lundi 21 juillet 2014

Hollande, la tache indélébile

Par Yvon Quiniou
Ainsi on aura tout vu. La France, pays des droits de l'homme et qui en a inventé le concept en 1789, interdit une manifestation de soutien à un peuple palestinien martyrisé, qui se déroulait à Paris, ville symbole; et elle envoie ses CRS pour la réprimer par la violence. Chose unique: partout ailleurs en Europe les manifestations étaient autorisées, même si elles étaient encadrées, ce qui était la solution raisonnable si l'on voulait éviter d'éventuels débordements.
Mais ce n'est pas tout: cela s'est produit sous un gouvernement qui se dit encore de gauche et "socialiste", avec l'accord évident de Hollande qui ne cesse de témoigner sa sympathie ou sa "compréhension" (sic) à l'égard de la politique colonialiste menée par le pouvoir d'extême-droite, sinon fascisant, d'Israël à l'encontre des palestiniens. Il faut donc le dire haut et fort: c'est un véritable scandale indissolublement moral et politique dont nous avons été les témoins impuissants hier. Les "socialistes", qui n'ont eu de cesse, tout au long du siècle dernier, de brandir l'étendard de la liberté pour affirmer leur identité contre le prétendu caractère liberticide du marxisme, bafouent ainsi ce qui leur restait d'idéologie un tant soit peu honorable alors qu'ils sont en pleine dérive libérale par ailleurs, aux plans économique et social. Ils renouent ainsi avec l'héritage malsain de la SFIO et de Jules Moch réprimant férocement des grèves d'ouvriers en 1951-1952, ou le soutien au colonialisme qui fut la position constante de Guy Mollet, ou encore avec l'appui de celui-ci à la guerre en Algérie.

On aurait pu penser que le PS actuel, issu d'Epinay, voulant rompre avec le capitalisme et "changer la vie" dans le sillage de cette révolte libertaire que fut aussi Mai 68, qui entendait "interdire d'interdire", aurait gardé des traces de son élan culturel d'alors. C'est le contraire qui se passe à l'heure actuelle si l'on éclaire la signification de la répression d'hier: elle constitue le point terminal d'une involution idéologique et politique, qui s'est faite par renoncements successifs, et qui me fait honte comme il doit faire honte à tous les démocrates et à tous les républicains. On peut lui trouver une explication tristement ou banalement politicienne: face à une droite en pleine débâcle, Hollande espère bien se retrouver au second tour de la prochaine présidentielle, sans doute face à Marine Le Pen, et il multiplie tous les clins d'oeil en direction de l'électorat du centre et de la droite, dont les partisans d'Israël font évidemment partie, avec un cynisme proprement stupéfiant.

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