jeudi 30 avril 2020

Le CHU de Nancy, symbole de la désorganisation managériale de l’hôpital public

L’hôpital de Nancy est en première ligne face à la pandémie de Covid-19. Qu’importe : une énième « réorganisation », validée en comité interministériel, prévoit la suppression de 600 postes. La restructuration a été suspendue, mais pas annulée, et le directeur de l’agence régionale de santé a été remplacé par une autre haut-fonctionnaire à l’origine du plan d’austérité. Ces absurdités managériales vont-elles continuer, demain, à frapper l’hôpital, ses personnels et ses patients ? Enquête.

mercredi 29 avril 2020

Aide aux entreprises et nationalisation des salaires : qui paiera le « quoi qu’il en coûte » de Macron

En prenant en charge une partie des salaires, via le chômage partiel, en aidant les entreprises ou les indépendants, en annonçant quelques mesures pour les plus démunis, l’État joue, même (...)

lundi 27 avril 2020

Transfert des patients : la priorité devrait plutôt être de « rouvrir des lits d’hôpitaux »

En train, bateau, bus ou en avion, des centaines de patients ont été transportés d’une région à l’autre depuis le 18 mars, afin de désengorger les services de réanimation les plus saturés. Pourquoi ne pas avoir plutôt privilégié le déplacement d’équipes de soignants et de matériel issus de régions moins tendues ? Éléments de réponses.

dimanche 26 avril 2020

« Si l’Afrique continue dans l’impasse des politiques néolibérales dictées par le Nord, elle va dans le mur ! »


Le monde d’après s’imagine aussi en Afrique de l’Ouest, qui commence à être touchée par le coronavirus après avoir contenu l’épidémie d’Ebola. L’économiste sénégalais Demba Moussa Dembélé appelle le (...)

samedi 25 avril 2020

Appel à travailler dans les champs : « Tout est fait pour maintenir un système qui précarise et appauvrit »

Face au manque de main d’œuvre étrangère, plus de 200 000 personnes se sont portées candidates pour rejoindre des exploitations agricoles. Des professionnels s’inquiètent cependant de cet afflux (...)

vendredi 24 avril 2020

En Espagne, une grève des loyers pour « sauver les personnes et confiner les privilèges »

En Espagne, le gouvernement a décidé de suspendre les expulsions et de réduire certains loyers. Estimant ces mesures insuffisantes, des associations ont lancé un appel à la grève des loyers. Elles (...)

jeudi 23 avril 2020

Salariés exposés au covid : « Le ministère du Travail organise la paralysie de l’inspection du travail »

Quatre syndicats d’inspecteurs du travail dénoncent une « répression » et des procédures « illégales » de la part de leur hiérarchie, qui limiteraient leur capacité à remplir leurs missions dans les (...)

lundi 20 avril 2020

Le gouvernement grec utilise le Covid comme prétexte pour enfermer les réfugiés et les laisser sans soins

En Grèce, les conditions d’accueil des exilés, catastrophiques, font craindre le pire si le coronavirus atteint les camps de réfugiés. L’accès à l’eau est difficile. Se faire soigner presque impossible. (...)

dimanche 19 avril 2020

« En rapprochant survivalistes et nationalistes, cette crise pourrait être politiquement dangereuse »

Le ralentissement des activités humaines et la baisse de certaines pollutions donnent lieu à quelques sympathiques images - ici des dauphins en liberté dans des eaux portuaires, là l’Himalaya visible à plus de 200 kilomètres, ailleurs le chant des oiseaux redevenu audible... Et si le coronavirus était une bonne nouvelle pour l’écologie ? Faux, martèle François Gemenne, spécialiste en géopolitique de l’environnement. Ce serait même tout l’inverse. Explications.

