lundi 30 décembre 2013
Accélération de la convergence entre sociaux-démocrates et néolibéraux de droite
Les périodes préélectorales longues sont marquées par l’élaboration de programmes, en particulier en matière économique et sociale. La perspective de la prochaine séquence d’élections européennes et locales conduit chaque organisation partisane à élaborer des orientations et un projet. Ceux-ci constitueront le socle de leur « positionnement » politico-idéologique durant les prochaines années. Il est donc utile de faire un premier bilan rapide de la phase en cours en France, et d’en tirer quelques conclusions.
A l’échelle nationale, le cadre est déterminé par le gouvernement en place, qui a fixé le cap de politique économique pour les trois années et demi à venir : la réduction du déficit budgétaire continue d’être l’objectif principal, son but étant de restaurer progressivement les marges de manœuvre de l’Etat en limitant la hausse de l’endettement public.
Comme l’indiquait la présentation des ministres Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve au Conseil des ministres du 25 septembre 2013, « le déficit baisse à un rythme régulier qui nous permettra de redescendre sous la barre des 3 % fin 2015, d’inverser la courbe de la dette et de revenir à l’équilibre structurel d’ici la fin du quinquennat. Le redressement est en vue. Nous poursuivons et intensifions cette stratégie de sérieux budgétaire dans le budget 2014 présenté ici.Nous allons réaliser en 2014 un effort d’économies sans précédent de 15 milliards d’euros, qui porteront, pour 9 milliards, sur l’État et ses agences et sur les collectivités locales, et, pour 6 milliards, sur la sphère sociale. Nous présentons un budget avec des dépenses de l’État, hors charge de la dette et de pensions, en baisse de 1,5 milliard d’euros, ce qui est inédit sous la Ve République. Les économies ont été rendues possibles grâce à une nouvelle méthode de discussion budgétaire, qui chasse la mauvaise dépense au profit de la bonne, et qui repose sur des réformes structurelles décidées dans la concertation (retraites, famille, marché du travail). Ces économies permettent de financer les priorités des Français : l’emploi, l’éducation, la sécurité, la justice » [1].
La réduction des dépenses publiques est tout particulièrement mise en avant, après une phase de hausse des impôts en tout début de mandat. La « remise à plat » de la fiscalité annoncée par le premier ministre fin 2013 s’accompagnera ainsi d’une baisse des prélèvements obligatoires : « D’ici la fin du quinquennat, les efforts d’économies permettront une baisse des prélèvements obligatoires, qui dégagera les marges nécessaires à la montée en puissance de la réforme » [2].
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mercredi 25 décembre 2013
mardi 24 décembre 2013
Non-lieu, non personnes
Par Eric Fassin
« Bateau abandonné à la mort » : 63 migrants africains morts de faim et de soif en Méditerranée. Pendant deux semaines, aucun des navires de l’OTAN qui croisent dans les parages ne répond aux signaux de détresse. « Non-assistance à personne en danger » ? Pour la justice française, non-lieu. C’est donc qu’il s’agissait de non-personnes.
Le 27 mars 2011, 72 Africains (dont 20 femmes et 2 bébés) quittent Tripoli pour Lampedusa avec des vivres pour une traversée de 18 heures ; mais l’embarcation tombe en panne et dérive pendant 14 jours. Le 10 avril, une tempête finit par rejeter le Zodiac sur une plage de Libye où les 11 survivants sont incarcérés ; 2 d’entre eux décèdent encore, l’une au moment de débarquer, un autre en prison. 63 personnes sont ainsi mortes de faim et de soif.
Pareille tragédie est banale : depuis 20 ans, 20 000 migrants ont péri en Méditerranée. Mais cette fois, avec le soutien d’associations (Migreurop, FIDH, LDH et Gisti), deux survivants ont porté plainte pour « non-assistance à personne en danger » – en France, mais aussi en Italie, en Espagne et en Belgique. En effet, en raison de la guerre civile libyenne, 38 bâtiments de guerre, dont plusieurs français, croisaient dans les parages dans le cadre de l’opération militaire de l’OTAN baptisée « Unified Protector » (sic).Dès le 27 mars, l’embarcation est photographiée par un avion de patrouille français qui transmet l’information, avec sa localisation précise, au Centre italien de sauvetage maritime. De leur côté, les passagers contactent par téléphone un prêtre érythréen à Rome, qui prévient aussi les autorités maritimes italiennes. L’après-midi, celles-ci alertent le Quartier général du commandement des forces maritimes alliées et envoient un signal de détresse à tous les navires se trouvant dans la zone ; ces appels seront renouvelés toutes les 4 heures pendant 10 jours.
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lundi 23 décembre 2013
Reprise KEM ONE : aucunes garanties pour les salariés
par Gilles RAVACHE (PCF)
De reprises en cessions successives, de restructurations en
découpages, de plans sociaux en désossages organisés, les salariés de KEM ONE
assistent impuissants depuis près de quinze ans au bradage de la filière
vinylique française organisé par de grands groupes qui n'en finissent plus de
délocaliser tout en faisant appel à la puissance publique et aux aides
fiscales.
La CGT et les salariés ont été les seuls à dénoncer et à
combattre ces plans désastreux, y compris fin 2011 à alerter les pouvoirs
publics sur les risques pris en cédant à Gary KLESCH qui créera KEM ONE et
siphonnera la trésorerie sans réaliser aucun investissement.
Depuis près de neuf mois l'entreprise se trouve dans une
grave situation après une cessation de paiement et le risque d'une mise en
liquidation. Durant cette période les salariés ont courageusement continués à
maintenir l'activité des sites tout en soutenant l'action des élus de la CGT
qui préparaient un plan de reprise exemplaire pour leur entreprise.
Convaincus qu'un projet pérenne de sauvetage de la filière
existait face aux solutions libérales qu'on leur présentait depuis quinze ans,
les élus CGT de KEM ONE ont fait évoluer un projet de reprise qui permettait de
mettre tous les acteurs de la filière face à leurs responsabilités avec pour
seul objectif celui de sauver durablement la filière.
Les Groupes Front de Gauche des régions PACA et RHONE ALPES
ont soutenu ce projet d'intérêt national parce qu'il garantissait la pérennité
de l'activité. Nous avons soutenus les salariés et la CGT de KEM ONE pour la
force de propositions qu'ils représentaient à travers ce projet novateur.
Nous savons aujourd'hui que l'Etat n'a pas soutenu ce projet
en laissant seuls en concurrence des projets de financiers ou industriels
opportunistes. Nous savons que si le gouvernement l'avait souhaité il pouvait
contraindre TOTAL, EDF et ARKEMA à s'engager dans le projet de la CGT qui
garantissait l'avenir des emplois et le maintien de l'activité en France.
Aujourd'hui un plan de reprise validé par le Tribunal de
Commerce de Lyon entraîne la suppression d'un poste sur dix, premier prix à
payer alors que les salariés ont prouvés que leurs sites de production étaient
rentables. Les salariés ont déjà payés un lourd tribu durant ces deux dernières
années tant du point de vue psychologique que des conditions de travail.
Les élus du Groupe Front de Gauche régional demandent à ce
qu'une commission publique de suivi soit mise en place au plus vite. Cette
commission devra s'assurer de la réalisation des investissements à la fois de
maintenance et de repositionnement stratégique pour l'entreprise, du maintien
en activité des sites et ses emplois, de la mise aux normes environnementales
et de sécurité de l'outil industriel ainsi que tout ce qui contribuera à la
survie de cette filière. Nos deux Régions, PACA et RHONE-ALPES, devront être
associées à cette commission aux cotés de l'Etat et des organisations
syndicales de salariés.
Les élus du Groupe Front de Gauche régional réaffirment leur
soutien aux salariés et à leurs représentants et leurs assurent de toute leur
vigilance dans le cadre de cette reprise de KEM ONE qui ne leur apporte aucune
garantie sur l'avenir.
samedi 21 décembre 2013
Union bancaire : un accord incomplet et dangereux par Attac France
Les 27 membres de l’Union Européenne, représentés par leurs
ministres des finances, viennent de signer un compromis sur l’Union Bancaire
européenne, présenté (une fois n’est pas coutume !) comme un accord «
historique ». Le point principal de l’accord est l’organisation d’une
supervision directe des banques par la Banque centrale européenne.
A priori, un contrôle direct et unifié des banques dans
l’espace européen est souhaitable, pour prévenir les crises systémiques, qui
proviennent de la défaillance de banques individuelles se propageant à
l’ensemble du système bancaire européen. Mais dans la réalité, cet accord est
incomplet et dangereux.
Incomplet parce que la supervision unifiée prévue ne
concernera que les 150 ou 200 grosses banques dont le bilan dépasse 30
milliards d’euros, alors qu’il y a 6 000 banques dans la zone euro. Or on sait
que la crise bancaire espagnole a été provoquée par les Caisses d’épargne de
petite taille. Ce nouvel accord ne résout donc en rien la crise bancaire
espagnole qui menace la zone euro. Il été imposé par l’Allemagne qui souhaitait
que ses banques régionales échappent au contrôle de la BCE, et que les
mécanismes de solidarité entre pays soient réduits au mimimum (les
contribuables allemands ne veulent pas payer pour les banques slovènes ou
espagnoles).
Dangereux parce qu'il pose deux autres problèmes graves. En
premier lieu, il n’impose aucune règle contraignante pour interdire la
spéculation par les banques, à l’origine de cette crise. Ce qui laisse présager
de nouvelles crises financières dans un proche avenir. En second lieu, les
nouvelles responsabilités données à la Banque centrale européenne ne
s’accompagnent d’aucune réforme de son statut. Or la crise a montré que la BCE
est d’abord au service des intérêts des banquiers, et non pas au service de
l’intérêt général et des États dont elle reste indépendante. Une fois de plus,
les décisions prises à Bruxelles à l’écart des peuples tournent le dos à la
démocratie.
Attac France, le 13 décembre 2012
Communiqué du PGE
Dans les deux jours précédents, les ministres des finances
de l'UE ont signé une « union bancaire » actant la création d'une « autorité »
capable soit-disant de « régler les crises » en « volant au secours » des
banques en difficulté. Un outil « révolutionnaire » selon Michel Barnier,
commissaire au marché intérieur.
Cette décision est contestable en soi. Cela fait six ans que
l'UE s'affaire à sauver les banques et à en faire payer la facture aux peuples.
Le résultat est là : échec économique total et désastre social.
Mais qu'apprend-on le lendemain même de cet accord
soit-disant « révolutionnaire » ? Que S&P dégrade la note de l'UE d'un cran
et lui retire son triple A. C'est la dure loi des marchés : donnez-leur la main,
ils vous coupent le bras.
Pour l'avenir de l'Europe, il faut maintenant changer de
cap. Le PGE organisera en avril à Bruxelles une Conférence sur la dette qui
fera la démonstration qu'une politique économique, bancaire et monétaire
différente est non seulement possible, mais incontournable pour sortir de
l'impasse
Parti de la gauche européenne
20 décembre 2013
Comment s’explique la surreprésentation des étrangers dans la criminalité ?
