Les communistes et leurs élus sur le territoire du Grésivaudan analysent la politique et l'actualité locale départementale, nationale, européenne et mondiale
À l’occasion de la niche parlementaire communiste, et cinq ans après sa validation par l’Assemblée nationale, le texte a enfin été examiné au Palais du Luxembourg ce jeudi 21 mars. En pleine crise agricole, c’était un débat attendu puisqu’il permet « d’avoir un débat politique et citoyen sur les traités de libre-échange », rappelle Fabien Gay, sénateur communiste.
Sans grande surprise, le projet de loi ratifiant l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada a été largement rejeté avec 243 sénateurs qui se sont prononcés contre et seulement 26 pour. Une victoire soulignée par la tête de liste du Parti communistes français aux élections européennes, Léon Deffontaines : « Le CETA est l’exemple même d’une fraude démocratique ».
En 2019, l’Assemblée nationale avait validé de justesse le texte. Depuis, la majorité des dispositions sont appliquées provisoirement. Il s’agit en grande partie de mesures relevant des compétences de l’Union européenne, notamment les mesures commerciales et la suppression des droits de douane sur 98 % des produits échangés. Cependant, ce traité transatlantique est un accord mixte : il mêle des domaines qui relèvent des compétences de l’UE et de celles des États. Pour faire appliquer la totalité du texte, les 43 parlements nationaux et régionaux doivent le ratifier.
Alors que le Parlement européen adopte régulièrement des résolutions pour encourager tous ses membres à ratifier l’accord, la France fait partie des 10 pays encore réticents, aux côtés de la Belgique, la Slovénie, la Bulgarie, Chypre, la Grèce, l’Irlande, la Hongrie, la Pologne et l’Italie.
Après ce rejet du Sénat, le CETA devra retourner devant l’Assemblée nationale pour un nouvel examen. Si les députés votent contre, Emmanuel Macron devra notifier son rejet à l’UE.
Shana Maisueche
Pour l’Avant-Garde, revue du MJCF
Article publié dans CommunisteS, n°989, 27 mars 2024.
A l’appel de la FCPE, les parents se sont mobilisés ce 27 mars pour dénoncer les groupes de tri des élèves.
Mercredi 27 mars, les parents d’élèves du collège Jules Vallès de Fontaine étaient appelés à ne pas envoyer leurs enfants pour protester contre la réforme gouvernementale des collèges.
Très peu de collégiens se sont présentés à 8h. Magali Marquet, référente du conseil local FCPE, élue au CA du collège l’explique : « Le très peu d’élèves présents ce matin au collège (10 à 20%) est le résultat d’une information diffusée en amont aux parents d’élèves. Les élèves en ont beaucoup discuté entre eux. Cette réforme que nous dénonçons et combattons va trier les enfants selon leur niveau, va isoler les enfants de familles modestes, va casser les groupes classe. Les élèves vont se retrouver à changer en permanence de groupes. Or l’expérience montre l’importance d’une classe pour les élèves. Les élèves vont changer de professeurs ce qui va rendre difficile le suivi des élèves, notamment en maths et en français ; nous dénonçons qu’il n’y a pas de moyens supplémentaires qui seraient nécessaires. »
Magali Marquet.
M. Lapierre, enseignant d’éducation physique, syndicaliste du SNEP (FSU) rappelle l’opposition des enseignants au tri des élèves. « Ce sont les parents d’élèves (FCPE) qui ont appelé les parents à ne pas envoyer leurs enfants au collège, pour protester contre les mesures du projet « le choc des savoirs ». Nous-mêmes appelons le 2 avril à une grève des enseignants. Nous sommes opposés à cette réforme et notamment la mise en place de groupes de niveaux. L’école est attaquée de plus en plus. La politique gouvernementale casse peu à peu l’école. Les résultats des travaux de la recherche scientifique dans le domaine des sciences de l’éducation montrent que la mise en place de groupes de niveaux est un procédé délétère. Cela fait éventuellement progresser les meilleurs des élèves mais les élèves en difficulté le sont encore plus avec les groupes de niveaux. Dans la réforme il y a également des mesures pour mettre des heures supplémentaires pour les élèves en difficulté et cela aggrave leur situation. Ce qui fonctionne, c’est de laisser les élèves ensemble et de les encadrer avec des effectifs réduits ou plus d’adultes pour les encadrer. Cette réforme est conçue pour former encore plus d’élites. »
M. Lapierre.
Les groupes de niveaux, l’enseignant les a de fait déjà pratiqués. « J’ai travaillé en SEGPA (classes pour enfants en difficulté), indique-t-il, et J’ai vu les effets négatifs d’enfants stigmatisés en tant qu’élèves de SEGPA. » Il a également enseigné dans une classe à effectifs réduit : « on voit, ici au collège, qu’avec des effectifs à vingt, le fonctionnement est très différent. En épidémie de grippe, par exemple, à effectifs réduits, la classe fonctionne beaucoup mieux. »
Le collectif des parents d’élèves du collège Jules Vallès a diffusé un tract et un quatre pages très explicatif, sur la réforme qu’ils dénoncent. Le ministère de l’éducation nationale n’hésite pas à nommer sa réforme des collèges, «CHOC des SAVOIRS, une mobilisation générale pour élever le niveau de notre école ». La FCPE, au niveau national, explicite son positionnement sur cette réforme.
