Dans le cadre de l’hommage rendu au groupe Manouchian, une
projection du documentaire "Les FTP-MOI dans la Résistance" de Mourad
Laffitte et Laurence Karsznia, aura lieu à Échirolles, le vendredi 28 février à
20 h (salle de conférence de la maison des associations, place de la
Libération), dans le cadre de la Semaine de l’Affiche rouge.
vendredi 28 février 2014
Quatrième paquet ferroviaire : Envers et contre tout, ils poursuivent la libéralisation du rail
Par Marie-Christine Vergiat, députée européenne Front de Gauche
Le Parlement européen a voté ce mercredi 26 février à
Strasbourg le "quatrième paquet ferroviaire", soit un ensemble de 6
directives et règlements poursuivant la libéralisation du rail.
Les trois "paquets" précédents ont déjà fait
exploser les prix pour les usagers, mis en danger leur sécurité et renforcé la
concurrence et la compétitivité au détriment des services publics.
La coopération dite transfrontalière privilégie chaque jour
plus les grandes lignes type TGV aux petites lignes déjà fragiles.
Présente la semaine dernière à Breil-sur-Roya, j’ai
rencontré les usagers de la ligne Nice-Vintimille dans la vallée de la Roya,
victimes de ces politiques. Un éboulement a eu lieu sur la ligne et on laisse
les choses en l’état.
Agiraient-ils de même sur une ligne TGV ?
Poser la question, c’est donner la réponse.
Les usagers ne sont déjà plus égaux devant le service public
ferroviaire.
Par ce vote, le Parlement européen a entériné la poursuite
de ces politiques et la GUE-NGL s’est sentie bien seule pour s’y opposer.
Rien n’est cependant perdu car il ne s’agit que d’un vote en
première lecture, les parlementaires européens élus le 25 mai auront à prendre
position sur ce texte.
Le Front de Gauche était aux côtés des syndicats hier pour
dénoncer cette nouvelle vague de libéralisation, continuons dans les semaines
qui viennent cette mobilisation, pour mettre les services publics au cœur du
débat des élections européennes.
jeudi 27 février 2014
Rentiers de tous les pays, réjouissez-vous!
Par Jack Dion
En ces temps où l’ennemi à abattre, c’est la valeur travail
et son insupportable « coût », la
nouvelle est passée inaperçue. C’est dommage, car elle vaut son pesant de
bonus. Selon une étude de Henderson rapportée par Les Echos (24 février), pour
la première fois, les dividendes versés dans le monde ont dépassé les 1000
milliards de dollars pour atteindre 1030 milliards de dollars. Champagne !
En soi, le résultat est impressionnant, mais la tendance
l’est encore plus. En effet, alors que l’on rebat les oreilles de la crise, des
efforts à fournir, des sacrifices à partager, des boulons à visser, des
bretelles à remonter, des ceintures à resserrer et des vestes à retourner, que
constate-t-on ? Que les dividendes ont progressé de 43% depuis 2009.
En somme, bourrasque ou pas, dérèglement ou pas, les
rentiers et leurs familles se portent comme les oligarques d’Ukraine ou
d’ailleurs. Ils prélèvent une véritable dime sur l’entreprise.
Et les actionnaires bien de chez nous, les riches de souche
hexagonale, comment vont-ils ? Bien, très bien, merci pour eux. Avec 50
milliards de dollars de dividendes versés en 2013, la France se situe en
troisième place, juste derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Autrement
dit, une fois que l’on enlève les deux principales places financières de la
planète (Wall Street et la City), Paris
est la ville de toutes les opportunités pour actionnaires en mal de rentabilité.
C’est bon à savoir, vu ce que l’on entend sur la santé des
entreprises écrasées par les « charges » (celle du travail, pas du capital,
dont on ne parle jamais), l’avenir des riches tondus par le fisc, le sort des
malheureuses banques, et le manque d’« attractivité » d’un pays boudé par les
capitaux, au point que le président de cette drôle de République en est à faire
des risettes au président du Medef sans obtenir le moindre remerciement en
retour.
En fait, les chiffres précités ne font que confirmer les
résultats récents du CAC 40. Selon les dernières statistiques, les profits de
ces ténors sont passés de 59,8 milliards d’euros en 2012 à 73,6 milliards en
2013 (+23%), et devraient atteindre 87,3 milliards (+19%) au terme de cette
année.
Dans un pays où l’on nous explique jusqu’à plus soif que les
caisses sont vides, voilà une musique dissonante. Imaginons une seconde le
concert auquel on aurait eu droit si, par hypothèse absurde, les grosses
légumes du CAC 40 avaient annoncé des pertes. Seulement voilà. Depuis 2007,
nonobstant la crise dont ils sont mes premiers responsables, Nos Amis de la
Bourse ont toujours obtenu des résultats positifs - inégaux, certes, mais
positifs.
Ukraine : Deux oligarchies face à face
L’avenir de l’Ukraine n’est pas écrit, le séparatisme
menace. La Russie et l’Union Européenne doivent se parler et ne pas mettre
l’Ukraine dans ce choix cornélien de l’un ou l’autre « bloc ». L’Ukraine par sa
position géographique, sa structure économique et son histoire doit être un
pont entre la Russie et l’Europe occidentale. Mais aucun gouvernement ne pourra
longtemps survivre en agitant la seule fibre nationaliste, il faudra qu’il
réponde aux exigences sociales légitimes des ukrainiens qu’ils soient
russophones ou ukrainophones. Une constitution plus démocratique, le retour du
mode électoral proportionnel, l’arrêt des règlements de compte politiques, la
lutte contre la corruption d’où qu’elle vienne, l’unité du pays, voilà des
revendications que nous soutenons avec le PC ukrainien.
L'Ukraine ne doit pas devenir le champ de manœuvre d'une «
guerre froide larvée » entre l'UE, la Russie et les États Unis. On ne peut
admettre le chantage comme mode de dialogue diplomatique.
Gilles Garnier, responsable Europe du PCF
mardi 25 février 2014
18 mars une journée interprofessionnelle de mobilisation (CGT, FSU, Solidaires, FO)
Les organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires se
sont rencontrées le 21 février 2014.
Face à la situation sociale vécue par les salariés du privé
et du public, les privés d’emploi et les retraités de notre pays, elles
décident de faire du 18 mars une journée interprofessionnelle de mobilisation
massive. Elles les appellent à prendre toute leur place dans cette journée
d’action tant sur leur lieu de travail que dans les territoires.
Elles invitent à rechercher l’unité d’action la plus large
pour exiger des mesures urgentes en faveur des salaires, de l’emploi, de la
protection sociale et du service public.
La stagnation du SMIC et le gel du point d’indice des
fonctionnaires sont intolérables et handicapent gravement la relance
économique. L’augmentation des salaires dans le public comme dans le privé est
donc une priorité.
Les entreprises reçoivent plus de 172 milliards d’aides
publiques sous la forme d’allègements ou d’exonérations fiscales et sociales,
sans aucune conditionnalité ni évaluation de l’efficacité de ces aides en
matière d’emploi et d’investissements et sans contrôle. L’ensemble de ces aides
doit être remis à plat et évalué économiquement et socialement.
La relance de l’emploi passe par un plan socialement utile,
d’investissements industriels, de sécurisation de l’emploi pour les salariés,
de création d’emplois de qualité, de relance du pouvoir d’achat et de
développement des services publics.