Par André Kuhn, professeur de criminologie et de droit pénal
aux Universités de Lausanne, de Neuchâtel et de Genève
La présente réflexion tente de montrer de manière simple
combien l’usage de statistiques bivariées peut être trompeur, allant jusqu’à
faire croire que la couleur d’un passeport pourrait avoir une influence sur la
criminalité, alors qu’il n’en est rien.
Le lecteur de la présente contribution sait probablement que
les adultes de plus de 175 centimètres commettent davantage d’infractions
pénales que ceux de moins de 175 centimètres… Il s’agit là d’une évidence
criminologique et la raison en est très simple : la population adulte de plus
de 175 centimètres est principalement formée d’hommes, alors que les femmes
sont largement surreprésentées parmi les adultes de moins de 175 centimètres.
Sachant par ailleurs que les hommes sont davantage impliqués dans le phénomène
criminel que les femmes, il est logique que les adultes les plus grands
commettent la plus grande partie des infractions pénales. Néanmoins, chacun
comprendra aisément que cette surreprésentation des grands dans la statistique
criminelle n’a évidemment rien à voir avec la taille des personnes, mais bien
avec leur sexe. Personne ne prônera donc une action sur l’hormone de croissance
ou le coupage de jambes comme politique de prévention de la criminalité…
Mais si ce raisonnement est tellement évident, alors
pourquoi bon nombre de personnes ne sont-elles pas en mesure de le reproduire
en matière d’implication des étrangers dans la criminalité ?
Comme pour les adultes de plus de 175 centimètres, il est
très simple de démontrer que les étrangers sont surreprésentés dans le
phénomène criminel. Ces derniers représentent en effet un peu plus de 20% de la
population de Suisse, mais quelque 50% des condamnés par les tribunaux
suisses[1]. Mais, de la même manière que pour les adultes de plus de 175
centimètres, il est aussi relativement simple de démontrer que ce sont d’autres
éléments que la nationalité qui influencent la criminalité.
Sachant que la surreprésentation des immigrants dans la
criminalité est un phénomène universel – qui s’observe donc dans tous les Etats
–, il paraît évident qu’il ne peut pas s’agir d’un simple problème de couleur
de passeport !Mais quelles sont alors les variables déterminantes dans
l’explication du phénomène criminel ? Comme il a été mentionné en introduction,
l’une des principales variables explicative est le sexe. En effet, pour une
distribution hommes/femmes d’environ moitié-moitié dans la population, il y a
en Suisse quelque 85% d’hommes dans la statistique de condamnations pour
seulement 15% de femmes.
Lire la suitevendredi 20 décembre 2013
Le vrai visage de Robespierre
Par Guillaume Mazeau, historien, Institut d’Histoire de la Révolution française, membre du Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire.
"Il n’en finit pas de faire le buzz. Un peu plus de deux ans après la mise en vente de manuscrits inédits de Robespierre, des spécialistes de la reconstruction faciale en 3D viennent d’annoncer avoir reconstitué le «vrai visage» de celui qui, dans la mémoire nationale, incarne toujours le sanglant dictateur de la «Terreur». Massivement diffusé depuis quelques jours à l’occasion d’une grande opération médiatique, le visage numérique s’offre au regard des Français, invités à enfin juger par eux-mêmes, d’un coup d’œil, de la «vraie nature» de l’Incorruptible. En théorie parée de toutes les garanties scientifiques, l’équipe de Philippe Froesch, déjà responsable de la reconstruction du visage d’Henri IV, inspire spontanément confiance et laisse croire qu’il est possible, grâce à la technique numérique la plus pointue, d’accéder à une réalité du passé jusqu’ici cachée.
Authenticité mise en cause
Pourtant, de nombreuses raisons nous incitent à garder la tête froide devant cette « découverte scientifique ». Ce visage a été reconstitué à partir d'une copie d’un masque mortuaire moulé par madame Tussaud, dont l’authenticité a depuis longtemps été mise en cause ou rejetée. A la fin du 18e siècle, les vrais, les copies et les faux moulages pullulaient d’ailleurs dans toute l’Europe tant ils étaient une source de profit, jusqu’à se confondre, rendant leur authentification aujourd’hui extrêmement difficile. D’autre part, le visage ici dévoilé est bien surprenant : ni l’épaisseur des traits, ni la largeur de l’ossature, ni la profondeur des marques de la petite vérole ne correspondent avec l’extrême majorité des dizaines de descriptions, de dessins, de gravures, de peintures ou de sculptures dont nous disposons depuis très longtemps et qui évoquent, au contraire, un visage plutôt longiligne voire anguleux et légèrement ponctué de trous. De ce point de vue ce visage en 3D, décrit avec horreur dans les commentaires laissés sur internet, s'inscrit clairement dans une iconographie monstrueuse de Robespierre.
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Exhortation(s): quand le pape François parle des classes...
Par Jean-Emmanuel
Ducoin
Dans Evangelii Gaudium (la joie de l’Évangile), diffusé
mardi 26 novembre, premier texte officiel publié de sa main depuis son élection
sur le trône de Pierre, l’évêque de Rome offre une ligne de conduite tous
azimuts, façon feuille de route.
François Ier.
Être au monde dans ses mutations ne va pas sans soubresauts, ni hésitation.
Ici, non pas la chronique de la peur mais contre la peur, quand la solitude se
brise par la grâce d’espoirs sollicités. Voici le temps de l’aveu, celui qui
doit inciter à l’optimisme malgré les périls en vue et les éventuelles
déceptions. Que craindre le plus, en effet: l’effroi prévisible des consciences
ou le combat des hommes en tant que potentialité? Bien sûr, gardons-nous
toujours d’un enthousiasme trop aveuglé par la puissance symbolique des actes
et des mots. Mais, une fois encore, le pape François vient de nous surprendre
plutôt agréablement. Pourquoi devrions-nous le taire et tenir à distance des
informations assez importantes, qui, en tout orgueil, confortent nos impressions
initiales? Dans Evangelii Gaudium (la joie de l’Évangile), diffusé mardi
26 novembre, premier texte officiel publié de sa main depuis son élection sur
le trône de Pierre, l’évêque de Rome offre une ligne de conduite tous azimuts,
façon feuille de route, qui dépasse de loin les gestes inédits et autres
phrases qu’il avait pu distiller çà et là, à la grande stupéfaction des
conservateurs de la curie. Dans cette première «exhortation apostolique», qui
pourrait faire date, François Ier appelle l’Église à s’ancrer dans la société.
Une idée banale, direz-vous. Moins qu’il n’y paraît.
Exploités. «Une
Église pauvre pour les pauvres (…), audacieuse, créative, fervente, cordiale et
joyeuse.» Les mots sont placés. Et visiblement dans le bon ordre.
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jeudi 19 décembre 2013
Pas de répit pour les peuples européens : L’agenda « austéritaire » au sommet européen du 19 – 20 décembre
Depuis 2012, le sommet européen de décembre est d’une
grande importance pour la « gouvernance économique » de l’Union Européenne. Les
chefs d’États y examinent le rapport sur le mécanisme d’« alerte
macro-économique » de la Commission européenne. Ils choisissent les pays qui
seront mis en examen, c’est-à-dire ceux qui risqueront des sanctions de la
Commission et du Conseil.
Dans son rapport de 2013, la Commission se réjouit que
les « coûts salariaux unitaires (CSU)» (lisez « les salaires » pour faire plus
simple) ont été réduits en Irlande, en Espagne, en Bulgarie, en Lituanie et en
Slovaquie ou gelés en Belgique et en Slovénie[1]. En revanche, les commissaires
déplorent que cette réduction n’ait pas encore eu lieu en Allemagne, en
République tchèque et au Luxembourg. Pour la Commission, le bilan est toutefois
globalement « positif » puisque la plupart des États « ont amélioré leur
compétitivité » et « contrairement à ce que l’on constatait il y a quelques
années encore, aucun État membre (sauf le Luxembourg) n’enregistre
d’augmentation des coûts salariaux unitaires nominaux au-delà du seuil
indicatif ». Si on présentait la situation avec d’autres indicateurs
statistiques (salaires réels et pouvoir d’achat), cette situation qui plaît à
la Commission serait encore plus dramatique pour la majorité des Européens.
La Commission européenne va examiner en profondeur 16
pays, avec une batterie d’indicateurs de performance (le tableau de bord). Ces
indicateurs statistiques pourront lui servir à infliger des amendes aux États
qui ne corrigeraient pas rapidement leurs performances en appliquant ses
suggestions de réformes. Selon la législation pour la gouvernance économique («
six pack ») la Commission peut imposer une amende égale à 0,1% du PIB si elle
juge qu’un gouvernement ne fait pas assez d’efforts pour corriger ses «
déséquilibres macro-économiques ».
Ces indicateurs statistiques nous apprennent une chose
intéressante dont la Commission ne dira et ne fera rien : dans tous les pays
européens les dettes privées excèdent massivement les dettes publiques.
Pourtant ce sont bien les dettes publiques qui ont été et sont encore désignées
comme les principales responsables de la crise depuis 2008.
Chérir la liberté, justifier l’esclavage
Par Lucien sève
Etre libéral, en principe, c’est militer, à l’école de grands auteurs comme Hugo Grotius ou John Locke, Adam Smith ou Alexis de Tocqueville, pour les libertés de l’individu contre l’absolutisme politique, le dirigisme économique, l’intolérance philosophique. Puissant mouvement de pensée et d’action qui, du XVIe au XVIIIe siècle et à travers trois glorieuses révolutions aux Pays-Bas, en Angleterre et en Amérique, a modelé toute l’histoire contemporaine. Or c’est justement avec lui que l’esclavage connaît son plus grand développement. En Amérique, il y a trois cent trente mille esclaves en 1700, près de trois millions en 1800, le double au milieu du XIXe siècle. Les Pays-Bas n’abolirent l’esclavage dans leurs colonies qu’en 1863. Au milieu du XVIIIe siècle, c’est la Grande-Bretagne qui compte le plus d’esclaves : près de neuf cent mille. Et il s’agit là du pire esclavage, le racial chattel slavery, où l’homme de couleur est tout uniment un « bien meuble ». On ne peut imaginer plus radical déni de la liberté individuelle. Où est l’erreur ?
L’ouvrage est consacré de bout en bout à l’expliquer, avec un luxe impressionnant de faits saignants et de citations suffocantes. Non, il ne s’agit pas d’une erreur. La doctrine libérale est née et n’a cessé d’être à double face : message enflammé de liberté individuelle pour les seuls citoyens, hommes blancs propriétaires formant un Herrenvolk, un « peuple de seigneurs » — germanisme adopté sans complexe par cette idéologie largement anglophone ; déni cynique d’humanité non seulement pour les gens de couleur dans les colonies, mais tout autant pour les peuples réputés « barbares », comme les Irlandais ou les Indiens d’Amérique, et pour la masse des serviteurs et travailleurs dans les métropoles mêmes — autant dire pour la très grande majorité. Cette contre-histoire du libéralisme, sans du tout nier sa face claire, dévoile en toute son ampleur cette face sombre depuis l’origine que ne cesse de dissimuler l’hagiographie libérale. Quand, par exemple, détail entre cent, on apprend que le grand philosophe libéral Locke était actionnaire de la Royal African Company, organisatrice majeure de la traite des Noirs, on commence à mieux saisir bien des choses dans notre histoire moderne.