A la Villeneuve, l’enterrement de l’école publique
Le 27 mars, de nombreux collèges ont participé au mouvement collèges morts. Ainsi à la Villeneuve de Grenoble, au collège Lucie Aubrac. Le 26 mars, parents et enseignants ont ainsi participé à l’enterrement de l’école publique et de l’égalité des chances. Ils se sont recueillis devant son cercueil. Une réunion d’information sur les velléités ministérielles avait été organisée le 25 mars, associant parents, enseignants et habitants de la Villeneuve.
Avare de mea culpa face au dérapage du déficit public, le premier ministre a expliqué ce mercredi soir, sur TF1, que l’assurance-chômage serait la première sacrifiée sur l’autel de la rigueur budgétaire.
Le premier ministre Gabriel Attal, interrogé sur TF1 le 27 mars 2024.
Au 20 heures, le premier ministre a appliqué la méthode éprouvée de son patron à l’Élysée. D’abord : se dédouaner. Qu’on se le dise, le pays est bien géré : « L’année dernière, l’État a dépensé ce qui était prévu. On est même un peu en dessous, avec 8 milliards d’euros de moins », fait valoir le locataire de Matignon.
L’enfer, c’est les autres : le Covid, la guerre en Ukraine, les Français qu’il a bien fallu « protéger » de toutes ces calamités, puis le ralentissement économique en 2023 qui nous est tombé dessus et a engendré moins de recettes que prévu. « On l’a senti venir. Quelques semaines après ma nomination, on a pris une décision historique, avec 10 milliards de dépenses en moins », fait valoir Gabriel Attal.
Sur la forme, le premier ministre était confronté à un dilemme : comment imposer aux partenaires sociaux (syndicats et patronat), qui cogèrent l’assurance-chômage, d’acter un nouveau tour de vis sans donner l’impression qu’il leur braque un pistolet sur la tempe ? Sur TF1, il a donc tenté un périlleux numéro d’équilibriste, se disant très « attaché au dialogue social », tout en indiquant qu’une lettre de cadrage allait très prochainement atterrir sur la table des « partenaires sociaux ». On imagine la grimace que vont faire ces derniers, alors même qu’ils n’ont toujours pas achevé l’actuelle négociation concernant l’emploi des seniors…
Une réforme après les Jeux olympiques
On ne sait pas encore ce que contiendra ladite lettre, mais le premier ministre laisse entendre que tous les paramètres devront être sur la table : il faudra à la fois jouer sur la durée d’indemnisation, le nombre de mois nécessaires à l’ouverture des droits et éventuellement le montant de l’indemnisation, cette dernière option n’ayant cependant « pas la préférence » de Gabriel Attal. « Aujourd’hui, vous pouvez être indemnisé jusqu’à dix-huit mois, a-t-il lancé sur TF1. Une des pistes, c’est de réduire cette durée de plusieurs mois, mais pas en dessous de douze. »
Ce chiffre maquillé par le premier ministre en concession fait déjà bondir les syndicats. « Si c’est bien vers cela qu’on se dirige, c’est un scandale, fulmine Denis Gravouil, membre du bureau confédéral de la CGT. La durée d’indemnisation a déjà été réduite par ce gouvernement de 25 % en février 2023. Passer de dix-huit mois à un an porterait un nouveau coup terrible à tous ceux qui se font licencier. »
Gabriel Attal a déjà arrêté le calendrier. Les organisations syndicales et le patronat devront mener cette nouvelle négociation au pas de charge, pour aboutir d’ici à l’été prochain. « Je veux que nous ayons les paramètres de cette réforme à l’été, pour qu’elle puisse entrer en vigueur d’ici à l’automne », assène le premier ministre… tout en rappelant, une nouvelle fois, son intention de laisser « les partenaires sociaux travailler ». Ces derniers auront donc toute latitude pour discuter, mais dans un cadre verrouillé à double tour par l’exécutif.
