lundi 14 mai 2018

Effets pervers du libéralisme sur l’économie de la France

Les scieries françaises, qui sont souvent des PME familiales, ont beaucoup investi pour ce moderniser ces dernières années tandis que le manque de bois conduit à une sous utilisation de l’appareil de production.
Alors que les scieries françaises manquent de bois d’œuvre en chêne pour la transformation en meubles et parquets, les exportations de grumes vers la Chine sont en hausse constante. Alors qu’Emmanuel Macron et ses ministres n’ont que le mot concurrence à la bouche, Engie veut, au nom de la concurrence,  délocaliser 3 000 emplois dans des pays à bas coûts de main d’œuvre. Pas étonnant que la production manufacturière soit en baisse de moins 1,8%  au premier trimestre 2018.
Voici  deux informations qui n’ont, semble-t-il, rien de commun à première vue. La première nous indique qu’une grume de chêne sur quatre issues de nos forêts est désormais exportée en Chine pour y être travaillée avant de revenir en Europe sous forme de meuble ou de parquet. Selon la Fédération nationale du bois (FNB), « au premier trimestre2018, plus de 92.000 m3 de chêne brut ont pris la direction de la Chine, soit +20%  par rapport au premier trimestre 2017. Une hausse qui s’additionne à celle déjà subie en 2017. A ce rythme, la Chine, qui représente 70% des grumes exportées, captera 420.000 m3 de chêne français en 2018 contre 350.000 m3 en 2017 ».
Il faut savoir ici que les bois d’œuvre en France est vendu sur pied aux enchères et que le dernier acheteur à renchérir peut acheter un lot de bois en mettant 5€ par mètre cube de plus que le précédent. La FNB explique que, rendu à Shangaï en mars 2018, ce bois revenait à 358,58 dollars le mètre cube aux importateurs chinois contre 259,22 dollars en 2017. La FNB indique aussi que selon la note de conjoncture Agreste du ministère de l’Agriculture de ce mois de mai 2018  « les  exportations de chêne brut ont bondi de 45,8% » en un an. Et le communiqué d’ajouter : « Si ce volume avait fait l’objet d’une transformation en France sous forme de sciage ou parquet avant exportation, il aurait procuré emplois, valeur ajoutée et devises dont la France a besoin. bPour mémoire, d’après une enquête réalisée par la FNB pour le cabinet du ministre de l’Agriculture, le manque de bois pour les scieries chêne est actuellement de plus de 400.000 m3. Les entrepreneurs ont le sentiment d’être abandonnés, d’autant que le chêne soustrait est un bois dont la qualité n’est plus à prouver » .

Manque de bois et sous utilisation des scieries

Précisons que les scieries françaises, qui sont souvent des PME familiales, ont beaucoup investi pour ce moderniser ces dernières années tandis que le manque de bois conduit à une sous utilisation de l’appareil de production. Ajoutons aussi que d’autres pays européens, dont l’Allemagne et la Pologne, ont interdit les exportations de grumes de chêne afin de valoriser es productions de leurs forêts. Il n’en n’est rien en France avec le gouvernement dirigé par Edouard Philippe. Bruno Le Maire est muet sur le sujet alors qu’il est ministre de l’Economie et des Finances. Gérald Darmanin aussi, bien que ministre de l’Action et des Comptes publics. En se taisant sur ce même sujet,   Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, n’est ni écologue ni solidaire de la filière bois alors que ces exportations ont un bilan carbone désastreux dès lors que le bois transformé en Chine revient en Europe  sous forme de produits finis.
Quant au président Macron, il a certes déclaré lors d’un récent déplacement dans le département des Vosges en avril dernier que  « le bois est une filière que nous devons développer en France. Il y a trop peu d’emplois créés. Il faut donc mettre en place une politique volontariste, sur laquelle nous allons travailler avec la filière». La première mesure volontariste serait de garder les arbres produits sur le territoire national pour les transformer en produits finis. Ce que le président de la République n’a pas dit ce jour là. Ce n’est pas ainsi que l’on relancera en France la production manufacturière dont une note de l’INSEE de ce 9 mai nous dit qu’elle a baissé de moins 1,8% durant les trois premiers mois de cette année.   

Concurrence, emplois improductifs et délocalisations

Alors que la mise en concurrence dans le transport ferroviaires est brandie comme unique argument par Emmanuel Macron et ses ministres pour démanteler la SNCF, on apprend que la société Engie (ex-GDF Suez ) va délocaliser dans les pays à bas coûts de main d’œuvre comme le Cameroun et le Sénégal quelques 3.000 emplois de « télé conseillers internes ». Pour parler clair, dans le cadre de la  mise en concurrence entre firmes pour tenter de gagner des parts de marché, il s’agit de ces emplois occupés par des gens qui vous harcellent à votre domicile pour vous faire une offre inutile consistant à vous faire passer d’EDF à Engie comme fournisseur d’électricité. Même quand l’offre de départ peut sembler intéressante financièrement, rien ne prouve qu’elle le restera des années plus tard. Ajoutons que cette guerre pour la conquête de parts de marchés entre firmes pour nous vendre du gaz importé de Russie où de l’électricité produite essentiellement par les installations d’EDF augmente le prix de revient final de l’énergie via la publicité et les emplois parasitaires générés par cette course permanentes aux parts de marché. Les boulots de harceleurs occupés par des braves gens eux-mêmes exploités pour nuire à notre tranquillité dans notre domicile privé font partie de ce parasitisme induit par la concurrence.
Pour l’énergie comme pour les transports ferroviaires, la mise en concurrence conduit les firmes concurrentes à se livrer en permanence une guerre économique coûteuse pour tenter de s’emparer des seuls créneaux rentables au détriment du maintien d’un service public accessibles pour tous. Ajoutons que l’argument de droit avancé par nos gouvernants concernant le respect des directives européennes en matière de concurrence doit aussi être critiqué et contesté. Pour une raison bien simple : la plupart des directives européennes ont été pré-rédigées par des lobbyistes potentiellement corrupteurs qui sont eux-mêmes les salariés de firmes privées et chargés à ce titre de faire triompher les intérêts de ces firmes auprès de la Commission européenne.

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