samedi 18 avril 2020

Aujourd'hui j'ai écrit et lu un texte dans le cadre du TUC

" C’est marrant quand même.
Le gouvernement a menti sur l’utilité des masques pour cacher la pénurie. Ils ont préféré mentir plutôt que d’assumer la bêtise d’avoir liquider les stocks quelques années auparavant. Quitte à mettre en péril la vie des gens. C’est drôle de penser qu’ils ont donné en priorité des masques sophistiqués à des travailleur-ses de secteurs non essentiels. Alors que les soignantes et les soignants meurent. Pensez bien à les applaudir à 20h.
C’est quand même drôle de confiner la population mais de faire travailler des gens dans des secteurs non essentiels. Vous savez ce qui est plus drôle encore ? Des gens prennent les transports en commun tous les jours pour aller travailler. On contraint même des travailleur-ses à aller bosser dans des conditions dangereuses sous peine de sanction. Mais si tu te balades tout seul un peu trop loin de chez toi, tu te prends une amende. Et si tu recommences, tu peux aller en prison.
C’est marrant parce que quand les médias dominants filment des familles parisiennes en train de jouer dans des parcs à 50, ce sont des gens qui prônent leur liberté, qui ne s’arrêtent pas de vivre. Quand ils filment des gens dehors dans les banlieues, ce sont de dangereux individus qui trainent dans les rues pour provoquer la police. Et c’est marrant parce que les deux reportages se font suite au 20h.
C’est drôle parce qu’il y a quelques mois le gouvernement dépensait des millions pour équiper ses flics et ses CRS en armes toujours plus dangereuses pour réprimer une population insurgée. Et aujourd’hui les hôpitaux font des appels aux dons. Et c’est drôle parce qu’aujourd’hui on dépense une fortune pour faire tourner des hélicos pour surveiller les voyous qui osent se promener à la plage. Et les hôpitaux font des appels aux dons.
Ça vous fait pas rire vous ? ça vous fait pas rire de payer des impôts pour aider les banques à ne pas faire faillite ? ça vous fait pas rire de payer des impôts alors que le service public se privatise toujours un peu plus ? Qu’on marchandise l’éducation ? la santé ? Moi je trouve ça vraiment très drôle. Surtout quand derrière le gouvernement nous demande de faire des efforts au nom de l’union nationale. Mais là je me tape des barres. C’est tellement marrant de démolir le service public. C’est tellement marrant de demander l’union nationale et de la solidarité de la part d’un gouvernement qui a continué de détruire le système social. Et qui n’a clairement pas terminé.
C’est drôle parce qu’on va se prendre un de ces trucs dans la gueule là ! Vous le sentez venir vous aussi ? La destruction du droit du travail ? La semaine à 60h ? Les semaines de 7 jours ? Les congés payés imposés par l’employeur ? C’est pas un futur dystopique hein. C’est là, c’est maintenant. Et ça passe. Parce que nous sommes en guerre vous comprenez ?!
La démolition du droit du travail, la surveillance généralisée, les hélicos, les drônes, les communications espionnées, le traçage gps, les abus de pouvoir, la propagande assumée, les mensonges d’état, la légifération par ordonnance, les déplacements contrôlés, la censure, les conflits d’intérêts, les dissidences étouffées, les luttes populaires paralysées, la présence généralisée des flics et de l’armée sur-équipés, leur ultra-violence, la délation, le cynisme toujours plus aberrant des classes dirigeantes, le troc de la vie humaine contre la survie de l’économie.
Voilà notre présent. Voilà certainement notre futur."

vendredi 17 avril 2020

"Les ministres des Finances des 27 pays de l’Union européenne sont contents d’eux.

"Les ministres des Finances des 27 pays de l’Union européenne sont contents d’eux. Ils ont éclaté en applaudissements à la suite de leur dernière réunion, ce jeudi 10 avril. En vérité, il n’y avait vraiment pas de quoi – du moins si on se place du point de vue des 400 millions d’habitants de l’Unions européenne, et non pas du point de vue du capital. À quoi ont-ils donc abouti ?
Ils ont adopté trois dispositifs et renvoyé l’étude d’un quatrième au Conseil européen qui réunira les chefs d’États et de gouvernements le 23 avril :
les États membres consacreront 25 milliards d’euros à garantir des prêts accordés aux entreprises par la Banque européenne d’investissements (une institution financière publique dont le capital est possédé par les États membres de l’UE). La BEI pourra ainsi prêter 200 milliards d’euros… avec de l’argent qu’elle empruntera sur le marché financier ;
les États apporteront 25 autres milliards en garanties à la Commission européenne pour qu’elle complète le financement des dispositifs de chômage partiel. Ces garanties aideront la Commission… à emprunter, à cet effet, 100 milliards sur le marché financier ;
le Mécanisme européen de stabilité sera autorisé à avancer au total 240 milliards (sur les 410 mis à sa disposition par les États européens), sous la forme de lignes de crédit accordés aux pays qui peineraient à financer les immenses dépenses indispensables pour faire face à l’épidémie et à la mise à l’arrêt de l’économie. Ces avances sont limitées à 2 % du PIB du pays bénéficiaire, soit par exemple 36 milliards pour l’Italie – peanuts ! aux yeux d’un diplomate cité par Le Monde. Le but n’est pas de dépenser réellement cet argent mais… de rassurer les marchés, encore eux, sur la solvabilité de l’Italie, de l’Espagne, de la France. "

mercredi 15 avril 2020

Analyse d'Annie David, suit à l'Intervention d'Emmanuel Macron


Intervention d'Emmanuel Macron : l'annonce d'une date ne fait pas une politique efficace de réponse à la crise sanitaire et économique !
Pour les communistes, l'intervention d'Emmanuel Macron du 13 avril n'est pas à la hauteur d'une crise historique.
Au delà de l'annonce d'un déconfinement le 11 mai, où sont les mesures fortes tant attendues ? Où est la rupture avec les politiques conduites ces dernières décennies ?
La poursuite nécessaire du confinement pour quatre semaines supplémentaires ne s'accompagne pas de mesures permettant de répondre efficacement à la crise et aux difficultés de nos concitoyens alors que la précarité et la pauvreté s'aggravent chaque jour dans notre pays. Derrière les paroles, notre pays, parmi les premières puissances mondiales, ne dispose toujours pas d'une stratégie pour fournir toutes les protections nécessaires à la population et aux salariés.
La priorité devrait porter sur la production et la mise à disposition de matériels de protection et de tests en grand nombre, permettant d'engager un processus de déconfinement maîtrisé ainsi qu'une grande politique de prévention. Les malades devraient être isolés dès maintenant. Cela ne peut pas s'envisager sans un renforcement de la démocratie sanitaire, permettant aux salarié.es et aux élu.es de faire valoir leurs propositions et d'exercer si besoin leur droit de veto.
Les activités non essentielles devraient être totalement arrêtées. Il n'est pas possible d'affirmer que l'on veut protéger les populations et laisser, en même temps, le patronat faire repartir la production dans des secteurs qui ne sont pas immédiatement vitaux pour le pays.
Alors que notre système de santé est durement éprouvé, les moyens prévus pour le renforcer sont très insuffisants. Quant à l'aide financière annoncée pour les plus précaires, aucun montant précis n'est avancé alors même que les difficultés financières de nos concitoyens s'aggravent chaque jour. Pourtant, des collectivités comme le Département du Val-de-Marne ont su concrètement renforcer les aides sociales. En outre, le recours à une application numérique pour tracer les malades n'est pas une priorité sanitaire et comporte des risques importants pour les libertés.
Rien ne justifie par ailleurs la poursuite des mesures dérogatoires au droit du travail : elles doivent être abrogées. Les réformes des retraites et de l'assurance chômage définitivement abandonnées. Il faut en finir définitivement avec l'austérité budgétaire en France et en Europe et mettre un terme aux cadeaux sans limites aux actionnaires et aux grandes fortunes.
Hier soir, le Président de la République a tenu à exalter les valeurs de la Révolution française. Ce ne sont que des mots dès lors que l'on n'engage pas les ruptures indispensables pour répondre à la crise et s'attaquer enfin à ses causes, en commençant par la mise en débat d'une nouvelle loi de santé publique construite avec les personnels et un véritable plan de relance industrielle et de recherche ainsi que de nouvelles coopérations en France, en Europe et dans le monde, libérées de la domination des marchés financiers.