Nos organisations considèrent que les annonces liées au
pacte de responsabilité, et en particulier les 50 milliards d’euros d’économies
programmées, répondent d’une logique inacceptable d’austérité et attaquent
inévitablement le financement des services publics, de la protection sociale et
de la solidarité nationale alors que les besoins sociaux augmentent.
Nos organisations réaffirment que la protection sociale est
un droit universel. Celle-ci est partie intégrante du salaire socialisé.
Supprimer la cotisation des entreprises à la branche famille conduit de fait à
le diminuer. Elles s’opposent au transfert du financement de la branche famille
des entreprises vers la fiscalité des ménages (y compris par la fiscalité
locale). Elles réaffirment leur attachement aux droits familiaux financés par
la branche famille de la sécurité sociale. C’est un des éléments qui concourt à
l’égalité entre les femmes et les hommes en favorisant l’accès au travail des
femmes.
Les organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires
appellent l’ensemble des salariés, chômeurs et retraités à se mobiliser et à
participer massivement aux actions interprofessionnelles de manifestations,
rassemblements et grève du 18 mars.
Les ouvriers, ces travailleurs invisibles des temps modernes
Existe-t-il encore une classe ouvrière ? Oui et non. On
dénombre encore 6 millions d’ouvriers mais ils sont quasi invisibles. À
l’occasion du festival Filmer le travail, organisé à Poitiers mi-février, la
question de la «représentation» des ouvriers a été mise en débat. Éclairage.
Dans la préface de leur ouvrage, Retour sur la condition
ouvrière, Michel Pialoux et Stéphane Beaud rapportaient après avoir interrogé
des étudiants en sociologie que ceux-ci estimaient le nombre d’ouvriers en
France à 10 % de leur effectif réel. Une estimation largement erronée : leur
nombre est encore d’environ 6 millions. Soit un actif sur quatre. Qui plus est,
les traits « caractéristiques » de la condition ouvrière perdurent : précarité
de l’emploi et de l’existence, travail pénible, faible perspective de
promotion, atteintes à la santé, espérance de vie réduite… Pourtant, cette
catégorie semble devenue invisible sur les scènes médiatique, politique et
culturelle. Pour preuve, elle n’occupe que 2 % seulement de l’espace
médiatique, selon l’Observatoire des inégalités.
En un peu plus d’un demi-siècle, la France est passée d’une
économie fondée sur l’agriculture et l’artisanat à une industrie dominante
avant de connaître un développement des services. Dans le même temps s’est
amorcé « le déclin de la population active des ouvriers au profit des employés
et des cadres », analysait il y a quelques jours Henri Eckert, sociologue du
travail, à l’occasion d’une journée de débat sur « le monde ouvrier en image »
organisée dans le cadre du festival Filmer le travail, qui s’est tenu du 7 au
16 février à Poitiers. Et bien qu’ils demeurent l’un des groupes sociaux les
plus importants aujourd’hui encore, les ouvriers ne forment plus une catégorie
homogène, dotée d’une identité forte.
« Pour les médias, les ouvriers ont disparu, analyse Roger
Cornu, sociologue. Les pourcentages sont trompeurs. Le nombre d’ouvriers n’a
quasiment pas changé. Ce qui a changé, c’est la taille de la population active.
Et alors que dans les années 1950 les ouvriers étaient concentrés dans de
grosses entreprises, depuis les années 1990, plus de la moitié travaillent dans
des entreprises de moins de 50 salariés.» « Aujourd’hui, on ne parle des
ouvriers que lorsque des usines ferment ou quand on les accuse de voter Front
national, alors même qu’une grande majorité d’entre eux est abstentionniste »,
corrobore le sociologue Martin Thibault. « On parle des ouvriers quand ils
menacent de tout faire sauter, on parle d’eux en montrant leurs mines fatiguées
sur fond de fumées noires. Pourquoi continuer à montrer les ouvriers dans ces
seules circonstances ? Pour faire peur ? » interroge Henri Eckert.
lundi 24 février 2014
"Pacte de responsabilité" : le Medef déroule son programme (CGT)
Depuis l’annonce du « Pacte de responsabilité », propose par
le Président de la République au MEDEF comme un pacte pour l’emploi,
celui-ci était sommé d’afficher ses
engagements. Il vient de le faire en réussissant le tour de force de ne
présenter aucune proposition qui concerne l’emploi. Il encaisse le chèque de 30 milliards de
suppression de la cotisation famille, et confirme les 20 milliards du Crédit
Impôt Compétitivité Emploi.
Il ne prend aucun engagement, ni en termes d’emplois (un
million d’emplois en 5 ans, c’est le rythme naturel de création d’emplois !) ni
en termes de relance de l’investissement (renouveler les capacités de
production, c’est le fonctionnement normal d’une entreprise !).
En focalisant sur les engagements du gouvernement dans le
cadre du « Pacte de responsabilité », le MEDEF cherche à échapper à
l’évaluation et au contrôle de l’enveloppe globale des 230 milliards d’euros
d’aides publiques aux entreprises, sous forme d’exonérations sociales et
fiscales. Cela au moment où il exhorte
les chômeurs à justifier du moindre euro dépensé dans le cadre de l’assurance
chômage.
Le MEDEF ne s’engage sur rien, échappe à ses responsabilités
et refuse de rendre des comptes, osant même appeler à un moratoire sur les lois
qui « stressent les patrons ».
L’injonction faite aux parlementaires d’un moratoire
législatif n’est ni plus ni moins que la remise en cause de la légitimité de la
représentation nationale à produire des lois. C’est la cohésion nationale et le respect des
droits des salariés et de leurs représentants qui sont visés. Dans le
collimateur de l’organisation patronale : les avancées acquises et votées sur
la pénibilité, l’apprentissage, les stages, les contrats de générations pour
les PME, la consultation du comité d’entreprise en cas de revente de
l‘entreprise.
C’est insupportable.
Le « Pacte de responsabilité » donne l’occasion au MEDEF de
dérouler son programme. Le projet soumis à discussion n’est rien d’autre
que sa feuille de route !
Lors de la réunion entre représentants patronaux et
syndicats le 28 février prochain, il sera impératif de changer de cadre. La CGT
y portera des propositions en faveur de l’emploi, des salaires, et de la
protection sociale.
Pour que soient mises à l’ordre du jour des négociations
avec les représentants des employeurs, des mesures en faveur des salaires, de
la reconnaissance des qualifications, de la protection sociale et de l’emploi
stable et de qualité, il est indispensable que les salariés investissent le
terrain social. La CGT les invite à se mobiliser dans les prochaines semaines
et notamment le 18 mars et le 4 avril.
Marché transatlantique : c’est trop grave ! Le peuple doit être consulté.
Par Patrick Le Hyaric
C’est sans doute la ministre, Mme Fleur Pèlerin, qui a le
mieux caractérisé le sens du voyage d’état de F. Hollande aux Etats-Unis. Il
était « venu donner des preuves d’amour aux patrons ». Et le peuple alors ? A
quel sentiment a-t-il droit ? De fait, en faisant participer M. Gattaz au dîner
d’Etat, en se rendant auprès du grand patronat à San Francisco et en donnant
l’accolade au leader du mouvement de novembre 2012, dit des « pigeons », opposé
à l’impôt sur le capital, le Président de la République a malheureusement une
nouvelle fois montré quels intérêts il servait. Nous en sommes au point où la
droite n’a même plus le loisir de critiquer les choix économiques, sociaux et
internationaux actuels, puisque ses idées sont mises en œuvre. M. Copé et
d’autres en sont réduits à la surenchère jusqu’à commenter bêtement la qualité
de livres pour enfants et à faire courir des rumeurs sur feu la loi sur la
famille ou cette fumeuse prétendue « théorie du genre » à l’école.
