dimanche 31 décembre 2023

Il n’y a pas d’argent magique, disent-ils…

Régulièrement, les esprits subtils et intelligents de la Macronie viennent rappeler au bon peuple que, de l’argent « magique », il n’y en a pas. Les caisses sont vides, le déficit, la dette, tout ça, tout ça. Tout ça, c’est de la poudre de perlimpinpin !

Ceci est une liste non-exhaustive des abus financiers de l’État. N’hésitez pas à nous écrire pour nous en signaler d’autres : redaction@regards.fr

DE L’ARGENT MAGIQUE… Y’EN A. Décembre 2023. On apprend, via franceinfo, le coût potentiel de la mise en place de l’uniforme à l’école : « Ce kit coûtera 200 euros, mais les familles n’auront rien à payer. La piste privilégiée est celle d’un financement à moitié par l’Etat, à moitié par la mairie, le département ou la région volontaire. » Le calcul est donc élémentaire : 200 euros x 12 millions d’élèves = 2,4 milliards d’euros. À titre de comparaison, comme le rappelle Benjamin Gault sur X« le coût d’une augmentation de 10% du salaire de TOUS LES PROFS = 1,9 Md€ ». Quant à savoir qui va réellement payer l’addition, le ministre de l’Éducation Gabriel Attal n’aura pas mis une semaine avant d’émettre l’hypothèse d’une participation des familles

Y’EN A. Novembre 2023. On découvre, via Politis, que le « ministère de l’Intérieur vient de passer sa plus grande commande de grenades de maintien de l’ordre en plus de dix ans » pour la coquette somme de… 78 millions d’euros.

Y’EN A. Février 2023. Le Sénat et la Cour des comptes ont produit des estimations de ce que coûterait à l’État la généralisation du Service national universel : entre 1,75 et 3,4 milliards d’euros. Mais selon Playbook Paris« tout le monde trouve que la généralisation du SNU est une mauvaise idée mais personne n’ose le dire au Président. »

Y’EN A. Janvier 2023. Emmanuel Macron annonce une hausse des dépenses de 100 milliards d’euros pour la nouvelle loi de programmation militaire 2024-2030 – ce qui amène le budget militaire de l’État au-delà des 400 milliards. Soit une bagatelle de 14-15 milliards en plus par an. C’est plus que le déficit annoncé du système des retraites…

Y’EN A. Octobre 2022. Combien coûte le gouvernement aux contribuables ? 174 millions d’euros annuels. Tout ça pour faire tourner une équipe de 41 ministres et 565 conseillers. C’est, lit-on dans Libération« l’équipe la plus chère de l’histoire ».

Y’EN A. Octobre 2022. Dans Libé, on apprend que « 44 millions d’euros [ont été] alloués pour le seul premier semestre 2022 aux cabinets de conseil afin d’appuyer le ministère de la Transition écologique ». Au total, le gouvernent a dépensé auprès de cabinets de conseil la coquette somme de 118 millions, toujours pour ce premier semestre 2022. À titre de comparaison, Emmanuel Macron s’est targué d’avoir « pris la décision de créer un fonds de 100 millions d’euros pour permettre aux Ukrainiens d’acheter du matériel dans son effort de guerre ». On dit ça…

Y’EN A. Avril 2022. La députée LREM Coralie Dubost dépensait près de 3000 € de vêtements et lingerie par mois. Ainsi lit-on sur Mediapart : « L’élue de la troisième circonscription de l’Hérault, étoile montante de La République en marche (LREM) et présidente déléguée du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale, a multiplié les usages inappropriés de ses frais de mandat, selon des informations de Mediapart. […] la députée a également effectué des achats astronomiques (jusqu’à 3000 euros par mois) en vêtements et lingerie. À tel point que l’enveloppe de frais mensuels de 5373 euros allouée par l’Assemblée ne lui a pas suffi : début 2019, face à un découvert dépassant les 7000 euros, elle a contracté un prêt auprès de La Banque postale, qui gère les comptes AFM (avance de frais de mandat) de chaque parlementaire, prétextant des travaux (en réalité inexistants) qu’elle aurait eu à faire dans sa permanence. »

Y’EN A. Avril 2022. Jour d’élection présidentielle. Pour aller voter au premier tour, Jean Castex, le Premier ministre, dont le bureau de vote se situe à Prades dans les Pyrénées-Orientales, a emprunté le Falcon gouvernemental. Un aller-retour de 850 kilomètres. Coût du bulletin dans l’urne ? 10.000 euros d’argent public et 4460 kg de CO² – soit autant q’un Français en émet en six moisCommentaire du premier concerné : « J’ai utilisé les règles habituelles qui s’appliquent au Premier ministre. J’entends dire que j’ai affrété un jet privé, j’ai pris l’avion de l’État. Le Premier ministre doit être à Paris très vite s’il y a le moindre problème. La période est aux polémiques n’est-ce pas ? »

Y’EN A. Mars 2022. Lu dans L’Obs : « Les dépenses de consulting ont plus que doublé au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron. Au point d’atteindre un record : 1 milliard d’euros d’argent public en 2021. »

Y’EN A. Février 2022. 137 milliards d’euros. Soit les profits réalisés par le entreprises du CAC 40 en 2021. Les super-riches ne connaissent pas la crise Covid, bien au contraire. Auraient-ils engrangé autant d’argent sans les aides de l’État ? Lol. Seule certitude : ça va pas ruisseler !

