samedi 30 juin 2018

« C’est le fond qui fait de nous des révolutionnaires »

À la Fête du Travailleur alpin, les militants du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF) viennent des quatre coins de l’Hexagone. Théo Froger est coordinateur -ne l’appelez surtout pas président- de la section iséroise. Il revient sur les enjeux de l’événement et la place que doit prendre aujourd’hui la jeunesse dans la société. Entretien. 

Pourquoi est-il important pour les Jeunes communistes d’être présents à la Fête du Travailleur alpin ?
Les liens qu’on a avec le Parti communiste français (PCF) nous attirent, donc ça peut paraître comme une évidence d’être là. Le point le plus important à mon sens, c’est de créer ici une parenthèse, un espace de liberté et de pouvoir montrer qu’on est capable de gérer seuls différentes choses qui vont dans notre idéal autogestionnaire. On sait aussi que beaucoup de jeunes vont venir durant trois jours et ne seront pas forcément politisés. Et c’est l’essence même de la Fête du Travailleur alpin que de porter des propos politiques.Quel regard portez-vous sur l’actualité qui touche les jeunes ?
On est atterrés de ce qui se passe en ce moment. C’est un modèle social qui est en train d’être détruit sous nos yeux et ce sont les seules bribes du socialisme qu’il nous reste. Si on prend l’exemple de la problématique des stages et la précarité en général chez les jeunes, on se rend compte qu’elle nous touche avec une violence terrible. J’ai vraiment la crainte qu’on reparte sur une société du XIXe  siècle, d’héritage et très individualiste.
Le MJCF s’adapte-t-il face à la méfiance de la population envers les partis politiques ?
Je ne sais pas si on s’adapte, mais c’est dans notre essence de militants de dire que pour changer la société, il y a une nécessité de s’organiser collectivement. Pour porter le propos politique, il faut être organisé. Individuellement, des solutions comme le boycott peuvent être intéressantes mais ne peuvent conduire au changement politique.
Vous retrouvez-vous dans des idées plus anciennes du communisme ?
Je crois qu’on a tendance à mettre une étiquette sur le communisme qui est en réalité extrêmement complexe. Sur le fond on va être d’accord, mais il n’y a pas deux communistes qui vont penser exactement la même chose. Même chez les jeunes communistes qui sont présents ici, nous ne sommes pas tous de même obédience. Mais c’est d’ailleurs une des volontés qu’on porte cette année, de se rapprocher et de se mélanger avec les vieux communistes. C’est le fond qui nous anime et qui fait de nous des révolutionnaires.

jeudi 28 juin 2018

Privatisation. Ceux qui se partagent le gâteau de l’énergie

L’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie promettait de meilleures offres pour les particuliers. Onze ans après, les consommateurs doutent, les salariés de l’énergie s’alarment de la casse de leur métier et les opérateurs privés se bousculent pour se partager les morceaux d’EDF et d’Engie.
Permettre aux usagers de choisir entre le producteur-fournisseur historique qu’était EDF-GDF et de nouveaux prestataires dits alternatifs : telle était l’ambition affichée en 2007, à l’heure de finaliser l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence. À la clé, la promesse faite aux particuliers de profiter d’offres plus avantageuses. Le fait est, surtout, que le « budget énergie » de ces derniers intéressait plus d’un opérateur. Onze ans après la consécration de la vente à la découpe d’EDF et de GDF, les repreneurs sont légion à se partager les morceaux. Tour d’horizon.

1 Des concurrents, mais combien ?

Côté producteurs, EDF et Engie (ex-GDF-Suez) restent les leaders du gaz et de l’électricité. L’allemand E.ON se place immédiatement en troisième position, entre autres grâce à l’acquisition, en 2008, de la Société nationale d’électricité et de thermique (Snet). À eux trois, ces groupes assurent 95 % de la production énergétique française. Les 5 % restants se disputent le gâteau des énergies renouvelables – Total et le canadien Boralex sur l’éolien, le groupe Neoen sur le solaire ou encore Unite sur l’hydraulique comptent parmi les principaux acteurs. Alors que l’on annonce la mise en vente de 150 barrages hydrauliques français, d’autres sont à l’affût, parmi lesquels l’allemand Vattenfall, l’espagnol Iberdrola, ou encore le norvégien Statkraft.
Mais l’ouverture à la concurrence est surtout visible du côté des fournisseurs, c’est-à-dire des entreprises qui achètent l’énergie en gros afin de la revendre au détail aux particuliers. Elles sont près d’une trentaine à se disputer les faveurs des consommateurs. Là encore, EDF (publique à 84 %) et Engie (privée à 75 %), seules à pouvoir proposer des tarifs réglementés, continue de dominer le secteur. Cela dit, elles-mêmes ont mué en entreprises alternatives, EDF se mêlant désormais de fournir du gaz, Engie de l’électricité.
Leur première concurrente n’est autre que Total. Le pétrolier français aura mis moins de trois ans à se hisser sur le podium, en rachetant le producteur belge Lampiris, en créant sa propre offre d’électricité verte, baptisée Total Spring, puis en mettant la main sur le fournisseur Direct énergie, détenteur de plus de 5 % des parts du marché de l’électricité. Tous les autres fournisseurs en détiennent quant à eux moins de 1 % (moins de 0,4 % en ce qui concerne le gaz).

2 De la rentabilité, mais pour qui ?

Bas tarifs, offres concurrentielles… si certains opérateurs privés parviennent à proposer des prix avantageux, ce n’est pas que leur énergie coûte moins cher que les autres, mais qu’ils profitent d’un cadre construit à la mesure de leurs ambitions. Créé en 2010 dans le cadre de la loi Nome, l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique impose ainsi à EDF de revendre à prix réglementés un quart de sa production électrique d’origine nucléaire à ses concurrents, et ce afin de « compenser son avantage compétitif ». Pour le reste, les principaux fournisseurs s’approvisionnent sur les marchés spots européens, lesquels proposent des achats immédiats à prix très volatils. Ils revendiquent également des structures allégées – centre d’appels et présence renforcée sur Internet plutôt que boutiques physiques.
Leurs clients ne sont pas toujours gagnants pour autant. En avril dernier, l’association de consommateurs CLCV assignait ainsi en justice Cdiscount (Casino), Total Spring et Engie pour pratiques commerciales trompeuses. Plus globalement, le prix de l’électricité s’affiche en augmentation constante depuis 2007.