Pour faire passer la pilule, Gabriel Attal ressort son lapin préféré du chapeau des mesures qui ne coûtent rien. Non pas la semaine des quatre jours, qui réduit le temps de travail en adoptant les 32 heures par semaine, mais la semaine en quatre jours. Ou comment travailler toujours autant, mais avec un jour de moins. « Il s’agit de sortir du carcan des 35 heures, donner plus de souplesse à ceux qui le souhaitent », explique celui qui fut jadis de gauche.
Toujours pas de hausse d’impôts
Le deuxième message suit : les dogmes macroniens sont sacrés. Pas de hausse d’impôt : « On a toujours dit qu’on n’augmenterait pas les impôts. » Pas de taxation des superprofits à l’heure où les bénéfices du CAC 40 viennent de battre un nouveau record (145 milliards d’euros pour 2023). Quant à la taxation des grandes fortunes : « J’attends de voir les propositions des parlementaires, des associations d’élus », botte en touche celui qui compte bien recoller aux 3 % de déficits publics en 2027.
Pour redresser les comptes, l’assurance-chômage sera la bête expiatoire de la rigueur budgétaire. Ce n’est pas une surprise : le premier ministre a confirmé qu’il y aurait bien une énième réforme de l’Unédic cette année. Pour se justifier, Gabriel Attal est resté fidèle à la feuille de route dessinée par Emmanuel Macron, qui conditionne l’obtention du plein-emploi (un taux de chômage au sens du Bureau international du travail à moins de 5 %) à une nouvelle baisse de droits pour les chômeurs.
Le New York Times révèle que l’ex-président Brésilien Jair Bolsonaro, qui est visé par plusieurs enquêtes, tenterait de fuir la justice de son pays. Il aurait déjà passé deux nuits dans la mission diplomatique du pays dirigé par Viktor Orban.
L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro et le premier ministre hongrois Viktor Orban à Budapest (Hongrie), le 17 février 2022.
Des images des caméras de sécurité de l’ambassade de Hongrie à Brasília obtenues par le New York Times et révélées ce lundi montrent que Jair Bolsonaro aurait passé deux nuits dans cette enceinte diplomatique, entre le lundi 12 et le mercredi 14 février. Un séjour qui s’inscrirait dans le cadre d’une apparente demande d’asile, manœuvre qui mettrait l’ancien président du Brésil hors de portée des autorités de son pays.
Visé par diverses enquêtes, Jair Bolsonaro est notamment accusé d’avoir fomenté un coup d’État après sa défaite lors de la dernière élection présidentielle, en octobre 2022, lors de laquelle il s’était incliné face à son rival Luiz Inácio Lula da Silva. Le 8 janvier suivant, plusieurs milliers de ses partisans avaient pris d’assaut les institutions siégeant aux abords de la place des Trois-Pouvoirs, dans la capitale (le Congrès, le Tribunal suprême fédéral et le Palais présidentiel) – une tentative de rupture constitutionnelle visant à empêcher Lula d’assumer un troisième mandat. La police fédérale avait confisqué le passeport de l’ancien président d’extrême droite le 8 février dernier, et arrêté deux de ses anciens collaborateurs.
« Je ne nierai pas que j’étais à l’ambassade » affirme Bolsonaro
Alors que les images vidéo, que le quotidien états-unien a pu analyser, montrent Jair Bolsonaro reçu par l’ambassadeur hongrois, ses avocats ont déclaré que « l’ancien président brésilien s’est entretenu avec de nombreuses autorités du pays ami », tout en rappelant qu’il entretient de bonnes relations avec le premier ministre de ce pays européen, Viktor Orbán. Les deux hommes s’étaient rencontrés pour la dernière fois en décembre dernier, à Buenos Aires, lors de l’investiture du président Javier Milei. Malgré plusieurs antécédents qui prouvent la grande proximité des deux hommes, la défense de Bolsonaro a invité à ne pas « surinterpréter » les évènements révélés par le quotidien nord-américain.
« Je ne nierai pas que j’étais à l’ambassade », a déclaré, au média brésilien Metrópoles, Bolsonaro, suite à la parution de l’enquête du New York Times. « J’ai un cercle d’amis qui inclut des dirigeants du monde entier. Ils sont inquiets(pour moi). »
Pour le gouvernement : un « fugitif confessé »
Deux semaines après avoir séjourné dans l’ambassade hongroise, Jair Bolsonaro parvenait à rassembler près de 200 000 de ses fidèles dans les rues de São Paulo pour dénoncer la « persécution » politico-judiciaire dont il serait victime.
Du côté du gouvernement, le ministre Alexandre Padilha (chargé des relations institutionnelles) a déclaré que les vidéos révélées parle New York Times montraient que l’ancien président Jair Bolsonaro était un « fugitif confessé ». « Ce n’est pas une surprise, il a montré une fois de plus qu’il avait l’intention de fuir », a indiqué Padilha, en précisant qu’il appartient à la police fédérale et au pouvoir judiciaire d’agir en conséquence. Tout en assurant que le président Lula garantit toutes les conditions d’une « autonomie absolue au fonctionnement institutionnel » de la police fédérale. Il a également déclaré que le gouvernement soutient toutes les actions qui « réaffirment l’État de droit démocratique ».