Annie DAVID

mardi 14 avril 2020

"Ce sont des grandes paroles et des remerciements,

"Ce sont des grandes paroles et des remerciements, qui ne sont pas suivis d'actes concrets", déclare sur franceinfo Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, après l'allocution d'Emmanuel Macron, lundi 13 avril, relative à la crise sanitaire du Covid-19. Elle espérait que les activités non-essentielles cessent et que les personnes en chômage partiel reçoivent l'intégralité de leur salaire.

"J'ai entendu un président qui n'avait pas de grande annonce à faire, pas de véritable plan de déconfinement (…) Sur le travail, depuis le début, ce que nous demandons, c'est que les activités non essentielles, qui ne répondent pas aux besoins vitaux et à la lutte contre la pandémie, puissent être suspendues pour permettre à plus de personnes encore d'être confinées". Pour la secrétaire confédérale de la CGT, Emmanuel Macron "répond en quelque sorte aux exigences du patronat et du Medef, à savoir que des millions et des millions de salariés continuent à travailler alors qu'ils pourraient justement rester confinés."

La CGT aurait souhaité des contreparties aux aides pour les grandes entreprises

Deuxième point qui fait réagir Céline Verzeletti, le renforcement du chômage partiel évoqué par Emmanuel Macron. "Qu'est-ce qu'il entend par là ?", s'interroge la secrétaire confédérale de la CGT. "Nous demandons depuis le début que les personnes qui sont en chômage partiel puissent percevoir leur rémunération en totalité parce que de plus en plus de personnes rencontrent de graves difficultés financières, et ça va devenir un vrai sujet."
Céline Verzeletti dénonce également les modalités des aides aux entreprises. "S'il y a de nouveau des aides versées aux entreprises, ça ne peut pas être sans contrepartie. Qu'il y ait des aides pour les petites entreprises, les indépendants et pour les libéraux, on comprend bien. Par contre qu'il y ait des aides pour les grandes entreprises sans exiger de contreparties, ce n'est pas possible. J'entends par là qu'il y ait interdiction du versement des dividendes aux actionnaires et interdiction des licenciements, et puis obligation de verser leur rémunération totale aux personnes qui seraient ou sont en chômage partiel. Ça, ce serait des annonces fortes".
"Quand le président continue à remercier tout le monde c'est très bien, mais ce sont des grandes paroles et des remerciements qui tombent à plat", notamment parce qu'il n'y a pas d'augmentation des rémunérations conclue Céline Verzeletti. "Finalement, la seule chose qui est sûre, c'est la déréglementation du droit du travail puisque dans l'état d'urgence sanitaire, il est prévu de faire travailler certaines catégories professionnelles au-delà des 40 heures par semaine, de pouvoir imposer des congés, de pouvoir puiser dans les comptes épargne-temps."

Contrôles arbitraires et violences policières : la répression en temps de confinement

Depuis le début du confinement, les forces de l’ordre ont procédé à 8,2 millions de contrôle et 480 000 verbalisations. De nombreux témoins font état d’abus, de discriminations et de brutalités de la part (...)

lundi 13 avril 2020

« La crise consacre la faillite de l’État en tant que puissance anticipatrice agissant au nom de l’intérêt général »

« Cette expérience de confinement ne préfigure en aucun cas ce que serait un programme écologiste », prévient Corinne Morel Darleux, militante « éco-socialiste » et auteure du livre « Plutôt couler en (...)

dimanche 12 avril 2020

Intimidations contre les inspecteurs du travail qui veulent protéger les salariés exposés au virus

Pour maintenir à tout prix l’activité économique, le ministère du Travail enjoint ses agents à ne pas prendre d’initiatives. Au risque finalement d’accepter que des employeurs peu scrupuleux mettent en (...)

samedi 11 avril 2020

Négligences, mensonges et désinvolture : les fautes du gouvernement dans la gestion de la crise

La gestion de la crise sanitaire par le gouvernement français est-elle à la hauteur ? Aux erreurs, lourdes de conséquences, commises jusqu’à mi-mars, s’ajoutent une inquiétante désinvolture face aux (...)

jeudi 9 avril 2020

« Certains enfants ne croisent plus aucun adulte de la journée » : l’ardu travail de la protection de l’enfance