Y’EN A. Octobre 2021. Le ministère de l’Intérieur a commandé 90 véhicules blindés de maintien de l’ordre à la société Soframe, pour la coquette somme – hors taxes – de plus de 57 millions d’euros.

Y’EN A. Octobre 2021. Lu dans Libé : « 160. C’est, en millions d’euros, le coût du gouvernement Castex en 2021, selon les calculs du socialiste René Dosière cités par le Point. Cela en fait, d’après le spécialiste des comptes publics, le gouvernement « le plus cher de la Ve République ». Le président de l’Observatoire de l’éthique publique note une augmentation de 27% de ce coût par rapport au précédent gouvernement, celui d’Edouard Philippe, dont l’ardoise montait à 126 millions. »

Y’EN A. Janvier 2021. On commence l’année en lisant sur Politis : « En pleine crise sanitaire, l’Élysée explose son budget fleurs. 600.000 euros de fleurs coupées et autres agréments floraux […] L’appel d’offre du marché public annuel renouvelable trois fois et publié le 20 août dernier fait état de 20.000 euros de plantes vertes, 20.000 d’orchidées, 32.000 de feuillages et de… 400.000 euros de fleurs coupées – destinées à composer les bouquets. »

Y’EN A. Octobre 2020. Les rémunérations du gouvernement Castex sont en nette hausse par rapport au précédent gouvernement, atteignant la coquette somme de 185 millions d’euros. On lit dans la newsletter de Libé « Chez Pol » : « Le montant total des rémunérations des ministres, secrétaires d’État, des conseillers et des personnels de type chauffeurs ou huissiers a augmenté de 47% depuis le dernier gouvernement Philippe. Le salaire moyen d’un membre de cabinet ministériel est de 8737 euros, contre 7624 en 2016. » Soit une hausse de 12%. Comparaison n’est pas raison, mais le SMIC a mis 10 ans pour augmenter de 12% en France.

Y’EN A. Octobre 2020. La ministre des Armées Florence Parly annonce son intention de commander douze Rafales d’ici la fin de l’année. Soit la bagatelle d’un milliard d’euros.

Y’A PAS. Octobre 2020. Lu dans Libération : « Le gouvernement a déjà exclu toute augmentation du revenu de solidarité active (RSA) ».

Y’EN A. Septembre 2020. Emmanuel Macron fait rénover le salon doré (le bureau du Président). Coût des travaux : 930.000 euros. En même temps, quand on fait déposer 15.000 feuilles d’or, la facture s’envole…

Y’EN A. Septembre 2020. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal confirme une hausse d’un milliard d’euros au budget alloué à la sécurité.

Y’EN A. Juillet 2020. Dans son rapport annuel, la Cour des comptes épingle Brigitte Macron. Dans Gala, on lit : « Les coûts engendrés, essentiellement imputables aux salaires des membres de son cabinet, s’élèvent à 282.476 euros. »

Y’A PAS. Février 2020. Jacques Maire, député LREM et rapporteur du projet de loi de réforme des retraites : « On assume l’âge d’équilibre car il n’y a pas d’argent magique. »

Y’A PAS. Janvier 2020. Jean-Baptiste Djebbari : « Il n’y a pas d’argent magique en République. »

Y’A PAS. Janvier 2020. Bruno Le Maire : « Le taux du livret A sera de 0,5 % à partir du 1er février. »

Y’EN A. Décembre 2019. Jean-Michel Blanquer a augmenté la prime annuelle des directeurs académiques des services de l’Éducation nationale (DASEN) : une augmentation jusqu’à 51.760 euros.

Y’EN A. Décembre 2019. En déplacement au Japon, Édouard Philippe a eu recours à un vol privé pour rentrer de Tokyo. Coût du billet : 350.000 euros. Le Premier ministre « assume complètement », précisant que cela lui a permis un gain de temps de deux heures et un meilleur confort.

Y’EN A, MAIS PAS TROP. Décembre 2019. Muriel Pénicaud : « Un salarié au smic touchera 15 euros de plus par mois en 2020 ».

Y’EN A, MAIS PAS TROP. Décembre 2019. Agnès Buzyn : « L’année dernière pour la première fois depuis dix ans le budget de l’hôpital public était en hausse […] J’ai réalloué des centaines de millions d’euros qui n’avaient pas été dépensés par la sécurité sociale à l’hôpital. Les annonces que j’ai faites vont redonner de l’air […] Je souhaite réenchanter l’hôpital. »

Y’A PAS. Décembre 2019. Édouard Philippe : « Il n’y a pas d’annonces magiques » qui puissent faire « cesser les manifestations ».

Y’A PAS. Décembre 2019. Bruno Le Maire ne souhaite pas que la revalorisation du Smic au 1er janvier 2020 dépasse le niveau de l’inflation.

Y’EN A. Novembre 2019. L’Assemblée nationale vote une hausse de 2 millions d’euros de la dotation de l’Elysée en 2020.

Y’EN A, MAIS PAS TROP. Novembre 2019. Les personnels hospitaliers demandent une hausse de leur salaire. Agnès Buzyn annonce le versement d’une prime annuelle de 800 euros net de manière « pérenne » pour 40.000 infirmiers et aides-soignants vivant à Paris et sa proche banlieue et gagnant moins de 1.900 euros par mois.

Y’EN A, MAIS PAS TROP. Octobre 2019. Christophe Castaner annonce le paiement aux policiers de près de 3,5 millions d’heures supplémentaires d’ici à la fin 2019, pour un montant de 50 millions d’euros.