3 De l’énergie verte, mais jusqu’où ?

Objectifs de transition aidant, beaucoup de fournisseurs mettent en avant des offres d’énergie renouvelable. C’est le cas de Direct énergie et de Total Spring, lesquelles proposent des offres 100 % vertes. Reste à les nuancer. Injectée dans le réseau, l’électricité renouvelable se mélange à l’électricité classique, et s’avère donc impossible à tracer.
Au final, l’offre d’électricité verte fonctionne sur un principe d’équivalence, obligeant le fournisseur à garantir qu’une quantité équivalente d’électricité a été produite quelque part en Europe à partir d’un moyen de production d’électricité renouvelable (éolien, hydraulique, etc.). Beaucoup d’entre eux, en outre, n’hésitent pas à manger à tous les râteliers, proposant des offres vertes sous une marque et d’autres plus conventionnelles sous d’autres – c’est le cas de Casino, qui accole son nom à sa filiale Greenyellow, 100 % verte, tout en proposant, bien plus anonymement, une électricité low cost des plus classique via sa filiale Cdiscount. Certaines, enfin, défendent le gaz comme énergie complémentaire aux énergies solaire ou éolienne – Direct énergie a ainsi récemment investi dans deux centrales combiné gaz. Un gaz qui n’en reste pas moins une énergie fossile, avec tout ce que cela induit pour le réchauffement climatique.
Les énergéticiens occupent leurs lieux de travail et battent le pavé
La mobilisation croît et la mayonnaise prend. « J’ai vingt ans de boîte, c’est la première fois que je vois un mouvement ascendant en plein mois de juin, porteur en plus d’un vrai message de fond », assure Cédric Liechti, de la CGT énergie Paris. Depuis avril, la FNME CGT se mobilise. Pour un service public de l’énergie, en soutien aux cheminots, contre la fermeture des derniers points d’accueil au public d’EDF… Ce 26 juin était dédié à l’avenir du gaz en France. Demain, les énergéticiens répondront, dans la rue comme sur leurs lieux de travail, à l’appel interprofessionnel de la CGT, de FO et des organisations de jeunesse.

mercredi 27 juin 2018

Hôpital. Le cri d’alarme des « perchés »

Au Havre, sept soignants de l’hôpital psychiatrique Pierre-Janet entament leur 8e jour d’occupation du toit des urgences pour obtenir l’ouverture de négociations.
«Nous descendrons du toit lorsque la directrice de l’agence régionale de santé se manifestera ! » promet Nathalie Sellier, infirmière aux urgences psychiatriques de l’hôpital Pierre-Janet au Havre (Seine-Maritime), l’une des « perchés », comme s’appellent eux-mêmes les grévistes qui campent sur le toit des urgences depuis le 26 juin. « Nous devons parfois prendre en charge quarante patients pour lesquels il n’y a pas de place. Ils dorment à même le sol ou sur des chaises. Nous “stockons” une partie d’entre eux aux urgences, déjà occupées à 235 %. Et répartissons les autres dans les quatre secteurs du service », témoigne-t-elle.
Comme à l’hôpital psychiatrique du Rouvray près de Rouen, à quelques kilomètres de là, l’impatience et la colère ont gagné face au mutisme de la directrice de l’ARS-Normandie, Christine Gardel. Celle-là même que les salariés du Rouvray ont accueillie par un silence de mort, le 8 juin, lors de son arrivée, ayant été contrainte de négocier sur place, tandis que plusieurs soignants entamaient leur 18e jour de grève de la faim. Au Havre, la même exaspération a conduit sept soignants, infirmières et aides-soignantes – cinq femmes et deux hommes – à s’installer nuit et jour sur le toit de leur établissement. « Le moral est fluctuant. En temps normal, nos familles subissent nos rythmes de travail débridés, mais là, nous sommes absents en permanence, explique Nathalie Sellier. La solidarité des médecins, des patients et des familles nous donne toutefois la force de tenir. » Et, ajoute-t-elle réjouie : « Les plus anciens n’ont jamais vu cela ! »
Depuis le début de la grève au Havre, le 16 juin, l’intersyndicale (CGT, SUD et CFDT) et les salariés grévistes ne ménagent pas leurs efforts pour se faire entendre. Après avoir envahi le conseil municipal de l’ex-ville du premier ministre, Édouard Philippe, ou encore le conseil régional, ils ont contraint le maire, Luc Lemonnier, et le président du conseil régional de Normandie, Hervé Morin, « à visiter le service psy et se rendre compte par eux-mêmes de la façon dont leurs électeurs sont traités à l’hôpital », raconte l’infirmière. Leur dernier fait d’armes remonte à jeudi dernier. Ils étaient plus d’une centaine à s’allonger à l’entrée de la salle où se réunissait le conseil de surveillance de l’établissement. « Les membres de la direction ont dû nous enjamber. Cela figure bien la façon dont ils nous traitent. »

La directrice de l’ARS refuse de négocier au sein de l’hôpital

Hier, les médecins psychiatres ont rencontré l’agence régionale de santé (ARS). Un rendez-vous peu fructueux puisque Christine Gardel a refusé de se rendre sur place et rejeté la demande d’organiser des négociations au sein de l’établissement. Une demande expresse du personnel mobilisé mais qualifiée de « mimétisme avec l’hôpital du Rouvray » par la directrice de l’ARS-Normandie. « On est prêt, disponible cette semaine, mais le rendez-vous sera proposé à Caen ou à Rouen », indiquait toutefois son service de presse en milieu d’après-midi, sans plus de précision. L’intersyndicale, de son côté, a pris acte de ce refus juste avant un rendez-vous avec le directeur général de l’hôpital. « Nous voulons discuter avec les personnes qui peuvent débloquer des moyens, c’est-à-dire l’ARS », insiste Nathalie Sellier. L’intersyndicale a établi une longue liste de revendications, dont la création d’une unité supplémentaire pour les patients en surnombre, un pôle de remplacement de nuit et le maintien des centres médico-psychologiques (CMP) en voie de fermeture.