Comment se passe le quotidien confiné des quelque 300 000 enfants placés sous la protection de l’Aide sociale à l’enfance ? Qu’ils soient en foyer, en famille d’accueil, ou chez eux, leur situation est tendue. Tout comme celle des professionnels qui les accompagnent, qui redoutent l’augmentation des violences à domicile et le manque de travailleurs sociaux pour faire fonctionner les structures.

mercredi 8 avril 2020

Dépister le virus : comment l’Allemagne réussit à tester cinq fois plus qu’en France

Une meilleure anticipation, moins d’hésitation et de perte de temps ainsi qu’un maillage de grandes et moyennes entreprises en capacité de produire des tests, expliquent la capacité de l’Allemagne à (...)

mardi 7 avril 2020

ST Micro Crolles : la CGT demande la mise en veille de la production

Le secteur a été reconnu comme essentiel par le gouvernement. C’est pourtant essentiellement pour fabriquer des téléphones que travaillent les salariés de ST Micros à Crolles. La CGT en appelle au préfet et aux élus.

Sept cents salariés environ travaillent encore à Crolles, sur le site de St Microelectronics. « Nous produisons des puces dont l’essentiel va dans des smartphones, il ne s’agit pas d’une production essentielle à la lutte contre l’épidémie », constate David Majewski, délégué syndical CGT.
Danger grave et imminent
Encore faut-il noter que les systèmes de protection mis en place l’ont été après intervention de la CGT et de l’inspection du travail. « Nous avons des contacts avec nos collègues en Italie, souligne David Majewski, et nous avons commencé à intervenir début mars pour demander le renforcement des mesures de protection ». La direction de l’entreprise a continué à privilégier le niveau de la production – elle a baissé de 20 à 30%, selon le degré d’automatisation des processus – et, le 18 mars, la CGT a engagé une procédure de constat de « danger grave et imminent », avec l’appui de l’inspection du travail. « Cette procédure a contraint l’entreprise à prendre de nouvelles dispositions, mais il est difficile de respecter des règles de distanciation dans certaines organisations du travail, ou encore à proximité de la badgeuse que tout le monde doit utiliser », constate le responsable syndical.
Jusqu’à 50%
Un accord d’entreprise a été ratifié par la CFDT et la CGC. Il prévoit la réduction des effectifs présents sur le site dans une proportion qui pourra aller jusqu’à 50%. Tout est dans le « jusqu’à ». « Nous avons des exemples qui montre que ces 50% ne sont pas partout atteints », relève David Majewski. Plus largement, c’est la notion d’activité essentielle qui est discutée. Caractère essentiel reconnu pour la filière électronique par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, dans le même temps que les pouvoirs publics appellent au respect du confinement. « Nous ne produisons que de façon marginale pour le médical – les puces livrées par ST pour des respirateurs provenaient de stocks et il faudrait trois mois pour mettre en route une ligne de fabrication -, on demande aujourd’hui aux salariés de venir s’exposer et d’exposer leur famille pour fabriquer des téléphones ».
300 euros de présentéisme sur le site
On ne fait d’ailleurs pas que demander. La direction de l’entreprise recourt à des intérimaires et propose des heures supplémentaires à des volontaires. Une prime de présentéisme a été mise en place par la direction. 300 euros pour inciter à venir travailler dans l’usine, qui seront versés au prorata des temps de présence. « Non seulement on incite à ne pas respecter le confinement, mais en plus on met en danger ceux pour qui 300 euros représente le plus, les précaires, les bas salaires… », s’indigne le syndicaliste. Qui ajoute que « ça nous fait mal au ventre d’utiliser des milliers de masques chirurgicaux ou de masques FFP2 pour produire des puces alors qu’il font défaut à tant de personnels soignants ».
La CGT a écrit le 26 mars au préfet de l’Isère et à l’inspection du travail pour demander d’imposer une mise en veille des lignes de fabrication. « C’est une décision qui sera sans doute prise au niveau national, ça prendra du temps or le virus n’attend pas ». La CGT s’est également adressée au maire de Crolles pour lui demander de prendre un arrêté d’interdiction d’activité du site de ST Micros.
Aujourd’hui, la direction semble camper sur ses positions. Au point que la CGT envisage l’appel à la grève pour protéger les salariés qui voudraient se protéger.

« Ce qui est inédit, c’est que la plupart des gouvernements ont choisi d’arrêter l’économie pour sauver des vies »

De quoi la crise du coronavirus est-elle le nom ? D’un déséquilibre écologique, d’une nouvelle façon de penser le risque, d’un grand effondrement annoncé ? Qu’a-t-elle de véritablement inédit ? (...)

lundi 6 avril 2020

Pourquoi la France tarde-t-elle à pratiquer un dépistage massif du coronavirus ?

 D’abord hostile à un dépistage massif du coronavirus, pourtant recommandé par l’OMS, le gouvernement a fait évoluer sa position. Préparer la levée du confinement nécessite de tester en masse pour éviter (...)

dimanche 5 avril 2020

Privatisation de la santé : Mediapart révèle les contours du plan promis par Macron