Y’EN A. Octobre 2019. Le bureau de l’Assemblée nationale augmente de 33% le remboursement des frais d’hébergement à Paris des députés, de 900 à 1200 euros mensuels, soit une dépense supplémentaire estimée « au minimum à 304.000 euros » par an pour l’Assemblée.

Y’EN A. Septembre 2019. Florence Parly : « Le budget des armées va augmenter d’1,7 milliard d’euros en 2020 ».

Y’A PAS. Septembre 2019. Agnès Buzyn : « Le ministre de la Santé ne créé pas des médecins par un coup de baguette magique ».

Y’A PAS. Septembre 2019. Marlène Schiappa, sur la lutte contre les violences faites aux femmes : « Il n’y a pas d’argent magique ».

Y’A PAS. Février 2019. Jean-Baptiste Djebbari : « Le « trou » dans les caisses de l’État suite au mouvement de ces derniers mois, c’est 4 milliards d’euros cette année, 8 l’année prochaine. Et n’en déplaise à l’opposition, il n’y a pas d’argent magique. »

Y’EN A. Novembre 2018. L’Élysée fait des travaux dans la salle des fêtes de l’Elysée, dans le jardin d’hiver et le salon Napoléon III pour un coût total de 500.000 euros.

Y’EN A. Juin 2018. L’Élysée dépense 34.000 euros pour faire installer une piscine au fort de Brégançon.

Y’EN A. Juin 2018. L’Élysée commande à la manufacture de Sèvres 1200 pièces de vaisselle pour la somme de 500.000 euros.

Y’A PAS. Avril 2018. Emmanuel Macron, au sujet de l’hôpital : « Y’a pas d’argent magique ! »

Y’A PAS. Octobre 2017. Les APL ont baissé de cinq euros par mois.

Y’EN A. Août 2017. En seulement trois mois, la maquilleuse d’Emmanuel Macron a déjà coûté 26.000 euros à l’Élysée.

 

Transport de marchandises : pour le retour de l’Etat stratège

Selon le rapport, la libéralisation du secteur engagée au début des années 2000 et le démantèlement par la France de son opérateur historique en application du droit européen, ont accéléré le déclin du fret ferroviaire. Ainsi, alors que le rail transportait 74 milliards de tonnes/kilomètres en 1974, à la fin des années 2000, il n’en acheminait plus que 55 milliards, à rebours complets des objectifs écologiques européens et nationaux.

Le rapport fait également la démonstration que la concurrence déloyale opérée par le transport routier depuis sa libéralisation est en grande partie responsable du déclin du fret ferroviaire, victime par ailleurs d’un sous investissement chronique de la part de la SNCF.

Cette situation appelle à ce que le pouvoir politique et citoyen reprenne la main, en tournant le dos aux préconisations et sanctions de la commission européenne.
Celle-ci durant les crises de 2008 et 2020 a su tourner le dos à ses propres règles, les enjeux climatiques appellent à en faire de même.
Il y a donc aujourd’hui urgence à reconstruire un outil du fret ferroviaire performant, à même de répondre à l’impératif de décarbonation de notre économie à l’horizon 2050.

Cela implique des investissements massifs dans les infrastructures ferroviaires, pour remettre notre réseau en état de faire face à la demande.

Avec 28 recommandations le rapport ouvre de nouvelles perspectives pour un essor du fret et appelle au retour de l’État stratège pour coordonner à l’échelle nationale le transport de marchandises dans le cadre d’une organisation territoriale cohérente.


Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,

Le 24 décembre 2023.

 

samedi 30 décembre 2023

Années 1980 : cette décennie où la gauche a déçu son peuple

Les années 1980 sont celles du retour de la gauche au pouvoir, parfois pour le meilleur, mais aussi pour les pires des renoncements. Des mouvements sociaux émergent, qui marqueront les décennies suivantes.


La décennie se présentait pleine d’espoirs. « Regarde, quelque chose a changé, (…) Un homme, une rose à la main, a ouvert un chemin vers un autre demain », chante Barbara, après la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle le 10 mai 1981. Moins de deux ans plus tard, le 13 avril 1984, avec pour slogan « Le fer, l’acier, le charbon, la France en a besoin », 40 000 métallurgistes investissent Paris. Ils protestent contre la liquidation de la sidérurgie. Dix jours avant, dans un reportage de « l’Humanité » auprès des ouvriers de Sacilor-Rombas en Moselle, l’un d’eux exprimait son désarroi : « J’ai voté pour la gauche en 1981. Je me suis battu pour les nationalisations. Aujourd’hui, mes victoires devraient me mettre à la porte ? » Les années 1980 sont cette décennie où, sous l’empire du Parti socialiste, la gauche française a réussi à décevoir son peuple ; la décennie des « années fric », où un Bernard Tapie peut profiter de la désindustrialisation pour multiplier les rachats d’entreprises pour un franc symbolique.

1983 est une année pivot. Alors qu’à Strasbourg le Parlement adopte le drapeau aux douze étoiles comme emblème de la Communauté économique européenne, François Mitterrand fait le choix du tournant de la « rigueur » afin de rester dans le Système monétaire européen et d’attirer les investissements. Dès 1984, les ministres communistes quittent le gouvernement. La gauche arrive, certes, aux manettes au moment où le monde est submergé par une vague néolibérale : Augusto Pinochet prend le pouvoir en 1973 au Chili, Margaret Thatcher en 1979 au Royaume-Uni, Ronald Reagan en 1981 aux États-Unis et Helmut Kohl en 1982 en Allemagne. En 1986, le président de la Commission européenne, le socialiste français Jacques Delors, convertit définitivement l’UE au libéralisme en faisant acter le marché unique.