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Etre libéral, en principe, c’est militer, à l’école de grands auteurs comme Hugo Grotius ou John Locke, Adam Smith ou Alexis de Tocqueville, pour les libertés de l’individu contre l’absolutisme politique, le dirigisme économique, l’intolérance philosophique. Puissant mouvement de pensée et d’action qui, du XVIe au XVIIIe siècle et à travers trois glorieuses révolutions aux Pays-Bas, en Angleterre et en Amérique, a modelé toute l’histoire contemporaine. Or c’est justement avec lui que l’esclavage connaît son plus grand développement. En Amérique, il y a trois cent trente mille esclaves en 1700, près de trois millions en 1800, le double au milieu du XIXe siècle. Les Pays-Bas n’abolirent l’esclavage dans leurs colonies qu’en 1863. Au milieu du XVIIIe siècle, c’est la Grande-Bretagne qui compte le plus d’esclaves : près de neuf cent mille. Et il s’agit là du pire esclavage, le racial chattel slavery, où l’homme de couleur est tout uniment un « bien meuble ». On ne peut imaginer plus radical déni de la liberté individuelle. Où est l’erreur ?
L’ouvrage est consacré de bout en bout à l’expliquer, avec un luxe impressionnant de faits saignants et de citations suffocantes. Non, il ne s’agit pas d’une erreur. La doctrine libérale est née et n’a cessé d’être à double face : message enflammé de liberté individuelle pour les seuls citoyens, hommes blancs propriétaires formant un Herrenvolk, un « peuple de seigneurs » — germanisme adopté sans complexe par cette idéologie largement anglophone ; déni cynique d’humanité non seulement pour les gens de couleur dans les colonies, mais tout autant pour les peuples réputés « barbares », comme les Irlandais ou les Indiens d’Amérique, et pour la masse des serviteurs et travailleurs dans les métropoles mêmes — autant dire pour la très grande majorité. Cette contre-histoire du libéralisme, sans du tout nier sa face claire, dévoile en toute son ampleur cette face sombre depuis l’origine que ne cesse de dissimuler l’hagiographie libérale. Quand, par exemple, détail entre cent, on apprend que le grand philosophe libéral Locke était actionnaire de la Royal African Company, organisatrice majeure de la traite des Noirs, on commence à mieux saisir bien des choses dans notre histoire moderne.
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mercredi 18 décembre 2013
Relaxe des « 5 de Roanne » : « Une grande victoire pour les libertés syndicales »
Les 5 syndicalistes de Roanne viennent d'être relaxés par le tribunal de Roanne. C'est une grande victoire pour les libertés syndicales et la justice sociale.J'ai une pensée très forte pour Christel, Christian, Jean Paul, Gérard, Didier : leur combat depuis plus d'un an a été dur et il a été gagné avec courage. Ils sont relaxés et toutes les poursuites sont abandonnées, notamment le refus de prélèvement d'ADN. Ce jugement a une portée nationale et il est le résultat d'une mobilisation très forte et très large de leur comité de soutien et de leur syndicat CGT.Cette victoire en appelle une autre : il faut voter à l'Assemblée nationale la loi d'amnistie que nous avons proposée pour tous les syndicalistes.
Pierre Laurent secrétaire national du PCF
Répression syndicale : enfin la relaxe pour les "cinq de Roanne"
Cristel, Gérald, Jean-Paul, Christian et Didier, militants de la CGT poursuivis par la justice pour avoir tagué les murs de la sous-préfecture en septembre 2010, lors du mouvement contre la réforme des retraites, ont été relaxés ce mardi par le tribunal correctionnel de Roanne. "C'est la victoire du raisonnable contre l'absurdité", s'est aussitôt félicitée la CGT qui avait fait de leur cas une bataille emblématique de la défense des libertés syndicales.
Pierre Laurent secrétaire national du PCF
Répression syndicale : enfin la relaxe pour les "cinq de Roanne"
Cristel, Gérald, Jean-Paul, Christian et Didier, militants de la CGT poursuivis par la justice pour avoir tagué les murs de la sous-préfecture en septembre 2010, lors du mouvement contre la réforme des retraites, ont été relaxés ce mardi par le tribunal correctionnel de Roanne. "C'est la victoire du raisonnable contre l'absurdité", s'est aussitôt félicitée la CGT qui avait fait de leur cas une bataille emblématique de la défense des libertés syndicales.
"La lutte menée par nos cinq camarades est aussi celle de tous les militants traînés devant les tribunaux", a réagi le secrétaire général de l'union locale CGT du Roannais, Serge Lenoir, alors que plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées dans le calme devant le palais de justice de Roanne au moment du délibéré pour soutenir les cinq militants de la CGT.
Le tribunal de Roanne a estimé qu'un prélèvement ADN ne pouvait concerner que des personnes condamnées, alors que les cinq prévenus avaient été dispensés de peine. Le parquet général n'aurait donc pas dû requérir ce prélèvement et la justice ne pouvait donc pas leur reprocher de l'avoir refusé, selon le jugement. Le tribunal a également considéré que les gardes à vue du mois de mai étaient irrégulières.
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Le tribunal de Roanne a estimé qu'un prélèvement ADN ne pouvait concerner que des personnes condamnées, alors que les cinq prévenus avaient été dispensés de peine. Le parquet général n'aurait donc pas dû requérir ce prélèvement et la justice ne pouvait donc pas leur reprocher de l'avoir refusé, selon le jugement. Le tribunal a également considéré que les gardes à vue du mois de mai étaient irrégulières.
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Quand le gouvernement socialiste évacue à son tour les églises…
Mal-logés et répression policière à Saint-Denis
Dimanche, 15 décembre 2013. 14h, place de la Mairie et de la
Basilique de Saint-Denis (93), une grosse vingtaine de sans-logis, pour une
bonne part sans-papiers, et nous, militants associatifs, politiques et
syndicaux, pénétrons dans la Basilique de Saint-Denis avec tentes et
matelas[1]. Le curé a donné sa bénédiction à cette occupation. Cela fait
maintenant 194 jours qu’ils sont à la rue. Les deux immeubles qu’ils habitaient
(50 et 103 rue Péri), aux mains de marchands de sommeil, étaient insalubres et
devenaient dangereux pour leur intégrité physique. Ils ont été expulsés mais
sans être relogés ni même pris en charge par les dispositifs d’hébergement
d’urgence. Pourquoi ? Ils sont célibataires et le 115 prend en priorité les
familles avec enfants. Ils travaillent en France sans avoir de papiers et le
logement social n’est pas accessible aux sans-papiers. Sur leur campement, à
proximité de la Mairie, ils n’en peuvent plus, épuisés de dormir dans des
conditions ultra-précaires. Dehors, l’hiver est là. Le curé les accueille, il
leur donne l’asile. A côté des militant-e-s syndicalistes de Solidaires et de
la CGT, du Front de gauche et de ceux de la gauche radicale (NPA, Alternative
Libertaires, etc.) bien connus, il reste à Saint-Denis de nombreux militant-e-s
catholiques de gauche engagés auprès des sans-papiers et des mal-logé-e-
Au bout d’une petite heure, des brigades et des voitures de
police se massent devant le portail de la basilique. Derrière eux, le marché de
Noël bat son plein, les badauds viennent faire leurs provisions au marché
artisanal, les enfants profitent des animations et du manège. Un jeune
commissaire vient à la rencontre des expulsés et du curé : « vous ne pouvez pas
restez là, il faut sortir ». Le curé : « j’accueille bien volontiers ces personnes et je refuse
une quelconque intervention policière ». Le commissaire rétorque qu’il a ordre
de la sous-préfète d’évacuer. « Ce n’est pas possible sans mon accord » répond
le prêtre.
mardi 17 décembre 2013
Mélenchon parti de la Gauche Européenne
Par Guillaume Liégard
Il y a des jours, franchement, où la moutarde vous monte au nez. Et bien c’est mon cas. Depuis mercredi 11 décembre, je suivais les travaux du congrès du Parti de la Gauche Européenne réuni à Madrid. Créé en 2004 à Rome, le PGE regroupe des partis communistes, socialistes ou Rouge et Vert d’une vingtaine de pays européens.
Et dans l’ensemble je trouvais que cela se passait bien, très bien même.
D’abord parce que le congrès a décidé de choisir Alexis Tsipras comme candidat à la présidence de la Commission européenne. C’est un signal fort, celui de la résistance sans concessions aux politiques d’austérités. C’est aussi un encouragement à nos amis grecs qui peuvent demain porter au pouvoir, avec Syriza, un parti qui n’entend pas se plier aux diktats de la troïka.
Ensuite le dimanche 15 décembre, la motion [1] sur l’écosocialisme portée par cinq organisations [2] a été adoptée avec 48% de votes pour et 43% de votes contre. Au regard des traditions productivistes de bon nombre de partis communistes, ce résultat représente une petite surprise et c’est une belle victoire, notamment pour le PG qui a fait de l’écosocialisme, le cœur de son projet politique. Il faut souligner que les partis à l’initiative de ce texte ont la particularité d’être des formations relativement récentes et, à l’exception du PG, elles sont le regroupement de plusieurs forces politiques d’histoires différentes.
Evidemment, tout cela était trop simple et le congrès devait aussi élire le président du PGE. Dans son intervention à la tribune, Martine Billard co-présidente du PG a mis en avant « le refus d’une image brouillée » pour annoncer que la délégation du PG voterait contre la candidature de Pierre Laurent. Jusque là rien de bien nouveau sous le soleil, la divergence politique est connue, sa traduction par un vote de défiance était logique et attendue. Mais après la réélection de Pierre Laurent à la tête du PGE, le Parti de Gauche dans un communiqué a annoncé qu’il suspendait sa participation au PGE :
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Le Smic à 1700 euros : combien ça coûte?
La satisfaction de cette revendication représenterait une augmentation de la masse salariale de 60 à 81 milliards d’euros par an. Un effort soutenable, selon les économistes du PCF. Un Smic à 1 700 euros, ça concerne qui et ça coûte combien au juste ? Une étude réalisée par les économistes communistes du Réseau d’action promouvoir et sécuriser l’emploi (Rapse) nous donne des réponses. Selon leur calcul, 6 à 7 millions de personnes seraient directement concernées par la mesure. Aux 3,7 millions de salariés directement concernés par l’augmentation du Smic en 2012 s’ajouteraient les 2 à 3 millions de personnes dont le revenu est supérieur au Smic actuel (1 398 euros brut) mais qui devront être augmentées pour se retrouver au niveau des 1 700 euros. Le montant de la mesure est compris « dans une fourchette de 18 à 21 milliards d’euros » par an, estiment les économistes du PCF. Un montant qui tient compte des augmentations de salaires mais également des cotisations sociales patronales supplémentaires (en incluant la fin des exonérations, comme le réclament la CGT et le Front de gauche). Cela revient à une hausse de 360 euros par mois et par tête.
