Le comédien Gérard Depardieu était accusé d’agressions sexuelles sur deux femmes lors du tournage du film Les Volets verts, en 2021. Il a été condamné, mardi 13 mai, à dix-huit mois de prison assortis d’un sursis simple et sera inscrit au fichier des auteurs d'infractions sexuelles. Son avocat, Jérémie Assous, a annoncé que l'acteur va faire appel.
Comme un message, le tribunal correctionnel de Paris a rendu, mardi 13 mai, son verdict dans ce procès symbolique de l’impunité inhérente au monde du cinéma français quelques heures avant que la cérémonie d’ouverture du festival de Cannes 2025 ne soit lancée. Soit la chute de Gérard Depardieu, l’un de ces « monstres sacrés » qui ont profité du patriarcat débridé pour multiplier les harcèlements, les agressions sexuelles et les viols sans redouter les moindres représailles à l’heure où des dizaines d’autres s’apprêtent à fouler le tapis rouge.
Le comédien Gérard Depardieu, accusé d’agressions sexuelles sur deux femmes lors du tournage du film Les Volets verts, en 2021, est ainsi condamné à dix-huit mois de prison assortis d’un sursis simple, deux ans d’inéligibilité et une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. Il a été reconnu coupable au regard des « déclarations constantes et réitérées » des victimes, comme des « déclarations concordantes de témoins indirects » et de « l’objectivation du trauma subi ». Le comédien devra donc s’acquitter de respectivement 4 000 et 2 000 euros d’indemnisation « au titre de préjudice morale » envers les deux victimes, Amélie et Sarah.
L’acteur « qui rendait fier la France »
L’acteur ne s’est pas rendu sur place pour entendre le jugement et son avocat, Jérémie Assous, a annoncé que son client compte faire appel de sa condamnation. Fin mars, le parquet avait requis dix-huit mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende à son encontre, estimant que les agressions dénoncées par les deux femmes étaient bien « intentionnelles ». Aucune obligation de suivi psychologique – comme l’avait réclamé le parquet – n’a cependant été prononcé. La défense du camp Depardieu, qui a choqué par sa virulence, a aussi été dénoncée par la justice, qui a requis une compensation financière spécifique : « 1 000 euros pour victimisation secondaire » à destination d’Amélie et Sarah.
Le procès de l’acteur « qui rendait fier la France » – selon les dires du président de la République française, Emmanuel Macron – s’était transformé en un triste exercice d’esquives et de justifications maladroites de la part du principal concerné. Ainsi, le comédien avait à peine préparé sa défense, ou remis en question son comportement durant plusieurs décennies, en expliquant qu’il a, au cours de sa carrière, « côtoyé beaucoup de gens importants (et) moins importants ».
Le tout avant d’ajouter que « ce n’est pas les importants qui m’intéressent. Ce sont les moins importants ». Quelques secondes auparavant, ce dernier affirmait : « Je ne vous cacherai pas que c’est difficile. Ça m’est déjà arrivé, dans le Time Magazine, en 1974, pour la promo des Valseuses. J’ai cru pouvoir parler anglais. C’était une erreur. Du coup, dans le Time magazine, Richard Forbys avait écrit qu’à 9 ans, je “participais” à des viols. Là a commencé une réputation, de voyou, de base américaine, de Châteauroux… Je ne suis pas surpris. »
Alors qu’il avait toujours nié, y compris en garde à vue, tout « contact physique » avec Amélie K., la décoratrice du film, Gérard Depardieu avait fini par admettre devant les magistrats l’avoir « attrapée par les hanches, comme j’attrape cette barre ». Il nie cependant la connotation sexuelle de son geste, affirmant s’être emporté car la chambre prévue pour la scène n’était alors pas prête.
Gérard Depardieu a ainsi expliqué au président Donard qu’il pensait que la victime présumée était la propriétaire de l’hôtel particulier où se déroulait le tournage. « J’étais surpris qu’elle ne me dise pas qu’elle était ensemblière », avait-il affirmé. « Vous contestez donc les faits ? », a fini par lui demander le président. « Je ne vois pas pourquoi j’irais peloter une femme alors qu’il fait chaud, qu’on est vendredi soir…, rétorquait le comédien. Il paraît qu’il y a des frotteurs dans le métro. Moi, je ne suis pas un frotteur. Il y a des tas de vices que je ne connais pas. » La justice a estimé le contraire.
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