Jean-Marie Le Pen dans « l’Heure de vérité »

« Dans ces années-là, on assiste à une modification politique et idéologique de la gauche de gouvernement, souligne l’historienne Ludivine Bantigny. Jacques Delors a joué un grand rôle dans cette métamorphose, affirmant que la relance mise en œuvre dans les premières semaines après 1981 n’était pas tenable. Mitterrand lui répond : “Oui, je sais, mais maintenant je fais de la politique…” Mais une fois cette parenthèse refermée, il abandonne très vite le néokeynésianisme des débuts, dès l’automne 1981. On mène alors une politique néolibérale qui favorise très clairement les entreprises, la rentabilité du capital, le besoin de compétitivité. Face à la menace du chômage de masse prédomine le sentiment qu’il n’y a plus d’autre monde possible, qu’il faut s’en contenter, voire s’en enthousiasmer. » Ce virage à droite, ce choix de la résignation ne touche pas que le pouvoir. La pédagogie du renoncement est menée partout. Le 22 février 1984, l’ancien communiste et acteur Yves Montand anime sur Antenne 2 une émission, regardée à l’époque par 20 millions de téléspectateurs, « Vive la crise ! », véritable moment de promotion de l’austérité.

Quelques jours plus tôt, le 13 février, pour la première fois, un représentant de l’extrême droite jusqu’ici marginalisée par son soutien à Pétain et aux terroristes pro-Algérie française de l’OAS, Jean-Marie Le Pen, a les honneurs d’une émission de grande écoute, « l’Heure de vérité ». François Mitterrand n’a pas ménagé ses efforts pour faire connaître cet homme, dans l’espoir de diviser les voix de droite. C’est réussi, de moins d’1 %, le Front national passe à 10 % lors des élections européennes du mois de juin. Les adhésions affluent. Ce machiavélisme mitterrandien n’empêche pas, aux législatives de 1986, le retour au pouvoir du RPR de Jacques Chirac. C’est la première cohabitation.

L’héritage d’Anicet Le Pors

La décennie 1980 n’est pas entièrement noire. Sous l’impulsion du ministre communiste Anicet Le Pors, le statut de la fonction publique permet de doubler les effectifs des travailleurs de l’État au service des citoyens. Les droits individuels progressent. Sous la houlette du ministre communiste Jacques Ralite, l’homosexualité n’est plus classée comme maladie mentale. Le socialiste Robert Badinter abolit la peine de mort. Plus de 100 000 étrangers sont régularisés. Les lois Auroux permettent une plus grande intervention des travailleurs et syndicats dans l’entreprise. Jack Lang obtient que 1 % du budget soit alloué à la culture. Un impôt sur la fortune est instauré…

La période est aussi celle d’une mobilisation et d’une prise de conscience face à plusieurs dangers. Les États-Unis déploient leurs missiles Pershing en Europe, tournés contre les pays de l’Est. François Mitterrand appuie cette décision. Mobilisations immenses, partout sur le continent, le 23 octobre 1983. À Lyon, rapporte l’Humanité, des jeunes chantent : « J’ai 15 ans et je veux vivre, sans l’angoisse de la guerre, sans la peur atomique, des soleils plein les yeux, le cri aux lèvres, l’amour au ventre… »

L’autre préoccupation qui point, dans les années 1980, est l’avenir de la planète. L’écologie se fait une – petite – place dans le paysage. Elle se cristallise non pas encore sur le réchauffement climatique, mais sur la question nucléaire. En mai 1980, près de 100 000 personnes manifestent à Plogoff contre l’installation d’une centrale. En 1986, l’explosion à l’usine de Tchernobyl met sur le devant de la scène ces thématiques. En 1987, à Stockholm, se tient une grand-messe de l’ONU où pour la première fois est employé le terme « développement durable ». La même année, l’un des premiers grands traités internationaux écologiques pour préserver la couche d’ozone est signé.

La récupération des notions de liberté par l’argent roi

La défense des immigrés et de leurs descendants fait aussi son bout de chemin. D’octobre à décembre 1983, un groupe part de Marseille pour rejoindre la capitale. C’est la marche pour l’égalité et contre le racisme, surnommée « marche des beurs ». Dans la manifestation, rapporte notre journal, une femme d’Étampes déclare « Sur terre, il y a de la place pour que tout le monde vive en paix ». Un mouvement antiraciste profond s’installe dans le pays, que le PS, en créant SOS Racisme l’année suivante, cherche à détourner à son profit.

Cette décennie, c’est également la récupération des notions de liberté par l’argent roi. On l’observe sur le front de l’information. Les radios libres, qui ont essaimé dans les années 1970, sont enfin légalisées. Elles font vite place à des machines destinées à engranger les revenus publicitaires. Les contenus se standardisent. La subversion fait long feu. Début 1986, le gouvernement socialiste confie à Silvio Berlusconi la chaîne La Cinq, qui importe en France le pire de la télévision italienne. L’année suivante, le gouvernement de droite privatise TF1.

Dans un tel climat, le chemin de l’alternative peine à se faire une place. En France, le PCF, même s’il peut compter sur la popularité de son secrétaire national Georges Marchais, s’affaiblit. Il est concurrencé par le PS et miné par l’image des pays de l’Est. La nécessaire Perestroïka pour réformer la vie politique et économique entamée en URSS par Gorbatchev favorise, à la fin de la décennie, la chute du mur de Berlin. Et, avec celui-ci, celle de nombreuses espérances.


