jeudi 18 octobre 2012

Biodiversité : « Madame Batho, il faut stopper la financiarisation de la nature ! »

Par Maxime Combes 
Peut-on confier aux marchés financiers la préservation des écosystèmes et de la biodiversité ? Verrons-nous bientôt en Europe des centaines de banques de « compensation biodiversité », vous proposant d’investir dans une forêt primaire ou une espèce menacée ? C’est à ces questions que doit répondre la ministre de l’Écologie Delphine Batho, à la Convention de l’Onu sur la biodiversité (COP11) qui se déroule en Inde. Le gouvernement français soutiendra-t-il la transformation de la nature en registre comptable ? 
La ministre de l’Écologie, Delphine Batho, doit s’exprimer lors de la convention de l’Onu sur la biodiversité (COP11 [1]) qui se déroule actuellement à Hyderabad en Inde. Quelle sera la position du gouvernement français sur la « conservation de la biodiversité » et ses financements ? Ceux-ci sont destinés en priorité aux pays les plus pauvres économiquement, souvent les plus riches en termes de biodiversité (comme la République démocratique du Congo). Ils doivent permettre la mise en œuvre des décisions prises lors de la précédente conférence de Nagoya (Japon). Ces décisions visent à stopper d’ici 2020 l’érosion de la biodiversité et à assurer le « partage juste et équitable » des ressources génétiques [2]. La signature du « plan stratégique » avait d’ailleurs été conditionnée à ce que les pays, notamment « industriels », accroissent substantiellement leurs contributions.
Or, ces financements restent pour le moment largement insuffisants. Les pays du Nord s’abritent derrière la débâcle économique actuelle pour ne pas les augmenter. Il n’est pas acceptable que la transition écologique soit rendue impossible en raison de politiques d’austérité. La biodiversité, les écosystèmes, la nature sont des biens communs de l’humanité. Leur protection nécessite des financements publics, mondiaux, assurés par des taxes globales.
« Utiliser le business pour protéger l’environnement »
A Hyderabad, la brûlante question des financements ne se limite pas à celle des montants. Leur provenance, les modalités et mécanismes pour les recueillir sont tout aussi importants. Sous prétexte des échecs – avérés – des politiques menées depuis des dizaines d’années pour enrayer l’érosion de la biodiversité, de nombreux pays, institutions internationales (Banque Mondiale, PNUE, Union Européenne etc.), banques et entreprises multinationales, semblent avoir décidé de remplacer les législations et régulations environnementales par des dispositifs et instruments de marché.
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