Les communistes et leurs élus sur le territoire du Grésivaudan analysent la politique et l'actualité locale départementale, nationale, européenne et mondiale
La tradition des marchés de Noël est ancrée dans le paysage populaire ; mais si elle permet de se projeter vers ce moment festif de fin d’année, la réalité économique et sociale s’invite souvent pour freiner les ardeurs : crise du pouvoir d’achat oblige. Les associations solidaires ne manquent pas de tirer la sonnette d’alarme depuis des années, et elles aussi souffrent.
Alors, que peuvent proposer les communistes dans ce contexte ?
Ce dernier week-end de novembre, les communistes girondins organisaient ainsi la 5e édition de leur Marché de Noël solidaire dans un quartier populaire de Bègles. L’initiative, lancée en 2017 et interrompue deux ans pour cause de Covid, devient un rendez-vous annuel pour les communistes girondins qui viennent faire des emplettes (eh oui !) et refaire le monde entre amis et/ou camarades autour d’un verre, d’une assiette d’huîtres ou d’une brochette de bœuf de Bazas.
Des associations solidaires comme le Secours populaire, Artisans du monde, le Mouvement de la paix, France Palestine, Cuba Linda, Agapes de Bordeaux… ; des autodidactes dont la capacité de création est toujours étonnante, de la littérature engagée avec les amis de la Librairie de la Renaissance.
Neuf exposants en 2017… vingt cette année ; la recette connait du succès. Les ingrédients : Une visée politique avec, cette année, la pétition contre la vie chère ; un appui aux associations solidaires qui leur permet d’exposer ; une équipe de militants expérimentés et soudés ; et une grande envie de tout le monde de multiplier les occasions d’échanger et d’être dans l’action.
On a beaucoup parlé politique à l’espace restauration avec, au menu, la Palestine bien sûr, mais aussi Cuba, rassemblement, changement de société... On a beaucoup parlé politique aussi avec les exposants qui vivent la situation des plus défavorisés (le panier moyen de cette année étant très affecté) et la crise du bénévolat.
Un rendez-vous qui va s’ancrer progressivement dans le quartier.
Article publié dans CommunisteS, numéro 974 du 29 novembre 2023.
Une réunion publique sur cette thématique, longtem
ps désertée à gauche, s’est donc tenue dans la poursuite des propositions formulées il y a quelques semaines encore par la section locale ; éclairage public, renforts de police nationale, réactivation du conseil local de prévention... L’occasion pour les communistes du territoire comme pour Robin Salecroix, membre de la direction nationale en charge des sujets de sécurité, d’aborder ces grands enjeux et décliner les réponses de notre organisation.
Choc d’embauche de policiers, gendarmes, douaniers, refonte de la doctrine et de l’organisation des services de sécurité, approche globale alliant politique de prévention, investigation, répression et réinsertion… Les sujets à investir ne manquent pas. Par exemple, dans un pays disposant de la première zone économique exclusive maritime mondiale, la question du contrôle des flux de marchandises entrants est un enjeu stratégique. Tandis que ce sont 17 000 agents qui peuplent les rangs des douaniers en France, en Allemagne et à titre de comparaison leurs effectifs frôlent les 50 000. Une illustration supplémentaire de la casse organisée d’un service public clef à l’heure pourtant de mutations profondes de la criminalité et de la croissance exponentielle du trafic d’armes et de drogues.
Face à ces fléaux, les communistes préconisent des réponses globales et systémiques mettant au cœur une meilleure dotation en moyens humains et financiers, tout comme les thèmes de santé publique dans un contexte où l’État faillit sur le volet de la lutte contre l’insécurité comme de la prévention. Le fatalisme peut et doit être combattu, en réinvestissant ces enjeux tout en construisant des solutions inspirées des experts de terrain, en combattant sans relâche aussi les velléités de déport sur les collectivités et le secteur privé.
Autant d’aspects évoqués dans une salle comble où chacune et chacun a pu constater le chemin restant à parcourir après des années de casse de nos services publics. Fondements indispensables, nous le savons, d’une politique progressiste dans le domaine.
Robin Salecroix
membre du CN
Article publié dansCommunisteS, numéro 974 du 29 novembre 2023.
Le conflit, qui dure depuis l’invasion russe du 24 février 2022, s’enlise. Après les destructions, les centaines de milliers de victimes et 646 jours de combats, les habitants de Kiev ont débuté une partie de la reconstruction. Si la vie reprend timidement, tous continuent d'espérer une victoire.