 

Nahel, JDD, Barbenheimer, Prigojine, A69, Gaza… 23 mots pour raconter 2023

Pour son dernier numéro avant 2024, l’Humanité rembobine le fil des douze derniers mois. Un cru troublé par les guerres, les incertitudes écologiques et technologiques. Mais aussi marqué par de grands mouvements sociaux, de Paris à Détroit – signes que, si l’époque n’est pas gaie, il reste des raisons d’espérer.

Comment encapsuler en peu de signes une année entière d’un monde globalisé et éviter un triste zapping ? À l’heure où les flots de l’information « certifiée » comme des « fake news » s’abattent comme un torrent et débordent bon nombre de citoyens, une image chasse l’autre. 2023 comme une série de flashs. On passerait des visages hagards dans Gaza bombardée à la tronçonneuse du nouveau président argentin, puis aux larmes d’Antoine Dupont tandis que l’Afrique du Sud emporte la Coupe loin de la maison. Et l’on n’aurait pas forcément raconté 2023. Pour ce dernier numéro avant la nouvelle année, l’Humanité fait le choix de retenir 23 mots comme autant de thermomètres d’une cuvée trop souvent amère.

ChatGPT

IA conversationnelle avancée, ChatGPT révolutionne les interactions numériques avec une compréhension contextuelle, mais soulève des préoccupations éthiques. Cette dernière phrase, ce n’est pas nous qui l’avons écrite, mais bien l’intelligence artificielle, quand on lui a demandé de « résumer en 20 mots ChatGPT ». L’IA va-t-elle nous rendre obsolètes ? La question a parcouru 2023, du monde politique aux bancs des universités, en passant par Hollywood, où acteurs et scénaristes se sont inquiétés, à l’occasion d’une grève historique, que les bots fassent de plus en plus de bruit.

UAW

C’est la plus éclatante victoire du mouvement syndical aux États-Unis depuis plus d’un demi-siècle. Une nouvelle direction syndicale, une nouvelle stratégie et, finalement, une nouvelle convention collective. L’UAW (United Auto Workers), présidé par Shawn Fain, a réalisé entre septembre et octobre un grand chelem. Pour la première fois, le syndicat, fondé en 1935, a lancé un mouvement de grève simultané contre les « Big Three » (Ford, General Motors, Stellantis qui détient Chrysler) en ciblant les usines soumises à un débrayage. Au final : augmentations de salaires de 25 %, indexation de ces mêmes rémunérations sur l’inflation, titularisation des intérimaires.

Nahel

« Justice pour Nahel ! » : pendant des mois, ce slogan a résonné un peu partout en France. Le 27 juin, un policier abattait à bout portant cet adolescent de 17 ans, à Nanterre, lors d’un contrôle routier. Les jeunes des quartiers se soulèvent et expriment leur colère face à la police qui les contrôle à longueur de temps, qui les insulte, qui les frappe. Ces révoltes repeintes en « émeutes » font le beurre des médias dominants. À droite, on dénonce une horde de sauvages, prêts à tout pour attaquer la police, les services publics, et donc la République. Emmanuel Macron s’en mêle, charge la première ministre, Élisabeth Borne, de présenter un plan « ambitieux ». Celui-ci s’en prend aux parents des « émeutiers » : à eux de mieux éduquer leurs enfants, sous peine d’effectuer des peines de travaux d’intérêt général. L’auteur présumé du tir mortel, lui, a été libéré sous contrôle judiciaire, mi-novembre. En réaction, une marche pacifique s’est tenue à Nanterre, dans l’indifférence quasi générale.

 

L'agacement de la ministre Sabrina Agresti-Roubache après les révélations autour de sa déclaration d'intérêts

Elle est fière de sa fibre macroniste et de sa proximité avec Brigitte Macron.

Mais le problème est que la liste des ministres voyous s'allonge dans la République des copains et des affaires. Car, selon Marianne, Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État à la Ville et à la Citoyenneté, aurait sous-évalué de près de 100 000 € ses déclarations d'intérêts envers la HATVP.

Il s'agit d'un délit passible de trois ans de prison et de 45 000 €uros d'amende.

Muriel Pénicaud, Sabrina Agresti-Roubache, Agnès Firmin Le Bodo : en à peine 48 heures, la presse révèle trois scandales autour de ministres toutes issues de la macronie.

Sabrina Agresti-Roubache apporte donc du crédit à l’idée que cette macronie n’est plus qu’une association de malfaiteurs bien pensants. Car elle aurait également domicilié l’une de ses sociétés, lorsqu'elle travaillait dans l’audiovisuel, chez un Corse condamné dans l’affaire du cercle de jeux Wagram.

Macron ne parvient plus à attirer à lui des Ministres compétents, exemplaires et irréprochables. Ce gouvernement est miné par de trop nombreuses affaires, qui vont jusqu'à la consommation de produits stupéfiants dans ses cabinets.

La France décadente, en faillite, poursuit sa marche vers son effondrement politique et moral.....


vendredi 29 décembre 2023



 

Casino : L’État doit agir et permettre au groupe de sortir des logiques financières mortifères


 COURRIER DE FABIEN ROUSSEL AU MINISTRE DE L'ÉCONOMIE ET DES FINANCES

Monsieur le Ministre,

Vous connaissez la situation du groupe Casino et les conséquences dramatiques de son démantèlement pour les salariés du groupe et pour l’ensemble de la région stéphanoise qui va perdre l’un de ses acteurs économiques et historiques majeurs.

