dimanche 8 juin 2025

STMicro. La CGT s’oppose de nouveau au financement de l’armement d’Israël


 Nadia Salhi, déléguée syndicale CGT ST France, lors d'une action conjointe avec Urgence Palestine devant le site de Crolles, le 10 avril, contre la collaboration avec le secteur de la défense israélienne. © Pierre-Jean Crespeau

La CGT a adressé ce mardi 3 juin une nouvelle lettre ouverte à la direction de STMicroelectronics, lui demandant de cesser toute collaboration avec l'État d'Israël. Le syndicat réclame plus particulièrement le retrait d'Amundi de l'appel d'offres pour la gestion de l'épargne salariale chez ST, alors que cette filiale du Crédit agricole investit dans une entreprise israélienne produisant des armes et munitions utilisées à Gaza.

La lettre ouverte, datée du mardi 3 juin, est adressée à Jean-Marc Cheruy, PDG de STMicroelectronics, et à Frédérique Le Grevès, présidente de STMicroelectronics France. Une nouvelle sollicitation de la part de la CGT, après un premier courrier envoyé en juin 2024, et un rassemblement organisé le 10 avril dernier devant le site de Crolles, dans le cadre d’une action conjointe avec Urgence Palestine. Objectif : interpeller la direction du groupe franco-italien sur son partenariat industriel et technologique noué avec Israël — initialement via l’ouverture de centres de R&D et d’innovation ou l’association avec des universités.

Le syndicat recensait trois points principaux à l’origine. Parmi ces demandes, « suspendre immédiatement toute collaboration avec les entreprises du secteur de la défense israélienne, y compris hors armement, tant que les droits du peuple palestinien ne seront pas complètement respectés ». Mais aussi « rendre public (…) l’ensemble des partenariats en cours avec des entités israéliennes ». Et enfin « s’engager formellement à ne plus travailler avec des intermédiaires commerciaux qui permettent à des États criminels de se procurer des composants STMicroelectronics et de contourner les embargos ».

Rassemblement de la CGT et Urgence Palestine, le 10 avril 2025, devant l’usine ST de Crolles. © CGT STMicroelectronics Crolles

Si le fabricant de semi-conducteurs s’était défendu de tout usage détourné de ses produits, sa réponse est loin d’avoir satisfait la CGT. Selon ses recherches en effet, « les relations entre STMicroelectronics et Israël ne concernaient pas seulement les fonctionnalités civiles, mais également le secteur de la défense ». Et de citer un accord conclu en 2021 « avec Tower Semiconductor, fondeur israélien de multiples secteurs dont la défense, lui donnant accès pour ses propres produits à une partie de la capacité de production de l’usine ST Agrate 300mm en Italie ». De plus, poursuit-elle, « ST-Up aide des start-up israéliennes à se développer, telles par exemple infiniDome (GPS pour drone) ou Lidwave (cartographie 4D en temps réel), dont leurs technologies sont utilisées par l’armée israélienne ».

STMicroelectronics « directement ou indirectement complice de génocide »

La CGT évoque surtout un nouvel élément récent témoignant du soutien de l’entreprise à Israël. STMicroelectronics a ainsi « proposé que l’épargne salariale des salariés soit gérée par BNP Paribas ou Amundi (filiale du Crédit agricole) alors que ces établissements investissent dans Elbit Systems, entreprise israélienne produisant des armes et munitions utilisées à Gaza ». Or, malgré la demande en ce sens de la CGT, la direction a refusé d’écarter les sociétés candidates, Amundi étant même toujours dans la course et convoquée à une seconde réunion prévue mardi 3 juin.

Le syndicat est pourtant formel : « Nous refusons de confier l’épargne des salariés, fruit de leur travail, à un acteur financier qui investit dans des entreprises engagées dans des violations graves du droit international, et nous refusons que cette épargne serve à soutenir l’État d’Israël et son industrie de guerre responsable de la mort de nombreux civils. » D’où son souhait de « stopper expressément la participation d’Amundi à l’appel d’offres pour la gestion de l’épargne salariale des salariés de STMicroelectronics ».

La CGT conclut en rappelant au groupe ses responsabilités. En collaborant avec Israël, STMicroelectronics serait ainsi « directement ou indirectement complice de génocide et ne respecte donc pas la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de l’Assemblée générale des Nations Unies du 9 décembre 1948, qui en vertu de son article IV, s’applique aux entreprises, que ce soit sous forme de personnes morales (comme des sociétés) ou de personnes physiques agissant au nom de ces entreprises », souligne-t-elle.

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