Patrick Le Hyaric, lors de son intervention à l’institut de la communication des des médias, à Échirolles.
Patrick le Hyaric, directeur de l’Humanité de 2000 à 2020, était présent à Echirolles le 19 mars dernier, pour marquer le 120e anniversaire de l’Humanité. Nous l’avons rencontré à cette occasion.
Dans un premier temps il a prolongé la réflexion de Cyprien Caddéo qui, le 16 mars à Echirolles, traitait la question de l’ère numérique de la presse quotidienne.
« Un journal papier, c’est chaque jour une œuvre : c’est dessiné, il y a un menu, il y a un graphisme, une cohérence. Le lectorat du papier est familier de cette cohérence. Le numérique permet plus de choses (écrits, vidéos, liens…). Il permet à l’Humanité de proposer une offre complète avec un quotidien, un hebdomadaire, des hors série et des articles sur son site, ce denier mis à jour plusieurs fois dans la journée. Le lecteur, sur le numérique, ne lit pas un déroulé cohérent. Il picore un ou des articles. S’il y a gratuité, il consulte les sites de l’Humanité, Libération sur certains thèmes. Le lecteur des journaux papier lit et reviend sur les quotidiens et magazines. Avec les algorithmes, nous verrons l’actualité de Macron à Marseille et ne verrons pas le député Darhéville à l’Assemblée nationale dénonçant la fermeture de l’usine Ascométal à Fos. L’algorithme choisit pour nous le sujet. L’Humanité ne peut pas sortir de ce système des GAFAMs. L’avantage du numérique c’est de nous servir des informations dans l’instantané, mais le numérique pousse à la pensée unique. Les mots clés du numérique ne sont pas social, communiste, grève… sauf si c’est pour dire « la grève emmerde les gens ». Le Figaro et le Monde mettent des moyens considérables et ont un accord avec Google, qui coûte cher, pour être en haut des référencements. Ces mêmes journaux ont également un accord avec openAI, système d’intelligence artificielle qui fournit des photos et articles. Ceci augure d’une disparition de nombre de journaux, par exemple du fait des articles générés par l’intelligence artificielle, pour le sport. »
Patrick Le Hyaric répond ensuite à la question d’actualité « guerre et paix ». La seule issue en Ukraine serait la guerre ?
« Il n’y aura pas de victoire militaire. Ceux qui pensent cela oublient 1870, 14-18. Après ces deux défaites, l’Allemagne a mené la guerre 39-45. En Russie, Poutine est un nationaliste, veut reconstituer une empire eurasiatique. On peut infliger une défaite, mais il y aura demain plus nationaliste que Poutine. Il n’y a pas de solution sans que les peuples s’en mêlent contre la guerre. La guerre Russie Ukraine peut durer longtemps avec des risques immenses. Les armées se parlent, mais une mauvaise interprétation, une erreur, peuvent causer un déclenchement de la guerre au-delà de l’Ukraine. Si un missile tombe en Pologne, une guerre peut éclater par l’application de l’article 5 du traité de l‘Otan. Au Kremlin (Prigogine, Medvedev) comme au Pentagone, il y a des faucons. Si on avait un président français fidèle à la tradition de la diplomatie Française, au lieu de faire son cacou avec ses gros bras, il irait voir le président chinois, indien, d’Afrique du Sud, voire Erdogan, pour leur dire, « amenons Poutine à une discussion ». A partir de Minsk, il y a de quoi négocier. Il faut trouver une solution, discuter le statut de l’Ukraine, dire que des pays tiers peuvent garantir un traité de sécurité. Poursuivre la guerre, c’est très très dangereux, en particulier après le triomphe des élections russes truquées. Il faut un cessez-le-feu pour aller vers un traité de paix. Les Etats Unis veulent élargir l’OTAN en Europe de l’Est pour s’occuper de leur ennemi, la Chine.
Concernant le Moyen Orient ceux qui ne disent pas qu’il faut un état palestinien avec les frontières de 1967 et Jérusalem est pour capitale, laissent faire une stratégie consistant à donner un petit canton, dirigé par Abbas. L’OTAN veut, avec Israël, une pointe avancée au Moyen Orient. J’ai fait voter au Parlement européen une résolution de compromis (début années 2000), revendiquant un État palestinien (frontières 1967, Jérusalem est pour capitale). Ceci a pu se faire, notamment du fait que des députés européens, ayant visité la Palestine, ont changé leur point de vue sur la question. C’est ainsi que le général Morillon, député européen (groupe de Bayrou) ayant fait une visite, après avoir subi le mal traitement des check points , a pris conscience de ce qu’est la colonisation israélienne.»