Au cours du voyage présidentiel aux Etats-Unis, n’ont jamais
été évoqués : ni les affaires d’espionnage par la NSA, ni le sort de Snowden et
d’Assange, ni Guantanamo, ni les enjeux du désarmement pas plus que les
largesses fiscales dont bénéficient des groupes comme Google. Par contre, le
Président de la République a de fait poursuivi sa mue, se dépouillant
définitivement des quelques oripeaux sociaux-démocrates qui l’encombraient
encore. En appelant à « accélérer les négociations sur le projet de marché transatlantique,
pour une conclusion rapide », M. Hollande a donné satisfaction aux
organisations patronales allemandes et au Medef qui, dans une déclaration
commune, le réclamaient. Tout comme à « l’European américan business concil »
(EABC) ou conseil des affaires Europe – Amérique qui regroupe des dizaines de
grandes sociétés industrielles et bancaires et au « Transatlantic business
Dialogue » qui, côté américain comme européen, réunit les principales firmes
transnationales.
Jamais jusqu’ici, le Président de la République n’a parlé en
France du projet de marché unique transatlantique à la télévision ou au cours
d’une réunion publique. Voici qu’il le fait aux Etats-Unis devant M. Obama et
le monde des affaires, après avoir cosigné, le jour de son arrivée sur le
continent nord-américain, une tribune commune avec le président nord-américain.
Ce projet est extrêmement dangereux pour nos vies
quotidiennes. Il poursuit plusieurs buts : tenter de faire face à la crise des
débouchés que provoquent les politiques d’austérité en attisant la guerre
économique pour offrir des « marchés » d’exportation aux grandes firmes en
éliminant toutes les barrières douanières et surtout en harmonisant vers le bas
toutes les règles du commerce et les normes sociales, sanitaires, alimentaires
ou environnementales. Toutes les mesures de protection sociale comme le salaire
minimum garanti, les précautions sanitaires, la qualité de l’alimentation, les
services publics, la création culturelle, la protection des consommateurs, les
droits d’auteurs, l’épargne, seraient alignées sur des « règles mondiales
édictées par le grand capital international » pour augmenter encore ses marges
et ses profits.
samedi 22 février 2014
Ukraine :: « La très grande majorité des Ukrainiens ne veut pas de cette nouvelle guerre civile »
Solidaire a interrogé Jean-Marie Chauvier pour mieux
comprendre la situation actuelle de l’Ukraine. C’est un journaliste et
essayiste belge, spécialiste de l’Ukraine et de l’ex Union soviétique.
Connaissant ces pays et la langue russe de longue date, il collabore
aujourd'hui au « Monde diplomatique » et à d’autres journaux et sites internet.
Quels sont les problèmes économiques qui se posent à la
population ukrainienne, principalement aux travailleurs, aux petits paysans et
aux chômeurs ?
Jean-Marie Chauvier. Depuis le démembrement de l’Union
soviétique en 1991, l’Ukraine est passée de 51,4 à 45 millions d’habitants.
Cette diminution s’explique par une baisse de la natalité, une augmentation de
la mortalité due en partie au démantèlement des services de santé. L’émigration
est très forte. 6,6 millions d’Ukrainiens vivent maintenant à l’étranger.
Nombreux sont les gens de l’est de l’Ukraine qui sont partis travailler en Russie
où les salaires sont sensiblement plus élevés, tandis que ceux de l’ouest se
sont plutôt dirigés vers l’Europe occidentale, par exemple dans les serres de
l’Andalousie ou dans le secteur de la construction au Portugal. L’émigration
fait rentrer annuellement, en Ukraine, 3 milliards de dollars.
Alors que le chômage est officiellement de 8 % en Ukraine,
une partie importante de la population vit en dessous du seuil de pauvreté : 25
%, selon le gouvernement, jusqu’à 80 % selon d’autres estimations. L’extrême pauvreté,
accompagnée de sous-alimentation, est estimée entre 2 à 3 % jusqu’à 16 %. Le
salaire moyen est de 332 dollars par mois, un des plus bas d’Europe. Les
régions les plus pauvres sont les régions rurales à l’ouest. Les allocations de
chômage sont faibles et limitées dans le temps.
Les problèmes les plus pressants sont accentués par les
risques liés à la signature d’un traité de libre échange avec l’Union
européenne et l’application des mesures préconisées par le FMI. Il y a ainsi la
perspective de fermeture d’entreprises industrielles, surtout à l’Est, ou leur
reprise-restructuration-démantèlement par les multinationales. En ce qui
concerne les terres fertiles et l’agriculture, se pointe à l’horizon la ruine
de la production locale qui est assurée actuellement par les petits paysans et
les sociétés par action, héritières des kolkhozes et par l’arrivée en grand des
multinationales de l’agro-alimentaire. L’achat massif des riches terres
s’accélérera. Ainsi Landkom, un groupe britannique, a acheté 100 000 hectares
(ha) et le hedge fund russe Renaissance a acheté 300 000 ha (Ce dernier chiffre
correspond au cinquième des terres agricoles belges, NdlR).
Pour les multinationales, il y a donc de bons morceaux à
prendre : certaines industries, les oléoducs et gazoducs, les terres fertiles,
la main d’œuvre qualifiée.
Pour les multinationales, il y a donc de bons morceaux à
prendre : certaines industries, les oléoducs et gazoducs, les terres fertiles,
la main d’œuvre qualifiée.
Quels seraient les avantages et les désavantages d’un
rapprochement avec l’Union européenne ?
Stratégie de la tension au Venezuela
Par Maurice Lemoine
Tout commence, en apparence, dans l’Etat de Táchira. Le 6
février, au terme d’une manifestation théoriquement convoquée pour protester «
contre l’insécurité », un groupe de quelque 80 étudiants cagoulés incendie la
guérite de la résidence du gouverneur, brise le portail et s’en prend
violemment au bâtiment, avec un solde de onze blessés, dont neuf policiers.
Dans les jours qui suivent, réclamant la libération des personnes arrêtées lors
de ces désordres, d’autres manifestations se déroulent dans l’Etat de Mérida,
débouchant à leur tour sur des actes de violence et de nouvelles détentions. Le
12 février, les événements s’emballent et prennent une tournure dramatique : à
Caracas, une nouvelle démonstration se termine, devant l’immeuble du Ministère
public (le siège du pouvoir judiciaire), par de violentes échauffourées qui
font trois morts par armes à feu et plus de 60 blessés.
Les chocs entre « étudiants » et forces de l’ordre
reprennent de plus belle le 15 février, près du Parque del Este, dans la
capitale, où la journée de « protestation civique » se termine par de multiples
dégradations et la mise à sac, par des groupes de choc, de stations de métro
[1]. Le lendemain, c’est sur la place Altamira – bastion emblématique de
l’opposition depuis la tentative de coup d’Etat d’avril 2002 contre Hugo Chávez
– et devant les locaux de la chaîne nationale Venezolana de Televisión que les
contestataires établissent leurs quartiers, avec, en corollaire, pour leur
répondre, un classique déluge d’armes non létales – gaz lacrymogènes et balles
en caoutchouc.