Musique et politique à la Fête du Travailleur alpin

La fédération iséroise du Parti communiste français (PCF) veut faire de la prochaine Fête du Travailleur alpin (du 29 juin au 1er  juillet) un tremplin pour fédérer les oppositions à la politique d’Emmanuel Macron. C’est tout l’équilibre de cette fête populaire – ne l’appelez surtout pas festival – que d’associer débat politique et musique. Mais n’y vient-on pas d’abord pour les artistes plus que pour refaire le monde ? « Les gens viennent pour les concerts, mais aussi parce que c’est un événement politique », assure Annie David, secrétaire départementale et directrice de la publication du journal “Le Travailleur alpin”.

Une fête pour construire une alternative à Macron

La Fête prend cette année un sens d’autant plus particulier qu’un congrès extraordinaire du PCF aura lieu les 24, 25 et 26 novembre. Congrès important en pleine recomposition du paysage politique, notamment sous la pression de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
L’autre objectif affiché par l’ancienne sénatrice Annie David est de mettre à profit la Fête du Travailleur alpin pour contribuer à créer « une riposte crédible et porteuse d’espoir » avec les forces de gauche opposées « au projet de société dévastateur du président Macron ». Pour construire cette alternance, de nombreuses personnalités politiques feront donc le déplacement à Fontaine. Des cadres du Parti communiste, bien sûr, comme Ian Brossat, adjoint d’Anne Hidalgo à Paris et chef de file des communistes pour les élections européennes de mai, ou encore des sénateurs et députés PCF. Mais pas seulement. Le président de la Métropole grenobloise Christophe Ferrari, ex-PS, sera de la partie, ainsi que Benoît Hamon, qui sera sur Grenoble le 30 juin et le 1er  juillet pour la première convention de son nouveau mouvement “Génération.s”. Parmi les invités, on peut aussi compter des dirigeants nationaux de la CGT et de SUD.

mardi 26 juin 2018

Face au mépris du gouvernement, le PCF appelle à la mobilisation le 28 juin

Les organisations syndicales et de jeunesse appellent à faire du 28 juin une journée de mobilisation interprofessionnelle dans tout le pays. Cette journée doit faire entendre au gouvernement les exigences et les revendications des jeunes, des étudiant-es, des salarié-es du public et du privé comme des retraité-es et à poursuivre la construction d’initiatives interprofessionnelles pour défendre notre modèle social.
Depuis le début du printemps, le pays connaît de fortes mobilisations syndicales, associatives, citoyennes et politiques qui continuent, malgré le matraquage des médias dominants, les intimidations, les tentatives de division ou de démobilisation.
Face au mépris du gouvernement à l'égard du peuple, le PCF, ses militant-es et ses élu-es, se mobiliseront pour la réussite de cette initiative nationale lancée par les syndicats et les organisations de jeunesse.
Il appelle les citoyen-nes engagé-es contre la politique de ce gouvernement à faire entendre, le 28 juin, leurs exigences de justice sociale et de solidarité en participant aux manifestations.
Le PCF invite à faire de la Fête de l’Humanité des 14, 15, 16 septembre, le rendez-vous de toutes celles et tous ceux qui luttent, la fête de toutes les causes communes.

lundi 25 juin 2018

Le coup de colère du sénateur Guillaume Gontard sur la rétention des mineurs migrants

Jeudi soir, le sénateur isérois (divers gauche siégeant sur le banc des communistes et écologistes) Guillaume Gontard, a pris la parole dans l’hémicycle, en face du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, lors de l’examen de la loi Asile et Immigration, qui devrait être votée mardi prochain.
Et les mots ont fusé quand il a été question da rétention des mineurs avec leurs parents migrants. Il a même rappelé vertement à Gérard Collomb : “Vous avez été maire de Lyon, la ville des Justes, il faut s’en souvenir”.
Ce vendredi, on l’a contacté et il nous a raconté : « J’ai réagi à chaud lors d’une fin de séance très étrange, où il n’y avait que quelques parlementaires de gauche et quelques LR, alors que les “marcheurs” étaient bien absents. On était peu nombreux, mais la tension était présente. Il y a eu un moment assez fort quand on a commencé à discuter de la possibilité d’enfermer des migrants mineurs avec leurs parents. J’ai essayé de dire que derrière ce mot “mineurs”, qui est froid et clinique, on parlait bien d’enfants. Car oui, on parlait bien d’enfermement d’enfants ! J’ai été obligé de réagir et d’interpeller le ministre. Mais je n’ai pas été le seul. »

dimanche 24 juin 2018

Immigration/Macron : "un humaniste en peau de lapin" (Ian Brossat)

Ce jeudi à Quimper, à quelques jours d'un sommet européen qui portera notamment sur la question des réfugiés, le Président de la République a dénoncé "la pègre qui monte".
Il s'est indigné de la montée des nationalismes en Europe et du sort réservé aux migrants sur notre continent et aux États-Unis.
Ces mots sont doux aux oreilles. Malheureusement, ils sonnent faux au regard de la politique que M. Macron mène dans son propre pays sur cette question. Le même Président de la République a refusé d'accueillir l'Aquarius, fait voter une loi Asile Immigration plus restrictive que jamais et maintient des enfants en centre de rétention.
Faute de revoir de fond en comble sa politique sur ce sujet, le Président de la République ne sera d'aucune crédibilité à l'échelle européenne et passera pour ce qu'il est : un humaniste en peau de lapin.