Dans la capitale, la nuit désormais est propice aux raids aériens de drones russes. L’inquiétude est de plus en plus vive et la population craint de revivre le même hiver que l’an passé, où les frappes russes avaient visé des installations énergétiques. Le sujet est au cœur des conversations alors que le froid saisit la ville et que la neige couvre les rues.
« On s’y est habitué, finalement. Nous avons trouvé des astuces entre lampe solaire, à piles et bougies. Certains ont acheté des générateurs au fioul ou au gaz. Mais les prix sont exorbitants. D’autres ont racheté des gazinières. Hélas, on s’adapte à tout. Un peu comme les alertes que l’on entend même plus la nuit… » explique Olya, la quarantaine.
Comme nombre d’habitants qui doivent rejoindre l’est de Kiev et traverser le Dniepr, elle se dépêche de rentrer. « Entre les couvre-feux et les alertes, il faut éviter de se retrouver bloqué. Et puis, j’ai repris les cours de danse, le soir, avec d’autres amies », confie-t-elle en souriant.
Aucune famille n’est épargnée
Après 646 jours de guerre, l’épuisement se fait parfois sentir. En l’espace de vingt et un mois passés sur le front, la majorité des hommes n’ont eu guère de répit. En moyenne, les soldats ont bénéficié au mieux de deux tranches de dix jours de repos. La fatigue gagne. La lassitude, aussi, pour les premiers volontaires et mobilisés. « Les traumatismes sont énormes étant donné la violence des combats et des pertes. Le coût humain est immense. On s’en rend compte en comptant le nombre de morts et de blessés au sein de nos cercles familiaux et d’amis », témoigne Iryna, dont le mari se bat dans le Donbass.
À Kiev, qui se trouve désormais à l’arrière du front, affiches placardées et banderoles accrochées un peu partout honorent les combattants. Au Musée national d’histoire, une exposition retrace l’histoire des combattants de Marioupol alors que l’inscription « Azovstal : free Mariupol defenders » est inscrite au fronton de l’hôtel de ville. Ce large bandeau réclame la libération des prisonniers de la Russie.
En marge de ces expressions publiques, plusieurs collectifs de femmes et mères de soldats réclament, depuis des semaines, que leur remplacement soit réalisé de manière régulière. Venues de plusieurs villes et régions d’Ukraine, elles se rassembleront, à nouveau, ce samedi 2 décembre sur la place Maïdan. Un clin d’œil à l’histoire récente du pays, dix ans jour pour jour après le début des protestations massives durant lesquelles des centaines de milliers de personnes avaient manifesté contre le gouvernement de Viktor Ianoukovitch.
Dans les rues de la capitale, il n’est pas rare de croiser d’anciens combattants. Certains sont handicapés. D’autres ont le regard perdu. Avec 250 000 Ukrainiens tués ou blessés sur une population de 40 millions, aucune famille n’est épargnée. « C’est la préoccupation qui monte au sein de la société ukrainienne : comment va-t-on s’occuper du retour de nos soldats dans le civil ? interroge Mykhailo Volynets, qui dirige la Confédération des syndicats libres d’Ukraine (KVPU). Au sein de notre centrale syndicale, de nombreux mineurs qui sont partis combattre reviennent clairement marqués, nerveusement et émotionnellement. Ils ne sont plus les mêmes. C’est à nous de les aider, de les accompagner. Leur sacrifice doit nous servir à construire une société juste, bâtir un pays qui ne les oublie pas. »
Des groupes de vétérans ont été constitués par les syndicats, des associations ou le gouvernement. Formés d’anciens combattants, ils permettent l’écoute, l’échange et le partage des expériences, des traumatismes aussi. « Je revois le visage de mes amis, morts en sacrifiant leur vie. Je ne peux pas les abandonner. La seule chose qui me rattache à la société demeure cette guerre », témoigne l’un des soldats les mains tremblantes.
Mais la détermination reprend rapidement le dessus. Celle de ne pas laisser « la victoire » à l’agresseur. « On se bat contre une nation beaucoup plus peuplée et qui a appris de ses erreurs. Mais nous, nous avons l’ensemble du pays derrière nous. »
Les moyens manquent pour le retour à la vie civile
Néanmoins, les moyens financiers et humains manquent cruellement pour aider ce retour à la vie civile. Une prise en charge psychologique ou médico-psychologique n’est pas forcément possible. « On manque d’experts dans de nombreux domaines. De la rééducation aux soins spécialisés comme la traumatologie, la neurologie. Quelques centres d’accueil existent, mais cela ne suffira pas. On doit se préparer à l’après-guerre dès maintenant », relate la Fédération des syndicats d’Ukraine (FPU).