Patrick Le Hyaric cite d’autres exemples d’élus de droite du Parlement européen transformés dans leur conviction par un séjour à Jérusalem, découvrant la réalité des exactions commises par les colons et l’armée israélienne.
Il poursuit :
« Le parlement européen s’est droitisé. Les gauches sont divisées. Aujourd’hui il y a une grave fracture sur la question de la paix en Ukraine : socialistes-EELV d’un côté et LFI-PCF de l’autre. Il faut que l’on prenne des initiatives pour montrer qu’il y a mouvements de gauche en Europe pour la paix. Les régimes se durcissent en Russie, Ukraine. La référence de Poutine c’est Staline et les tsars. Il faudrait arriver à solidariser les travailleurs d’Europe avec les syndicats en mettant en liaison la question de la paix et les questions sociales ; le concept de guerre sert à limiter les libertés. »
L’entretien se termine en évoquant Jaurès qui a buté, avant d’être assassiné, sur la question de solidariser les partis socialistes pour la paix.
Elsa Faucillon, députée communiste des Hauts-de-Seine.
A l’initiative de Jérémie Iordanoff, député de la 5e circonscription de l’Isère (EELV), se tenait une réunion publique à Domène, lundi 25 mars. L’affiche appelant à cette réunion portait pour titre « résoudre la crise démocratique ». Quatre députés étaient présents autour de l’invitant : Cyrielle Chatelain (EELV), Elsa Faucillon (PCF) , Raquel Garrido (LFI) et Boris Vallaud (PS).
Cette réunion (plusieurs autres du même type se sont tenues ou vont se tenir en France, fait écho aux travaux que mène un intergroupe parlementaire de la Nupes, sur la VIe République, mis en place en avril 2023. Devant un auditoire attentif d’une salle remplie (environ deux cents personnes), les cinq parlementaires ont développé les raisons pour lesquelles iels travaillent sur une réforme constitutionnelle et des lois pour conquérir des avancées démocratiques. Tous ont souligné une grave crise institutionnelle, sociale, politique lourde de conséquences et de risques en dénonçant une « Ve République à la dérive ».
Jérémie Iordanoff, membre de la commission des lois, regrette que notre système parlementaire, qui était longtemps un modèle, devient une exception dans les systèmes parlementaires démocratiques avec une dérive autoritaire. Il souligne que les épisodes gilets jaunes ou lutte contre la loi retraites ont engendré une défiance croissante envers les institutions, les partis politiques, la justice, l’école.
Raquel Garrido développe un argumentaire pour la VIe République en soulignant « qu’une constitution ne peut être en décalage avec la société. Or la Constitution de 1958 (modifiée en 62 par l’élection du président au suffrage universel) ne peut plus durer. Cela nous a sauté à la figure lors du vote sur la retraite le 16 mars 2023 avec l’usage du 49.3». Puis elle développe la méthode à mettre en œuvre, notamment au regard de ce qu’elle a vu au Chili, pour mettre en œuvre un mouvement populaire pour une réforme constitutionnelle.
La salle de l’Escapade avait fait le plein.
Boris Vallaud, président du groupe PS à l’assemblée nationale souligne à son tour que la constitution est à bout de souffle. « Le Parlement est une machine à trahir », précise-t-il avec nombre d’exemples qui illustrent son propos. « Macron s’est moqué de son Parlement, de son peuple, en confiant au Conseil constitutionnel le soin de défaire une loi immigration inique, inspirée de l’extrême droite. »
Elsa Faucillon souligne que « le fil que nous tissons ici aujourd’hui est important pour construire l’avenir au-delà des élections européennes. Il y aura besoin pour 2027 d’une candidature commune». Elle se félicite du travail engagé autour de l’intergroupe parlementaire en souhaitant que la discussion sur la VIe République prenne de l’ampleur populaire. « Une société ne va pas bien quand ses membres n’ont pas de pouvoir. Macron c’est le pire de la Vè République. » Elle insiste sur le fait que nos lois institutionnelles sont inadaptées à la souveraineté du peuple..
Dans son exposé elle souligne avec force que « la VIe République ne peut se réduire à un pouvoir plus grand du Parlement ». Le nouvel âge démocratique passe par celui de la démocratie dans les entreprises, par un statut juridique des grandes et très grandes entreprises.
Jérémie Iordannof, député de la cinquième circonscription de l’Isère.