Ian Brossat 

jeudi 21 juin 2018

APL : Macron frappe une nouvelle fois les plus modestes au portefeuille (Ian Brossat - PCF)

Après avoir baissé les APL de 5 euros en 2017, Emmanuel Macron vient de décider le gel des aides au logement. Une mesure qui va priver chaque famille modeste de 4,68€ par mois. Décidément, ce gouvernement fait preuve d’un acharnement sans précédent contre les plus pauvres.
Macron fait porter l’effort sur les 6,5 millions de familles qui touchent les aides au logement, dont plus de la moitié ont des ressources inférieures au seuil de pauvreté et 80% ont des ressources inférieures à un SMIC. Pour elles, ces quelques euros mensuels de perdus s’ajoutent aux baisses précédentes et à la baisse annoncée de l’ensemble des prestations sociales d’au moins 7 milliards d’euros.
Pourtant, à la suite de la première baisse des APL, le Premier Ministre Edouard Philippe affirmait que « ce n'est pas intelligent, c'est une mesure de rabot [...] Ce n'est jamais intelligent de faire du rabot ». Puis, le secrétaire d’État Julien Denormandie évoquait à son tour « une mauvaise décision » et Richard Ferrand, le président du groupe des députés macronistes, parlait même d’une « connerie ». Dans son discours officiel du 23 janvier 2018 à la Cour des Comptes, Emmanuel Macron affirmait sans ambiguïté possible : « Je refuse ce que j’appelle les réformes paramétriques ». La preuve est faite, une nouvelle fois, du décalage complet entre les discours de l’exécutif et ses actes.
Cette décision intervient enfin alors qu’on apprend que la suppression annoncée de « l’exit tax », qui frappait les millionnaires pratiquant la délocalisation fiscale de leurs avoirs, coûtera à l’État un manque à gagner colossal de 6 milliards d’euros. Assécher le pouvoir d’achat des plus modestes pour gonfler celui de ceux qui se soustraient à leur devoir fiscal : telle est la philosophie révoltante du macronisme.

Ian Brossat, Responsable de la commission Logement au PCF, et chef de file des communistes pour les Européennes,

mercredi 20 juin 2018

Opération collage

Ce matin, les cocos du Grésivaudan à fond pour le TA

Loi Pacte : du cousu main pour les patrons

Le plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte), présenté lundi en Conseil des ministres, est un fourre-tout de mesures qui répond aux attentes libérales des dirigeants et actionnaires d’entreprises.
Les ordonnances Macron ont flexibilisé le marché du travail. À défaut de vraies sécurités pour les travailleurs, la loi avenir professionnel confie la formation professionnelle et l’apprentissage aux entreprises. Présenté hier en Conseil des ministres, le projet de loi Pacte met la troisième couche au projet d’Emmanuel Macron visant à céder les pouvoirs aux chefs d’entreprise, en croisant les doigts pour que ces derniers lui rendent la pareille en diminuant le chômage. Ce texte, porté par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, entend faciliter la vie des entrepreneurs via 70 mesures. « On a balayé large pour lever les verrous de l’économie, tous les leviers sont activés pour définir un nouveau modèle économique », a-t-il déclaré. Au nom de « l’efficacité », certains articles du texte de loi vont passer par ordonnances, alors que ce dernier sera examiné en septembre en commission à l’Assemblée nationale.

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mardi 19 juin 2018

le « Zero reste à charge » n’est pas le « 100% Sécu » , mais le bluff de M. Macron !

Le PCF a pris connaissance de la signature par des deux des trois syndicats dentaires libéraux, de la nouvelle convention nationale dentaire. Cette nouvelle orientation nous inquiète car le faux concept de « Zéro reste à charge » nous éloigne un peu plus, du vrai « 100% Sécu ».
Cette convention, par l’obligation faite aux praticiens conventionnés de respecter certains nouveaux tarifs sécu mais aussi des plafonds complémentaires, persiste et signe le transfert de responsabilité de la santé bucco-dentaire de la Sécu vers le secteur assurantiel privé et les patients.
En fait, ce n’est qu’un compromis qui, comme la CMU, propose un panier de soins insatisfaisant pour les plus démunis et un autre, hors-nomenclature, pour celles et ceux qui auront des sur-complémentaires. C’est encore une protection sociale inégalitaire qui est acté, avec trois niveaux dont les deux derniers laissent un reste à charge pour plus de 50% des actes.
Elle ne dit rien des actes de parodontologie ou des implants, et cantonne la prévention au dépistage, même si on peut être satisfait que la tranche d’âge des 3 ans, soit enfin concernée. Nous ne cesserons pas de dire que c’est d’un véritable plan national de prévention bucco-dentaire dont nous avons besoin, à l’image de ceux mis en place dans des Départements comme celui du 93 et du 94.
NON, Monsieur MACRON n’a pas respecté sa soi-disante promesse d’accés aux soins bucco-dentaires pour toutes et tous, mais celle de détricoter la Sécu au seul bénéfice des assurances, qui ne manqueront pas dans les mois à venir de prononcer de forte hausse des cotisations.
OUI, LE 100% Sécu reste la seule et vraie solution à l’accès aux soins, tous les soins bucco-dentaires et aussi l’optique et l’audioprothèse, de toute la population.

lundi 18 juin 2018

Marée verte sur l’Argentine pour le droit à l’avortement

Après une vingtaine d’heures de débat, les député-es argentin-es ont adopté hier un projet de loi légalisant l’avortement durant les quatorze premières semaines de grossesse. La majorité a été courte : 129 « pour » et 125 « contre ». Le texte doit encore être adopté par le Sénat en septembre pour obtenir une légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, qui n’est aujourd’hui possible qu’en cas de danger pour la femme enceinte ou de viol.
Les progressistes ont dû faire face à une campagne agressive contre l’avortement de la part de la droite, des conservateurs et des évêques. Les associations féministes ont quant à elle réussi à mobiliser le peuple argentin, organisant des rassemblements qui ont réuni des milliers de personnes portant des foulards verts proclamant « Éducation sexuelle pour décider, contraceptifs pour ne pas avorter, avortement légal pour ne pas mourir ».
L’Argentine pourrait devenir le 4e pays d’Amérique Latine légalisant l’IVG, après Cuba (1965), Guyana et l’Uruguay (2012), alors que plus de 2 millions d’avortements illégaux ont lieu chaque année sur le continent, mettant en danger les vies de ces femmes et leur faisant encourir des peines de prison allant jusqu’à 30 ans au Salvador.

Le PCF salue cette avancée historique. Après l’Irlande le mois dernier et l’Argentine aujourd’hui, ces conquêtes majeures doivent servir d’appui pour les droits reproductifs et sexuels des femmes partout dans le monde. En France, à l’heure de la révision constitutionnelle, nous continuons à exiger la constitutionnalisation de ce droit.

