lundi 6 octobre 2014

Marie-George Buffet "Je ne crois pas du tout à une GPA éthique"

Opposée à la gestation pour autrui, la députée PCF Marie-George Buffet regrette que la France n’ait pas souhaité envoyer un « signal fort » sur le sujet. Et appelle la gauche à ne pas déserter cette question.
Le gouvernement n’a donc pas fait appel de la décision de la Cour européenne des droits de l’homme, qui contraint la France à reconnaître les enfants nés de GPA à l’étranger. Vous le regrettez ?
Marie-George Buffet Oui, je le regrette car il s’agit, d’une certaine façon, d’une porte qui commence à s’ouvrir sur la légalisation de la gestation pour autrui. Or, qu’est-ce que la GPA sinon la marchandisation du corps ? C’est acheter le ventre d’une femme, pour neuf mois, pour qu’ensuite un enfant soit lui-même acheté par des parents. Bien sûr, ces enfants ne sont pas responsables des décisions prises par ceux qui les ont voulus. Il faut donc trouver une solution, qui pourrait être l’adoption simple.
La sociologue Irène Théry, hier opposée à la GPA, se dit aujourd’hui convaincue, après avoir rencontré des couples demandeurs et des mères porteuses, qu’une « GPA éthique est possible ». Qu’en pensez-vous ?
Marie-George Buffet Je ne crois pas du tout au concept de GPA éthique. Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’on va instaurer un salaire minimum pour une grossesse ? On peut faire en sorte que les mères porteuses soient bien logées et prises en charge… Mais vendre son corps, même dans un hôtel de luxe, c’est toujours vendre son corps. Cet encadrement n’effacera pas le fait qu’on utilise le ventre d’une femme pour répondre au désir d’enfant de couples qui en sont privés, des couples dont je comprends la souffrance. Mais d’autres chemins peuvent être suivis pour assouvir ce désir d’enfant, grâce à l’adoption notamment. Imaginons enfin – ce à quoi je ne crois pas – qu’on mette en place une législation « éthique » sur le sujet en France… Mais que se passera-t-il dans les pays où règne la misère et où la location de ces ventres deviendra une source de revenus ? Aux États-Unis, il existe même des sites Internet où des parents qui ont « obtenu » des enfants par GPA les remettent en vente parce qu’ils n’en sont pas contents ! On le voit bien : faire entrer l’humain dans un processus commercial est toujours mortifère.

La Manif pour tous va défiler dimanche pour réclamer « l’abolition universelle » de la GPA. N’y a-t-il pas, dans ce contexte, une difficulté à faire entendre une opposition progressiste à cette pratique ?

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