jeudi 4 juillet 2013

De l’énergie sociale à la perspective politique

Par Patrick Le Hyaric
Dans les rues et sur les places, de Turquie à la Grèce, du Brésil à l’Espagne, du Portugal à l’Egypte, d’Israël à la Tunisie, la jeunesse fait souffler le vent des exigences de justice et de démocratie sur la planète. Aucune situation dans le déclenchement de ces mouvements multiformes n’est comparable. Et pourtant, ils sont la manifestation d’une lutte féroce entre les tenants de l’ordre capitaliste et les jeunes générations qui crient partout au partage des richesses, à la réinvention de la démocratie, à l’accès au savoir ou à la santé. Partout, elles appellent le gouvernement de l’intérêt général contre la corruption, pour une autre utilisation de l’argent, contre la privatisation des richesses, la participation citoyenne aux décisions au lieu de l’arbitraire et des déploiements policiers. Bref, elles appellent à la « société commune » contre les puissances industrielles et financières, qui elles, concentrent les pouvoirs et l’argent entre leurs mains.
De partout, des pays arabes, particulièrement en Egypte ces derniers jours, d’Amérique Latine, d’Europe, surgit et se déploie une véritable énergie sociale s’opposant au pouvoir sans partage de l’oligarchie qui mène la planète à la ruine et à la catastrophe écologique. En Turquie, le déclenchement du mouvement aura été la défense d’un espace vert, un espace public d’Istanbul symbole de la convivialité et du partage contre le bétonnage, contre le « super » marché. Au-delà, comme en Egypte, c’est l’autocratie qui est contestée. Au Brésil, une augmentation des prix des transports s’est transformée en un grand mouvement populaire réclamant une inflexion politique à gauche. C’est-à-dire l’investissement dans des services publics de transport, de santé, d’éducation au moment où des dizaines de milliards vont être dépensés pour accueillir la coupe du monde de football. Elle-même de plus en plus privatisée. Tout est dans cette contradiction : pour accueillir la coupe du monde, des milliards de dollars valsent, y compris des fonds publics, qui ensuite, sont privatisés par la fédération internationale de football qui impose toutes ses conditions avec des lois votées pour elle, des entrées aux stades hors de prix, un droit à l’information bafoué, sur un fond de corruption, alors que le travail est précarisé et que la santé, l’école, les transports sont toujours plus chers et déficients. Les progrès enregistrés dans la lutte contre la pauvreté et le chômage, sous l’impulsion de Lula, ne s’accélèrent pas. C’est d’ailleurs ce qui a conduit la présidente Dilma Rousseff à s’appuyer sur le mouvement en proposant un référendum pour aller plus vite et plus loin vers plus de justice. Au fond, ces manifestations tendent à être un mouvement contre un ajustement récessif de l’économie, réclamé par les marchés financiers et le fonds monétaire international et pour réclamer une augmentation de la dépense publique pour des services publics nouveaux, éléments de droits et d’actions contre la pauvreté.

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