012

Propos de François Hollande à la télévision grecque : « la France ne doit pas jouer le jeu du chantage en Grèce » (Pierre Laurent)

Je suis étonné de la position prise par François Hollande hier à la télévision grecque. Cette mise en garde contre un vote qui conduirait certains pays à préférer « en terminer avec la présence de la Grèce dans la zone euro », à quelques jours des élections, est déplacée. Le peuple grec est souverain et il ne peut y avoir de « mais » au respect de cette souveraineté. Cette pression est contraire à l'intérêt de la France et à la volonté affichée de réorienter la politique européenne et de renégocier le traité. Alors que les Français viennent de s'exprimer pour le changement, il convient désormais de s'appuyer sur toutes les aspirations similaires qui émergent en Europe, et très clairement en Grèce, où le peuple veut s'émanciper du diktat des marchés et en finir avec l'austérité.
La France ne doit pas appuyer le chantage de Mme Merkel et des tenants du consensus libéral. La question n'est pas la sortie de la zone euro ou non, mais sa refonte. Le vrai débat porte sur les mesures à mettre en œuvre ensemble pour sortir de la crise. Nous savons que l'austérité ne le permet pas, au contraire.
Je connais bien Syriza et Alexis Tsipras. Cette coalition est tout ce qu'il y a de responsable. Elle respecte les choix de son peuple en refusant les politiques d'austérité tout en souhaitant rester dans l'Euro, comme le veulent 70% des grecs. Elle a produit un programme économique d'investissement dans l'économie réelle et dans les services publics, qui seul peut sortir la Grèce de la spirale récessive.
La France doit épauler cette démarche en se déclarant prête au dialogue et à la coopération avec les forces de gauche en Grèce, en demandant la remise en cause du rôle et des missions actuels de la banque centrale européenne et en soutenant la proposition du Parti de la gauche européenne, de créer une banque publique européenne au service du développement social, solidaire et écologique.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et Président du Parti de la gauche européenne (PGE)

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