Ce qui, quelques jours auparavant, avait débuté comme une
banale fronde étudiante a, entre temps, changé de nature. Avec pour chefs de
file Leopoldo López, coordinateur national du parti Volonté populaire et
ex-maire de Chacao (un quartier chic de Caracas), la députée María Corina
Machado, très appréciée dans les secteurs les plus radicaux, ainsi que le maire
« social-démocrate » du grand Caracas, Antonio Ledezma, les dirigeants de
l’opposition appellent au soulèvement contre le régime « autoritaire », «
corrompu » et « incompétent » du président Nicolas Maduro. Ce que d’aucuns
nomment déjà avec gourmandise « le printemps vénézuélien » vient-il de
commencer ?
vendredi 21 février 2014
21 février 1944 : L'Affiche rouge
Photos prises au lieu de mémoire sur les bords de seine d'Evry.
Le 21 février 1944, les murs de Paris se couvrent de grandes affiches rouges. Elles font état de l'exécution au mont Valérien de 23 «terroristes» membres d'un groupe de FTP (francs-tireurs partisans), qualifiés d'«armée du crime».Le chef de ce groupe de résistants s'appelle Missak (Michel) Manouchian. Il est né en Arménie 36 ans plus tôt et a perdu son père dans le génocide arménien.Quand il arrive en France, en 1924, il apprend le métier de menuisier et adhère au syndicat communiste, la CGTU. Il écrit par ailleurs des poèmes et se consacre à la littérature et à l'étude. Au Parti communiste, il fait partie du groupe MOI (Main-d'Oeuvre Immigrée). Pendant l'occupation allemande, il rejoint un petit réseau de résistants communistes, les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans-Main-d'Oeuvre Immigrée).La propagande nazie daube sur l'origine étrangère de Manouchian et de ses compagnons d'infortune (pour la plupart Arméniens comme lui ou juifs d'Europe de l'Est). Mais il n'est pas sûr que cette argumentation ait eu l'effet attendu sur l'opinion française si l'on en croit le beau poème de Louis Aragon...
Strophes pour se souvenir
Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans.
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Lire la suite
"A pôle emploi personne ne m'a redonné le sourire"
Dans "Le Postillon"
Avez-vous déjà fait attention au nombre de personnes qui poirotent tristement à 8h25, si ce n’est plus tôt, devant les agences Pôle emploi de Grenoble et de la cuvette ? Elles sont des dizaines à attendre chaque jour que les portes s’ouvrent à 8h30 pile poil, pour une première inscription, régler un problème administratif, consulter des offres sur les bornes internet ou tout simplement faire une photocopie gratuitement. Le département de l’Isère compte presque 80 000 chômeurs [1], ils méritaient bien qu’on s’intéresse un peu à eux. Le Postillon a donc envoyé un de ses parasites au charbon, parmi ceux, nombreux, qui traînent dans les couloirs de la rédaction. Il est allé observer ce qui se passait à l’accueil de Pôle emploi et a fait le pied de grue devant trois agences [2] pour recueillir les témoignages de ces pseudo-assistés qui espèrent encore trouver du travail en 2013.
Avez-vous déjà fait attention au nombre de personnes qui poirotent tristement à 8h25, si ce n’est plus tôt, devant les agences Pôle emploi de Grenoble et de la cuvette ? Elles sont des dizaines à attendre chaque jour que les portes s’ouvrent à 8h30 pile poil, pour une première inscription, régler un problème administratif, consulter des offres sur les bornes internet ou tout simplement faire une photocopie gratuitement. Le département de l’Isère compte presque 80 000 chômeurs [1], ils méritaient bien qu’on s’intéresse un peu à eux. Le Postillon a donc envoyé un de ses parasites au charbon, parmi ceux, nombreux, qui traînent dans les couloirs de la rédaction. Il est allé observer ce qui se passait à l’accueil de Pôle emploi et a fait le pied de grue devant trois agences [2] pour recueillir les témoignages de ces pseudo-assistés qui espèrent encore trouver du travail en 2013.
Une trentaine de personnes, pochette soigneusement calée
sous le bras pour certaines, s’engouffrent dans l’agence. À l’intérieur, c’est propre.
L’espace d’accueil est spacieux. Il y a là des bornes connectées au site
internet de Pôle emploi, une photocopieuse, deux bureaux et deux à trois agents
qui accueillent derrière leur ordinateur les demandeurs d’emploi qui patientent
sagement dans la file. Au mur est accroché le logo de Pôle emploi, un E collé
dans un rond qui, rappelons le, avait coûté pas moins de 500 000 euros en 2008
lors de la fusion des Assedic et de l’Anpe [3].
Les nouveaux inscrits disparaissent rapidement et vont
assister à une réunion collective dans une pièce adjacente, tandis que d’autres
attendent qu’un conseiller les appelle pour un « entretien personnalisé ». Les
agents d’accueil étudient les demandes de ceux qui restent encore dans la file.
Un homme est affalé sur un siège devant un ordinateur, il fait glisser, sans
conviction, la molette de la souris, puis s’immobilise. Il s’endort, l’écran
passe en mode veille, il se réveille et lentement reprend la consultation des
offres. Sur son bras, il a griffonné au stylo les références de l’une d’entre
elles. Une femme ordonne à son chien de rester dans le hall d’entrée. Docile,
l’animal obéit. Sa maîtresse poirote une demi-heure, puis, après quelques
signes d’impatience, décide de partir. Son chien la suit. Un homme, la cinquantaine,
nous interpelle : « Vous voulez pas m’aider à remplir mon dossier, je ne
comprends pas où mettre ces numéros ? »
jeudi 20 février 2014
Coût du capital
La CGT lance le débat sur le coût du capital et engage des
campagnes revendicatives sur les lieux de travail : pour l’emploi, les
salaires, les conditions et l’organisation du travail, la protection sociale,
l’industrie, les services publics…
La presse, la télévision, les patrons, le gouvernement nous
répètent à l’envie que« rémunérer le travail pénaliserait la compétitivité des
entreprises », que notre modèle social est un handicap dans la guerre
économique. Ils nous assènent cette pseudo « vérité » alors que les indicateurs
économiques montrent que nos entreprises souffrent d’un manque
d’investissement, d’une trop forte rémunération des actionnaires et d’une
consommation en déclin faute d’emplois et de salaires corrects. C’est cette
même pensée unique que les gouvernements et le patronat européens mettent en
œuvre par tous les moyens dans le seul but de réduire ce qu’ils appellent le «
coût du travail » : nos salaires directs ou nos salaires socialisés, c’est à
dire le financement de nos systèmes solidaires de protection sociale.
Parce que les "créateurs de richesses c’est nous",
la CGT lance dans une grande campagne intitulée "Répartir autrement, c’est
capital !" avec une première offensive sur les salaires. De nombreux
économistes reconnaissent désormais que l’austérité empêche la croissance et
provoque la récession. Le mode de croissance financier et libéral qui s’est
imposé depuis trente ans nous a précipité dans cette crise. C’est bien ce
modèle économique qui privilégie la rémunération des actionnaires au détriment
des salaires, de l’investissement, de la protection sociale et du bien commun
qu’il faut mettre en cause. Alors que le patronat et, hélas, le gouvernement
mettent en avant le "coût du travail" comme frein à la compétitivité,
la CGT estime que la revalorisation des salaires est indispensable et urgente
pour :
- répartir plus justement les gains de productivité et
favoriser la croissance de l’emploi ;
- maintenir et faire progresser le pouvoir d’achat ;
- atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes ;
- rémunérer les qualifications ;
- relancer l’économie.