A travers la France, plusieurs dizaines de milliers de salariés dont une majorité de femmes sont concernés et voient leur emploi menacé en raison des errements de gestion du PDG du groupe et d’un laisser-faire coupable de l’État.

La liquidation de ce groupe plus que centenaire comme la disparition de l’enseigne ne sont pourtant pas inéluctables. Les actifs économiques du groupe à l’échelle nationale présentent un intérêt économique évident dont témoignent les offres de reprise déjà présentées par ses concurrents historiques.

Comme vous le savez, le 21 décembre dernier, le bureau de Saint-Etienne Métropole a décidé de porter l’exigence d’un moratoire sur le processus de vente d’actifs et la mise en place d’un pôle de restructuration de la dette.

C’est donc à une révision profonde de la stratégie d’accompagnement de la liquidation du groupe que les élus locaux et les salariés vous appellent afin de tout mettre en œuvre pour assurer la viabilité du groupe, protéger l’intégralité de ses emplois et de ses activités et ouvrir de nouvelles perspectives de développement.

L’État doit jouer tout son rôle afin de permettre au groupe de sortir des logiques financières mortifères qui l’ont conduit dans l’abîme. Il doit jouer un rôle actif d’incitation et de protection des salariés comme de l’économie et créer les conditions pour que Casino redevienne le fleuron économique national qu’il a été, au service des consommateurs partout sur le territoire.

Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma haute considération.


Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire national du PCF,

Le 27 décembre 2023.

Biodéchets : les collectivités locales pas encore au rendez-vous


 La mise en place d’un système de tri et de valorisation des biodéchets dans toutes les municipalités d’ici à 2024 n’est pas encore une bataille gagnée. Si, dans quelques villes, des bacs de collecte collectives et des ramassages d’ordures ont fleuri ces dernières années, une petite partie seulement des communes propose aujourd’hui un centre de tri des biodéchets. Ce tri représente pourtant un point central dans la lutte pour la réduction des déchets.

Collecte en porte-à-porte, apport dans des bornes spécialisées, bac de compostage individuel… À compter du 1er janvier 2024, les ménages auront l’obligation de trier leurs déchets alimentaires et les déchets verts de jardin afin qu’ils soient valorisés en solutions de compostage par les collectivités. Cette mesure fait partie de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (loi Agec), adoptée en 2020, qui vise à lutter contre le gaspillage alimentaire.

Les biodéchets, de quoi parle-t-on ?

On appelle « biodéchets » les déchets organiques putrescibles : les déchets alimentaires tels que les restes de repas, de préparations (épluchures) ou les produits périmés non consommés et les déchets issus de l’entretien des parcs et jardins ou « déchets verts » (tontes de pelouse, feuilles mortes, tailles d’arbustes, haies et brindilles, etc.). Un tiers du contenu des poubelles ménagères des Français est constitué de déchets organiques, soit 83 kg de déchets résiduels par habitant et par an selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).

D’après l’association Zero Waste France, « on parle de 5 millions de tonnes par an de déchets, qui finissent aujourd’hui brûlés ou en décharge avec des pollutions extrêmes ». Incinérés, ces déchets, majoritairement composés d’eau, « entraînent une combustion contre nature émettant des dioxines (des polluants persistants) et des gaz à effet de serre, détaille l’ONG. Enfouis, ils fermentent et leur décomposition ne s’effectue pas dans de bonnes conditions, conduisant à d’importantes émissions de méthane, un gaz au pouvoir de réchauffement global supérieur à celui du CO2. »

Que prévoit la loi Agec ?

Concrètement, les collectivités doivent fournir à leurs administrés une solution pour évacuer leurs restes alimentaires de la poubelle, soit en mettant en place des points d’apport volontaire (pour 250 habitants en zones rurales ou dans un rayon de 150 mètres autour des habitations dans les communes urbaines), des compostages de proximité ou une collecte en porte-à-porte. Celle-ci impliquant d’équiper les ménages d’un bac de collecte spécifique et d’organiser un ramassage au moins une fois par semaine. Le compostage individuel est aussi une possibilité, mais il n’y aura aucune obligation.

Comment ce tri sera-t-il proposé ? Quels sont les objectifs ? Que se passera-t-il en cas de non-respect des collectivités ? D’après un avis publié le 9 décembre dernier au « Bulletin officiel » de la transition écologique, les solutions peuvent être déployées de manière complémentaire selon les territoires. Et le ministère semble laisser une large marge de manœuvre aux collectivités. « Pour des motifs liés à l’accessibilité, à la qualité et à la performance du geste de tri, la collecte en porte-à-porte est, dans la mesure du possible, privilégiée », indique-t-il.

Bien qu’il soit question d’obligation au 1er janvier, il suffira que la commune ait décidé de lancer « une étude de préfiguration » au plus tard le 31 décembre 2023 pour qu’on considère qu’elle est déjà impliquée dans une démarche de tri à la source. Aucune sanction ni objectif de résultat ne sont prévus pour le moment. Quant aux collectivités qui opteront pour les points d’apport volontaire, elles devront être « en mesure de justifier d’un taux de participation satisfaisant, en lien avec la bonne accessibilité de leur dispositif ».