Si Macron a récemment promis un plan d'investissement dans le système de santé public, et dressé un éloge de l'Etat Providence, beaucoup doutaient de ses véritables objectifs. Mediapart a révélé hier une note de la Caisse des Dépôts qui dessine un projet qui s'inscrit dans la logique de privatisation de la santé, sur fond de conflits d'intérêts.
Dans son allocution du 12 mars, Emmanuel Macron se lançait dans un éloge de l’Etat-providence et du système de santé décrits non comme « des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. » S’en suivaient de nombreux remerciements pour les soignants érigés en héros nationaux. Mais chez ces derniers le discours n’est pas très bien passé, pas plus que les mesures très insuffisantes annoncées les semaines suivantes, et ils sont nombreux à lui avoir répondu au travers de photos avec une affiche « Monsieur le président vous pouvez compter sur nous, l’inverse reste à prouver ».
Le 25 mars à Mulhouse, c’est un « plan massif d’investissement » pour l’hôpital public qu’annonçait cette fois le chef du gouvernement. Des promesses bien lointaines face à l’urgence actuelle et qui, dans la bouche de Macron, semblai ent aussi hypocrites que peu crédibles pour des soignant.e.s qui se battent depuis plusieurs années contre la casse du service public.
Et leurs craintes sont en train de se vérifier … Dans un article publié hier, Médiapart révèle une note de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), en charge de réfléchir à ce plan d’investissement pour la santé. Brigitte Dormont, Professeure d’économie à l’université de Dauphine, résume ainsi pour Médiapart son contenu : « En gros, le contenu essentiel de la note, c’est de proposer que de l’argent public et des actions de consolidation financière soient orientés vers le secteur privé non lucratif, sans argument pour fonder cette proposition. »
Effectivement, cette version provisoire, paraît bien loin du discours de Macron sur la nécessité d’avoir un service public de santé. L’idée principale qui en ressort n’est autre que « privé, privé et encore privé ». Loin de tirer le moindre bilan des politiques néolibérales de privatisation de la santé, ou des mesures austéritaires qui ont mené à la situation catastrophique dans les hôpitaux aujourd’hui et qui tendent à rendre la crise sanitaire qu’on traverse aussi ingérable que meurtrière, la note s’inscrit parfaitement dans la logique des dernières années.
L’exemple paradigmatique est celui des P-P-P : les Partenariats Public-Privé. Dans la partie « En faveur de l’hôpital », arrive en troisième position « Mettre en place des PPP (partenariats public-privé) vertueux. » Ces PPP, qui existent depuis 2006, permettent à des organismes publics de faire appel à des fonds privés - pour par exemple construire un hôpital - leur payant ensuite un loyer sur plusieurs dizaines d’années et les laissant gérer toutes les activités non-médicales liées au lieu. Or, les exemples de mises en place de PPP depuis 2006, ont donné lieu à de nombreux échecs scandaleux.
« Les partenariats public-privé du plan Hôpital 2007 : une procédure mal maîtrisée » titrait ainsi un rapport de la Cour des Comptes en 2014. Derrière cette « mauvaise maîtrise » se cache des millions d’euros de loyers -d’argent public- perdus pour des établissements mal construits, inutilisables et vides, laissant de nombreuses personnes sans structure de soin en mesure de les accueillir. Après ce constat, le gouvernement avait choisi de limiter leur utilisation, mais ces contrats, qui ont joué un rôle actif dans la casse de notre service de santé public, sont aujourd’hui la solution proposée par la CDC à l’état catastrophique de nos hôpitaux.

Pour que le privé et le public ne fasse qu’un : le projet de la CDC

De fait, toute la note tend à faire se confondre investissement public et privé. Sur la gestion de la dette la rhétorique est la même. Une phrase lapidaire sur la restructuration de la dette restante des hôpitaux public et un paragraphe entier sur la dette des « établissements privés de santé à but non lucratif ». La proposition pour cette dernière est de créer des fonds de dette hybride qui prêteraient aux mêmes titres aux hôpitaux publics... et à ces établissements privés. Une logique qui permet de développer toujours plus les intérêts des groupes privés dans le secteur de la santé, transformant les soins nécessaires à nos vies une marchandise comme les autres.
« Ce document est le révélateur très net des orientations actuelles en matière de réformes de la santé : nécessité de faire plus de place au privé ; croyance forte dans l’innovation numérique comme solution au double enjeu de la qualité des soins et de la contrainte financière ; responsabilisation et individualisation face au risque. Les quatre points généraux du document ne sont qu’un coup de tampon aux stratégies édictées depuis plusieurs années. Loin de remettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de vingt ans, ils conduisent à accélérer la casse de l’hôpital public. Ce document n’est pas seulement la marque d’une volonté d’étendre l’emprise du privé au sein de l’hôpital public, il traduit la conception technophile, néolibérale et paternaliste qu’une grande partie des acteurs administratifs et des responsables politiques ont de la santé. » synthétise ainsi Pierre-André Juven, sociologue interrogé par Mediapart.