Elle propose de :
- revaloriser immédiatement le Smic à 1 700 euros bruts ;
- la fin du gel de l’indice des fonctionnaires ;
- la résorption des inégalités femmes/hommes ;
- l’ouverture immédiate de négociations dans les entreprises
et les branches.
mercredi 19 février 2014
L’appel des femmes victimes du blocus de Gaza
AU SECOURS !
Nous, femmes palestiniennes de Gaza, qui sommes l’une des
composantes essentielles de la société palestinienne en général, sommes
maintenues dans l’isolement par la politique d’apartheid israélienne, et
souffrons depuis sept ans du blocus et de l’occupation de la bande de Gaza.
Nous vous lançons cet appel pour que vous nous aidiez à
faire cesser ce blocus injuste et inhumain. Un blocus qui nous affecte dans
tous les aspects de notre vie, en tant que femmes, mères, de même que dans
notre activité professionnelle.
Nous faisons partie de ces 1,8 million de Palestiniens
emprisonnés sur une superficie de 365 km2, qu’on essaie quotidiennement et systématiquement
de déshumaniser.
Ce blocus est une violation :
• De notre
droit à la vie, car nous continuons à être les cibles des fréquentes attaques
et agressions israéliennes, sans avoir la moindre possibilité de nous protéger
et de protéger nos familles contre les bombes larguées par Israël du haut de
ses avions.
• De notre
droit à la liberté de mouvement puisqu’on nous interdit de rendre visite à nos
parents dans les autres parties de la Palestine, comme de voyager à l’extérieur
de la plus grande prison du monde.
• De notre
droit à bénéficier d’une éducation correcte et de nous rendre dans l’ensemble
des universités palestiniennes.
• De notre
droit à la sécurité économique, puisqu’on nous appauvrit et on nous empêche
d’assurer une vie digne à nos familles.
• Notre
droit au travail puisque le blocus nous prive de toutes les opportunités, en
interne comme à l’exportation, et fait grimper le taux de chômage.
Notre vie est devenue un calvaire. Nous sommes désormais
privées d’éléments aussi vitaux que l’électricité, l’essence, l’eau potable.
Pouvez-vous imaginer cela ?
C’est pourquoi nous vous demandons de ne pas nous
abandonner, de prendre la mesure de la violation de nos droits humains les plus
fondamentaux et de nous montrer votre solidarité.
Femmes du monde entier, nous vous invitons à venir nous
rencontrer le 8 mars prochain, à l’occasion de la Journée internationale des
femmes, afin de constater par vous-mêmes la triste situation dans laquelle nous
a plongées ce blocus imposé par Israël.
Les handicapés, ces « assistés » que les conservateurs britanniques veulent remettre au travail
Par Ivan Du Roy
Sous prétexte de coupes budgétaires, le Royaume-Uni recourt
à des sociétés privées pour sous-traiter des missions auparavant réalisées par
son administration publique. La société française Atos s’est vue confier la
tâche de mettre en œuvre la réforme des pensions que perçoivent invalides et
handicapés. Et d’évaluer leur aptitude au travail. Résultat : malgré des
pathologies lourdes, plusieurs dizaines de milliers de bénéficiaires ont été
recalés et exclus de ce système de protection sociale. Les recours se
multiplient et la colère gronde contre les méthodes d’Atos.
Evaluer l’aptitude au travail des personnes invalides et
handicapées. Telle est la mission que le gouvernement britannique a confiée à
l’entreprise française Atos, dirigée par l’ancien ministre de l’Economie
Thierry Breton, à l’occasion d’une réforme de cette protection sociale, entamée
en 2011. Les 2,6 millions de personnes qui bénéficiaient de ces différentes
pensions d’invalidité et d’aides aux handicapés basculent dans un nouveau
système de prise en charge, l’Employment and Support Allowance (ESA), censé
simplifier et unifier l’ensemble de ces aides.
Ce n’est donc plus à l’administration britannique de
vérifier que les bénéficiaires des anciennes aides ne sont vraiment pas en
mesure de travailler, à cause de leur état de santé ou de leur handicap, et de
leur attribuer une pension en conséquence. Mais à Atos. Si une personne est
jugée apte, elle n’aura plus le droit de percevoir cette allocation – d’un
montant moyen de 500 euros mensuels pour une personne de plus de 25 ans. Elle
sera alors considérée comme demandeur d’emploi. Et pourra seulement prétendre à
une aide de 350 euros pendant six mois. Elle coûtera donc moins cher à la
sécurité sociale britannique... Gestion des prestations sociales, du droit
d’asile, des prisons (lire notre article), du système de justice : le
Royaume-Uni fait figure de pionnier européen pour confier la sous-traitance des
services publics à des sociétés privées.
mardi 18 février 2014
Une grande marche pour un sursaut de la gauche : "c'est à notre portée" (Pierre Laurent)
Les conditions pour un grand sursaut de la gauche face aux mobilisations de la droite et de l'extrême droite, face aux choix d'austérité du gouvernement et au pacte de responsabilité, se dessinent. Des forces diverses y travaillent. J'ai lancé pour ma part, lors de la venue d'Alexis Tsipras à Paris, l'idée d'une grande marche contre l'austérité en France et en Europe le 12 avril. Alexis Tsipras a dit son accord pour y participer.Clémentine Autain a proposé une réunion unitaire pour préparer une grande manifestation de rue.Le Front de gauche travaille à un appel de rassemblement large.La gauche du PS et les écologistes ont, quant à eux, marqué dans des déclarations récentes de fortes réserves sur le pacte de responsabilité et dit leurs inquiétudes sur l'évolution de la situation politique. Aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot proposent une marche nationale eux aussi le WE du 12-13 avril.Je pense que toutes ces forces devraient construire les conditions d'une mobilisation commune en confrontant leurs propostions sur les contenus, la date et les formes de cette grande mobilisation. C'est à notre portée.
Communiqué du Parti communiste français
Communiqué du Parti communiste français
« Le prolétariat des services est devenu invisible (..) Face aux patrons, c’est de la viande sur patte. »
Chaque matin à l’aube, 150 000 salariés de Belgique,
d’Allemagne et de France se rendent au Luxembourg. Cette migration quotidienne
de travailleurs frontaliers révèle les bouleversements économiques et sociaux
en cours dans une région située au coeur de l’Europe.
Au sein de l’Union européenne, la mobilité du travail n’a
pas la même cote que celle du capital... Avec Salariés sans frontières, le
documentariste Gilles Balbastre a exploré la région d’Europe qui a vu la
naissance de la sidérurgie : la Lorraine, le Luxembourg, la Wallonie et une
partie de la Ruhr. Il plonge dans l’univers de l’économie des services où
s’expérimentent les nouvelles formes de domination et d’exploitation du
salariat.
Mémoire des luttes publie, avec l’aimable autorisation de
Golias Hebdo, cet entretien de Gilles Balbastre réalisé par le journaliste
Olivier Vilain.
Olivier Vilain (OV) : Qu’avez-vous voulu montrer dans
Salariés sans frontières ?