Seulement un tiers des Français bénéficient d’une solution

Le problème, c’est qu’« on est très loin du compte », alertait il y a quelques semaines Juliette Franquet, la directrice de l’association Zero Waste France, expliquant que les collectivités locales ne sont pas prêtes. Alors que ce sont elles qui, en tant que responsables du service public de gestion des déchets, doivent fournir aux citoyens une solution de tri à la source des biodéchets.

« On estime à 6 à 7 millions le nombre de Français qui bénéficient de collectes sélectives », évalue Nicolas Garnier, le délégué général de l’association Amorce, qui accompagne les collectivités dans la gestion des déchets ménagers. Et selon l’Ademe, un tiers des Français pratiqueraient le compostage. Au total, cela fait une petite vingtaine de millions de Français, soit un tiers de la population, qui bénéficient d’une solution, variable selon les territoires, certains pouvant mixer les solutions.

Un surcoût qui repose essentiellement sur les collectivités

« On a fait semblant de croire qu’on allait réduire les déchets biodégradables gratuitement. Mais une bonne gestion, cela a un coût », assène Nicolas Garnier. Et de rappeler que les collectivités ont bien mené des études de faisabilité. Mais, en raison de l’explosion des coûts et des taxes dans la gestion de déchets, les collectivités locales ne seront pas au rendez-vous, en grande partie pour éviter une nouvelle hausse de la taxe et de la redevance d’enlèvement des ordures ménagères pour les Français. L’Ademe estime entre 15 et 25 euros par habitant le coût pour les collectivités de la mise en place d’une collecte séparée des biodéchets.

« On a fait semblant de croire qu’on allait réduire les déchets biodégradables gratuitement. Mais une bonne gestion, cela a un coût »

Nicolas Garnier, délégué général de l’association Amorce

La gestion coûte ensuite 21 euros par habitant et par an, en moyenne. « Alors que le coût de la gestion de la redevance sur l’enlèvement des déchets a énormément augmenté ces trois dernières années, de 1,5 à 2 milliards d’euros. Dans ce contexte, il est difficile de dire aux habitants que l’on va encore augmenter les impôts locaux… » Pour Amorce, la solution serait de quadrupler les aides de l’Ademe dans les trois années à venir. « Ce surcoût aurait dû être compensé par l’État. Or, l’État ne donne que 5 % du surcoût. C’est aux collectivités de financer 95 % de ce surcoût. Alors qu’à l’autre bout de la chaîne, on n’impose pas aux éco-organismes d’atteindre des objectifs de recyclage », conclut Nicolas Garnier.

jeudi 28 décembre 2023

Voiron. Le PCF, la CGT et Ras l’Front n’étaient pas les bienvenus à la foire de la Saint-Martin 2023


 

Le barnum de l’union locale CGT le vendredi 10 novembre, à la foire de la Saint-Martin, à Voiron.

De l’interdiction pure et simple aux difficultés administratives en passant par la destruction du stand de la CGT, la foire de la Saint-Martin n’a pas été un long fleuve tranquille, cette année. On se souviendra que le maire de Voiron avait parrainé la candidature d’Eric Zemmour lors de la dernière élection présidentielle.

Le stand de Ras-l’front interdit, celui de la CGT vandalisé, le stand du PCF empêché… que s’est-il passé à Voiron, lors de la foire de la Saint-Martin de novembre dernier ? Ces trois organisations ont pourtant pignon sur rue à la foire, et depuis des années. Mais, en 2023, la municipalité a décidé de voir les choses autrement.

Pour l’Association antiraciste, antifasciste RLF Voiron Isère – Réseau de lutte contre le fascisme – (ex Ras l’front), c’est simple. La ville a purement et simplement refusé d’autoriser sa présence à la foire. Le prétexte étant que cette association poursuit un but politique et n’est pas organisée nationalement. Bien que présente sur la foire depuis une trentaine d’années. L’association commente : « Nous ne pouvons ignorer le contexte politique actuel, dans lequel le maire de Voiron a publiquement soutenu et parrainé M. Éric Zemmour lors des dernières élections présidentielles. RLF Voiron est d’autant plus déterminée à continuer son action localement en faveur de l’égalité, de la lutte contre le racisme et les discriminations et à faire entendre sa voix malgré les obstacles qui nous sont imposés ».

Le coup de la responsable injoignable

Plus subtil en ce qui concerne le PCF. De fait, il est assez connu que ce parti est organisé nationalement. Là, c’est un courrier qui n’est jamais arrivé. Courrier de la ville qui informait la section communiste que, cette année, il fallait payer l’emplacement. Les communistes sont présents à la foire depuis des décennies, leur stand est gratuit comme celui de toutes les associations organisées à Voiron, y compris celles qui ont une activité lucrative pendant la foire pour financer leurs activités. Le courrier n’étant pas arrivé, la municipalité n’ayant tenté aucune démarche pour joindre Nadine Coquillat, la secrétaire de la section communiste – bien connue en ville et dont les coordonnées figuraient comme chaque année dans la fiche de réservation de l’emplacement transmise à la ville – les communistes se sont vus, eux aussi, interdits de foire. Au dernier moment, la tenue d’un stand d’information a été remplacée par une distribution de tracts sur les propositions communistes pour une maîtrise du coût de l’énergie.

CGT Isère liberté syndicale

Le barnum de la CGT au matin du samedi 11 novembre.