Cyrielle Chatelain développe un appel à un sursaut démocratique pour sauver la planète. Elle décrit avec pertinence l’incompatibilité entre la démocratie et l’opacité de l’information, la désinformation en œuvre avec une presse inféodée au capital. « Il faut parvenir à une loi qui permette aux journalistes de choisir leur rédacteur en chef. » Puis elle développe la notion de « communs » (terre, eau…).
Un débat riche s’est mis en route à l’issue d’une première conclusion de Jérémie Iordanoff au cours de laquelle il a annoncé une journée parlementaire, le 4 avril, avec un projet de loi sur la démocratie, qu’il défendra.
Les propos du Président Macron répétés à l’envi depuis deux semaines envisageant une participation directe de notre pays et des pays occidentaux au conflit en Ukraine par l’envoi de troupes sur le terrain n’ont produit qu’une montée des tensions internationales. Ils ont ridiculisé nos dirigeants dans toute l’Europe occidentale.
Il existe d’autres points chauds sur la planète qui comportent des risques d’escalade nucléaire : pensons à Taïwan où la Chine se dit résolue à empêcher par la force l’indépendance, ce qui pourrait déclencher une guerre avec les États-Unis. De même, les différends sur la souveraineté en Mer de Chine méridionale pourraient déboucher sur un véritable conflit entre la Chine et les États-Unis si les USA intervenaient en soutien aux États voisins. Enfin Macron encore développant un nouvel axe indopacifique s’appuyant sur la militarisation de la Nouvelle Calédonie. Les autres points chauds sont la péninsule coréenne, la zone de l’Arctique où pays de l’OTAN et Russie sont en concurrence, l’Asie du Sud où Inde et Pakistan sont deux puissances hostiles disposant de l’arme nucléaire, et le Moyen-Orient avec Israël, puissance nucléaire décidée à empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire. Dans un monde de moins en moins sûr, il n’y a plus de conflits locaux sans conséquences planétaires. C’est cette réflexion qui a amené 93 pays à signer et déjà 70 à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) pour conjurer ce péril nucléaire.
La course aux armements se combine à l’existence de tous ces foyers de tension maximale et accroît ainsi les risques de conflit mondial. La course aux armements nucléaires est de nouveau à l’ordre du jour au fur et à mesure de l’expiration des traités de limitation du nombre des armes stratégiques entre les USA et la Russie, mais avec cette différence qu’elle ne concerne plus seulement ces deux puissances et qu’elle concerne maintenant la Chine, visée comme « rival systémique » par les États-Unis et l’OTAN. Justifiant ainsi leur programme de nouveaux développements de leurs armes nucléaires, les faucons américains ont déclenché une spirale classique de course aux armements : la Chine, puissance nucléaire modeste jusqu’en 2020, investit désormais massivement pour développer son arsenal nucléaire. Comme on sait, la France n’est pas en reste avec une loi de programmation militaire qui ne règle en rien la modernisation de notre outil de défense mais fait l’affaire des marchands de canon (LPM 2024-2030) de 413 milliards d’€ (soit 40 % d’augmentation par rapport à la loi antérieure), qui inclut de l’ordre de 60 milliards d’euros pour les armes nucléaires.
La France en tant que membre permanent du Conseil de sécurité a le devoir de prendre des initiatives, en encourageant le dialogue avec les pays du sud, avec les BRICS notamment, et construire de nouvelles solidarités pour faire reculer l’idée de confrontation armée entre les nations.
Mettre la paix au cœur de la campagne électorale des élections européennes
Comme l’a rappelé Fabien Roussel dans son discours du à l’Assemblée nationale et comme ne cesse de l’expliquer Léon Deffontaines dans les meetings et débats auxquels il participe, le PCF, fidèle à ses traditions qui remontent à Jaurès et à la Première Guerre mondiale, appelle à dire non à la guerre et à promouvoir des solutions politiques et diplomatiques. Les communistes feront tout pour empêcher l’escalade, ils appellent à constituer une vaste coalition mondiale contre la guerre.
La paix passe par la mobilisation des peuples ; elle passe aussi par des propositions alternatives, fondées sur le droit international et la Charte des Nations unies. Les communistes veulent réhabiliter l’ONU et les notions de multilatéralisme et de sécurité commune. Notre liste sera porteuse de cette vision pour notre pays et pour l’Union européenne.
Alain Rouy et Jean-Charles Schmitt
Article publié dans CommunisteS, n°988, 20 mars 2024.
Dans la nuit du 6 au 7 mars, plus de 400 exilés ont été sommés de quitter les campements qu’ils occupaient sur les quais de Seine parisiens, sans aucune solution de relogement. Parmi eux, plus d’une centaine de mineurs non accompagnés. Une situation qui attise la colère des associations de soutien.