Le réveil peut s’avérer« brutal », estime un des membres du Mouvement social de gauche, Sotsialnyi Rukh. En tout, 20 % des Ukrainiens vivent dans la pauvreté. Les soldats touchent autour de 20 000 hryvnias (environ 500 euros) par mois. Pour Youri Samoïlov, originaire de Kryvyï Rih,« la guerre ne doit pas faire taire l’ensemble de nos droits et de nos acquis sociaux. Le gouvernement et son aile libérale emmenés par Galina Tretyakova n’ont eu de cesse, depuis 2022, de déréguler le droit du travail et de s’attaquer aux conventions collectives. Mais, dans la perspective de l’après-guerre, le pays ne pourra réclamer une deuxième fois leur sacrifice ».
Parmi tous les enjeux que posent les intelligences artificielles, comme ChatGPT, le coût écologique est souvent ignoré. Mais la consommation de ces systèmes en énergie, eau et métal explose littéralement
Avec 1,5 milliard de requêtes par jour, ChatGPT a déjà un impact écologique conséquent.
Une seule question posée à ChatGPT consomme autant d’énergie qu’une heure d’éclairage avec une ampoule LED. Toutes les 50 requêtes, un litre d’eau est nécessaire pour refroidir les centres de données nécessaires à cette intelligence artificielle (IA). Imaginez donc les ressources naturelles déjà englouties par les 180 millions d’utilisateurs de ChatGPT, un nombre en augmentation constante.
Ces calculs du chercheur néerlandais Alex de Vries, qui avait consacré sa thèse à la consommation énergétique du bitcoin, sont alarmants. Les systèmes d’IA consomment ainsi autour de 100 térawattheures, soit 0,5 % de la consommation annuelle mondiale d’énergie, l’équivalent de celle d’un pays comme le Danemark ou le Maroc. Et ce n’est pas près de s’arrêter.
« Schneider Electric, dans une étude sur les conséquences de l’intelligence artificielle, prévoit que la hausse annuelle de la consommation d’énergie mondiale devrait passer de 5 ou 6 % à 11 % », alerte Hugues Ferreboeuf, chef de projet numérique chez The Shift Project. L’industriel, lui, s’en réjouit, car les besoins en alimentation électrique des centres de données, dont il fournit des éléments, sont toujours plus importants. RTE (gestionnaire des réseaux français) constate aussi que, rien qu’en France, les data centers comptent parmi les principaux facteurs d’inflation énergétique.
« Il faut désormais des data centers dédiés »
À chaque nouvelle version d’un ChatGPT, la puissance de calcul nécessaire double. La version 3 disposait de 175 milliards de paramètres. La quatrième en contient plus de 1 000 milliards. « Pour faire fonctionner ces modèles, il faut désormais des data centers dédiés, dont la densité de puissance électrique est dix fois supérieure à celle des centres de données classiques, explique Hugues Ferreboeuf. Cela implique un dégagement de chaleur énorme ! » Et une consommation d’eau toujours plus importante pour la dissiper, ce qui commence à générer de vrais conflits d’usage. En Espagne, Meta (Facebook) veut implanter un nouveau centre, qui nécessiterait quelque 600 millions de litres d’eau par an, dont 200 millions prélevés dans le réseau d’eau potable de la ville voisine, ce que refusent les habitants, régulièrement victimes de la sécheresse…
Les progrès technologiques ne suivent pas du tout les besoins croissants en puissance de calcul de l’IA. Il faut donc toujours plus de puces, de super-calculateurs entassés dans toujours plus de data centers. Nvidia détient 90 % de ce marché de composants et ne peut pas suivre le rythme des commandes. Par exemple, pour déployer ChatGPT dans son moteur de recherche Bing afin d’améliorer chaque requête, Microsoft aurait besoin de lui commander plus de 20 000 serveurs à 8 processeurs chacun, soit au bas mot 4 milliards de dollars en dépenses d’infrastructures.
Et si Google voulait faire la même chose avec Bard, son IA générative, il lui en coûterait plusieurs dizaines de milliards de dollars en investissements en puissance de calcul, mais aussi environ 6 milliards par an de facture énergétique. On comprend mieux pourquoi le géant des moteurs de recherche n’est pas pressé de déployer Bard auprès du grand public.