Une note sur fond de conflit d’intérêt

Et derrière cette note semble apparaître plusieurs conflits d’intérêts. Le premier se joue sur les bateaux.. En effet la dernière des propositions en faveur de l’hôpital, est celle de transformer des navires en navire-hôpitaux, la proposition très longuement détaillée, propose de transformer les bateaux de croisières en hôpitaux, or le chantier coûteux et long ne semble pas être la réponse la plus efficace pour résoudre la crise ou pour répondre à des besoins de long terme. Médiapart indique une explication du phénomène « La raison en est peut-être ailleurs : la Société de financement local (Sfil), qui sert de bras financier à la banque des territoires, garantit un grand nombre de crédits exports. Elle s’est beaucoup engagée dans le secteur des croisières. »
L’autre conflit d’intérêt est autour de ces sociétés privées mises à l’honneur tout au long de la note, et qui semblent représenter pour les rédacteurs la solution à la crise terrible que traverse le système de santé. « N’y a-t-il pas un évident conflit d’intérêts à demander un rapport à la CDC sur l’hospitalisation ? La CDC, via une de ses filiales Icade santé, est un acteur majeur de l’hospitalisation privée lucrative. » s’interroge ainsi Jean-Paul Domin, professeur de sciences économiques à l’université de Reims. Les intérêts du gouvernement se trouvent ainsi bien étroitement liés à ceux de groupes privés, qui investissent dans tous les établissements privés de santé, au détriment du service public.
La crise sanitaire ouverte par le coronavirus, a mis en lumière le délabrement de notre système de santé, l’état catastrophique des hôpitaux, et le manque cruel de personnel. Alors que Macron ignorait jusqu’à présent la colère des soignant.e.s qui réclament depuis des années des moyens supplémentaires, il a été obligé de répondre à ce que tout le monde rdécouvre cruellement aujourd’hui l’état d’un système de santé à bout de souffle. Mais loin de répondre par un investissement massif, ou par la nationalisation des établissements privés, qui aujourd’hui pourraient permettre de désengorger les hôpitaux surchargés, la note de la CDC montre qu’il compte bien poursuivre la logique de privatisation entamées ces dernières années. Une logique pourtant déjà très largement rejetée parmi le personnel médical.
Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux préviennent, la détresse et la rage d’être confrontés à une épidémie sans un système solide qui puisse encaisser le coup, finira par s’exprimer après la crise. Et le projet porté par cette note pourrait bien rester en travers de la gorge de toutes celles et ceux qui sont au cœur de la gestion de l’épidémie, dans des hôpitaux exsangues.

samedi 4 avril 2020

ST Microélectronics veut verser un dividende de 220 millions de dollars à ses actionnaires


ST Microélectronics veut verser un dividende de 220 millions de dollars à ses actionnaires !

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Méga dividendes et nano salaires !
On croit rêver. En pleine pandémie du Covid 19, alors que le monde se confine, que les morts s’accumulent... le Conseil de Surveillance de STMicroelectronics a publié le 25 mars les résolutions qui seront présentées à l’Assemblée des actionnaires du 28 mai. Parmi elles, celle sur les dividendes, maintenus à 0,24$ par action, ce qui représente 220 Millions $ par an.
RAS … Le business continue, les dividendes et l'appât du gain aussi !
On n'observe pas le même empressement à annoncer de bonnes augmentations et un bon intéressement pour les salariés !
« Dans les entreprises où l'Etat est actionnaire, on va demander de ne pas verser de dividendes (...), c'est la solidarité », a pourtant déclaré la Ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
Qu’ont voté les représentants de l’Etat au Conseil de Surveillance de ST ? Que va faire le gouvernement ?
Rappelons que les Etats Français et Italiens contrôlent l'entreprise via un pacte d'actionnaires !
Obtenir la suppression des dividendes semble bien plus difficile que de rogner une nouvelle fois les acquis sociaux du Code de Travail de milliers de travailleurs au nom de la "solidarité" !
Dans la crise actuelle, n’y a-t-il pas mieux à faire que de verser des dividendes d'un côté, tout en incitant de l'autre par des "primettes" les salariés à être présents sur les sites  ? 
Une chose est sûre : ceci prouve que ST ne manque pas d’argent. Un argent qui pourrait lui permettre de supporter sans difficulté une fermeture temporaire des usines pour aider à freiner l’épidémie.
CGT STMicroelectronics France 30 mars 2020