À Paris, ce mercredi 6 mars, plus d’une centaine de jeunes exilés mineurs non accompagnés ont été contraints de dormir dans la rue, à même le bitume. Victimes, selon les associations qui les soutiennent, d’une politique d’invisibilisation de la misère à l’orée de l’ouverture des jeux Olympiques et jeux Paralympiques, ils ont fait l’objet, durant toute la soirée et la nuit, de traques policières les empêchant de monter leurs tentes pour se protéger du froid nocturne.
« Depuis plusieurs jours, des personnes passaient sur les campements, au niveau des pont Marie et pont Sully, pour expliquer qu’il fallait partir, en raison des risques de crue, mais sans leur proposer de solution de relogement, même provisoire, rapporte Naémie, 21 ans, étudiante et membre du collectif Paris 20e solidaire. Puis, ce mercredi, la police est finalement intervenue vers 17 heures et a procédé à l’expulsion des jeunes. Ils ont perdu leurs tentes, leurs couvertures, et pour certains des vêtements et des papiers. »
Au total, plus de 400 personnes étaient visées par l’arrêté d’expulsion, pris ce 6 février par la préfecture, des campements de Paris intra-muros, installés entre pont Marie et gare d’Austerlitz. « La chasse à l’homme pré-JO a commencé », s’est insurgée l’association Utopia 56, sur les réseaux sociaux à l’annonce de cette décision. Le collectif Le Revers de la médaille a également réagi, dénonçant, pour sa part, un véritable « nettoyage social ».
Un dispositif policier « impressionnant »
Vers 19 heures, le temps de récupérer ce qu’ils pouvaient de leurs affaires, les jeunes, rejoints par d’autres récemment expulsés du centre d’hébergement de la Villette, ont ensuite convergé vers l’hôtel de ville de la capitale. « Depuis le démantèlement du campement dans les jardins de Belleville, en septembre 2023, ils se sont structurés au sein du collectif Belleville mobilisation, poursuit Naémie. Ils sont aujourd’hui plus de 500 membres. Ils organisent des réunions hebdomadaires. Ils ont déjà réalisé plusieurs actions coordonnées et, n’attendant plus rien de l’État, ils tentent au coup par coup d’obtenir des solutions d’hébergement en envoyant des délégués élus à la rencontre des différentes mairies d’arrondissement. »
En réponse, cette fois, ils ont eu à faire face à un impressionnant dispositif policier. « Certains ont eu peur et sont partis rapidement, continue la militante solidaire. Les autres, lorsque la police les a sommés de dégager vers 22 heures, ont suivi les conseils d’un commissaire leur indiquant un espace où s’installer, plus à l’est, en surplomb des quais de Seine. » Mais, une fois sur les lieux, les jeunes ont vu arriver, aux alentours d’une heure du matin, un nouveau groupe de policiers venus les empêcher de remonter leurs tentes.
Sans toit, ni toile, les adolescents, solidaires les uns des autres, ont donc commencé à sortir ce qu’il leur restait de couvertures et de vêtements chauds pour passer la nuit sur les bancs et trottoirs avoisinant. Aucune autre solution ne leur a été proposée pour la nuit de ce jeudi 7 mars, ni pour les jours suivants. La loi prévoit pourtant qu’étant, pour la plupart, en attente de décision à la suite d’un recours contre la non-reconnaissance de leur minorité, ces adolescents sans famille soient pris en charge.
Des hommes en tenue de combat ont ouvert le feu dans une salle de concert de la banlieue de la capitale russe, vendredi soir. L’attentat a été revendiqué par l’État Islamique. Les quatre auteurs présumés de l'attaque ont été placés, dimanche 24 mars, en détention provisoire après leur comparution devant un tribunal de la capitale.
L’attaque sanglante est survenue, vendredi 22 mars dans la soirée, au Crocus City Hall, une grande salle de concert de la banlieue nord-ouest de Moscou, après qu’au moins trois hommes – de trois à cinq en fonction des sources – en tenue de combat ont pénétré les lieux, indique l’agence de presse russe RIA Novosti. Les forces de sécurité (FSB) font désormais état d’au moins 137 morts et de plusieurs centaines de blessées. Le bilan demeure provisoire, « les opérations de recherches se poursuivent », a précisé le Comité d’enquête russe.
« Les personnes qui se trouvaient dans la salle se sont allongées sur le sol pour se protéger des tirs, pendant 15 à 20 minutes, après quoi elles ont commencé à sortir en rampant. Beaucoup ont réussi à sortir », a indiqué un journaliste de Ria Novosti. Les services de secours, cités par l’agence Interfax, ont indiqué que les assaillants avaient « ouvert le feu sur les agents de sécurité à l’entrée de la salle de concert », avant de « commencer à tirer sur le public ».
