mardi 19 mars 2013

Chypre : les oligarques européens doivent payer


Chypre connaît une crise bancaire à l'échelle irlandaise ou islandaise: un systeme bancaire en faillite, dont l'Union européenne exige le sauvetage par les contribuables. L'Irlande et l'Islande avaient pris des décisions radicalement opposées, l'une favorable aux banques, l'autre aux citoyens. Chypre prend une troisième voie qui sera riche d'enseignements.
L'Irlande avait obei à l'UE et reporté la totalité des dettes de ses banques sur les citoyens pour éviter des pertes aux autres banques européennes. Elle a connu une explosion du chômage et les Irlandais ont recommencé à émigrer.
L'Islande, elle, sous la pression des mouvements sociaux et manifestations citoyennes, a refusé d'endosser les pertes de ses banques. Bravant l'UE et  le FMI, elle a laissé ses banques faire faillite en préservant les petits et moyens déposants.  Ce sont les clients etrangers attires par des taux d'interet eleves et les creanciers des banques qui ont subi les pertes. L'Islande connaît aujourd'hui une bien meilleure situation économique, et la Cour de justice de l'AELE (association européenne de libre-échange) a validé juridiquement sa décision.
En finançant le sauvetage de ses banques par un prélèvement progressif sur les avoirs bancaires, Chypre innove radicalement. L'objectif de la Commission, poussée par le gouvernement allemand, est double: faire payer les oligarques russes [1] - on ne peut pas le regretter - et épargner les oligarques européens, c'est-à-dire les actionnaires des banques européennes, qui ont imprudemment prêté aux banques chypriotes.
Cette décision est évidemment inacceptable pour les petits et moyens déposants, spoliés pour une affaire qu'ils ne comprennent pas et dans laquelle ils n'ont aucune responsabilité. Ils doivent être exonérés d'une mesure qui ne doit toucher que les plus riches. Elle est egalement inacceptable du fait qu'une nouvelle fois, les creanciers imprudents sont sauves par l'argent du public.
En revanche, que l'Union européenne valide une taxe exceptionnelle et progressive sur les grandes fortunes pour rembourser la dette des banques constitue un précédent très intéressant. Il est donc possible de faire payer les riches par une méthode ô combien expéditive, un prélèvement direct voté par le Parlement sur les avoirs bancaires, y compris les produits financiers.
Le réseau des Attac d'Europe demande depuis plusieurs mois la mise en place d'une taxation exceptionnelle sur les grandes fortunes pour réduire les besoins de financement des Etats. Le précèdent chypriote, avec toutes ses limites, montre qu'il suffit d'une volonté politique.
Attac France

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