mercredi 9 mai 2018

Les États-Unis se retirent de l'accord sur le nucléaire iranien

Donald Trump vient d'annoncer ce mardi 8 mai que son pays sortait des accords sur le nucléaire iranien.
"Aujourd'hui, j'annonce que les États-Unis se retirent de l'accord sur le nucléaire iranien, a déclaré Donald Trump ce mardi 8 mai. Dans quelques instants, je vais signer un décret présidentiel pour rétablir des sanctions américaines contre le régime iranien" a déclaré le président des Etats Unis dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche. "Nous allons mettre en place le niveau le plus élevé de sanctions économiques possibles" contre l'Iran a-t-il affirmé.

Des justifications fantaisistes

"Cet accord devait protéger les Etats-Unis et ses alliés de l'arme nucléaire iranienne. Il a permis à l'Iran de continuer à enrichir l'uranium et d'atteindre la capacité à produire l'arme nucléaire." a avancé Trumppour justifier cette décision. "Ça n'a pas apporté la paix et ça ne l'apportera jamais", estime-t-il a propos de l'accord sur le nucléaire. Il a par ailleurs cité l'affirmation contestée faite par Israël, selon laquelle l'Iran a un programme nucléaire secret, comme une des raisons de sa décision.
Contrairement à ce qu'affirment les Etats-Unis, l'AIEA, Agence internationale de l'énergie atomique, dit n'avoir aucune preuve de poursuite d'un programme nucléaire par les Iraniens.
Notons par ailleurs que Trump dénigrait cet accord dès sa signature en juillet 2015 par son prédécesseur , Barak Obama, et que pendant sa campagne, le candidat Donald Trump promettait ainsi de "déchirer" le texte, qu'il qualifie de "pire accord jamais conclu".
L'administration américaine a précisé que les sanctions seraient effectives immédiatement pour les nouveaux contrats et que les entreprises étrangères auront quelques mois pour "sortir" d'Iran. Le Trésor a précisé que les sanctions concernant les anciens contrats conclus en Iran entreraient en vigueur après une période de transition de 90 à 180 jours.

Quelles conséquences pour les autres signataires ?

"Tout pays qui aidera l'Iran dans sa quête d'armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les Etats-Unis", a mis en garde le président.
Néanmoins l’accord reste bien évidemment pour autres pays qui l'ont signé avec l'Iran car les Etats-Unis ne sont que l’un des sept pays engagés. Il a été négocié par les "5 + 1", les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie, plus l’Allemagne) et Téhéran. Tant que Téhéran ne s’en retire pas ou n’en viole pas les termes, par exemple en reprenant son programme d’enrichissement, il reste valide.
Mais si, à cause du rétablissement de dures sanctions par Trump et de pressions américaines sur les Européens et leurs entreprises pour ne pas travailler avec l’Iran, il ne procure aucun résultat tangible à l’Iran, l'accord va immanquablement mourir. 
Toute la question est maintenant de savoir si les Européens pourront, et surtout voudront, continuer à le maintenir en vie. Et aussi ce que feront les Russes, et encore plus les Chinois, qui, pendant les années des sanctions, ont été les principaux partenaires économiques de l'Iran.

Une ouverture vers un nouvel accord ?

Donald Trump annonce qu'il veut travailler avec ses alliés à un nouvel accord, qui serait selon lui plus efficace, pour empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire. C'est la proposition que lui avait faite Emmanuel Macron fin avril. Mais en attendant, les Etats-Unis rétablissent leurs sanctions contre l'Iran, et sortent de l'accord existant. Et un nouveau texte serait difficile à élaborer : pour l'Iran, l'accord actuel n'est "pas négociable".

Des réactions internationales sans surprise

Le président iranien Hassan Rohani, qui s'était beaucoup investi dans cet accord, a immédiatement accusé M. Trump de pratiquer "une guerre psychologique".
"La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine de sortir de l'accord nucléaire iranien et vont travailler collectivement à un accord plus large", a déclaré sur Twitter Emmanuel Macron mardi, juste après l'annonce du retrait des Etats-Unis.
L'Elysée avait préalablement annoncé qu'Emmanuel Macron s'entretiendrait par téléphone avec Theresa May et Angela Merkel à 20h30, au sujet de l'accord sur le nucléaire iranien.
"Nous travaillerons collectivement à un cadre plus large, couvrant l'activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, au Yémen et en Irak", a noté le président français. "Le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu", a-t-il ajouté.
 
En revanche, sans surprise, Israël se réjouit de la décision de Donald Trump, jugée "courageuse" par Benyamin Nétanyahou. Le Premier ministre israélien "soutient totalement" cette sortie de l'accord, auquel l'Etat hébreu n'avait pas participé.
L'ONU appelle les autres signataires à respecter leurs engagements
 
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les six autres signataires de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 "à respecter pleinement leurs engagements", après le retrait des Etats-Unis.
"Je suis profondément préoccupé par l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord JCPOA [en référence à l'acronyme en anglais] et de la reprise de sanctions américaines", a ajouté le patron des Nations unies dans un communiqué.
 

Que contenait l'accord que vient de dénoncer Trump ?

Le 14 juillet 2015, après vingt-et-un mois de négociations, l'Iran et six grandes puissances mondiales – les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Russie et la Chine – signent ainsi un accord pour encadrer le programme nucléaire iranien. Le sujet était une source de tensions depuis 2002 et des images satellite révélant l'existence de sites nucléaires secrets en Iran, faisant craindre que le pays se dote de l'arme atomique.
 
Dans ce texte, l'Iran s'engage alors à abaisser pendant plusieurs années ses capacités nucléaires, en réduisant notamment le nombre de ses centrifugeuses en activité capables d'enrichir de l'uranium. Une façon de rendre quasi impossible la fabrication d'une bombe atomique par Téhéran, tout en l'autorisant à mettre en place une filière de nucléaire civil.
 
L'accord autorise aussi le contrôle régulier des sites nucléaires iraniens par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Des points qui ont tous été respectés jusqu'ici. En échange, les autres signataires s'engageaient à lever une partie des sanctions qui pesaient sur le pays, ce qui a aussi été fait depuis l'entrée en vigueur du deal en janvier 2016, ouvrant la porte à des investissements étrangers dans le pays.


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