Pour l’union locale CGT, la mise en cause de l’activité syndicale dans la foire de la Saint-Martin s’est réalisée en plusieurs étapes. A l’ouverture de la foire, l’emplacement habituellement dévolu à la CGT, à proximité de la bourse du travail – la CGT avait dû cette année s’acquitter d’un paiement –, avait été attribué à un commerçant. Il a fallu transporter le matériel pour rejoindre l’emplacement imposé en 2023. Le premier jour de la foire, les syndicalistes ont été sommés de réduire le volume de leur sonorisation. Ils avaient pourtant été installés en face d’un espace de restauration dont la sonorisation était nettement plus gaillarde.

Le « meilleur » reste à venir. Dans la nuit du vendredi au samedi 11 novembre, le stand était carrément détruit. On ne connaît pas les auteurs de cette agression, plainte a été déposée. Comme cette plainte déposée en 2019 pour les mêmes faits et… restée sans suite.

Le stand vandalisé et l’emplacement aussitôt réattribué

Mais l’histoire n’est pas terminée. Au matin du samedi, lorsque les militants de la CGT se sont rendus là où ils imaginaient retrouver leur stand, l’emplacement avait été réattribué par les agents de la ville et ce qui restait du matériel syndical embarqué par les services municipaux. Histoire de « faire propre », sans doute. Les syndicalistes ne s’en sont pas laissés compter et ils ont poursuivi leurs activités sur ce même emplacement.

Bref, la barque est chargée. Après avoir consulté ses syndicats, l’union locale CGT s’est adressée mi-décembre au maire de Voiron par une lettre ouverte signée de son secrétaire général, Guy Manin. On peut notamment y lire que « tout cela fait beaucoup et nous porte à croire que notre union locale CGT n’est plus, pour votre municipalité, la bienvenue sur cet événement alors que nous y sommes présents depuis plusieurs années ». A la suite de ce courrier, l’union locale sera reçue le 17 janvier à la mairie de Voiron.

On peut imaginer que la foire de la Saint-Martin 2024 sera préparée dans le détail par les organisations progressistes de Voiron.

Guerre à Gaza : le réquisitoire du pasteur de Bethléem


 Dans un sermon puissant, le révérend luthérien palestinien Munther Isaac a saisi l’occasion de la messe de Noël, le 25 décembre 2023, pour fustiger l’Europe, les États-Unis et sa propre Église, « complices du génocide en cours à Gaza ».

« Si Jésus naissait aujourd’hui, il naîtrait à Gaza au milieu des décombres. Nous sommes en colère. Nous sommes brisés. Cela aurait dû être un moment de joie ; au lieu de cela, nous sommes en deuil. Nous avons peur. Plus de 20 000 morts dont des milliers sont toujours sous les décombres. Près de 9 000 enfants morts dans les conditions les plus brutales. Jour après jour, 1,9 million de déplacés, des centaines de milliers de maisons détruites. Gaza, telle que nous la connaissons, n’existe plus. C’est une annihilation. C’est un génocide.

Les habitants de Gaza envoient des images en direct de leurs propres exécutions. Peut-être que le monde s’en soucie mais cela continue. Cela pourrait-il être notre destin, ici à Bethléem ? À Ramallah ? À Jénine ? Nous sommes tourmentés par le silence du monde. Les dirigeants du prétendu monde libre ont fait la queue les uns après les autres pour donner le feu vert à ce génocide contre une population captive. Ils l’ont couvert. Ils ne se sont pas seulement assurés de régler l’addition par avance, ils ont travesti la vérité et le contexte.

Cette guerre nous a confirmé que le monde ne nous considère pas comme égaux. Peut-être est-ce en raison de la couleur de notre peau. Peut-être est-ce parce que nous sommes du mauvais côté de l’équation politique. Même notre filiation dans le Christ ne nous a pas protégés. Ils ont donc dit : s’il faut tuer 100 Palestiniens pour venir à bout d’un seul “militant du Hamas”, ainsi soit-il. L’hypocrisie et le racisme du monde occidental sont transparents et épouvantables. Ils envisagent toujours le mot de “Palestiniens” avec suspicion et réserve. De l’autre côté, malgré un bilan clair de désinformation, de mensonges, les paroles sont toujours réputées infaillibles.

À nos amis européens, je ne veux plus jamais vous entendre nous donner des leçons sur les droits de l’homme ou le droit international. Nous ne sommes pas blancs, je suppose que (le droit) ne s’applique pas à nous, selon votre logique. Dans l’ombre de l’empire, ils ont transformé le colonisateur en victime et le colonisé en agresseur. Avons-nous oublié que l’État auquel il parle a été bâti sur les ruines de villes et de villages de ces mêmes Gazaouis ?

Nous sommes indignés par la complicité de l’Église (protestante – NDLR). Soyons clairs : le silence est complicité, et les appels vides à la paix sans appel au cessez-le-feu et à la fin de l’occupation, de même que les paroles superficielles d’empathie sans action directe relèvent tous de la complicité.

Gaza est devenue la boussole morale du monde. Si vous n’êtes pas consterné par ce qui se passe, si vous n’êtes pas profondément ébranlé, votre humanité sonne faux.

Nous nous relèverons comme nous l’avons toujours fait. Mais j’ai de la peine pour vous qui êtes complices. Vous en remettrez-vous un jour ? Nous n’accepterons pas vos excuses après le génocide. Regardez-vous dans le miroir et demandez-vous : “Où étais-je lorsque Gaza subissait le génocide ?” Répétons au monde : arrêtez ce génocide maintenant. Ceci est notre appel, notre plaidoyer, notre prière. »