150 000 tonnes d’eau par jour pour laver le silicium
Pour répondre à ces besoins en puces, la production des semi-conducteurs doit suivre. Le géant du secteur, le taïwanais TSMC, prépare une nouvelle usine spécialement dédiée à l’intelligence artificielle. Mais ses sites existants consomment déjà 150 000 tonnes d’eau par jour pour laver le silicium. C’est plus de 10 % de toute la consommation en eau de l’île. « Sans parler que, dans les puces, il y a environ 80 métaux différents, rappelle Hugues Ferreboeuf. La demande est telle qu’on en arrive à une concurrence des usages entre le numérique et l’énergie, par exemple, puisqu’on a aussi besoin d’une partie de ces métaux pour construire les éoliennes. »
Il y a un an, ChatGPT ne comptait qu’un million d’utilisateurs. Google et Meta sont désormais sur le créneau et, rien qu’en France, deux acteurs, Mistral et le couple de milliardaires Xavier Niel et Rodolphe Saadé, se sont lancés dans l’IA générative. Si, aujourd’hui, cette dernière produit surtout du texte et de l’image, demain, elle est attendue dans les vidéos et les animations 3D.
Mais ce n’est pas tout. Il existe environ 25 milliards d’objets connectés dans le monde. À court terme, 100 milliards prendront place dans notre quotidien. « Si un tiers de ces objets connectés se voient équipés d’une routine d’intelligence artificielle – par exemple, un frigo communique avec l’IA d’Amazon ou de Carrefour pour préparer une prochaine commande de produits frais –, la consommation énergétique augmentera sur toute la chaîne », met en garde Hugues Ferreboeuf.
The Shift Project appelle ainsi à un grand débat démocratique sur la planification numérique. « Cela a-t-il un intérêt de mettre de l’IA partout ? Cela en vaut-il vraiment le coup ? interroge l’expert. Ces questions, nous avons tout intérêt à nous les poser collectivement dès maintenant. »
La ministre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnels, Carole Grandjean, a détaillé hier la mise en œuvre de la réforme du baccalauréat professionnel. Ces annonces confirment ce que nous savions déjà : cette réforme vise à remplacer la formation des élèves par l’Éducation nationale en un apprentissage patronal.
203 heures de cours sont ainsi supprimées sur les trois années de formation. Presque la moitié concernent l’année de terminale et sont prises sur les enseignements professionnels, remplacés, selon la ministre, par plus de stages. Sur les trois années du bac pro, ces suppressions d’heures correspondent à sept semaines de cours en moins. Après la réforme Blanquer de 2018 qui avait retiré déjà dix semaines, les élèves de baccalauréat professionnel auront perdu l’équivalent d’un trimestre de cours en cinq ans !
Cela relève d’un véritable mépris de classe pour ces élèves et d’une rupture forte dans l’égalité républicaine que doit la nation à chaque élève.
Les annonces confirment aussi la destruction du tronc commun en année de terminale, en offrant le “choix” de finir l’année par des stages ou des enseignements. Alors que nombre d’élèves de lycée professionnel sont en difficultés financières, ce choix n’en sera pas un. Attirés par une faible rémunération des stages, nombre d’entre eux risquent d’abandonner les enseignements, au détriment de leur orientation. La ministre l’assume elle-même en parlant de ces stages comme de “premiers emplois”.
Cette instrumentalisation des stages est insupportable et abandonne toute ambition formatrice pour ceux-ci, pour en faire des moments de travail quasi gratuit à destination des jeunes les plus précaires au profit du patronat.
Le MJCF réaffirme que l’apprentissage d’un métier repose sur des enseignements généraux et professionnels assurés par des professeurs de l’Éducation nationale, et qu’aucun stage ne saurait les remplacer.
Le MJCF réaffirme que la formation professionnelle vise à former les travailleuses et travailleurs de demain, mais aussi des citoyennes et citoyens. Ainsi, aucune suppression d’heures d’enseignements n’est acceptable.
Cette réforme est une véritable attaque contre la jeunesse de la classe travailleuse. Elle traduit un alignement complet du gouvernement sur les intérêts patronaux.
Le MJCF continuera à se mobiliser devant les lycées professionnels pour construire une riposte à cette réforme.
Le MJCF appelle l’ensemble des élèves de lycées professionnels à se mobiliser le 12 décembre, journée de grève de l’intersyndicale, afin de revendiquer le retrait immédiat de la réforme du lycée professionnel.
Léo Garcia
Article publié dans CommunisteS, numéro 974 du 29 novembre 2023.
Des maisons datant parfois de plusieurs siècles qui se fissurent subitement, des crues et des inondations à répétition dévastant les habitations et les commerces, des sécheresses qui se transforment en pénuries d’eau à l’année, avec restrictions drastiques de sa consommation.