Laurence Cohen et Hélène Bidard, responsables nationales au féminisme et aux droits des femmes au PCF,

dimanche 17 juin 2018

Alstom – General Electric – Siemens : "Une décision scandaleuse"

General Electric s'était engagé, lors du rachat de la branche énergie d'Alstom en 2015, à créer 1000 emplois en France. Le groupe vient d'annoncer qu'il ne tiendrait finalement pas cet engagement.
C'était pourtant l'argument qui avait été utilisé pour se défaire d'un secteur industriel stratégique au profit d'une entreprise américaine.
Cette décision est scandaleuse et doit être sévèrement sanctionnée par le gouvernement.
Après les trois milliards d'euros perçus par les actionnaires d'Alstom, dont 28 % pour Bouygues, lors de la vente à GE, ce sont 2 nouveaux milliards qui leur sont promis pour la vente à Siemens.
Il faut mettre fin à la vente d'Alstom à Siemens.
Les parlementaires communistes, présents sur le terrain depuis des mois, sont mobilisés pour défendre l'emploi et l'industrie française.
Fabien Gay, sénateur communiste et membre de la commission des affaires économiques du Sénat se rendra à Belfort le vendredi 22 juin. Il y rencontrera les salarié.es de l'industrie ainsi que les cheminot.es en lutte. Il animera une conférence publique sur le rapport parlementaire « Alstom-Siemens : pour un géant du ferroviaire véritablement franco-allemand », à 18h salle 10 de la maison du peuple.
Le PCF exige le maintien et le développement de l'emploi industriel dont le territoire de Belfort et plus largement la France ont besoin.

samedi 16 juin 2018

Réforme ferroviaire. Le train de la grève ne marque pas l’arrêt au terminus parlementaire

Les ordonnances concernent la réalisation de l’ouv erture à la concurrence et la question épineuse de la gestion des gares. Régis Duvignau/Reuters
Alors que le Sénat a entériné jeudi le pacte ferroviaire, l’intersyndicale appelle les cheminots à poursuivre la grève. Ils entendent peser face au patronat de la branche sur la rédaction de la convention collective et face à la direction SNCF sur l’accord d’entreprise.
Le gouvernement et ses relais parlementaires le répètent à l’envi : la loi est votée, la réforme va s’appliquer, la grève doit s’arrêter. Mais face aux incantations de l’exécutif, les syndicats conservent la constance des arguments de fond. Ainsi mercredi, au sortir d’une réunion intersyndicale, les quatre organisations représentatives à la SNCF à l’origine, dans l’unité et depuis le 22 mars dernier, du plus long conflit de l’histoire récente de l’entreprise publique, ont une nouvelle fois appelé l’ensemble des cheminots « à maintenir la pression sur les prochaines séquences de grève », avec, en point d’orgue, « une grosse journée d’action » le 28 juin (dernier jour de grève du calendrier prédéfini au printemps).
Mais rien, pour l’heure, ne permet de dire que la grève ne perdurera pas au-delà de cette date. La CGT, syndicat majoritaire, a d’ailleurs déjà évoqué une poursuite de la mobilisation. SUD rail également. « Nous ne nous faisons pas d’illusions sur une mobilisation continue durant l’été, mais nous appellerons à des actions précises et à des grèves à certaines dates clés », note érik Meyer, secrétaire fédéral de SUD rail. Face à un gouvernement qui « joue le jeu irresponsable du pourrissement », dénonce Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots, les syndicats ne comptent donc pas baisser la garde. Et ce malgré l’adoption définitive de la réforme par le Parlement jeudi, avec l’approbation du Sénat, par 245 voix pour et 83 contre, du texte de compromis de la commission mixte paritaire issue des deux assemblées. Un acte qui parachève le marathon parlementaire du projet gouvernemental, après le vote similaire des députés, la veille.

« 80 % du projet de loi restent à écrire »

La combativité des syndicats est renforcée par les résultats de la Vot’action, soigneusement éludée dans les discours de la direction et du gouvernement, mais à l’occasion de laquelle 95 % des cheminots se sont déclarés opposés au pacte ferroviaire porté par le gouvernement et la direction de la SNCF. « Comment, dès lors, imposer à des cheminots qui la contestent la mise en œuvre de cette réforme ? » interrogeait Laurent Brun il y a quelques jours. D’autant qu’avec la méthode des ordonnances choisie par le gouvernement et qui a très largement participé à crisper le dialogue, « 80 % du projet de loi reste à écrire », précise Jocelyn Portalier, secrétaire fédéral de la CGT cheminots. Loin d’être cantonnées aux simples « aspects techniques de la réforme », comme voudrait le faire croire Élisabeth Borne, ministre des Transports, ces ordonnances concernent la réalisation de l’ouverture à la concurrence (notamment tout le volet sur le transfert du matériel roulant), la négociation collective, les contrats de performance, le tarif des péages ferroviaires et l’organisation interne de la SNCF, avec en particulier la question épineuse de la gestion des gares. Des ordonnances auxquelles s’ajoutent « neuf décrets d’application » accolés à la loi et devant préciser, entre autres, le « statut des sociétés par action, le mode de calcul des salariés transférés (en cas de reprise d’une ligne par une entreprise privée – NDLR) » ou encore « les conditions de maintien des droits à la retraite en cas de transfert » et la politique de tarification sociale, rappelle la CGT.

