mercredi 19 juin 2013

Retraites: les impasses du rapport Moreau

par Les Economistes Atterrés
Sous la pression des marchés financiers et des institutions européennes, le gouvernement socialiste se juge obligé de présenter en 2013 une nouvelle réforme des retraites. Pourtant, réduire les retraites (ou les prestations familiales) ne devrait pas être aujourd’hui la priorité de la politique économique française : retrouver une croissance satisfaisante, réformer la stratégie macroéconomique de la zone euro, donner une nouvelle impulsion à la politique industrielle française dans le cadre de la transition écologique sont autrement plus pressants.
Constituer un comité de hauts fonctionnaires et d’experts est maintenant une pratique courante, pour dépolitiser les choix économiques et sociaux, pour les écarter du débat démocratique, pour n’envisager que des solutions conformes aux exigences européennes. Ainsi, le rapport Moreau, rendu le 14 juin 2013, apparaît-il comme un compromis mou, ne mettant certes pas en cause le système public de retraite, mais l’affaiblissant et ne se donnant pas les moyens d’assurer sa fiabilité sociale.
Equilibrer des comptes en période de récession ?
Le déficit des régimes de retraite en 2013 provient essentiellement de la profondeur de la récession, qui réduit de 5% l’emploi dans les entreprises, ce qui fait perdre environ 12 milliards de ressources aux régimes de retraite. L’objectif de la politique économique en Europe devrait être de récupérer les emplois perdus. Hélas, le rapport Moreau propose de poursuivre la stratégie de spirale vers le bas engagée en Europe : « les régimes de retraite doivent concourir au redressement des comptes publics et à la crédibilité internationale de la France ». Bien sûr, le rapport oublie que la baisse des retraites conduit à une baisse de la consommation, donc du PIB, à une baisse des rentrées fiscales et sociales, d’autant plus que tous les pays de la zone euro font de même.
Le rapport préconise de réduire à court terme le déficit du système de retraite en augmentant les impôts payés par les retraités. Il reprend sans esprit critique plusieurs projets bien connus. Jadis, les retraités ne payaient pas de cotisations maladie. Ils ont souffert de la mise en place puis de la montée en puissance de la CSG. Ils paient déjà une contribution de 1 % sur les retraites complémentaires. Ils pâtissent du désengagement de l’assurance-maladie au profit des complémentaires santé. Faire passer leur taux de CSG  de 6,6 % à 7,5 %, comme pour les salariés, rapporterait 1,8 milliard. Mais, ne faudrait-il pas en contrepartie, supprimer la contribution de 1% des retraites complémentaires et rendre déductibles les primes de complémentaire santé ?
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