Le changement climatique a tout l’air de connaître une brusque accélération, et ses effets sur les humains et leur environnement sont démultipliés. La France, au climat tempéré où il ne fait ni trop chaud, ni trop froid, ni trop sec, ni trop humide, comme on l’enseigne de toute éternité dans les manuels scolaires, n’échappe pas à ces nouveaux aléas.
Notre pays, dont on a tant chanté la douceur « du printemps qui va naître à (ses) mortes saisons », n’est plus épargné par la succession de catastrophes. Pour la première fois, on parle même de la possibilité de risques « inassurables » au regard de la fréquence accélérée des épisodes cataclysmiques et de l’inadaptation des infrastructures et de l’aménagement du territoire aux changements en cours.
Voilà qui devrait suffire à convaincre d’agir les dirigeants les moins empressés, à l’ouverture de la COP28 pour le climat, ce jeudi, à Dubaï. Aux ravages prévisibles du réchauffement, à l’horizon de la fin du siècle, s’ajoutent les conséquences sociales et économiques proprement exorbitantes, qui se manifestent dès à présent.
Ce n’est plus seulement des intérêts de long terme qu’il est question dans les objectifs de l’accord de Paris adoptés lors de la COP21, en 2015. Désormais, même ceux de court terme qui obsèdent les décideurs sont menacés, si la trajectoire n’est pas respectée.
Pour l’instant, les engagements pour la planète sont loin d’être tenus. Non que rien n’ait été fait, mais trop peu, trop lentement, pour infléchir significativement la courbe des températures. Plus 3 °C et au-delà en 2100, ce scénario que la COP21 se proposait de faire dérailler pour contenir le réchauffement à la moitié, est aujourd’hui de plus en plus probable. Est-on résigné à voir des régions entières de notre pays rendues inhabitables « de plaines en forêts, de vallons en collines » ? La réponse s’écrit aujourd’hui.
Quatre organisations de défense des consommateurs ont adressé, ce mercredi 19 novembre, une lettre au président de la République pour demander une « transparence totale » sur les marges des industriels et distributeurs et sur la construction des prix alimentaires.
Les signataires rappellent que l’inflation alimentaire a atteint plus de 20 %, le prix d’un litre de carburant a régulièrement avoisiné les 2 euros, et celui de l’énergie s’est envolé. Photo by Thibaut Durand/ABACAPRESS.COM
« Ces 2 dernières années ont été particulièrement éprouvantes pour le budget de nombreux ménages. » Ainsi commence la lettre écrite par les associations Foodwatch, UFC-Que Choisir, Familles Rurale et la CCLV (Consommation Logement Cadre de Vie), et adressée au président de la République.
Les signataires rappellent que l’inflation alimentaire a atteint plus de 20 %, le prix d’un litre de carburant a régulièrement avoisiné, voire dépassé les 2 euros, et celui de l’énergie s’est envolé. Partant de ce constat, et alors que certaines entreprises enregistrent des profits records, les associations exigent que « toute la lumière sur la construction des prix alimentaires » soit faite et de « mettre fin au plus vite aux marges excessives ».
« Comment tolérer qu’un français sur trois saute un repas ? »
Les profits des entreprises alimentent, depuis plusieurs mois, cette flambée des prix et c’est le FMI qui le dit dans une étude qui a fait couler beaucoup d’encre cet été : les bénéfices des entreprises de la zone euro ont contribué à hauteur de 49 % à la hausse des prix au premier trimestre 2023, devant les salaires, les coûts de l’énergie, etc. Le FMI ne s’intéresse pas spécifiquement à l’Hexagone, mais l’Insee nous apprend que le taux de marge des sociétés non financières y a atteint le chiffre stratosphérique de 33,2 % au deuxième trimestre 2023. Entre 1950 et 2022, jamais un tel niveau n’avait été atteint. Benoît Cœuré, président de l’Autorité de la concurrence, estime même que deux tiers de l’inflation, dans la zone euro, seraient le fait des entreprises.
Alors, « comment tolérer qu’en France, au XXIe siècle, face à cette flambée organisée des prix, près d’un Français sur trois (29 %) déclare devoir sauter un repas par manque d’argent et 43 % (55 % en milieu rural) affirment avoir déjà renoncé à acheter des aliments et produits alimentaires, faute de moyens ? », demandent les associations. Les entreprises du CAC 40 sont évidemment les grandes gagnantes de la période. Selon les données de Scalens (une entreprise de data spécialisée dans les sociétés cotées) transmises à l’Humanité, 24 sociétés du CAC 40 voient flamber de 20 % leurs marges opérationnelles au premier semestre 2023. Si les patrons s’étaient contentés de répercuter sur leurs prix la hausse de leurs coûts de fabrication, ces marges auraient stagné.