En plus de leurs armes automatiques, les assaillants auraient également fait usage d’explosifs. Peu après, un gigantesque incendie s’est déclaré. Et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent de grands panaches de fumée noire au-dessus du bâtiment. Les médias russes rapportent que cette salle de concert Crocus a une capacité de 6 200 spectateurs et que l’événement qui devait avoir lieu ce 22 mars était complet.
Enquête ouverte pour « acte terroriste »
« Une terrible tragédie s’est produite aujourd’hui dans le centre commercial de Crocus », a déclaré le maire de Moscou, Sergei Sobyanin. Toutes les manifestations et événements prévus ce week-end ont été annulés par les autorités. « Les sauveteurs travaillent 24 heures sur 24 sur le site (…) Le travail se poursuivra pendant encore, au minimum, quelques jours », a écrit sur Télégramme le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov.
Selon le Comité́ d’enquête russe, certaines victimes ont été tuées par balle, d’autres par les fumées du vaste incendie qui a ravagé́ le bâtiment abritant la salle de concert du Crocus City Hall. La salle de concert « a complètement brûlé́ (…) Ce qui reste du plafond risque de s’effondrer », a indiqué́ le gouverneur.
L’attaque, la plus meurtrière en Russie depuis de longues années, a été revendiquée dans la soirée de vendredi par l’État islamique au Khorassan (EI-K), une branche de l’État islamique implantée en Afghanistan. Le groupe jihdiste a affirmé que cet attentat s’inscrivait « dans le contexte (…) de la guerre faisant rage » entre le groupe et « les pays combattant l’Islam ».
Les autorités russes n’ont, pour l’heure, pas évoqué l’État islamique ni sa revendication. Elles ont en revanche arrêté 11 personnes, dont quatre assaillants présumés qui, selon le FSB, tentaient de fuir vers l’Ukraine. Ces quatre auteurs présumés ont été placés dimanche 24 mars en détention provisoire, après leur comparution devant un tribunal de la capitale.
Poutine décrète une journée de deuil national et pointe l’Ukraine sans plus de preuves
Dans une brève allocution télévisée, prononcée la veille, le président russe, Vladimir Poutine a dénoncé un acte « terroriste barbare » et décrété une journée de deuil national dimanche. « J’exprime mes plus sincères condoléances à ceux qui ont perdu leurs proches » , a-t-il déclaré avant de pointer une éventuelle piste ukrainienne, mais sans fournir aucune preuve supplémentaire d’une implication de Kiev se contentant d’affirmer que les terroristes en fuites qui auraient tous été arrêtés, fuyaient en direction de l’Ukraine où ils auraient pu bénéficier d’une improbable « fenêtre » pour franchir la ligne de front.
« Les réactions des services spéciaux russes concernant l’Ukraine sont absolument intenables et absurdes » a réagi la présidence ukrainienne qui a également qualifié « d’acte terroriste » l’attaque du public du concert dans la banlieue de Moscou.
La population se presse pour donner son sang
Par dizaines, les Russes ont afflué dès samedi matin vers les centres de don du sang de Moscou afin d’aider les médecins à sauver le maximum de blessés. « Quand on voit cette situation, on n’a pas envie de rester à l’écart, on a envie d’aider », a confié à l’AFP Vladislav, étudiant de 18 ans, alors qu’il patientait devant un centre de don.
Devant un mémorial aux victimes improvisés, des milliers de bougies et de fleurs ont été déposés par une foule émue et encore sous le choc.
Une avalanche de réactions internationales
L’attentat a suscité une multitude de réactions internationales.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a « condamn(é) dans les termes les plus forts l’attaque terroriste » de Moscou. Et le Haut commissaire des Nations unies aux droits humains Volker Türk s’est dit « horrifié » par l’attaque, que « rien ne peut justifier ». De son côté, le porte-parole de l’Otan a « condamné sans équivoque les attentats qui ont visé des spectateurs de concert à Moscou », estimant que « rien ne peut justifier des crimes aussi odieux ».
La Maison Blanche s’est dite « en pensées aux côtés des victimes de la terrible attaque ». Par ailleurs, l’ambassade américaine en Russie avait averti il y a deux semaines ses citoyens que des « extrémistes (avaient) des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts ». La Maison Blanche a pour sa part affirmé que les Etats-Unis avaient partagé ces renseignements avec les autorités russes. « Si les Etats-Unis disposent ou disposaient de données fiables à ce sujet, ils doivent les transmettre immédiatement à la partie russe », a rétorqué vendredi, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a condamné́ ce déferlement de haine et de mort « contre des spectateurs innocents lors d’un concert à̀ Moscou ». Paris, tout comme Londres et Pékin avaient dénoncé peu avant, « avec la plus grande fermeté », l’attentat terroriste. Erdogan, le président turc s’est joint à ces condamnations un peu plus tard.