lundi 6 octobre 2014

En campagne contre le coût du capital : La nécessaire déconstruction des politiques d’austérité

Daniel Scheh, membre de la commission économique du PCF revient, dans l’Humanité du 30 septembre, sur la nécessaire déconstruction des politiques d’austérité :
"Le combat contre le «  coût du capital  » est l’objet d’une grande campagne politique et syndicale, particulièrement à l’initiative du PCF et de la CGT, afin de dénoncer un des fils directeurs des politiques d’austérité. Il est l’antithèse du «  coût du travail  » qui justifie au nom du patronat et du gouvernement les attaques contre le monde du travail. Mettre l’accent sur le coût du capital se justifie au moins pour deux raisons.
Il s’agit d’abord de combattre l’intox du coût du travail. L’emploi du terme austérité ne suffit pas à contrecarrer la déferlante médiatique du coût du travail. Ainsi beaucoup de travailleurs voient d’un bon œil la proposition du PCF d’un Smic à 1 700 euros, mais considèrent cette solution impossible. Cela affaiblit la crédibilité des propositions qui vont dans le sens d’une revalorisation des rémunérations des salariés (salaire, retraite, remboursement à 100 % par la Sécurité sociale, minima sociaux). Le concept de l’austérité leur laisse penser qu’à cause de la concurrence, on ne peut relever les sources de financement pour eux. C’est seulement en clarifiant à partir du coût du capital (dividendes et intérêts) qu’on peut démontrer que ce n’est pas la hausse des salaires qui coûte cher à l’entreprise et à la société, mais celle des revenus du capital. Ainsi, la masse salariale a été multipliée par 3,6 depuis 1981  ; pour la même période, les dividendes distribués aux actionnaires en France ont été multipliés par 20, passant de 10 milliards d’euros à 225 milliards en 2012. Seule la lutte contre la hausse du coût du capital peut mettre sous les yeux des citoyens les véritables enjeux des débats sur cette question que cache l’austérité. En second lieu, il s’agit d’articuler la baisse du coût du capital et la modulation fiscale ainsi que celle du crédit.
Il ne suffit pas de rester sur le registre de la protestation contre le coût du capital, il faut aussi montrer une des solutions possibles  : la modulation. La modulation ne doit pas seulement être fiscale, mais aussi concerner le crédit des banques  ; les intérêts avec les fonds de développement régionaux ainsi que le pôle bancaire public  ; les cotisations sociales patronales notamment contre la précarité du travail  ; et la création monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Le but de la modulation est d’aller vers l’idée d’une relation dialectique  : sanction-incitation. Sanctionner par une hausse des frais financiers les sommes de l’entreprise engagées vers la spéculation, l’augmentation des dividendes ou des licenciements. Incitation par une baisse de l’imposition des sommes investies par les sociétés pour l’emploi, les salaires, la formation, la recherche-développement et l’investissement.
En clair, pour montrer la dialectique du problème, il faut toujours articuler ces deux notions  : coût du capital et solution. Ces éclairages sont utiles pour illustrer le rôle transversal du coût du capital. L’intérêt de la bataille politique pour la popularisation de cette notion fondamentale est caractéristique du PCF moderne, liée à son articulation avec la modulation, la démocratie sociale avec le renforcement des pouvoirs des salariés dans l’entreprise et dans la République ainsi qu’en Europe."

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