Foodwatch, l’UFC-Que choisir, Familles rurales et la CCLV dénoncent ensuite l’inaction du gouvernement, en pointant certaines déclarations non suivies d’effets, comme celle du ministre de l’Économie Bruno Le Maire – « C’est le rôle de l’État de garantir l’ordre public, économique, qu’il n’y a pas de profits qui soient excessifs, de rentes faites par certains et que l’argent soit rendu aux consommateurs » –, ou celle du président de la République Emmanuel Macron – « Personne ne doit profiter de cette crise ».
Contrôler les marges
Mais les quatre associations ne s’arrêtent pas là. Après avoir dénoncé cet état de fait, elles proposent des « solutions urgentes » et exigent : « L’obligation de transparence totale et immédiate sur les marges nettes par produits réalisées par les géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution, des mesures concrètes pour rendre impossibles les marges excessives sur les produits alimentaires essentiels, sains et durables, tant par les industriels que par la grande distribution, et la suppression de la marge minimale garantie de 10 % pour la grande distribution. »
Au rang des solutions pour lutter contre l’inflation et ses conséquences, imposer un contrôle sur les marges arrive dans le classement de tête. Mais d’autres mesures, défendues par les syndicats et la gauche, elles aussi ignorées par l’exécutif, sont tout aussi urgentes, comme la réindexation des salaires sur l’inflation, l’augmentation du Smic à 2 000 euros brut, la taxation des superprofits pour financer des politiques de justice, ou encore de reprendre le contrôle sur les grandes multinationales de l’énergie.
Nous publions un appel signé à ce jour par près de 420 signataires demandant un cessez-le-feu et la libération des prisonniers politiques palestiniens.
Texte collectif
Le 7 octobre, un nouveau cycle de terreur et de violence armée inouïe s’est ouvert au Proche-Orient. Mille deux cents civils israéliens ont perdu la vie dans les attaques terroristes organisées par le Hamas en territoire israélien et des dizaines d’otages sont toujours détenus. L’immédiate réponse militaire lancée par le gouvernement d’extrême droite coloniale de Benyamin Netanyahou ajoute de la guerre à la guerre, du chaos au chaos, des morts aux morts : plus de 14 000 à ce jour, selon les sources gazaouies, dont un nombre massif d’enfants.
Aucun crime ne répare un crime. La guerre entre Israël et le Hamas est le symptôme de l’échec d’une solution politique mais aussi le déni de celle-ci, pourtant demandée courageusement par les familles des otages israélien·nes qui manifestent à Tel-Aviv. Indissociable d’un cessez-le-feu immédiat, la construction de cette réponse politique ouvrant sur une perspective de paix juste et durable peut s’appuyer sur des hommes et des femmes qui sont prêts à en être les artisan·es.
Côté israélien, la figure de paix est souvent venue d’ancien·nes militaires. Côté palestinien, une personnalité connue de tous et emprisonnée depuis vingt et un ans dans les geôles israéliennes incarne cette perspective de paix, c’est Marwan Barghouti, député du Conseil législatif palestinien.
Pourquoi cet homme ? Plébiscité par son peuple, fidèle aux convictions du mouvement national palestinien, critique des impasses de l’après-Oslo, il a montré à plusieurs reprises qu’il pouvait porter la dynamique d’une solution à deux États, dans l’architecture des résolutions onusiennes et des frontières de 1967.
Tou·tes les diplomates et expert·es de la situation proche-orientale savent que la libération immédiate de celui qui a été surnommé le « Mandela palestinien » est une des clés de la solution politique dont les peuples palestinien et israélien ont besoin pour vivre en paix.
Pour engager enfin la construction d’une paix juste et durable, exigeons un cessez-le-feu immédiat, le retour de tous les otages dans leur famille, et mobilisons-nous pour obtenir la libération de Marwan Barghouti et de tous les autres prisonnier·es politiques palestinien·nes.
Parmi les premiers signataires : Fatiha Aggoune, Étienne Balibar, Aurélie Biancarelli, Michel Billout, Jacques Bourgoin, Laurence Cohen, Leïla Cukierman, Françoise Davisse, Pierre Dharréville, Elsa Faucillon, Anaïs Fley, Edgard Garcia, Fabien Gay, Patrick Le Hyaric, Jean-Claude Lefort, Mathilde Panot, Lydia Samarbakhsh, Pascal Savoldelli, Leïla Shahid, Bernadette Sire, Bernard Vera, Marie-Christine Vergiat, Francis Wurtz, Françoise Zinger.