Dans son étude, le Rapse va plus loin en évoquant les 3 à 5 millions de salariés du privé et du parapublic dont le salaire se retrouverait à peine au-dessus du Smic. En proposant de remonter le salaire de « chaque premier échelon des grilles de classification des différentes branches » du public et du privé, les auteurs estiment qu’au total la hausse du Smic brut à 1 700 euros représenterait un effort salarial compris entre 60 et 81 milliards d’euros par an. Un montant qui peut paraître énorme mais qui se retrouvera dans le circuit économique, notamment au travers de la consommation, principal moteur de la croissance tricolore, d’autant que les salariés payés au Smic ne consacrent que peu – voire pas du tout – de leur revenu à l’épargne.
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Dans son étude, le Rapse va plus loin en évoquant les 3 à 5 millions de salariés du privé et du parapublic dont le salaire se retrouverait à peine au-dessus du Smic. En proposant de remonter le salaire de « chaque premier échelon des grilles de classification des différentes branches » du public et du privé, les auteurs estiment qu’au total la hausse du Smic brut à 1 700 euros représenterait un effort salarial compris entre 60 et 81 milliards d’euros par an. Un montant qui peut paraître énorme mais qui se retrouvera dans le circuit économique, notamment au travers de la consommation, principal moteur de la croissance tricolore, d’autant que les salariés payés au Smic ne consacrent que peu – voire pas du tout – de leur revenu à l’épargne.
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lundi 16 décembre 2013
Le PCF souhaite l’unité du Front de gauche derrière Alexis Tsipras
Le congrès du PGE se
conclut dans l‘unité et le rassemblement. La gauche européenne est en marche
pour intensifier son combat contre l’austérité avec Alexis Tsipras comme
candidat à la présidence de la commission européenne.
En France, le Front de
gauche doit impulser cette dynamique en entrant le plus vite possible en
campagne pour mettre la gauche anti-austérité en tête aux élections européennes
de mai 2014.
La décision du Parti de
gauche de suspendre sa participation au PGE à l’issue de ce magnifique congrès
est incompréhensible et incohérent.
Le PCF fera tout, pour sa
part, pour que ne soit pas entravé l’engagement uni du Front de gauche dans les
élections européennes.
Gilles Garnier, Responsable de la commission Europe au
PCF
La gauche en ordre de marche pour refonder l'Europe
Madrid, de notre envoyée
spéciale. C'est dans un pays symbole de la crise économique capitaliste, frappé
de plein fouet par les politiques d'austérité, que s'est déroulé du 13 au 15
décembre le 4e congrès du Parti de la gauche européenne (PGE). A Madrid, plus
de trois cent délégués des 33 pays membres et observateurs de la formation ont
insisté sur l'urgence de refonder une Europe plongée dans "une crise
existentielle".
"Tous les fondements
de la construction européenne, ses traités sont en cause", a souligné dès
l'ouverture du congrès, Pierre Laurent,
secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et président du PGE.
Trois jours durant, les représentants des différentes regions du continent,
membres ou non de l'Union européenne (UE), ont certes rendu compte des
terribles conséquences du carcan néo libéral, du désespoir auxquels sont
acculés les peuples comme en Grèce où 60% des jeunes femmes sont au chômage.
Mais plus qu'un état des lieux, ces progressites et démocrates ont surtout
adopté à 86, 4% un cadre programmatique commun dans la perspective des
élections européennes qui auront lieu en mai 2014 ainsi qu'un échéancier d'actions. Une feuille
de route et des propositions à mêmes d'inverser la fuite en avant capitaliste
dont les conséquences sont lourdes de danger, comme en témoigne la montée en
puissance des partis d'extrême droite, des populismes et des nationalistes.
"Nous devons
construire un front commun face à ce front commun qu'est le néolibéralisme, en
cherchant à s'unir dans l'intérêt de la classe des travailleurs", a
enjoint Cayo Lara. A la différence du
précédent congrès traversé par de profondes divisions, celui de Madrid aura été
marqué par un esprit de rassemblement, comme en témoigne l'adoption à 93,3% du
document politique.
samedi 14 décembre 2013
La gauche européenne face à l’urgence d’une alternative
Le 4e congrès du Parti de la gauche européenne se tient ce
week-end à Madrid. Les quelque 300 délégués attendus débattront de la
stratégie à mener contre les politiques d’austérité et du projet pour
refonder l’Europe.
Il y a eu le temps de la fondation puis de la consolidation, l’urgence est désormais à l’action. Tel est le cadre du 4e congrès du Parti de la gauche européenne (PGE) qui se déroule ce week-end à Madrid. Après sa naissance à Rome il y a neuf ans, la formation – qui regroupe près de 33 partis membres ou observateurs (1) – se retrouve de nouveau en Méditerranée, là où les peuples sont singulièrement victimes de la crise du système capitaliste.
À quelques mois des élections européennes de mai 2014, près de 300 délégués vont donc plancher sur la stratégie à mettre en œuvre pour endiguer la férocité des plans de rigueur. C’est, à leurs yeux, un impératif. « Le projet européen, (qui) devait être selon les forces dominantes un projet de paix et de progrès social, se transforme en cauchemar où le seul horizon proposé (…) est une régression sociale brutale et généralisée », souligne le document d’orientation politique en discussion. Tous les indicateurs sont en effet au rouge. Le chômage explose comme en Grèce (28 %). En Espagne, un jeune sur quatre de moins de seize ans vit sous le seuil de pauvreté.
Rempart contre l’exclusion
« Aujourd’hui être travailleur n’est pas un rempart contre l’exclusion puisque nous avons des salaires qui n’excèdent pas l’euro de l’heure », précise la vice-présidente espagnole du PGE, Maïte Mola, en référence à des pays comme l’Allemagne. La destruction des structures économiques et de l’emploi est massive tandis que les banques sont, elles, remises à flot. On ne compte plus les reculs tant le plan social que sociétal. Ainsi, l’Union européenne, si prompte à enfermer ses membres dans le carcan néolibéral, vient de retoquer un rapport demandant la généralisation de l’IVG, renvoyant ainsi ce droit aux compétences des États. Cette UE à géométrie variable, ainsi que les conséquences des politiques d’austérité sur l’accès à la contraception, ou encore l’éducation sexuelle, seront quelques-unes des thématiques débattues lors l’assemblée des organisations de femmes qui inaugure chaque congrès du PGE.
Contre l’exploitation
La gauche européenne travaille à « une alternative socialiste, une civilisation libérée de l’exploitation, de l’oppression et de la violence capitalistes, garantissant une répartition des richesses en faveur du travail, un modèle de développement social et environnemental, l’égalité et les droits démocratiques de tous les citoyens européens », précise son document politique.
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Il y a eu le temps de la fondation puis de la consolidation, l’urgence est désormais à l’action. Tel est le cadre du 4e congrès du Parti de la gauche européenne (PGE) qui se déroule ce week-end à Madrid. Après sa naissance à Rome il y a neuf ans, la formation – qui regroupe près de 33 partis membres ou observateurs (1) – se retrouve de nouveau en Méditerranée, là où les peuples sont singulièrement victimes de la crise du système capitaliste.
À quelques mois des élections européennes de mai 2014, près de 300 délégués vont donc plancher sur la stratégie à mettre en œuvre pour endiguer la férocité des plans de rigueur. C’est, à leurs yeux, un impératif. « Le projet européen, (qui) devait être selon les forces dominantes un projet de paix et de progrès social, se transforme en cauchemar où le seul horizon proposé (…) est une régression sociale brutale et généralisée », souligne le document d’orientation politique en discussion. Tous les indicateurs sont en effet au rouge. Le chômage explose comme en Grèce (28 %). En Espagne, un jeune sur quatre de moins de seize ans vit sous le seuil de pauvreté.
Rempart contre l’exclusion
« Aujourd’hui être travailleur n’est pas un rempart contre l’exclusion puisque nous avons des salaires qui n’excèdent pas l’euro de l’heure », précise la vice-présidente espagnole du PGE, Maïte Mola, en référence à des pays comme l’Allemagne. La destruction des structures économiques et de l’emploi est massive tandis que les banques sont, elles, remises à flot. On ne compte plus les reculs tant le plan social que sociétal. Ainsi, l’Union européenne, si prompte à enfermer ses membres dans le carcan néolibéral, vient de retoquer un rapport demandant la généralisation de l’IVG, renvoyant ainsi ce droit aux compétences des États. Cette UE à géométrie variable, ainsi que les conséquences des politiques d’austérité sur l’accès à la contraception, ou encore l’éducation sexuelle, seront quelques-unes des thématiques débattues lors l’assemblée des organisations de femmes qui inaugure chaque congrès du PGE.
Contre l’exploitation
La gauche européenne travaille à « une alternative socialiste, une civilisation libérée de l’exploitation, de l’oppression et de la violence capitalistes, garantissant une répartition des richesses en faveur du travail, un modèle de développement social et environnemental, l’égalité et les droits démocratiques de tous les citoyens européens », précise son document politique.
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18ème FMJE : A Quito, les jeunes communistes représenteront l’espoir de la jeunesse de France
Syrie, Lybie, Mali, Centre Afrique le gouvernement français répand
la guerre sur le globe, consacrant plus d’intérêt à des aventures
guerrières impérialistes qu’aux intérêts de sa jeunesse.
Réforme des retraites, ANI, hausse de la TVA, le gouvernement français satisfait les actionnaires et les patrons tandis qu’il délaisse la jeunesse précarisée.
Voyage en Palestine, produits issus des territoires colonisés : MM Hollande et Fabius n’appliquent pas l’engagement 59 leur campagne, c’est-à-dire la reconnaisse de l’Etat palestinien et accordent de nombreuses concessions à la politique expansionniste de l’Etat israélien.
Est-ce cela le véritable visage de la jeunesse de France ? Non ! Cette France militarisée, précarisée, divisée n’est pas la nôtre.
Les jeunes communistes ont organisé, et continuent d’organiser, partout en France des dizaines d’évènements pour leur semaine nationale de préparation du Festival. Cette semaine de la solidarité internationale a vu se tenir des projections de films, des débats, des lâchers de ballons, des rassemblements publics, des formations politiques, des grands repas mélangeant les générations….. Nous avons rassemblé des milliers de jeunes qui ont montré que notre jeunesse vit avec, chevillée au corps, la lutte pour la paix, pour l’émancipation des peuples, pour l’autodétermination, que notre jeunesse refuse l’impérialisme, la guerre, le racisme, et le néo-colonialisme.