Une nouvelle phase de la bataille des cheminots

Des sujets de fond que les syndicats comptent bien poser sur la table de la réunion tripartite de vendredi. Arrachée à Édouard Philippe par la mobilisation, cette rencontre qui réunit, sous l’égide du ministère, les syndicats et le patronat de la branche ferroviaire, marque la nouvelle phase de la bataille des cheminots. Entamées en 2014 après que la loi du 4 août a créé une branche ferroviaire qui n’existait pas jusque-là, les négociations de la convention collective doivent se poursuivre sur au moins dix-huit mois. L’enjeu est de taille. Car l’abandon du recrutement de cheminots au statut à compter du 1er janvier 2020 – désormais inscrit dans la loi – concentre le socle des droits sociaux de tous les cheminots (du privé comme de l’entreprise publique) dans le cadre de la branche. Et pour les syndicats, pas question de laisser le gouvernement tenir en la matière un rôle de simple observateur. « L’État doit prendre ses responsabilités », martèle la CGT. « Il faut qu’on sorte (de cette réunion tripartite) avec une note d’intention du ministère des Transports (…) sur une volonté de créer une convention collective attractive et de haut niveau », a pour sa part déclaré Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa ferroviaire. Quant à la CFDT cheminots, son secrétaire général Didier Aubert l’a rappelé cette semaine, « la fin des recrutements au statut doit être transformée en garanties sociales de haut niveau pour toute la branche ». L’engagement d’« une extension des droits à l’ensemble des salariés de la branche », poursuit le syndicaliste, demeurant une condition sine qua non « pour entrevoir le début de l’issue du conflit ».
Continuer de combattre la réforme en agissant sur les décrets d’application et le contenu des ordonnances, ouvrir de véritables négociations au niveau de la branche et peser en interne sur l’élaboration de l’accord d’entreprise : pour les cheminots, la bataille se mène plus que jamais sur tous les fronts. « Ce gouvernement est l’un des plus durs que nous avons connu ces dernières années », constate la CGT. Et parce que « les slogans ne suffisent pas, poursuit le syndicat, nous devons maintenir la pression sans faillir ».
La maintenance sabordée au nom de la concurrence
Une fois la SNCF ouverte à la concurrence, que deviennent les trains et les ateliers de maintenance ? Loin d’être anecdotique, cette question a fait l’objet d’un « deal entre sénateurs de droite et gouvernement » et « a été tranchée par le dogme libéral », s’insurge la CGT. Ainsi, la réforme prévoit la transformation de la maintenance – aujourd’hui intégrée à la filière matériel, sous maîtrise nationale – en « un marché indépendant ». Une aubaine pour les constructeurs comme Alstom ou Bombardier, qui réclament de longue date des contrats de maintenance, bien plus rentables que la construction. Mais au-delà des questions de sécurité que cela soulève, « ce sont 12 900 cheminots qui risquent d’être “sortis” de l’entreprise », dénonce la CGT, qui plaide pour le retour à « une maintenance intégrée ».

vendredi 15 juin 2018

Emmanuel Macron veut encore plus de précarité pour les pauvres

À l’occasion d’un discours devant les mutuelles françaises, le chef de l’État est revenu plus largement sur les contours de la société dont il rêve pour le pays. Pourfendant les « statuts », il propose, au nom de la « mobilité », une protection moindre, dans un marché de dupes.
La publication par les communicants du président d’une vidéo où Emmanuel Macron affirme qu’on « met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas », en prélude à son discours devant la mutualité française, n’est pas un accident. Depuis plusieurs semaines déjà, la petite musique d’une vaste refonte des aides sociales est jouée au gouvernement. Gabriel Attal, porte-parole du parti LREM, a beau dire qu’il n’y aurait « pas de diminution des aides individuelles qui sont perçues aujourd’hui par les Français », dans une interview au JDD, la ministre de la Santé affirmait le contraire. Le gouvernement, assure Agnès Buzyn, ne fera pas d’économies « sur le dos des pauvres », mais sans s’interdire de « réinterroger » un dispositif d’aides sociales « s’il ne produit pas les résultats attendus ». « Il faut prévenir la pauvreté et responsabiliser les gens pour qu’ils sortent de la pauvreté. Et sur la santé, c’est pareil », affirme le président. En termes plus directs, « lui qui d’un côté n’a pas hésité à augmenter le point de CSG, y compris pour les retraités, à réduire le montant de l’aide personnalisée au logement, à affaiblir tous les bailleurs sociaux et à supprimer les emplois aidés… n’a en revanche pas lésiné à redistribuer vers les plus riches en supprimant l’ISF ou créant la flat tax », a commenté l’ex-ministre socialiste Martine Aubry.
Devant le congrès de la Mutualité française, Emmanuel Macron a redit son credo, de vouloir « mieux responsabiliser tous les acteurs », à commencer donc par les pauvres eux-mêmes, qui sont un peu responsables de leur sort, selon la pensée classique à droite. À plusieurs reprises, le chef de l’État hier a redit vouloir en finir avec « une société de statuts ». Son discours, qui réhabilite le fantasme de pesanteurs françaises, opère en fait un curieux retournement : ce qui était protecteur, le statut, serait désormais un frein. En réalité, Emmanuel Macron passe ainsi d’une logique de protection collective qu’apporte le statut, qui doit ici être vu au sens large d’un ensemble de droits ouverts, à une logique de l’individu. Où au passage chacun perd la protection antérieure qu’apportait le statut. La « disruption » chez Macron, comme le soulignait récemment Bernard Stiegler, est d’abord une manière de tétaniser, une stratégie « pour prendre de vitesse ses compétiteurs et ses régulateurs ». Macron est le premier à reconnaître qu’il n’y aura pas de « grand tournant social », mais ne dit pas que, pour « rendre les droits effectifs », il faudra en rogner, alors que les minima sociaux que perçoivent un peu plus de 10 % de la population sont déjà sous le seuil de pauvreté.