Gilles Balbastre (GB)
: Mon idée, c’est de montrer les conditions de vie des gens de la région
qui a vu la naissance de la sidérurgie sur le continent européen. Celle-ci
comprend le Luxembourg, la Lorraine en France, la Wallonie en Belgique, la
Sarre et la Rhénanie-Palatinat en Allemagne. C’est la thèse universitaire
réalisée, il y a quelques années, par Pierre Rimbert, désormais
rédacteur-en-chef au Monde diplomatique, qui m’a mis la puce à l’oreille. C’est
le fil rouge en somme : qu’est devenu, après plus de trente ans de
désindustrialisation, ce bastion ouvrier, où les travailleurs étaient visibles,
organisés syndicalement et politiquement ? A l’époque, toute la région est
rouge, communiste quoi !, y compris dans le sud du Luxembourg. Cette plongée
dans cet univers de friches industrielles permet aussi de montrer que les mêmes
tendances sont à l’œuvre de chaque côté des frontières, ou presque.
OV : Qu’avez-vous découvert ?
GB : Une réalité assez triste, entêtante, révoltante :
l’ancien « pays de l’acier », comme l’appellent encore des habitants du cru,
est au cœur des transformations de l’Europe. Les usines sidérurgiques y ont
pour la plupart fermé et, au centre de cette zone, le Luxembourg a été
transformé en paradis fiscal. Difficile de ne pas y voir une organisation de
l’espace et du monde du travail au profit unique des propriétaires du capital,
actionnaires et banquiers. Plus de trente ans après les grandes saignées
d’emplois industriels, notamment avec la fermeture des principaux
hauts-fourneaux de Lorraine au tournant des années 1980, l’Europe continue de
consommer énormément d’acier. Le « pays de l’acier » est devenu un désert, à
l’exception de la Sarre, où Oskar Lafontaine, co-fondateur du parti de gauche
Die Linke, a fait passé les entreprises sidérurgiques sous contrôle public, il
y a plus de dix ans. Elles sont désormais aussi bien à la pointe en matière de
prix de revient que de développement de produits, de savoir-faire. Elles font
figure de modèle, notamment auprès des ouvriers de Florange dans leur
contestation de la politique menée par Mittal.
lundi 17 février 2014
"Il revient aux représentants démocratiquement élus de décider des orientations de la politique budgétaire"
Par Annie David
"Monsieur le président, monsieur le Premier président de la
Cour des comptes, monsieur le ministre, mes chers collègues, c’est une dure
mission que de prendre la parole après l’excellent discours de M. Migaud et la
non moins excellente intervention du rapporteur général de la commission des
finances. En tant que présidente de la commission des affaires sociales,
j’aurai toutefois une vision moins financière du rapport de la Cour des comptes
et mes conclusions ne seront sans doute pas tout à fait les mêmes.
Le dépôt en séance publique du rapport annuel de la Cour des
comptes témoigne de manière solennelle, chaque début d’année, du rôle joué par
la Cour des comptes dans l’information du Parlement. Comme vous l’avez rappelé,
monsieur le Premier président, ce rôle se décline en bien d’autres occasions,
au travers de l’ensemble des rapports publics financiers ou thématiques, des
enquêtes réalisées à la demande des commissions des finances ou des affaires
sociales, ou des référés qui leur sont communiqués.
Rendu public ce matin, le rapport annuel est, comme à
l’accoutumée, le fruit d’un travail considérable. Il comporte toujours, pour
les élus que nous sommes, de multiples sources d’intérêt dans tous les domaines
de l’action publique, nationale ou locale, comme nous venons une nouvelle fois
de le constater. Cela est particulièrement vrai pour les membres de la
commission des affaires sociales, commission dont le champ de compétence
intègre une dimension financière de manière beaucoup plus visible depuis
l’instauration des lois de financement de la sécurité sociale.
Les finances sociales représentent en effet, chacun le sait,
près de la moitié des comptes publics. C’est dire si nous sommes attentives et
attentifs aux analyses régulièrement effectuées par la Cour en la matière.
Veillons toutefois à ne pas ignorer la spécificité des finances sociales.
Celles-ci sont alimentées à près de 90 % par des contributions sur les revenus
d’activité ou de remplacement des assurés sociaux. Cette fraction socialisée de
leur revenu leur ouvre, en contrepartie, des droits qui leur permettent de
faire face aux aléas de la maladie, aux charges familiales ou à la vieillesse.
Il est bon de garder cette réalité à l’esprit, car elle
montre les limites d’une analyse purement comptable des dépenses sociales..."
Pas touche au Venezuela ! La révolution bolivarienne en danger
Après plusieurs jours de manifestations violentes de l’opposition dans différentes villes du Venezuela, le 12 février avait été annoncé comme le jour J d’une offensive visant à renverser le gouvernement démocratiquement élu de Nicolas Maduro. Hier, donc, dans plusieurs villes, des manifestations de l’opposition ont été autorisées. Elles n’ont pas été réprimées. Dans le même temps, de plus grandes manifestations de la jeunesse révolutionnaire étaient organisées pour marquer le 200e anniversaire de la bataille de La Victoria, lors de la guerre d’indépendance.
A la fin de la manifestation d’étudiants oppositionnels à Caracas – qui a réuni 1500 personnes selon El Nacional, un journal de l’opposition –, un petit groupe de voyous masqués a attaqué la police et le bâtiment du Tribunal suprême de Justice avec des pierres et des cocktails Molotov. Ils se coordonnaient au moyen de talkies-walkies. Des véhicules officiels et la façade du bâtiment ont été détruits.
Au cours de ces affrontements, deux personnes ont été assassinées : un jeune militant révolutionnaire, Juan Motaya « Jancho », et Basil Da Costa, un étudiant oppositionnel. La façon dont ils ont été tués, d’une balle dans la tête, rappelle les meurtres de manifestants perpétrés par des tireurs d’élite le 11 avril 2002, pour justifier le coup d’Etat.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, de petits groupes de jeunes partisans de l’opposition continuent d’attaquer des bâtiments officiels à Caracas et dans d’autres villes du pays.
Les responsables de ces actions sont les dirigeants de l’opposition Leopoldo Lopez et M Corina Machado, qui ont organisé ces manifestations violentes dans le but évident de déstabiliser le gouvernement démocratiquement élu.
L’opposition est profondément divisée entre, d’une part, ceux qui refusent de reconnaître leurs trois défaites électorales successives en 2012-13 et cherchent à organiser immédiatement le renversement du gouvernement – et, d’autre part, ceux qui espèrent que la détérioration de la situation économique (du fait du sabotage) leur permettra de vaincre la révolution bolivarienne dans les urnes.
Nul doute que les grands médias internationaux rapporteront ces événements de façon mensongère, les présentant comme « la répression brutale de jeunes oppositionnels courageux et pacifiques ».
Nous en appelons au mouvement ouvrier international et à l’opinion publique progressiste : en ces heures cruciales, ils doivent rester vigilants, réfuter les mensonges des grands médias et faire tout ce qu’ils peuvent pour mobiliser en solidarité avec la révolution bolivarienne.
Le 12 février 2013.
Pas Touche Au Venezuela !
samedi 15 février 2014
Pour un big bang social, politique, intellectuel
Par Clémentine Autain
Bon sang ! Que l’atmosphère sociale, politique, économique,
idéologique est pesante… Pendant que le gouvernement sert les plats du MEDEF et
dilapide l’espoir d’un changement social et écologique, les forces de la gauche
critique semblent rester l’arme au pied...