vendredi 3 avril 2020

Courrier Jérémie GIONO

Cher-es Camarades, La pandémie de Covid-19 continue de prendre de l’ampleur à travers le monde, entraînant le confinement pour près de la moitié de l’humanité. Face à l’ampleur de la catastrophe sanitaire et sociale dans notre pays, des mesures exceptionnelles sont prises mais elles sont loin d’être suffisantes car les années de politiques d'austérité contre les services publics, et particulièrement contre l'hôpital public, de cadeaux à la finance et aux grandes fortunes ont lourdement affaibli notre pays, et le maintien d’activités économiques non-vitales malgré le confinement expose chaque jour des dizaines de milliers de salarié.e.s. On voit chaque jour les effets du régime austéritaire sur notre système de santé publique, dont les personnels doivent aujourd'hui assumer toutes les carences, comme à travers les difficultés que rencontre notre appareil de production pour répondre au défi de la crise actuelle. Nos hôpitaux, nos Ehpad appellent à l’aide. Ils ont besoin de masques, de réanimateurs, de tests et, bientôt, de médicaments. L’incapacité de la sixième puissance économique mondiale à fournir ce qui pourrait paraître une évidence est dramatique. Cette incapacité est révélatrice des ravages du libéralisme. Si certains secteurs sont essentiels sur le plan sanitaire ou pour assurer les approvisionnements vitaux, toutes les activités non indispensables doivent être stoppées le plus rapidement possible, et ce pour toute la durée du confinement. Nous vous invitons d’ailleurs, si ce n’est pas déjà fait, à signer la pétition en ligne via ce lien et à la faire circuler : https://www.petitions.fr/covid19__pour_larret_des_activites_economiques_non_indispensables De plus, alors que tout appelle à protéger les salarié.e.s, du public comme du privé, le gouvernement profite de cette crise sanitaire pour s'en prendre à leurs droits et à leurs conditions de travail. Il encourage notamment les employeurs à recourir massivement aux heures supplémentaires, à remettre en cause les congés payés et à l'indemnisation partielle du chômage technique. La situation d'urgence ne peut se traduire par un confinement du droit des salarié.e.s. Partout dans le pays et plus proche de nous dans notre département, nous avons décidé de rester un parti mobilisé dans cette période de crise. Nous faisons appel à tous nos adhérent.e.s pour mettre en place les solidarités nécessaires dans chaque ville et chaque village. Nous savons, Cher.e.s camarades, pouvoir compter sur vous pour veiller sur vos ami.e.s, vos proches, et participer aux actions de solidarité lancées ici et là par les associations, les CCAS, pour venir en aide au personnel soignant, pour confectionner par exemple des masques, etc… Nos élu.e.s agissent aussi pour que les communes soient aux côtés des plus fragiles, et que le monde du travail soit respecté dans le contexte actuel. Des élu.e.s municipaux qui pour certain.e.s ont été élu.e.s au premier tour des élections municipales et que nous tenons à féliciter. Pour les autres, si la situation sanitaire s’améliore, le second tour est repoussé au mois de juin. Le gouvernement en s’appuyant sur l’avis du comité scientifique, se prononcera dans un rapport qu’il remettra au Parlement au plus tard le 23 mai 2020. Mais si la situation sanitaire ne le permet pas, les résultats du premier tour deviendront obsolètes et il faudra donc organiser les deux tours de scrutin à l’automne prochain. …/… Fédération de l'Isère du Parti communiste français …/… Nous souhaitons aussi t'indiquer que notre direction départementale a pris des dispositions pour fonctionner et réunir fréquemment son comité exécutif en visioconférence. Vous pouvez toujours continuer à nous joindre par mail pcfisere@orange.fr et par téléphone au 07.69.02.80.11. Cette crise sanitaire n’est pas sans répercussion sur notre activité. Comme tu le sais, la Fédération devait organiser différentes initiatives dans les semaines à venir. Une des plus importantes, la foire de Beaucroissant, n’aura pas lieu et c’est pour notre Parti une perte financière considérable. Nous nous adressons de nouveau à l’ensemble des communistes de l’Isère en lançant un appel à souscription extraordinaire pour venir en aide à la Fédération. Nous vous invitons à envoyer vos dons (chèque à l’ordre de l’ADF PCF 38) à l’adresse habituelle de la Fédération. Nous remercions par avance toutes celles et ceux qui contribueront à cette souscription. Dans la période difficile que nous traversons, nous savons que les dernières semaines ont été éprouvantes pour chacun et chacune d’entre vous, que celles à venir ne seront pas faciles mais nous tenons à vous exprimer notre profond soutien. Nous vous adressons, Cher.e.s Camarades, nos salutations les plus fraternelles.

jeudi 2 avril 2020

Des dispositions qui ne sont pas à la hauteur de la crise

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, avec l’aggravation de la crise sanitaire, qui s’étend désormais à tout le territoire national, notre pays doit faire face à un lourd danger.
Mon groupe, à l’instar du Sénat tout entier, se tient aux côtés des malades et des familles touchées au cœur. Nous soutenons le personnel hospitalier, du chef de service à l’aide-soignante et au personnel chargé du nettoyage : ils sont debout, avec des moyens si faibles face à l’ampleur du mal qui s’abat. Nous saluons leur courage, leur dévouement, leur prise de risque terrible.
De même, nous saluons tous les salariés, artisans et agriculteurs qui continuent à faire vivre le pays, souvent sans protection – j’y reviendrai – et sous la menace d’une remise en cause programmée de leurs droits. Nous saluons les fonctionnaires, notamment pompiers et policiers, qui travaillent sans relâche à garantir la sécurité du pays.
Reste que l’examen par l’Assemblée nationale des textes instaurant l’état d’urgence sanitaire a confirmé nos craintes.
Pourquoi une telle dérogation démocratique pour l’état d’urgence sanitaire, beaucoup plus importante que pour l’état d’urgence classique ? Nous ne comprenons pas. Associer le Parlement et les forces politiques au combat contre la maladie devrait être considéré non comme un handicap, mais comme un atout ! C’est pourquoi nous avons proposé la mise en place d’un comité de suivi national et pluraliste. Si nous sommes tous unis dans la lutte contre le Covid-19, toutes les opinions doivent être entendues pour agir au mieux, rassembler et se faire comprendre.
Prévoir par dérogation que, pour la crise en cours, l’accord du Parlement sur les mesures prises ne sera pas nécessaire pendant une période de deux mois, contre douze jours lors des précédents états d’urgence, n’est pas acceptable. Nous refusons de confier les pleins pouvoirs au Gouvernement pendant deux mois dans de telles conditions ! Ce qui, du reste, ne paraît pas conforme à l’esprit de la Constitution.
Dans cette lutte, la démocratie est la grande oubliée – elle qui, dans ces moments difficiles, devrait au contraire être constamment convoquée.
Notre conviction est d’autant plus forte que l’Assemblée nationale a renforcé encore les prérogatives du Premier ministre.
Nous refusons également l’instauration d’une sorte d’état d’urgence sanitaire de droit commun, d’une durée d’un mois, inscrit dans le code de la santé publique.
Nos craintes sur les mesures sociales du projet de loi sont, elles aussi, confirmées - nous ne sommes plus dans l’état d’urgence sur ce point. En effet, même si l’article 7 du projet de loi permet des accords d’entreprise ou de branche, il prévoit encore des dérogations profonde au droit du travail, qui pourront – sauf si quelqu’un me prouve le contraire maintenant… –, s’étendre sur des années, voire devenir permanentes.
Temps de travail, congés payés, travail le dimanche : dans tous les secteurs, ce sont encore une fois les salariés que vous voulez mettre à contribution pour sauver les trésoreries des entreprises, certainement pas les actionnaires ! Votre refus de rétablir l’ISF dans le projet de loi de finances rectificative est à ce titre symbolique.
Aujourd’hui, c’est la vie des familles, du monde du travail qu’il faut protéger. Le confinement – c’est une évidence – doit être respecté, sans écart ; mais nous désapprouvons les sanctions disproportionnées votées dans la précipitation de l’Assemblée nationale.
Au moment même où le gouvernement italien annonce l’arrêt de toute activité de production non essentielle, Mme Pénicaud se félicite de pouvoir contraindre les salariés du BTP à reprendre le travail, tandis que M. Le Maire pousse dans le même sens en agitant l’idée d’une prime de 1 000 euros. Non ! Il faut stopper l’activité là où c’est possible, en maintenant le revenu de tous durant cette période.
Surtout, où est l’urgence sanitaire ? Ce texte ne peut être dissocié du projet de loi de finances rectificative. Où sont les moyens pour l’hôpital ? Où est l’effort déterminant pour la mise à disposition de matériels ? L’inquiétude sur le manque de masques, de médicaments et de tests pour la population et même pour les personnels de santé devient criante : le Gouvernement entend-il vraiment leur désespoir ? Où sont les réquisitions d’entreprises pour la sauvegarde nationale ? Quand allez-vous rouvrir et nationaliser des sociétés indispensables, comme l’usine Luxfer, productrice du matériel pour l’oxygénothérapie ? Quand allez-vous annoncer un plan pour l’hôpital digne de ce nom ?
Comme je l’ai souligné en première lecture, l’heure est à l’action et à la mobilisation générale pour la protection de tous. Avec détermination, nous serons de ce combat.
Le débat sur les causes profondes de cette situation de catastrophe dans un pays aussi riche que la France aura lieu. Une chose est certaine : la solidarité et la santé devront faire partie de nos priorités au cœur de la reconstruction à venir.
Monsieur le ministre, ce texte, parfaitement conforme à votre projet politique, sollicite largement les travailleurs, parmi lesquels les plus exposés, alors que les forces de l’argent sont encore et toujours protégées. C’est donc en toute responsabilité que, à l’exception de deux de nos membres rattachés, nous voterons contre ce texte clairement déséquilibré et qui, de surcroît, n’est pas à la hauteur de la crise sanitaire !