Les cheminots sont les premiers à en faire les frais

Pour l’heure, dans la mise à bas de cette « société de statuts » qui prépare l’extension du travail précaire, les cheminots en font les premiers les frais. D’autres pourraient venir : rencontrant des journalistes récemment, un proche du président reprenait la formule de « société de statuts » pour résumer la première année du quinquennat, expliquant que son enterrement avait déjà commencé quand « travail et mérite se retrouvent dans toute une série de réformes ».
Dans Challenges en 2016, Emmanuel Macron se faisait clair, « la solution est que l’État protège non les statuts ni les rentes de manière diffuse, mais les individus de manière transparente : c’est vers cela qu’il faut aller ». Que comprendre, sinon que l’État ne devrait assurer qu’une protection minimale, en échange de garantir une hypothétique mobilité sociale ? En 2016, Macron affirmait déjà « notre société n’est pas la plus inégalitaire, mais elle est l’une des plus immobiles ». « Ce sont, ajoute-t-il, des morceaux de la société qui se sont organisés pour défendre leurs intérêts (…). Des professions ont créé des barrières à l’accès des plus jeunes. »
C’était avant d’être élu, avant même d’annoncer la réforme de la SNCF, dont l’un des volets est d’en finir avec le statut des cheminots, pour les futurs embauchés. Or, jamais n’est expliqué en quoi le statut des actuels cheminots est un frein à la mobilité sociale. La réponse est simple : il n’y a pas de rapport. Ce n’est pas le statut des cheminots qui empêche les jeunes des quartiers populaires ou ceux qui ont basculé dans la précarité de s’inventer un avenir.
Le « plan pauvreté », promis pour le mois prochain, à peine esquissé hier par le chef de l’État, qui en est resté aux grands principes, participe de la même logique. Objectif, selon l’Élysée, « davantage d’investissement social que de lutte monétaire contre la pauvreté, fondée sur la redistribution d’allocations ».
Le paradoxe est que, « protégés par leur statut, leur activité ou leur diplôme, les classes aisées ferment les yeux sur l’armée des flexibles qui font tourner l’économie en décalé et exercent les tâches les plus ingrates, à la maison comme dans l’entreprise », écrit Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités (lire également l’entretien ci-contre). Le futur président avouait encore en 2016 être « contre l’égalitarisme, qui est une promesse intenable ». S’il n’y a plus de redistribution, alors il est aisé « de passer à une société de la mobilité et de la reconnaissance, où chacun occupe une place différente ». La mobilité devient un paravent pour ouvrir la voie à la déréglementation.

jeudi 14 juin 2018

Des retraités de plus en plus indignés d’être à ce point maltraités

A l’appel de 9 organisations dont l’Union confédérale des retraités CGT, des dizaines de milliers de retraités vont défiler dans tout le pays demain contre l’amputation de leur pouvoir d’achat depuis le début de cette année via la hausse de la CSG. Cette baisse des pensions est d’autant plus injuste que ces dernières sont bloquées depuis des années tandis que la hausse de la CSG sert, entre autre, à alimenter l’UNEDIC alors que les retraités, de par leur statut de pensionnés, ne peuvent avoir droit au chômage.
Pour bien comprendre le sens de la journée d’action de ce jeudi 14 juin chez les retraités et prendre la mesure du mécontentement qui les anime, on peut se reporter au 12 avril de cette même année 2018. Ce jour-là, au journal de 13H de Jean-Pierre Pernaut, décentralisé dans l’école primaire d’un village normand, Emmanuel Macron avait « remercié » les retraités de l’effort  qu’il leur avait imposé au nom, disait-il, de la « solidarité nationale » en faveur des jeunes générations.
Depuis la tenue de ces propos incongrus par le président de la République, une étude de l’INSEE publiée le 5 juin sur l’évolution du patrimoine et du pourvoir d’achat des Français entre 1996 et 2015 nous apprend que « huit ménages de parents d’un jeune de 18 à 24 ans sur dix, l’aident financièrement à hauteur de 3.670€ par an. Au total, 8% du revenu disponible des ménages de parents est consacré à l’ide du jeune adulte », poursuit l’INSEE. Certains de ces parents sont aussi des retraités et l’INSEE n’a pas poussé la curiosité jusqu’à chercher à savoir dans quelles proportions les retraités aident aussi leurs petits enfants financièrement comme en assurant bénévolement la garde à la sortie des écoles ainsi durant les jours où les gosses ne sont pas scolarités.         

Quand la pension de 1.500€ baisse de 27,45€ par mois

Depuis l’entrée en vigueur de cette hausse de la CSG,  chacun peut se rendre compte que la ponction de + 1,7%  appliquée à la pension brute, se traduit par une baisse de 1,83% sur la pension nette. Quiconque percevait 1.500€ net avant la hausse pouvait penser que sa pension allait diminuer de 25,50€ par mois et de 306€ sur l’année. Au final, la baisse est  de 27,45€ par mois et de 329,40 euros sur l’année. C’est la baguette de pain que Macron enlève chaque jour de la bouche du modeste retraité.
Des veufs et surtout des veuves qui  touchaient moins de 1.200€ par mois, mais percevaient en plus une pension de réversion de leur défunt conjoint, se retrouvent taxés sur la totalité de leurs revenus par ce prélèvement. Le nouveau président des riches pille les retraités afin de concéder une petite augmentation du salaire net aux actifs, sans que cela ne coûte un centime aux employeurs. Mais, en supprimant la cotisation maladie et la cotisation chômage qui étaient à la charge du salarié, on augmente si faiblement le salaire net que même les bénéficiaires sont mécontents du résultat. Car ils subissent aussi la hausse de la CSG. Parallèlement, la hausse du prix du pétrole brut comme celle des taxe sur les carburants en France depuis le début de l’année ont déjà annulé le mini hausse du pouvoir d’achat des actifs que Macron a fait payer par les retraités en choisissant de ne rien demander aux patrons de LVMH, de Carrefour, de Renault, de Peugeot-Citroën, de Dassault, du Crédit Agricole ou de BNP Paribas.

Quand les retraités paient à la place des patrons du CAC 40

Faut-il croire que ces patrons ne pouvaient pas payer ? Le Figaro du 5 mars de cette année indiquait que, pour l’année 2017, « sur les 39 entreprises du CAC 40  qui ont dévoilé leurs comptes, 31 affichent des résultats en hausse. La palme du plus fort bénéfice revient à Sanofi avec 8,4 milliards d’euros ». LVMH a annoncé 5,12 milliards d’euros de bénéfices pour l‘année 2017. Bernard Arnault, première fortune française, bénéficie de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pendant que la ponction sur nos pensions sert à payer la cotisation de chômage et de maladie de ses employés. Carlos Ghosn, PDG de Renault ne paiera plus cet ISF sur ses 7 millions d’euros de salaire perçus en 2017.
Partout où ils osent encore aller au contact de la population dans leur circonscription, les députés de La République En Marche constatent que cette hausse de la CSG a profondément mécontenté les gens qui ont voté pour eux.  Voilà pourquoi les retraités ont de bonnes raisons de manifester le 14 juin. D’autant qu’Emmanuel Macron joue un double jeu pour le moins pervers. Evoquant la prochaine réforme unificatrice des retraites sur laquelle il demande au Parlement de légiférer, il prétend qu’il y aura demain un droit à pension identique pour chacun comme pour tous et cela résultera de chaque euro cotisé. Mais le niveau des pensions des retraités ont bien été calculés  individuellement en fonction des années et des niveaux de cotisations de chacun et chacune. Or Macron a utilisé la CSG pour réduire de manière autoritaire et probablement illégale les pensions de retraites en janvier 2018.