Fin décembre, le président Hollande annonçait son virulent
"Pacte de responsabilité", marquant un approfondissement des recettes
libérales empruntées par le gouvernement. Pourtant, aucune initiative de rassemblement
ne s’est depuis imposée pour lui tordre le cou. Avec la hausse de la TVA et le
recul incompréhensible sur la loi famille, les partisans de l’émancipation
humaine seraient-ils si stupéfaits, assommés qu’ils ne sauraient plus par quel
bout prendre la riposte ? Le gouvernement s’apprête maintenant, sur le gaz de
schiste, à un nouveau pas vers… le renoncement. Suffoquant.
Or, nous y voilà : sur le social, le sociétal et l’écologie,
les voies empruntées par le gouvernement PS/EELV sentent clairement le roussi.
La morosité s’installe dans le pays et la sanction, aux municipales comme aux
européennes de mars et mai prochains, pourrait être plus sévère que les
sondages ne le disent aujourd’hui. Mais cette sanction se traduira-t-elle
d’abord par une hausse de l’extrême droite et de la droite ou par une poussée
des listes à la gauche du PS ? Souhaitons que la déroute gouvernementale muscle
avant tout la gauche de la gauche.
La nécessité d’un rassemblement
En tout état de cause, nous avons besoin de bien plus qu’une
contestation électorale. Il faut un big bang social, politique, intellectuel
pour remettre à l’endroit ce que le gouvernement met à l’envers et pour faire
naître la possibilité d’une majorité alternative au service de l’amélioration
des conditions de vie du plus grand nombre. Seul un rassemblement inédit peut
nous sortir des dogmes dominants qui creusent les inégalités, menacent les
libertés et enferment les imaginaires. Nul doute que les déçus ne manquent pas
: les tenants de l’extension des droits et des protections sont éparpillés,
mais ils sont légion dans le pays. Des syndicalistes, des forces politiques,
des intellectuels, des artistes, des citoyens en mal d’avenir sont en attente
d’un déclic, d’une mise en mouvement collective pour dire « stop » aux reculs
sociaux, sociétaux et environnementaux.
Pierre Laurent a proposé une marche en avril, Olivier
Besancenot a avancé l’idée d’un week-end de révolte, j’ai proposé une grande
réunion unitaire pour construire une mobilisation de rue(lire "Contre les droites
radicales et l’austérité, le temps de la riposte").
France 2 stigmatise, La Villeneuve dit stop aux clichés
C'est une première en France : les habitants du quartier de la Villeneuve à Grenoble, ont procédé à une citation directe contre France 2 pour diffamation publique, après la diffusion en septembre, du reportage "Villeneuve, le rêve brisé". Jugé stigmatisant, ce sujet d'Envoyé spécial suscite une réaction collective sans précédant. Reportage à la Villeneuve.
On ne voit qu’elles. Les montagnes enneigées se détachent du ciel bleu azur. Perché au sommet de la butte centrale de la Villeneuve, quartier situé au sud de Grenoble, Monsieur Carnaval, sculpture géante en pierre, domine cet immense quartier qui abrite près de 14 000 habitants. De là, on aperçoit le chapiteau du marché non loin des galeries de l'Arlequin, là où a été tourné en partie le reportage de France 2. Ce mercredi matin, Pauline Damiano, cette habitante native de la Villeneuve fait remplir des souscriptions. « Le marché est un lieu de convivialité où on croise beaucoup de gens. Nous proposons de participer aux frais de justice et nous avons recueilli près de 4000 euros ! Mais il y a aussi des dons qui viennent d'autres coins de France, ce sont des gens qui ont appris notre démarche par les réseaux sociaux », raconte la présidente de l'association des habitants de la Crique Sud. La démarche ? Porter plainte, via une citation directe, contre France 2 et contre le reportage « Villeneuve, le rêve brisé » d'Amandine Chambelland, diffusé dans le magazine Envoyé spécial du 26 septembre 2013, pour « avoir porté atteinte à l'honneur et à la considération des habitants de la Villeneuve ».
Voilà donc quatre mois que les habitants s'organisent, se rencontrent et décryptent minutieusement ce reportage pour tenter de comprendre l'incompréhensible. Un reportage à charge, ultra-négatif, qui montre un quartier violent, dangereux, voire définitivement perdu. Pourtant, la journaliste, employée par la société Ligne de mire production, a passé plusieurs semaines sur place entre février et mars 2013 : une semaine de repérage sans caméra, puis deux semaines avec caméra. Elle a fait appel à Nabil, un jeune du quartier qui a joué le rôle de « fixeur » et qui lui a fait rencontrer les jeunes « qui tiennent le mur ». Mais elle a aussi parlé à des habitants, comme Mohamed Boukhatem, que nous avons croisé au marché. Il raconte comment il a été approché par elle : « Je suis très investi dans la vie du quartier. Elle cherchait des gens pour témoigner mais la première chose qu'elle m'a dit c'est : 'je veux de l'action et de la violence'. Elle partait avec une idée négative, donc je lui ai dit non. Après, quand j'ai vu que c'était Nabil qui faisait le guide, j'étais effondré. Ce gamin a la haine contre la société, il ne pouvait pas lui donner un avis équilibré ».
Lire la suite
On ne voit qu’elles. Les montagnes enneigées se détachent du ciel bleu azur. Perché au sommet de la butte centrale de la Villeneuve, quartier situé au sud de Grenoble, Monsieur Carnaval, sculpture géante en pierre, domine cet immense quartier qui abrite près de 14 000 habitants. De là, on aperçoit le chapiteau du marché non loin des galeries de l'Arlequin, là où a été tourné en partie le reportage de France 2. Ce mercredi matin, Pauline Damiano, cette habitante native de la Villeneuve fait remplir des souscriptions. « Le marché est un lieu de convivialité où on croise beaucoup de gens. Nous proposons de participer aux frais de justice et nous avons recueilli près de 4000 euros ! Mais il y a aussi des dons qui viennent d'autres coins de France, ce sont des gens qui ont appris notre démarche par les réseaux sociaux », raconte la présidente de l'association des habitants de la Crique Sud. La démarche ? Porter plainte, via une citation directe, contre France 2 et contre le reportage « Villeneuve, le rêve brisé » d'Amandine Chambelland, diffusé dans le magazine Envoyé spécial du 26 septembre 2013, pour « avoir porté atteinte à l'honneur et à la considération des habitants de la Villeneuve ».
Voilà donc quatre mois que les habitants s'organisent, se rencontrent et décryptent minutieusement ce reportage pour tenter de comprendre l'incompréhensible. Un reportage à charge, ultra-négatif, qui montre un quartier violent, dangereux, voire définitivement perdu. Pourtant, la journaliste, employée par la société Ligne de mire production, a passé plusieurs semaines sur place entre février et mars 2013 : une semaine de repérage sans caméra, puis deux semaines avec caméra. Elle a fait appel à Nabil, un jeune du quartier qui a joué le rôle de « fixeur » et qui lui a fait rencontrer les jeunes « qui tiennent le mur ». Mais elle a aussi parlé à des habitants, comme Mohamed Boukhatem, que nous avons croisé au marché. Il raconte comment il a été approché par elle : « Je suis très investi dans la vie du quartier. Elle cherchait des gens pour témoigner mais la première chose qu'elle m'a dit c'est : 'je veux de l'action et de la violence'. Elle partait avec une idée négative, donc je lui ai dit non. Après, quand j'ai vu que c'était Nabil qui faisait le guide, j'étais effondré. Ce gamin a la haine contre la société, il ne pouvait pas lui donner un avis équilibré ».
