jeudi 15 février 2018

Emmanuel Macron doit reconnaître le crime d’État

Les députés Sébastien Jumel et Cédric Villani tiennent, aujourd’hui, une conférence de presse pour exiger la reconnaissance officielle de l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française.
Maurice Audin aurait pu avoir 86 ans aujourd’hui, si, dans la nuit du 11 au 12 juin 1957, l’assistant à la Faculté des sciences d’Alger, membre du Parti communiste algérien, n’avait pas été arrêté par une unité de parachutistes pour disparaître à jamais. C’est la date qu’ont choisie les députés Sébastien Jumel (PCF) et Cédric Villani (LREM), mais aussi la famille et l’Association Maurice-Audin, pour exiger que la vérité soit faite, et enfin assumée par l’État, sur l’assassinat, par l’armée française, du jeune mathématicien. Dans nos colonnes, le 22 janvier, Cédric Villani avait déjà porté cette exigence, affirmant que le président de la République lui avait fait part « de son intime conviction que, effectivement, Maurice Audin a été assassiné par l’armée française ». Emmanuel Macron aura-t-il le courage de reconnaître enfin, officiellement, la responsabilité des autorités françaises de l’époque ? Car le militant communiste ne s’est pas évaporé dans la nature après une évasion en juin 1957, comme l’a trop longtemps soutenu la « version officielle », mais a bien été exécuté avec « la couverture pleine et entière du pouvoir politique », comme le confessa du bout des lèvres avant sa mort le funeste général Aussaresses.
En 2012, Josette Audin avait obtenu de François Hollande l’autorisation de consulter toutes les archives relatives à la disparition de son mari. Une décision suivie d’effet puisqu’elle avait pu consulter les archives militaires, mais aussi des documents des Archives nationales. « Cette quête dans les archives est restée vaine, ce qui n’est pas surprenant pour des historiens, explique Sylvie Thénault. De fait, les archives publiques ont enregistré la version mensongère de l’évasion. » Pourtant, en 2014, François Hollande, dans une déclaration officielle, avait remis l’affaire entre les mains des historiens, sans reconnaître toute la vérité : celle de la responsabilité de l’État français. « Je suis comme mon père, matérialiste et athée. Ce qui m’importe, ce n’est pas tant de pouvoir me recueillir dans un cimetière, mais que justice soit faite », confie Pierre Audin, qui venait de naître quand son père a été arrêté. De non-lieux en lois d’amnistie, tout s’est conjugué pour enfouir la vérité sur les crimes perpétrés par l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Soixante ans après les faits, il serait temps que la France regarde son passé colonial en face. M. V.

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