lundi 1 juillet 2013

Une propagande trempée dans l’eau de Vichy

Le site Atlantico, proche de l’UMP, ose taxer l’Humanité d’antisémitisme et trace un parallèle odieux avec une affiche de la Collaboration. Par Patrick Apel-Muller, Directeur de la rédaction de l’Humanité.
«Quand le PC nage dans les eaux mêlées de l’antiaméricanisme et de l’antisémitisme. » Le site Atlantico, bâti pour servir la campagne «buissonnante» de Nicolas Sarkozy et campé désormais sur les marges extrêmes de la droite, amalgamait hier la une de l’Humanité dévoilant le texte secret de l’accord transatlantique et une affiche de l’exposition antijuive de 1943 à Paris. Aucun rapport, évidemment. Sauf pour Benoit Rayski, historien fourvoyé qui ose ce parallèle infâme, justifié par cette forte pensée: "Oui, il y a du brun dans le rouge. Tout comme il y a du rouge dans le brun." Son but, asséner un sophisme de propagande: les anti-impérialismes sont antiaméricanistes, «l’antiaméricanisme a toujours fait bon ménage avec l’antisémitisme», donc l’Humanité est antisémite… Intellectuellement, c’est affligeant.
La rengaine est de saison parmi ceux qui, à l’UMP, s’acharnent à démanteler le cordon sanitaire qui séparait les républicains des troupes du Front national. Pour cela, il faut renvoyer dos à dos la gauche et l’extrême droite, brouiller tous les repères, placer les victimes dans la peau des bourreaux. L’auteur assimile ainsi Clément Méric et ses amis aux troupes fascisantes de Serge Ayoub. «Mais, à les lire de près, ose notre plumitif, et à regarder la une de l’Humanité, est-on bien sûr qu’il y ait une réelle différence entre eux?» Et de conclure doctement: «On peut se ressembler sans s’assembler.» Une propagande nauséabonde.
Sur le même site, décidément peu regardant, il avait décrit il y a quelques mois le PCF «telle une vieille pute défraîchie, ne trouvant plus de client sur le trottoir qu’elle arpente»… Raffinement très avant-guerre du vocabulaire, subtilité de la pensée, et surtout choix raffiné de l’image… psychologiquement, c’est intrigant. A-t-il voulu masquer le contenu du mandat de la Commission européenne dans les négociations sur le marché transatlantique, dévoilé par notre journal? L’a-t-il seulement lu? Rien ne le montre dans ses écrits. Il n’aurait pu alors s’autoriser, en conscience, cette manipulation. Professionnellement, c’est négligeant.

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