Ces derniers jours les jeunes communistes se sont battus pied à pied, sur les lieux de travail et d’étude, notamment avec la journée nationale de l’UEC, contre la casse sociale généralisée, contre la précarité, pour créer les conditions d’un avenir meilleur pour la jeunesse de France, pour travailler pour le bien de tous et non plus pour le profit des patrons, pour que les richesses produits restent dans les mains de ceux qui les créent.
Toutes ces mobilisations, ces luttes et ces espoirs seront le cœur de notre démarche politique lors du Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants qui commence ce dimanche. Nous aurons à cœur de montrer que la jeunesse de France, que le peuple de l’Hexagone est mû par la solidarité.
A Quito, nous échangerons, débattrons, créerons des perspectives de lutte et d’action avec des jeunes issus d’organisations de plus de 100 pays. Avec des communistes et des progressistes de toute la planète, nous ferons vivre la solidarité internationale concrètement et préparerons un avenir meilleur pour la jeunesse mondiale ! Nous partagerons sur nos expériences de lutte et nos propositions pour changer ce monde et sortir des logiques mortifères de concurrence entre les peuples.
Ce festival résonnera de la jeunesse en lutte pour une éducation publique en Amérique latine, de la jeunesse révolutionnaire issue d’Afrique du Nord, de la jeunesse en lutte contre l’austérité en Europe, de la jeunesse en lutte contre la corruption et pour le développement en Afrique subsaharienne et en Asie. Toutes ces jeunesses qui font le monde crient haut et fort pour un monde de paix, de solidarité et de justice.
Alors, contre l’impérialisme, pour un monde de paix, de solidarité et de transformation sociale, Vamos à Quito, le FMJE nous attend et il commence maintenant !
Réforme des retraites, ANI, hausse de la TVA, le gouvernement français satisfait les actionnaires et les patrons tandis qu’il délaisse la jeunesse précarisée.
Voyage en Palestine, produits issus des territoires colonisés : MM Hollande et Fabius n’appliquent pas l’engagement 59 leur campagne, c’est-à-dire la reconnaisse de l’Etat palestinien et accordent de nombreuses concessions à la politique expansionniste de l’Etat israélien.
Est-ce cela le véritable visage de la jeunesse de France ? Non ! Cette France militarisée, précarisée, divisée n’est pas la nôtre.
Les jeunes communistes ont organisé, et continuent d’organiser, partout en France des dizaines d’évènements pour leur semaine nationale de préparation du Festival. Cette semaine de la solidarité internationale a vu se tenir des projections de films, des débats, des lâchers de ballons, des rassemblements publics, des formations politiques, des grands repas mélangeant les générations….. Nous avons rassemblé des milliers de jeunes qui ont montré que notre jeunesse vit avec, chevillée au corps, la lutte pour la paix, pour l’émancipation des peuples, pour l’autodétermination, que notre jeunesse refuse l’impérialisme, la guerre, le racisme, et le néo-colonialisme.
Ces derniers jours les jeunes communistes se sont battus pied à pied, sur les lieux de travail et d’étude, notamment avec la journée nationale de l’UEC, contre la casse sociale généralisée, contre la précarité, pour créer les conditions d’un avenir meilleur pour la jeunesse de France, pour travailler pour le bien de tous et non plus pour le profit des patrons, pour que les richesses produits restent dans les mains de ceux qui les créent.
Toutes ces mobilisations, ces luttes et ces espoirs seront le cœur de notre démarche politique lors du Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants qui commence ce dimanche. Nous aurons à cœur de montrer que la jeunesse de France, que le peuple de l’Hexagone est mû par la solidarité.
A Quito, nous échangerons, débattrons, créerons des perspectives de lutte et d’action avec des jeunes issus d’organisations de plus de 100 pays. Avec des communistes et des progressistes de toute la planète, nous ferons vivre la solidarité internationale concrètement et préparerons un avenir meilleur pour la jeunesse mondiale ! Nous partagerons sur nos expériences de lutte et nos propositions pour changer ce monde et sortir des logiques mortifères de concurrence entre les peuples.
Ce festival résonnera de la jeunesse en lutte pour une éducation publique en Amérique latine, de la jeunesse révolutionnaire issue d’Afrique du Nord, de la jeunesse en lutte contre l’austérité en Europe, de la jeunesse en lutte contre la corruption et pour le développement en Afrique subsaharienne et en Asie. Toutes ces jeunesses qui font le monde crient haut et fort pour un monde de paix, de solidarité et de justice.
Alors, contre l’impérialisme, pour un monde de paix, de solidarité et de transformation sociale, Vamos à Quito, le FMJE nous attend et il commence maintenant !
vendredi 13 décembre 2013
Rassemblement en hommage à Nelson MANDELA ce samedi 14 décembre 2013 rue Félix Poulat à 11H interventions, animations, musique…
Nelson Mandela nous laisse un message essentiel : il a
dit NON au racisme, à tous les puissants qui ont fini par céder devant
l’extrême détermination de ce résistant et la force du droit qu’il
incarnait.
Nous n’oublierons jamais les décennies où la France, de Charles de Gaulle à Valéry Giscard d’Estaing, coopérait avec le régime de l’apartheid.
Aujourd’hui comme hier contre tous les racismes et pour l’égalité !
Il ne s’agit pas de se prosterner au pied de la statue de Mandela, mais de lutter comme il l’a fait contre les inégalités, les exclusions, tous les racismes d’aujourd’hui…
Nous n’oublierons jamais les décennies où la France, de Charles de Gaulle à Valéry Giscard d’Estaing, coopérait avec le régime de l’apartheid.
Nous n’oublierons jamais que
Mandela fut considéré comme un « terroriste », dénoncé comme tel par le
président Ronald Reagan et Margaret Thatcher, que de nombreuses banques
et entreprises occidentales coopérèrent avec ce régime raciste.
Rappelons par ailleurs qu’à Grenoble un Comité anti-Apartheid a
impulsé de 1975 à 1994 une Campagne intense : boycott des oranges
Outspan, pressions sur les entreprises « collaboratrices »,
interpellation des élus…Aujourd’hui comme hier contre tous les racismes et pour l’égalité !
Il ne s’agit pas de se prosterner au pied de la statue de Mandela, mais de lutter comme il l’a fait contre les inégalités, les exclusions, tous les racismes d’aujourd’hui…
Le message de Nelson Mandela est vivant et doit le rester. Nous
devons tous/toutes aller de l’avant, poursuivre la tâche immense de
l’émancipation, de l’égalité des droits, de la lutte contre tous les
racismes et de toutes les discriminations.
AEPS [Association Echirolles Palestine Solidarité]- AFPS –
Afric’Impact- Association culturelle Amazigh- Cercle Laïque- CIIP-
Comité de soutien aux réfugiés algériens- Comité Traite négrière
esclavage- EELV [Europe Ecologie/Verts Isère]- FASE – FSU- FUIQP[Front
uni des immigrations et des quartiers populaires]—Iran Solidarités- LDH
Grenoble/38-- LDDHI (Iran)- Les Alternatifs – Maroc Solidarités
Citoyennes- Mouvement de la PAIX –PAG 38- PCF- PCOF- PG- RasLfront Isère--
SOS Racisme- UD CGT-
Tribune. "Il faut mener une confrontation exigeante avec le Parti socialiste"
Comment assurer le meilleur avenir possible pour le Front de gauche ? Par Patrice Cohen-Seat, président d’Espaces marx.
Il y a des moments où une force politique doit être à la hauteur de
l’enjeu. C’est le cas. La France et même l’Europe sont dans une
situation politique catastrophique. Les peuples s’enfoncent dans la
crise. Droite et gauche paraissent aussi peu capables l’une que l’autre
de trouver des solutions. (...) Le Front de gauche est
dans notre pays le seul espoir d’enrayer cette mécanique infernale. À
condition, toutefois, qu’il sorte de sa « maladie infantile » et se
décide à se hisser au niveau de son rôle historique.
Les partis sociaux-démocrates courent après la droite, qui galope elle-même derrière l’extrême droite. Celle-ci pourrait arriver en tête l’an prochain aux européennes dans un pays comme la France : ce serait un énorme séisme politique. Déçu et en colère, le peuple de gauche est aux abonnés absents. Et la gauche d’alternative n’arrive pas à capter ce mécontentement et prendre le relais. Le Front de gauche est dans notre pays le seul espoir d’enrayer cette mécanique infernale. À condition, toutefois, qu’il sorte de sa « maladie infantile » et se décide à se hisser au niveau de son rôle historique.
Car l’enjeu est historique. Tournant le dos à ses lointaines origines de classe, le PS a repris un chemin qui, sauf au moment du Front populaire, avait déjà conduit ses prédécesseurs à rendre impossible l’idée même d’union de la gauche, quand Jules Moch réprimait les grèves dans le sang ou que François Mitterrand couvrait les exactions françaises en Algérie. Et pourtant la SFIO puis le PS ont longtemps conservé l’objectif de rupture avec le capitalisme. Aujourd’hui, ce lien ténu avec le parti de Jaurès a disparu. Incapable d’inventer une conception du socialisme à l’heure de la mondialisation, ce parti se perd dans une fuite aveugle vers la droite. Qui est alors « de gauche » aujourd’hui ? Et quelle doit être la position du Front de gauche vis-à-vis du PS quand son gouvernement applique le traité « Merkozy », continue la chasse aux immigrés et aux Roms et entend « revisiter » le droit d’asile ?
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Les partis sociaux-démocrates courent après la droite, qui galope elle-même derrière l’extrême droite. Celle-ci pourrait arriver en tête l’an prochain aux européennes dans un pays comme la France : ce serait un énorme séisme politique. Déçu et en colère, le peuple de gauche est aux abonnés absents. Et la gauche d’alternative n’arrive pas à capter ce mécontentement et prendre le relais. Le Front de gauche est dans notre pays le seul espoir d’enrayer cette mécanique infernale. À condition, toutefois, qu’il sorte de sa « maladie infantile » et se décide à se hisser au niveau de son rôle historique.
Car l’enjeu est historique. Tournant le dos à ses lointaines origines de classe, le PS a repris un chemin qui, sauf au moment du Front populaire, avait déjà conduit ses prédécesseurs à rendre impossible l’idée même d’union de la gauche, quand Jules Moch réprimait les grèves dans le sang ou que François Mitterrand couvrait les exactions françaises en Algérie. Et pourtant la SFIO puis le PS ont longtemps conservé l’objectif de rupture avec le capitalisme. Aujourd’hui, ce lien ténu avec le parti de Jaurès a disparu. Incapable d’inventer une conception du socialisme à l’heure de la mondialisation, ce parti se perd dans une fuite aveugle vers la droite. Qui est alors « de gauche » aujourd’hui ? Et quelle doit être la position du Front de gauche vis-à-vis du PS quand son gouvernement applique le traité « Merkozy », continue la chasse aux immigrés et aux Roms et entend « revisiter » le droit d’asile ?