C’est un hasard du calendrier, mais le contraste est saisissant. Alors que le géant danois Novo Nordisk vient d’annoncer 2,1 milliards d’euros d’investissement sur son site de Chartres (Eure-et-Loir), avec la création à terme de 500 emplois, le français Sanofi continue de réduire la voilure dans l’Hexagone. Paul Hudson, PDG du groupe, a annoncé en octobre un nouveau plan d’économies de 2 milliards d’euros et la cession de son activité Santé Grand Public (vente de médicaments sans ordonnance, comme le Doliprane).
L’objectif est de se recentrer sur des secteurs plus juteux, comme le développement de traitements innovants. Cette séparation devrait être actée en 2024, à travers la création d’une entité cotée en Bourse. Dans le même temps, un plan de restructuration vise le site de Marcy-l’Étoile (Rhône), spécialisé dans la production de vaccins : l’activité de lyophilisation de vaccins (mise sous forme de poudre) va être regroupée en Normandie et en Italie, avec 265 suppressions de postes. Enfin, l’activité de distribution de médicaments du groupe doit être vendue au géant allemand DHL, mi-2024.
« Sanofi se concentre sur ce qui permet de dégager 30 % de marge »
« Sanofi poursuit sa politique de désengagement du pays ! peste Jean-Louis Peyren, coordinateur CGT du groupe. Si la direction va jusqu’au bout des cessions annoncées, 12 000 emplois auront été supprimés en France depuis 2008 (Sanofi compte environ 20 000 salariés dans le pays – NDLR). Le pire, c’est que le groupe est massivement subventionné par l’État. » Selon le syndicat, Sanofi touche toujours environ 100 millions d’euros de CIR (crédit d’impôt recherche) par an.
« Sa stratégie est simple, assure Tristan Teyssier, délégué au CSE (CGT) du site de Marcy-l’Étoile. Il se concentre sur tout ce qui permet de dégager 30 % de taux de marge : tout le reste est abandonné. Au quotidien, on paye les effets des départs non remplacés et des gains de productivité. Les 2 milliards d’euros d’économies vont se faire, une fois encore, sur notre dos. »
Après le désastre sanitaire lié au Covid
Au-delà de cette nouvelle casse sociale, c’est la stratégie gouvernementale qui interroge. Depuis 2020, Emmanuel Macron a décidé de mettre en place une politique de relocalisation de médicaments, après le désastre sanitaire provoqué par la pandémie de Covid. L’intention est louable, mais la méthode pose problème.
« Le gouvernement a choisi de subventionner des acteurs financiarisés comme Sanofi ou GSK, pointe Nathalie Coutinet, économiste spécialiste de la santé. Ce sont pourtant ces entreprises qui ont réalisé pendant des années les délocalisations dont on dénonce les effets aujourd’hui. »
À gauche, le PCF réclame depuis longtemps la mise en place d’un pôle public du médicament afin de « détacher les médicaments de la sphère financière ». C’est peu dire que le gouvernement n’en prend pas le chemin…
Depuis la semaine passée, le gouvernement multiplie les déclarations contre les privés d’emploi âgés, plutôt que de remettre en cause sa politique, en échec, sur le front de la lutte contre le chômage.
Les demandeurs d’emploi seniors sont plus que jamais dans le viseur. Lundi, le gouvernement a confirmé qu’il n’allait pas agréer en l’état la nouvelle convention d’assurance-chômage issue de l’accord entre le patronat, la CFDT, FO et la CFTC, le 10 novembre, envisageant plutôt de prolonger les règles actuelles par décret jusqu’en juin. L’exécutif veut en effet attendre l’aboutissement de la négociation sur l’emploi des seniors qui devrait démarrer d’ici peu.
Dans un document envoyé aux syndicats et au patronat, le gouvernement annonce viser un taux d’emploi des 60-64 ans de 65 % (contre 33 % aujourd’hui) à l’horizon 2030, notamment en aménageant les fins de carrière ou en renforçant la formation professionnelle.
« Si on ne secoue pas les puces »
Les mesures concernant l’indemnisation des quinquagénaires seront également abordées dans cette discussion, même si l’accord régressif sur l’assurance-chômage prévoit déjà 440 millions d’euros d’économies à réaliser sur leur dos pour la période 2024-2027.
Mais, sans attendre, la semaine passée, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait déjà prévenu qu’il souhaitait abaisser la durée d’indemnisation pour les plus 55 ans, pointant le fait qu’elle dure « vingt-sept mois » à cet âge contre « dix-huit mois pour les chômeurs plus jeunes », avait-il déclaré sur franceinfo.
