lundi 2 avril 2018

Gaza. Dimanche sous haute tension à la frontière avec Israël

Palestiniens de Gaza et militaires israéliens s'apprêtaient à une nouvelle journée sous haute tension dimanche à la frontière, tandis qu'à l'ONU, les Etats-Unis ont bloqué un projet de déclaration appelant à la retenue après la sanglante journée de vendredi.
Des milliers de Gazaouis ont pris part samedi aux funérailles des manifestants tués la veille lors d'affrontements avec l'armée israélienne, qui ont fait 16 morts côté palestinien, le bilan le plus meurtrier depuis la guerre de 2014. Des centaines de manifestants sont retournés samedi sur plusieurs zones près de la frontière entre Gaza et Israël pour poursuivre "la marche du retour", une protestation censée durer six semaines. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ainsi que la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini, ont réclamé une "enquête indépendante" sur l'usage par Israël de munitions réelles.
Les Etats-Unis qui se sont dits "profondément attristés par les pertes humaines à Gaza", ont néanmoins bloqué samedi soir un projet de déclaration du Conseil de sécurité appelant "toutes les parties à la retenue et à prévenir toute escalade supplémentaire" et demandant une enquête sur les affrontements. Israël a défendu son armée qui, selon elle, a tiré contre des manifestants lançant des pierres et des cocktails Molotov sur les soldats, ou tentant d'endommager la clôture et de s'infiltrer en Israël. "Bravo à nos soldats", a écrit le Premier ministre Benjamin Netanyahi dans un communiqué. "Israël agit fermement et avec détermination pour protéger sa souveraineté et la sécurité de ses citoyens".
Les Palestiniens ont dénnoncé l'usage disproportionné de la force par Israël et des organisations de défense des droits de l'Homme ont questionné la nécessité de ces tirs à balles réelles. Le président palestinien Mahmoud Abbas a décrété samedi jour de deuil national et tenu Israël pour seul responsable des morts. Dans plusieurs villes de la bande de Gaza, une foule compacte a accompagné les cercueils de manifestants tués la veille. 
Selon le ministère de la Santé de Gaza, 35 personnes ont été blessées samedi lors de heurts le long de la frontière, mais leurs vies ne sont pas en danger. Des affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes ont également éclaté à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, tandis qu'une petite manifestation a eu lieu à Naplouse, plus au nord. Une grève générale est par ailleurs en cours dans Gaza "au bord de l'effondrement" selon l'ONU ainsi qu'en Cisjordanie.
La tension est vive depuis vendredi, lorsque l'armée israélienne a ouvert le feu sur des Palestiniens qui s'étaient approchés à quelques centaines de mètres de la barrière ultra-sécurisée séparant l'Etat hébreu de la bande de Gaza. Selon le ministère de la Santé de Gaza, 16 Palestiniens ont été tués et plus de 1.400 blessés, dont 758 par des tirs à balles réelles. Aucun mort ni blessé n'ont été signalés côté israélien. Le mouvement de protestation prévoit des rassemblements le long de la barrière de sécurité pour exiger le "droit au retour" des réfugiés palestiniens et dénoncer le strict blocus imposé par l'Etat hébreu à Gaza. La journée de vendredi a été la plus meurtrière depuis 2014, date de la dernière guerre entre Israël et le Hamas, qui observent depuis un cessez-le-feu tendu.
Des organisations de défense des droits de l'Homme se sont pour leur part interrogées sur la réaction des forces de sécurité israéliennes. "Les allégations israéliennes de violences par certains manifestants ne changent rien au fait que l'utilisation de la force meurtrière est interdite par le droit international, sauf pour faire face à une menace imminente", a affirmé l'ONG Human Rights Watch, jugeant le nombre de morts et de blessés "choquant".
La "grande marche du retour" a été lancée à l'occasion de la "Journée de la Terre", qui marque chaque 30 mars la mort en 1976 de six Arabes israéliens lors de manifestations contre la confiscation de terrains par Israël. Les Arabes israéliens sont les descendants de Palestiniens restés sur place à la création de l'État d'Israël en 1948.

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