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jeudi 12 décembre 2013
Coût du nucléaire : l'ntervention du député FDG André Chassaigne à l'Assemblée nationale
Monsieur le Président,
Monsieur le ministre,
Chers collègues,
Nous examinons aujourd’hui une proposition de résolution présentée par M. Denis Baupin et le groupe écologiste visant à la création d’une commission d’enquête relative aux coûts de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects financiers de cette production.
Nos collègues souhaitent par la voie de cette commission que notre assemblée évalue le coût de la filière nucléaire française pour l’État, les contribuables et les consommateurs, mais également les incertitudes financières pesant sur l’avenir de cette technologie.
C’est une interrogation légitime. La Cour des comptes s’était déjà penchée en janvier 2012 sur les coûts de la filière électronucléaire, rassemblant l’essentiel des données factuelles disponibles actuellement sur les éléments qui constituent les coûts, passés, présents et futurs, de la production d’électricité nucléaire en France.
Ce rapport établissait deux principaux constats. D’une part, la progression des coûts de construction, qui ont triplé entre la construction de Fessenheim en 1978 et la construction de l’EPR de Flamanville et la progression du montant des investissements de maintenance et de sûreté.
D’autre part, l’état des lieux établi par la Cour des comptes soulignait les incertitudes qui pèsent sur le coût réel qui devra être supporté pour le démantèlement des installations et le traitement et la valorisation des déchets nucléaires. Les divergences d’appréciation sont parfois frappantes. Ainsi, l’enfouissement des déchets les plus dangereux ne coûterait « que » 14,4 milliards d’euros selon EDF… mais 36 milliards selon l’Andra !
Ces sommes ne sont en outre toujours pas couvertes par les industriels. Sur les 79 milliards d’euros estimés pour le démantèlement et la gestion des déchets, moins de la moitié est provisionnée. Surtout, les provisions d’EDF sont particulièrement vulnérables aux aléas économiques : leur pérennité est tributaire d’une rentabilité suffisante des placements financiers d’EDF, qui ont déjà beaucoup souffert de la crise économique de 2008. La prolongation des réacteurs existants est susceptible aussi d’entraîner des coûts importants. Selon EDF, il serait nécessaire d’investir pour cela 50 milliards d’euros sur quinze ans, et 55 milliards si l’on intègre les dépenses prévues pour améliorer la sûreté suite à Fukushima.
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Monsieur le ministre,
Chers collègues,
Nous examinons aujourd’hui une proposition de résolution présentée par M. Denis Baupin et le groupe écologiste visant à la création d’une commission d’enquête relative aux coûts de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects financiers de cette production.
Nos collègues souhaitent par la voie de cette commission que notre assemblée évalue le coût de la filière nucléaire française pour l’État, les contribuables et les consommateurs, mais également les incertitudes financières pesant sur l’avenir de cette technologie.
C’est une interrogation légitime. La Cour des comptes s’était déjà penchée en janvier 2012 sur les coûts de la filière électronucléaire, rassemblant l’essentiel des données factuelles disponibles actuellement sur les éléments qui constituent les coûts, passés, présents et futurs, de la production d’électricité nucléaire en France.
Ce rapport établissait deux principaux constats. D’une part, la progression des coûts de construction, qui ont triplé entre la construction de Fessenheim en 1978 et la construction de l’EPR de Flamanville et la progression du montant des investissements de maintenance et de sûreté.
D’autre part, l’état des lieux établi par la Cour des comptes soulignait les incertitudes qui pèsent sur le coût réel qui devra être supporté pour le démantèlement des installations et le traitement et la valorisation des déchets nucléaires. Les divergences d’appréciation sont parfois frappantes. Ainsi, l’enfouissement des déchets les plus dangereux ne coûterait « que » 14,4 milliards d’euros selon EDF… mais 36 milliards selon l’Andra !
Ces sommes ne sont en outre toujours pas couvertes par les industriels. Sur les 79 milliards d’euros estimés pour le démantèlement et la gestion des déchets, moins de la moitié est provisionnée. Surtout, les provisions d’EDF sont particulièrement vulnérables aux aléas économiques : leur pérennité est tributaire d’une rentabilité suffisante des placements financiers d’EDF, qui ont déjà beaucoup souffert de la crise économique de 2008. La prolongation des réacteurs existants est susceptible aussi d’entraîner des coûts importants. Selon EDF, il serait nécessaire d’investir pour cela 50 milliards d’euros sur quinze ans, et 55 milliards si l’on intègre les dépenses prévues pour améliorer la sûreté suite à Fukushima.
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Dividendes : l’État français pris au piège de la financiarisation
L’État
actionnaire, avide de dividendes ? Notre enquête sur les rapports entre
bénéfices et dividendes distribués par les grandes entreprises
françaises montre que celles dont l’État détient des participations sont
aussi, et de loin, les plus généreuses à l’égard de leurs actionnaires.
Au point de distribuer davantage de dividendes qu’elles n’ont
enregistré de bénéfices.
L’État français se considère-t-il désormais comme un fonds d’investissement privilégiant les gains immédiats plutôt que les politiques industrielles et sociales de long terme, sur fond de nécessaire transition écologique ?
L’État, directement ou via l’une des institutions financières ou industrielles publiques – Caisse des dépôts, Fonds stratégique d’investissement (FSI), Commissariat à l’énergie atomique (CEA)… – est présent au capital d’une vingtaine d’entreprises cotées, parmi les 47 grands groupes étudiés dans notre enquête (voir les résultats complets). Dans neuf d’entre elles, la puissance publique pèse plus de 10% des actions, donc des voix (Areva, EADS, EDF, Eramet, GDF Suez, Orange, Renault, Safran, ST Micro). Or ce sont bien ces mêmes entreprises que l’on retrouve en tête du classement des entreprises qui reversent la plus grande part de leurs dividendes à leurs actionnaires. Aux côtés de groupes connus pour fonctionner selon une logique de siphonnage financier au profit de leurs principaux actionnaires, à l’exemple d’ArcelorMittal [1].
Au total, selon le dernier rapport de l’Agence des participations de l’État
(APE), l’État français a perçu 4,6 milliards d’euros de dividendes en
2012. Soit une proportion considérable des 5,9 milliards de bénéfices
réalisés par les entreprises concernées, qu’elles soient cotées en
bourse ou entièrement publiques. EDF, GDF Suez, France Télécom, la SNCF,
La Poste, Safran et Aéroports de Paris (ADP) représentaient à elles
seules 90% de ces dividendes [2].
Ce choix de s’attribuer des dividendes se fait souvent aux dépens
d’autres financements : investir dans la transition écologique, avec les
énergies renouvelables ou de nouveaux modes de transports, améliorer
les conditions de travail, augmenter les salaires ou créer des emplois.L’État français se considère-t-il désormais comme un fonds d’investissement privilégiant les gains immédiats plutôt que les politiques industrielles et sociales de long terme, sur fond de nécessaire transition écologique ?
L’État, directement ou via l’une des institutions financières ou industrielles publiques – Caisse des dépôts, Fonds stratégique d’investissement (FSI), Commissariat à l’énergie atomique (CEA)… – est présent au capital d’une vingtaine d’entreprises cotées, parmi les 47 grands groupes étudiés dans notre enquête (voir les résultats complets). Dans neuf d’entre elles, la puissance publique pèse plus de 10% des actions, donc des voix (Areva, EADS, EDF, Eramet, GDF Suez, Orange, Renault, Safran, ST Micro). Or ce sont bien ces mêmes entreprises que l’on retrouve en tête du classement des entreprises qui reversent la plus grande part de leurs dividendes à leurs actionnaires. Aux côtés de groupes connus pour fonctionner selon une logique de siphonnage financier au profit de leurs principaux actionnaires, à l’exemple d’ArcelorMittal [1].
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mercredi 11 décembre 2013
Hommage à Nelson Mandela
Hommage à Nelson Mandela
Paris le 9 décembre 2013
Discours de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français.
Madame l'ambassadrice d'Afrique du Sud en France,
Messieurs les ambassadeurs de Palestine en France et auprès de l'Unesco,
Madame Jacqueline Dérens, fondatrice de la Rencontre nationale avec le peuple d'Afrique du Sud,
Mesdames, messieurs,
Chers amis, chers camarades,
Le 7 juin 1990, quatre mois à peine après sa libération, le 11 février 1990, Nelson Mandela se trouvait ici même au siège du Parti communiste, accueilli par Georges Marchais. Âgé alors de 72 ans, celui qui n'était pas encore Président de la nation « arc en ciel » était venu en frère pour témoigner de sa reconnaissance à notre parti, et à toutes celles et ceux qui, à ses côtés, avaient embrassé le combat contre l'apartheid et celui pour sa libération, 27 années d'un combat inlassable, finalement victorieux, et 42 ans depuis l'instauration de l'apartheid en 1948.
Aujourd'hui, Madiba n'est plus, il est « rentré à la maison », endeuillant une nation dont les frontières débordent la seule Afrique du Sud. Nelson Mandela n'a jamais voulu être une icône, lui, dont les premiers mots à sa sortie de prison, furent : « Je suis ici devant vous, non comme un prophète, mais comme votre humble serviteur. » C'est pour honorer cette leçon de combat et d'humilité au service de l'émancipation humaine, que nous portons à nouveau ce soir à la boutonnière le badge à l'effigie de Mandela, que nous portions si fidèlement lors des longues années de lutte pour sa libération.
Ce soir, nous saluons le combat d’une vie, qui fut le symbole de la lutte collective de tout un peuple. Celle d’un jeune sud-africain avocat noir, celle du militant de la Charte de la liberté adoptée par le Congrès du Peuple en 1955, à Soweto, celle d’un révolutionnaire qui fait le choix de la lutte armée, quand la tyrannie de l'apartheid ferma toutes les portes de la non violence, celle d’un responsable politique qui traverse avec courage et sans haine 27 années de bagne et de prison, celle du premier Président sud-africain élu au suffrage démocratique non racial, symbole de l'union d'un peuple dans sa lutte pour la liberté, la paix et une nouvelle Afrique du Sud. Telle fut l’existence de Nelson Mandela, tumultueuse, faite des peines les plus profondes comme des joies les plus grandes.
L'hommage le plus sincère que nous pouvons rendre à Nelson Mandela est d'éviter les artifices d'une canonisation vidée de sens, portant au pinacle l'homme de la réconciliation et masquant volontairement l'homme de combat. Nelson Mandela ne fut qu'un. La dureté de sa lutte est indissociable de son ambition de réunification, fondée sur l'égalité de tous les Sud-Africains. Il n’y a pas eu d’abord Mandela le révolutionnaire, puis Mandela le réconciliateur. Il a toujours été les deux. La lutte contre l’apartheid et la volonté de réconciliation ont été les objectifs fondateurs de l’ANC qui se battait pour une Afrique du Sud non raciale rassemblée autour de la justice et des droits démocratiques pour tous. Mandela est devenu la figure de proue de ce combat. Mais derrière lui, il y avait une cause, une organisation, la triple alliance de l'ANC, du Parti communiste sud-africain et de la Cosatu, et des milliers de combattants. Derrière le nom de Mandela raisonnent ceux de Walter Sisulu, d'Olivier Tambo, de Joë Slovo, de Chris Hani, le secrétaire général du PC Sud Africain, sauvagement tué un an avant l'élection de Mandela, de Desmond Tutu, de Dulcie September, représentante de l'ANC, lâchement assassinée en plein Paris, et tant d'autres.... Le sourire de Mandela est une constellation de sourires, de ces sœurs et frères sud-africains, de ces combattants, de ces camarades. Nelson Mandela est universel, il est le visage réconfortant, familier de ceux qui n'abdiquent pas face à la ségrégation, la discrimination, l'exploitation, l'oppression, de ceux qui tendent la main, qui rassemblent autour de causes justes qui font l'essence de l'humanité. Pour tous ces combattants, j’ai ce soir une pensée très émue.