mercredi 1 avril 2020

En ce printemps 2020 marqué par les crises sanitaire et boursière, les entreprises européennes commencent à distribuer à leurs actionnaires les quelques 359 milliards d'euros de dividendes, correspondant aux gains 2019... Une année record, mais dont l'euphorie pourrait bien être altérée par l'année beaucoup plus compliquée sur le plan économique qui se prépare...

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L'Europe, championne 2019 de la distribution de dividendes

Ce sont donc environ 359 milliards d'euros de dividendes - soit 12 milliards de plus que l'an passé - que les entreprises européennes sont en train de verser à leurs actionnaires... L'Asie ou les Etats-Unis en rougissaient d'envie, avant même le début de la crise du coronavirus. Considérées jusqu'il y a encore quelques semaines comme des « valeurs sures », les rémunérations des actions des entreprises européennes s'avéraient en effet être les plus intéressantes du marché.
A titre de comparaison les Etats Unis bénéficiaient d'un rendement (c'est à dire la part de dividendes par rapport à la capitalisation totale d'un titre) de 2%, tandis que la Chine affichait un rendement de 2%, le Japon 2,3%... Et le vieux continent : 3,7% !
En Europe, la France a tout particulièrement tiré son épingle du jeu avec un volume de dividendes qui a bondi de 12% par rapport à 2018 ; les actionnaires du CAC 40 se voient actuellement répartir une enveloppe d'environ 60 milliards d'euros. De quoi donner le sourire aux actionnaires européens qui, comme partout dans le monde, voient se profiler une année 2020 qui devrait être nettement moins performante...

La crise actuelle peut elle impacter les versements dus au titre de 2019 ?

La grande majorité des sociétés du CAC 40 et SBF 120 ont déjà publié leurs résultats annuels 2019 ; et cela devrait assurer le versement des dividendes. Mais ...A situation exceptionnelles ; mesures exceptionnelles. Ainsi, par exemple, la société Tarkett, le spécialiste des revêtements de sol et des surfaces sportives, annonçait le 18 mars que son Directoire proposait, à titre exceptionnel, une modification de distribution des dividendes pour 2020. Ainsi, le montant initialement annoncé par action va être amputé de 0,24 € : «Dans un contexte économique incertain, nous mettons en œuvre toutes les actions nécessaires pour protéger nos cash-flows et adapter le groupe à ce nouvel environnement. Tout en gérant de manière rigoureuse la situation actuelle et ses effets immédiats, Tarkett reste pleinement engagé dans l'exécution de ses initiatives stratégiques, et notamment son programme de réduction des coûts, pour atteindre ses objectifs financiers à moyen terme» ... déclarait ainsi cette entreprise dont les superbes performances boursières étaient encore soulignées à la mi-février...
Si pour l'heure, la cas Tarkett est encore isolé, rien ne garantit que l'initiative ne fera pas tache d'huile, alors que démarrent tout juste les convocations aux assemblées générales d'actionnaires. En tout état de cause, les résultats 2020 des entreprises en Europe ou ailleurs dans le monde risquent de marquer le pas. Les records de 2019 s'avèrent d'ores et déjà bien compliqués à battre.