Une façon selon lui « de mettre à la retraite de manière anticipée les plus de 55 ans ». Pour le ministre : « Si on ne secoue pas les puces, il n’y aura pas 5 % de taux de chômage en fin de quinquennat, soit le plein-emploi (contre 7,4 % aujourd’hui NDLR). »
Cinq millions de chômeurs
Si le gouvernement multiplie les déclarations tonitruantes et stigmatisantes, c’est que les statistiques du chômage continuent de remonter en flèche depuis deux trimestres consécutifs, selon l’Insee. Une tendance confirmée par les dernières statistiques de la Dares, parues ce lundi.
En incluant les chômeurs n’ayant pas travaillé (catégorie A) et ceux en activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi en France (hors Mayotte) augmente de 0,29 % (+15 800) par rapport à septembre et s’établit à 5,377 millions.
Le nombre d’inscrits de 50 ans et plus, traditionnellement élevé, est de 1,39 million en octobre, contre 1,38 million en septembre. Ils sont 835 800 âgés de 50 ans et plus à être présents sur les listes de Pôle emploi en octobre depuis un an ou plus, en légère hausse par rapport à septembre.
Plutôt que de remettre en cause sa politique axée sur la précarisation de l’emploi, qui risque de frapper encore plus fort les seniors à l’avenir avec la récente réforme des retraites, le gouvernement persiste à réduire leurs droits.
Dernière trouvaille, selon les informations de la Tribune dimanche, la première ministre Élisabeth Borne envisagerait désormais de limiter les ruptures conventionnelles, qui explosent entre 55 et 60 ans faisant office de préretraite déguisée, en pointant une nouvelle fois du doigt les bénéficiaires. Mais sans lutter contre les discriminations liées à l’âge chez les employeurs, souvent prompts à se débarrasser des salariés les plus matures.
Le collectif « Culture 38 » tenait une conférence de presse le 27 novembre à la mairie de Saint-Martin-d’Hères pour rendre public un appel « pour la création et la liberté des artistes du monde entier ».
Ce collectif est né en 2015 par un appel signé d’une centaine de personnes, en Isère. Il est intervenu dans les étapes de détermination des compétences et projets culturels de la métropole grenobloise.
Les personnes présentes pour présenter et commenter l’appel lié au contexte international étaient Béatrice Garnier (adjointe Développement culturel – ville d’Eybens), Claudine Kahane (adjointe Affaires culturelles – ville de Saint-Martin-d’Hères), Jacqueline Madrennes (adjointe Éducation-Culture – ville d’Échirolles), Isabelle Métral, Isabelle Miroglio (adjointe déléguée action culturelle, vie associative et événementiel – ville de La Tronche).
L’appel du collectif commence par : « Plus que jamais – dans un climat international fait de violences, d’exactions, de barbarie et de non-droits – le besoin de culture, de rencontres avec les artistes et avec les œuvres est une nécessité pour toutes et tous. (…) Dans ce contexte, et de manière asymétrique en fonction de la géopolitique et des intérêts politiques en France, en Europe et ailleurs, on tente de nous imposer avec la complicité de nombreux médias un discours unilatéral pernicieux, clivant et dangereux, qui s’accompagne de mesures d’intimidation envers les personnes qui expriment des opinions non conformes, qu’elles soient femmes ou hommes politiques, sportifs, porte-paroles d’associations, syndicalistes, journalistes indépendants. »
L’actualité dans l’agglomération donne des exemples concrets cités dans l’appel figurant ci-après.
Censure en Grésivaudan
Les intervenants ont rajouté un fait très récent, celui de Villard-Bonnot, où la communauté de commune, tutelle de l’espace Aragon, a censuré la communication publique d’une soirée programmée mercredi 29 novembre à 20h autour du film Yallah Gaza en présence de son réalisateur, Roland Nurier.
Les élus présents ont souligné, après l’appel qu’en « plus de ces sanctions ou interdits, le contexte actuel est économiquement fragile, les établissements culturels étant confrontés à de nombreuses difficultés suite à des hausses importantes des frais de leurs structures, s’agissant des coûts des énergies et des autres produits nécessaires aux spectacles programmés : ateliers de décors, costumes, locaux techniques… Dans le même temps, les subventions des collectivités diminuent, menaçant emplois permanents et intermittents. Autant d’obstacles à la création artistique. »
Une inquiétude notée : « l’Etat s’apprête à rogner voire supprimer les moyens budgétaires pour l’accueil périscolaire qui constitue, notamment, un élément important d’actions culturelles et artistiques. »