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Voter au Vénézuéla
Le
progrès des bolivariens aux municipales de décembre 2013 est d’autant
plus intéressant que certains médias et politologues réduisaient la
révolution au “messianisme” de Chavez ou annonçaient la division interne
de ses partisans après sa mort.
Ce
dimanche 8 décembre 2013 plus de 19 millions de vénézuélien(ne)s
étaient appelé(e)s à choisir 337 maires (dont deux métropolitains) et
2.435 conseillers municipaux. C’est le dix-neuvième scrutin en 14 ans de révolution.
Les observateurs internationaux – comme les délégués des Conseils
Nationals Electoraux de l’Équateur ou du Salvador – ont rendu compte
d’un processus normal, paisible.La droite voulait faire de ces élections municipales un vote-sanction contre la gestion de Nicolas Maduro, comme point culminant d’une guerre économique lancée par le secteur privé (1). Elle a perdu son pari. Le premier bulletin officiel du Centre National Electoral, sur base de 97,52 % des résultats transmis, indiquent que le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) s’est renforcé comme la première force politique du pays en obtenant environ 210 des 337 mairies. L’opposition de droite (MUD, Mesa de Unidad Opositora) remporte environ 50 mairies, dont quelques grandes villes comme Valencia, San Cristobal ou Maracaibo. A Caracas, le leader de la droite Antonio Ledezma bat de quelques décimales le candidat chaviste Ernesto Villegas pour le poste de “maire métropolitain” tandis que le candidat chaviste Jorge Rodriguez obtient la “Alcaldía Mayor”, la mairie stratégique de Caracas.
Le PSUV obtient environ 49 % (5.111.386 votes) face aux 42 % de la coalition de droite (4.435.097 votes). Avec ces 700.000 votes d’avance sur la droite, le camp bolivarien progresse nettement par rapport au score plus serré des présidentielles d’avril 2013 (remportées par Nicolas Maduro avec une avance de 300.000 votes sur le concurrent de la droite). Ce progrès est d’autant plus intéressant que certains médias et politologues réduisaient la révolution bolivarienne au “messianisme” de Chavez ou annonçaient la division interne de ses partisans après sa mort. Le parti communiste, allié du PSUV, réalise un faible score : 1,6 %.
La population ne s’est donc pas laissée entraîner dans la spirale du chaos voulue par l’opposition qui a joué sur toutes les touches, des paniques médiatiques aux sabotages électriques. La majorité des maires et des conseillers élus appliqueront le “Plan Patria 2013-2019”, programme écosocialiste, socialiste et participatif. (2)
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mardi 10 décembre 2013
Du fond de sa cellule n°28, notre ami Marwan Barghouti, nous adresse spécialement un texte en hommage à Nelson Mandela
« Votre pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages »
Durant toutes les longues années de
mon combat j’ai eu l’occasion à maintes reprises de penser à vous, cher
Nelson Mandela. Et encore plus depuis ma propre arrestation en 2002. Je
songe à un homme qui a passé 27 ans dans une cellule, en s’efforçant de
démontrer que la liberté était en lui avant qu’elle ne devienne une
réalité dont son peuple allait s’emparer. Je songe à sa capacité à
défier l’oppression et l’apartheid, mais aussi à rejeter la haine et à
placer la justice au dessus de la vengeance.
Combien de fois avez-vous douté de la
victoire au bout de ce combat ? Combien de fois vous êtes vous demandé
vous-même si la justice pourrait s’imposer? Combien de fois vous êtes
vous interrogé sur le silence du monde ? Combien de fois vous êtes vous
demandé si votre ennemi n’allait jamais pouvoir devenir votre
partenaire ? A la fin vous ferez la preuve de cette volonté implacable
qui fera de votre nom l’une des plus brillantes références pour la
liberté.
Vous êtes beaucoup plus qu’une
inspiration. Vous aviez bien compris le jour où vous êtes sorti de
prison que vous n’étiez pas seulement en train d’écrire l’histoire mais
que vous contribuiez au triomphe de la lumière sur la nuit. Et vous êtes
alors resté humble. Et vous portiez une promesse bien au-delà des
frontières de votre pays, la promesse que l’oppression et l’injustice
seront vaincues et que sera ouverte la voie de la liberté et de la paix.
Au fond de ma cellule, je me rappelle sans cesse cette démarche et je
poursuis moi-même cette quête, et tous les sacrifices deviennent
supportables dans la seule perspective qu’un jour le peuple palestinien
puisse accéder aussi à la liberté, à l’indépendance et que ce pays
puisse vivre finalement en paix.
Vous êtes devenu une icône. Ce qui a
permis l’éclat de votre cause et son rayonnement sur la scène
internationale. L’universalité pour contrer l’isolation. Vous êtes
devenu un symbole pour tous ceux qui croient que les valeurs
universelles sur lesquelles vous fondiez votre combat pouvaient
rassembler, mobiliser, pousser à l’action. L’unité est la loi de la
victoire pour les peuples opprimés. La cellule exigüe et les heures de
travail forcé, la solitude et l’obscurité ne vous auront pas empêché de
regarder au-delà de l’horizon et de faire partager votre vision. Votre
pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les
voiles pour atteindre ses rivages.
Le traité transatlantique, un typhon qui menace les Européens
par Lori M. Wallach
Engagées en 2008, les discussions sur l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne ont abouti le 18 octobre. Un bon présage pour le gouvernement américain, qui espère conclure un partenariat de ce type avec le Vieux Continent. Négocié en secret, ce projet ardemment soutenu par les multinationales leur permettrait d’attaquer en justice tout Etat qui ne se plierait pas aux normes du libéralisme.
Imagine-t-on des multinationales traîner en justice les gouvernements dont l’orientation politique aurait pour effet d’amoindrir leurs profits ? Se conçoit-il qu’elles puissent réclamer — et obtenir ! — une généreuse compensation pour le manque à gagner induit par un droit du travail trop contraignant ou par une législation environnementale trop spoliatrice ? Si invraisemblable qu’il paraisse, ce scénario ne date pas d’hier. Il figurait déjà en toutes lettres dans le projet d’accord multilatéral sur l’investissement (AMI) négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les vingt-neuf Etats membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) (1). Divulguée in extremis, notamment par Le Monde diplomatique, la copie souleva une vague de protestations sans précédent, contraignant ses promoteurs à la remiser. Quinze ans plus tard, la voilà qui fait son grand retour sous un nouvel habillage.
L’accord de partenariat transatlantique (APT) négocié depuis juillet 2013 par les Etats-Unis et l’Union européenne est une version modifiée de l’AMI. Il prévoit que les législations en vigueur des deux côtés de l’Atlantique se plient aux normes du libre-échange établies par et pour les grandes entreprises européennes et américaines, sous peine de sanctions commerciales pour le pays contrevenant, ou d’une réparation de plusieurs millions d’euros au bénéfice des plaignants.
D’après le calendrier officiel, les négociations ne devraient aboutir que dans un délai de deux ans.
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Engagées en 2008, les discussions sur l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne ont abouti le 18 octobre. Un bon présage pour le gouvernement américain, qui espère conclure un partenariat de ce type avec le Vieux Continent. Négocié en secret, ce projet ardemment soutenu par les multinationales leur permettrait d’attaquer en justice tout Etat qui ne se plierait pas aux normes du libéralisme.
Imagine-t-on des multinationales traîner en justice les gouvernements dont l’orientation politique aurait pour effet d’amoindrir leurs profits ? Se conçoit-il qu’elles puissent réclamer — et obtenir ! — une généreuse compensation pour le manque à gagner induit par un droit du travail trop contraignant ou par une législation environnementale trop spoliatrice ? Si invraisemblable qu’il paraisse, ce scénario ne date pas d’hier. Il figurait déjà en toutes lettres dans le projet d’accord multilatéral sur l’investissement (AMI) négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les vingt-neuf Etats membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) (1). Divulguée in extremis, notamment par Le Monde diplomatique, la copie souleva une vague de protestations sans précédent, contraignant ses promoteurs à la remiser. Quinze ans plus tard, la voilà qui fait son grand retour sous un nouvel habillage.
L’accord de partenariat transatlantique (APT) négocié depuis juillet 2013 par les Etats-Unis et l’Union européenne est une version modifiée de l’AMI. Il prévoit que les législations en vigueur des deux côtés de l’Atlantique se plient aux normes du libre-échange établies par et pour les grandes entreprises européennes et américaines, sous peine de sanctions commerciales pour le pays contrevenant, ou d’une réparation de plusieurs millions d’euros au bénéfice des plaignants.
D’après le calendrier officiel, les négociations ne devraient aboutir que dans un délai de deux ans.
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lundi 9 décembre 2013
Catherine Mills : "Pour enrayer le chômage, (il faut) rompre avec les dogmes économiques"
L’économiste du PCF, Catherine Mills, souligne la
responsabilité des des politiques d’austérité et avance le besoin d’une
sécurité sociale de l’emploi et de la formation.
L’Insee vient d’annoncer un taux de chômage au plus haut, au troisième trimestre. Estimez-vous que François Hollande atteindra son objectif d’un inversement de la courbe du chômage dès la fin de l’année ?
Catherine Mills. Non. Le chômage de masse est directement lié aux types de gestion des entreprises mis en place depuis les années 1980. Et dont l’objectif est de baisser la part des salaires dans la valeur ajoutée et d’augmenter la part des profits. Accrochée à une vision libérale qui part du principe que les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain. Or, c’est exactement le contraire qui se passe. Cette nouvelle phase de la crise systémique montre la responsabilité des groupes dominants et de la finance dans la nouvelle explosion du chômage. À cela s’ajoutent les réformes mises en place, comme la loi dite de sécurisation de l’emploi qui est une porte ouverte à toutes les vannes de licenciement. Une loi pour la flexibilité qui met en cause les droits des salariés et le licenciement économique. Il y a à la fois la crise économique, les limites de la croissance, mais en même temps, la politique menée. Or, celle conduite par François Hollande, comme toutes les politiques menées en Europe, est marquée par des cures d’austérité et par la réduction du « coût du travail ».
