dimanche 8 avril 2018

Pierre Laurent : « Il faut sauver nos barrages »

Pierre Laurent, quel est le symbole de la chaîne humaine au barrage du Sautet ?
L’idée, pour nous, est de lancer un appel à la mobilisation pour mettre sous protection citoyenne nos barrages. On le voit bien aujourd’hui : il y a une vraie offensive gouvernementale contre les services publics, la SNCF, le service hospitalier et bientôt notre système de production électrique. Car, il faut le rappeler, 12 % de l’électricité française est produite par les barrages. C’est la première énergie renouvelable de France ! Et voilà qu’au moment où on doit piloter, de manière ferme, la transition énergétique, le gouvernement va activer le levier d’une privatisation progressive. C’est une triple aberration : économique, écologique et sociale.
Pourquoi, alors, le débat national n’est-il pas plus virulent ?
Au local, dans les territoires, on en parle beaucoup. On est même déjà dans le combat… Mais au national, je pense que le gouvernement est très embarrassé par la question. Au moment où il fait de grandes déclarations sur la protection de l’environnement, c’est un peu gênant pour lui d’expliquer qu’il entend laisser au privé la ressource en eau, qu’il est prêt à vendre des produits d’un service public essentiel.
Qu’espérez-vous maintenant ?
D’abord, il faut que s’ouvre un vrai débat sur le sujet. Qu’on explique enfin aux Français que notre pays pourrait faire autrement, qu’il n’est pas obligé d’appliquer, avec un zèle de premier de la classe, toutes les injonctions européennes, qu’il n’est pas forcé à libéraliser tout un pan de ses services publics. Le gouvernement ne peut pas faire croire que la France n’a pas son mot à dire, que c’est un chemin obligé et obligatoire. Je rappelle que notre pays, avec ses représentants et son poids dans l’UE, est un des principaux rédacteurs des traités européens. Quand Hulot se lance dans la bataille contre le glyphosate, il le fait au niveau européen. Si la France menait pareillement le combat pour l’eau, le débat pourrait être gagné. La France ne doit pas porter un discours de résignation, elle a cette responsabilité. Il faut sauver nos barrages.

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