L’étrange complicité du Conseil Constitutionnel

Ajoutons que le Conseil Constitutionnel, présidé par l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale Laurent Fabius, n’a rien trouvé à redire contre cette ponction. Le Conseil Constitutionnel se rend ainsi complice de la spoliation dont sont victimes des millions de retraités alors que le Conseil d’Etat a mis en doute la légalité de cette façon de procéder. Au delà du président de la République et de son gouvernement, le moment n’est-il pas venu de demander des explications au président de Conseil constitutionnel sur cette douteuse complicité ?

mercredi 13 juin 2018

Aquarius : La question de l’accueil des réfugiés doit être inscrite à l’ordre du jour du prochain Conseil européen

Le refus du gouvernement d’extrême droite italien de recueillir le bateau « L’Aquarius », ayant secouru 629 réfugiés dont 123 mineurs et 7 femmes enceintes, a mis une nouvelle fois sur le devant de la scène l’incurie de l’Union Européenne et de la France. Par son inaction, l’Union Européenne met en danger des vies humaines ballotées pour des raisons politiciennes. Elle tourne le dos à son histoire et à son identité.
En demeurant passifs, Bruxelles laisse les populistes et les xénophobes régner sur la politique migratoire européenne. De façon incompréhensible, Emmanuel Macron aura mis 48h à réagir, finissant par dénoncer le « cynisme et l’irresponsabilité » du gouvernement italien. Mais plutôt que des belles paroles, nous avons besoin que la France prenne l’initiative. Elle doit exiger l’inscription en urgence de la question de l’accueil des réfugiés et de la réforme du règlement de Dublin au prochain Conseil européen des 28 et 29 juin.
Il est indispensable que les gouvernements se mettent autour d’une table pour apporter une réponse commune à la situation dont l’Aquarius est un énième symptôme. Il est nécessaire de réformer en urgence le règlement de Dublin qui impute au premier pays d’entrée au sein de l’UE la charge d’examiner les demandes d’asile. Du fait de cette disposition, les populations de l’Europe du Sud assument seules l’accueil des réfugiés dans des conditions humaines dramatiques quand un certain nombre de pays-membres d’Europe centrale ou du Nord refusent de prendre leur part à la solidarité internationale. A l’occasion du prochain Conseil européen, la France peut et doit porter des solutions pragmatiques :
- contraindre les États membres, y compris leurs flottes militaires, à remplir leurs obligations internationales en matière de sauvetage en mer et de droit d’asile ;
- partager la responsabilité des demandeurs d’asile entre tous les pays de l’UE ;
- réorienter les missions de Frontex vers le sauvetage et l’ouverture de voies légales sans conditions ;
- instaurer des voies légales et sûres d’accueil des réfugiés à travers un couloir humanitaire dans la Méditerranée, en lien avec le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU.
Ian Brossat, chef de file des communistes pour l’élection européenne de 2019

mardi 12 juin 2018

Réfugiés : Face à la dérive italienne, l’Union européenne au pied du mur (Ian Brossat)

Par la voix de son ministre d’extrême droite Matteo Salvini, l’Italie annonce ce dimanche que le bateau « L’Aquarius », ayant secouru 629 réfugiés dont 123 mineurs et 7 femmes enceintes, est interdit d’arrimer dans la péninsule. Cette décision marque une rupture, elle s’oppose aux valeurs les plus élémentaires de l’Europe, constitutives de son histoire et de son identité.
Si elle déshonore l’Italie, elle place aussi l’Union européenne et ses États-membres face à leurs contradictions. Bruxelles et les chancelleries européennes ne sauraient rester silencieuses et passives. Elles doivent désormais sortir de l’ambiguïté et d’une inaction de plus en plus coupable, et refuser que la détresse de réfugiés de guerre ne serve de monnaie d’échange diplomatique. Dans ce contexte, saluons l’humanité et la responsabilité dont font preuve les Maires italiens de Naples, Palerme ou Messine qui ont annoncé que leur ville portuaire acceptait de recueillir l’Aquarius.
Aujourd’hui, les populations de l’Europe du Sud ne peuvent assumer seules l’accueil des réfugiés quand un certain nombre de pays-membres d’Europe centrale ou du Nord refusent de prendre leur part à la solidarité internationale. En agissant de la sorte, ces Gouvernements mettent en péril l’unité européenne et défient ses règles communes. Pour répondre à ce défi, nous portons des solutions pragmatiques :
- contraindre les États membres, y compris leurs flottes militaires, à remplir leurs obligations internationales en matière de sauvetage en mer et de droit d’asile ;
- partager la responsabilité des demandeurs d’asile entre tous les pays de l’UE ;
- réorienter les missions de Frontex vers le sauvetage et l’ouverture de voies légales sans conditions ;
- instaurer des voies légales et sûres d’accueil des réfugiés à travers un couloir humanitaire dans la Méditerranée, en lien avec le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU.

lundi 11 juin 2018

Bilan de soirée la Sociale



La section du parti communistes du Grésivaudan à organiser une soirée vendredi soir  une projection débat sur la Sociale
Le documentaire «La Sociale» retrace l'histoire de la sécurité sociale, cette conquête sociale de l'immédiate après-guerre répondant enfin au vieux rêve séculaire des peuples à vouloir vivre sans l'angoisse du lendemain. 70 ans plus tard, il est important de reparler de cette belle histoire de la «sécu» : d'où elle vient, ce qu'elle est devenue, et ce qu'elle pourrait devenir…
La projection du film fut suivie d'un débat en présence de Michel Etievent (historien), et de deux remarquables syndicalistes CGT caroline et karen et Annie David secrétaire de la fédération de l’Isère.