Justement, le gouvernement martèle que le crédit d’impôt aux entreprises va permettre de créer 30 000 emplois…
Catherine Mills. C’est faux. Ce crédit d’impôt aux entreprises de 20 milliards d’euros dès 2014 bénéficie aux entreprises sans aucun critère pour développer réellement la recherche, la formation, l’emploi. Il est basé sur l’idée que le coût du travail est trop élevé. Or, la France n’est pas du tout un pays à hauts salaires. Là où il y a un problème de compétitivité, c’est dans la recherche et dans la formation. Nos salariés doivent être mieux qualifiés. Cet outil n’incite pas à accroître les dépenses de recherche, ne fait pas repartir l’investissement, alors que toute baisse du coût du travail va entraîner une insuffisance de la demande, via le transfert de fiscalité vers les ménages, et un nouveau processus de dépression va s’enclencher. Tout cela est extrêmement grave.
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L’Insee vient d’annoncer un taux de chômage au plus haut, au troisième trimestre. Estimez-vous que François Hollande atteindra son objectif d’un inversement de la courbe du chômage dès la fin de l’année ?
Catherine Mills. Non. Le chômage de masse est directement lié aux types de gestion des entreprises mis en place depuis les années 1980. Et dont l’objectif est de baisser la part des salaires dans la valeur ajoutée et d’augmenter la part des profits. Accrochée à une vision libérale qui part du principe que les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain. Or, c’est exactement le contraire qui se passe. Cette nouvelle phase de la crise systémique montre la responsabilité des groupes dominants et de la finance dans la nouvelle explosion du chômage. À cela s’ajoutent les réformes mises en place, comme la loi dite de sécurisation de l’emploi qui est une porte ouverte à toutes les vannes de licenciement. Une loi pour la flexibilité qui met en cause les droits des salariés et le licenciement économique. Il y a à la fois la crise économique, les limites de la croissance, mais en même temps, la politique menée. Or, celle conduite par François Hollande, comme toutes les politiques menées en Europe, est marquée par des cures d’austérité et par la réduction du « coût du travail ».
Justement, le gouvernement martèle que le crédit d’impôt aux entreprises va permettre de créer 30 000 emplois…
Catherine Mills. C’est faux. Ce crédit d’impôt aux entreprises de 20 milliards d’euros dès 2014 bénéficie aux entreprises sans aucun critère pour développer réellement la recherche, la formation, l’emploi. Il est basé sur l’idée que le coût du travail est trop élevé. Or, la France n’est pas du tout un pays à hauts salaires. Là où il y a un problème de compétitivité, c’est dans la recherche et dans la formation. Nos salariés doivent être mieux qualifiés. Cet outil n’incite pas à accroître les dépenses de recherche, ne fait pas repartir l’investissement, alors que toute baisse du coût du travail va entraîner une insuffisance de la demande, via le transfert de fiscalité vers les ménages, et un nouveau processus de dépression va s’enclencher. Tout cela est extrêmement grave.
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Quand les actionnaires accaparent 60% des bénéfices des entreprises
L’équivalent de 60% de leurs bénéfices : c’est ce qu’ont versé à leurs actionnaires les 47 grandes entreprises françaises cotées en bourse que nous avons étudiées. Alors même que les suppressions de postes se multiplient et que l’investissement est en berne, plusieurs grands groupes hexagonaux continuent de redistribuer une proportion considérable de leurs profits aux actionnaires – y compris lorsque ces profits sont faibles voire inexistants. Notre enquête sur ce « coût du capital » révèle également que l’Etat est un actionnaire aussi gourmand que les autres.
Les actionnaires nuisent-ils à la « compétitivité » de leur entreprise ? Combien coûte la rémunération du capital pour les entreprises cotées ? Chaque année, les dividendes versés aux actionnaires s’élèvent de quelques dizaines de centimes à plusieurs euros par action. Insignifiant ? Loin de là. Car les grandes entreprises françaises sont plutôt très généreuses avec leurs actionnaires. En moyenne, les 47 entreprises que Basta ! et l’Observatoire des multinationales ont étudiées (elles figurent parmi les plus grosses sociétés cotées en France, voir notre tableau ci-dessous) ont versé en 2012 l’équivalent de 60% de leurs bénéfices aux détenteurs de leur capital. Soit 32 milliards d’euros environ sur les 54 milliards de « résultats nets » des entreprises, après acquittement de l’impôt. Le montant total de ces dividendes varie de 15 millions d’euros (Atos) à près de 5,3 milliards (Total). Huit grandes entreprises françaises ont choisi de verser à leurs actionnaires des dividendes supérieurs à leurs bénéfices.
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samedi 7 décembre 2013
PLFSS : « Une loi au service de la finance et du profit » (PCF)
Bâti pour répondre aux exigences obsessionnelles de réduction stricto sensu de la dépense sociale et réduire le déficit de 3,4 mds d'euros, ce PLFSS prévoit 8,5 Mds d'euros d'efforts en 2014, dont 4 Mds par une réduction de la dépense socialisée.
Parallèlement, il acte la hausse des cotisations sociales retraite des salariés pour plus de 1,5 Mds d'euros dès 2014 et tirera bénéfice de la refonte des allocations familiales actées dans la loi de finance pour 2014.
Au total, avec ce PLFSS 2014, le gouvernement annonce un véritable « choc social », qui jouera contre la croissance et l'emploi, et donc contre le financement pérenne de la Sécurité sociale.
Car fait notable, les efforts demandés pour le rétablissement des comptes de la Sécurité sociale ne pèseront pas sur les entreprises. Aucune mesure ne mettra à contribution les entreprises de manière effective. Aucune mesure ne mettra à contribution les coûts du capital (intérêts et dividendes) qui prélèvent aujourd'hui plus de 300 Mds d'euros sur la richesse produite, sans aucun retour sur l'investissement matériel, l'emploi, les salaires ou la qualification qui sont pourtant les garants de recettes futures pour la Sécurité sociale et l’État.
N'en déplaise au gouvernement, ce PLFSS 2014, pas plus que les précédents, ne sera juste ni équitable.
Pas d'étonnement donc à ce que pour la première fois dans la courte histoire des PLFSS, toutes les instances consultées pour avis se soient prononcées contre ce texte. Ni qu'il ait fait l'objet d'une bataille parlementaire tendue, dans laquelle les parlementaires communistes ont su démontrer la pertinence de leur opposition et de leurs propositions alternatives, qui a obligé à une seconde lecture, ce que ne voulait pas initialement le gouvernement.
La future réforme du financement de la protection sociale, sous couvert de « remise à plat de la fiscalité », et de la branche famille de la sécurité sociale en lien avec la réforme de la politique familiale dessinent d'ores et déjà de funestes perspectives pour les salariés, jeunes et retraités du pays. Le patronat et la finance s'en frottent les mains.
C'est pourquoi, pour le PCF et ses partenaires du Front de gauche, loin de clôturer le débat, le vote du PLFSS 2014 ouvre en grand sur une ère de batailles politiques et sociales de grande envergure afin de garantir la pérennité de notre système de protection sociale, et surtout de promouvoir une visée progressiste de sa réforme.
Parti communiste français
Ras-le-bol de l'injustice fiscale!
par Fondation Copernic
Le premier ministre vient d’annoncer une « remise à plat » de la fiscalité. Une réforme serait donc sur les rails. Elle est, a priori, la bienvenue, car notre fiscalité est à la fois injuste et inefficace et mine le consentement à l’impôt, et ce depuis des décennies. En effet, nous avons assisté ces dernières années à une véritable contre-révolution fiscale au bénéfice des ménages les plus riches et des entreprises, en particulier les plus grandes.
La modification du barème et la diminution du nombre de tranches de l’impôt sur le revenu (IR) l’ont rendu de moins en moins progressif. Le taux marginal d’imposition sur le revenu était à 65 % en 1986, il était passé à 40 % en 2010. L’instauration d’une tranche supplémentaire à 45 % par le gouvernement actuel est loin d’établir la progressivité souhaitable.
Le taux de l’impôt sur les sociétés n’a cessé de baisser pour arriver à un niveau théorique de 33 %. Tout cela est théorique, car, dans la pratique, le taux implicite, c’est-à-dire l’imposition réelle des entreprises, est bien plus faible du fait de l’existence de nombreuses dérogations. Il diminue ainsi au fur à mesure que la taille de l’entreprise croît : ainsi le taux d’imposition des entreprises du CAC 40 est en moyenne de 8 % (certaines ne payant même aucun impôt) contre 28 % pour les PME.
Au final, en 2010, les pertes de recettes fiscales dues à la multiplication des niches fiscales s’élevaient, suivant le Conseil des prélèvements obligatoires, à environ 150 milliards d’euros. Tout cela a abouti à un appauvrissement relatif de l’Etat dont les recettes fiscales ont perdu l’équivalent de 6 points de produit intérieur brut entre le début des années 1980 et 2010. Certes, décentralisation oblige, les impôts locaux ont gagné 1,5 point de PIB entre le milieu des années 1980 et 2010. Toutefois, cette augmentation, qui pèse quasiment sur tous les ménages, est donc loin d’avoir compensé la baisse des recettes fiscales de l’Etat.
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Le premier ministre vient d’annoncer une « remise à plat » de la fiscalité. Une réforme serait donc sur les rails. Elle est, a priori, la bienvenue, car notre fiscalité est à la fois injuste et inefficace et mine le consentement à l’impôt, et ce depuis des décennies. En effet, nous avons assisté ces dernières années à une véritable contre-révolution fiscale au bénéfice des ménages les plus riches et des entreprises, en particulier les plus grandes.
La modification du barème et la diminution du nombre de tranches de l’impôt sur le revenu (IR) l’ont rendu de moins en moins progressif. Le taux marginal d’imposition sur le revenu était à 65 % en 1986, il était passé à 40 % en 2010. L’instauration d’une tranche supplémentaire à 45 % par le gouvernement actuel est loin d’établir la progressivité souhaitable.
Le taux de l’impôt sur les sociétés n’a cessé de baisser pour arriver à un niveau théorique de 33 %. Tout cela est théorique, car, dans la pratique, le taux implicite, c’est-à-dire l’imposition réelle des entreprises, est bien plus faible du fait de l’existence de nombreuses dérogations. Il diminue ainsi au fur à mesure que la taille de l’entreprise croît : ainsi le taux d’imposition des entreprises du CAC 40 est en moyenne de 8 % (certaines ne payant même aucun impôt) contre 28 % pour les PME.
Au final, en 2010, les pertes de recettes fiscales dues à la multiplication des niches fiscales s’élevaient, suivant le Conseil des prélèvements obligatoires, à environ 150 milliards d’euros. Tout cela a abouti à un appauvrissement relatif de l’Etat dont les recettes fiscales ont perdu l’équivalent de 6 points de produit intérieur brut entre le début des années 1980 et 2010. Certes, décentralisation oblige, les impôts locaux ont gagné 1,5 point de PIB entre le milieu des années 1980 et 2010. Toutefois, cette augmentation, qui pèse quasiment sur tous les ménages, est donc loin d’avoir compensé la baisse des recettes fiscales de l’Etat.
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