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vendredi 14 février 2014
« A Stracel, ils ont jeté le citron après l’avoir pressé»
5 techniques pour siphonner une usine rentable
Un cas d’école qui sera demain enseigné aux consultants aux
dents longues ? Quand la multinationale finlandaise UPM rachète la « Cellulose
de Strasbourg » en 1988, les ouvriers de cette usine de production de pâte à
papier sont plutôt confiants dans l’avenir. Mais ce rachat ne visait, pour le
groupe UPM, qu’à s’implanter sur le territoire français, avec une garantie de
pérennité du site de pâte seulement pour 10 ans. La « promesse » prend fin en
1998, avec l’annonce d’un premier plan social massif de 210 salariés, avant
l’annonce d’une cession définitive du site en 2012. Retour sur le lessivage
d’une usine rentable.
Le site de production de STRACEL est rentable et l’arrivée
d’un grand groupe ne peut qu’être synonyme d’investissements sur le long terme.
Et de fait, le site de production va peu à peu s’agrandir, avec notamment la
création en 1990 d’une unité de production de papier journal à côté de la
vieille chaîne de production de pâte à papier, anciennement nommée Cellulose de
Strasbourg. Fin 1999 – début des années 2000, UPM investit même 76 millions
d’euros dans un process de fabrication, innovant à l’époque, afin de pouvoir
produire le papier couché magazine, un tout nouveau papier brillant et satiné,
destiné à la presse écrite.
Mais l’arrivée de ce type de multinationales, hautement
capitalistiques, laisse rarement inchangées les logiques comptables qui
assuraient jusque-là la rentabilité d’un site de production.
Très vite, les représentants du personnel qui siègent au
conseil d’établissement, voient défiler devant leurs yeux des comptes de
résultats alarmants faisant état de pertes pour leur usine. La production
fonctionne pourtant toujours à plein régime car le marché asiatique est un
grand consommateur de papier. Mais par une série de jeux d’écritures comptables
l’entreprise a été rendue non rentable. Une manière pour le groupe de ne pas
payer d’impôts sur les bénéfices pour ce site et de ramener l’argent vers la
holding qui trône au sommet du groupe financier que constitue UPM : le groupe
est côté en bourse, à Helsinki et à Londres, le groupe ayant pris la précaution
de ne pas déclarer ses cotations boursières en France…
Contrairement à ce que le discours libéral peut laisser
croire, les fermetures d’usine ou les délocalisations se font souvent sur des
sites de production qui dégageaient de l’argent avant qu’entrent en scène une
série de stratégies qui finissent par couler l’usine et entraîner la mise au
chômage des ouvriers.
Chose rare dans cette usine, les délégués syndicaux ont
sollicité très vite un cabinet d’expertise comptable indépendant, pour porter
au jour les malversations internes qui ont mis à terre leur usine. Petit
passage en revue des diverses façons de couler une boîte.
Stratégie n° 1 : Les investissements du groupe sont en fait
des dettes pour l’usine
La Semaine de la Pensée Marxiste : un outil de formation et de progrès pour tous les étudiants !
Le centenaire de la 1ere Guerre Mondiale sera cette année sur tous les écrans, dans tous les médias, mais malheureusement sous un seul angle d’approche, à n'en pas douter, celui du capitalisme ! Pourtant c'est bien le capitalisme qui est la cause de cette véritable boucherie.
Durant cette semaine d'action, les étudiants communistes donneront la parole aux enseignants, aux chercheurs, aux universitaires que l'on entend que trop peu souvent sur les plateaux de télévision et dans les colonnes des journaux.
Abordant un très grande nombre de thèmes portant sur le centenaire de cette guerre tels que la science, le droit, l'histoire, la littérature ou encore l'économie, cette Semaine est une aide précieuse pour la formation des étudiantes et des étudiants. Bien plus précieuse que les cours de rédaction de CV !
A l'heure où la recherche et les formations sont bradés ouvertement par la ministre, il est plus qu'urgent de remettre les avancées de la recherche marxiste au cœur de l'université, et de permettre à tous de pouvoir y accéder.La Semaine de la Pensée Marxiste, c'est bien cela, remettre les avancées de la recherche au centre des universités et permettre à tous les étudiants de venir se former et débattre.
Cet événement est organisé sur plus de 40 lieux d'enseignement supérieur avec près d'une centaine de conférences au programme ! Des milliers d'étudiants et d'étudiantes sont mobilisés pour faire de la Semaine de la Pensée Marxiste une réussite.
Plus que jamais, la recherche et la pensée marxiste ont toute leur place dans l'enseignement supérieur français !
Cent ans après les tranchées, les communistes luttent toujours pour la paix, pour un monde plus juste.
jeudi 13 février 2014
Les gauches du PS s’émancipent
Par Nathanaël Uhl
Lundi, le bureau national du PS s’est réuni pour harmoniser
l’expression sur le "Pacte de responsabilité" et la "politique
de l’offre". Ce même jour, les gauches du PS, unies, sont sorties du
silence pour dire « Il n’y a pas qu’une seule politique possible ». Et qu’il y
en a aussi une à gauche.
Faut-il que la situation soit grave pour que les gauches du
Parti socialiste aient décidé de sortir de leur réserve ? La période des
élections municipales est, d’ordinaire, l’occasion d’observer un silence
prudent. Les militants socialistes, quelle que soit leur sensibilité, se
détournent du national pour camper sur le local. L’officialisation de la
"politique de l’offre" comme nouveau credo de la politique économique
du gouvernement a fait sauter les digues. Comme si le "Pacte de
responsabilité" cher à François Hollande rappelait les gauches du Parti
socialiste à leurs propres responsabilités. Et c’est unis que Maintenant la
gauche (Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann), Un monde d’avance (les
proches de Benoît Hamon) et des membres de la motion 4 (majoritairement
d’anciens proches de Ségolène Royal, animés par Stéphane Hessel) ont publié
l’appel « Il n’y a pas qu’une seule politique possible ». Ils ont choisi ce
lundi 10 février et le séminaire organisé par le bureau national du PS pour le
rendre public.
Revenir au discours du Bourget
Le débat a eu lieu, à huis clos. « Dans la forme, il s’est
bien passé », résume Pouria Amirshahi, député de la 9e circonscription des
Français de l’étranger et signataire de l’appel. Sur le fond, Jean-Marc Ayrault
a délivré l’explication de texte officielle. Et les ténors des gauches du PS
ont riposté, argument contre argument. « Personne ne s’est convaincu, glisse
Pouria Amirshahi. Mais nous avons formalisés nos désaccords. Rien que pour
cela, c’était utile. » Du côté de Maintenant la gauche, on avait pourtant tâché
de mettre sous le boisseau les désaccords. La solidarité de parti en période
électorale n’est pas un vain mot au PS. Seul Gérard Filoche n’a pas mis ses
positions en sourdine au cours du dernier trimestre 2013. Ainsi, alors que les
députés de la gauche du PS se singularisaient par des votes divergents sur la
réforme des retraites, Gérard Filoche titrait sur son blog« Pour la première
fois c’est la gauche qui casse nos retraites ».
L’appel à une autre politique, qui reprend en fait les axes
essentiels du discours de François Hollande au Bourget, rompt avec le silence
prudent des quatre derniers mois de 2013. Un premier tir à blanc a eu lieu à
l’occasion des vœux présidentiels, par la voix du Pascal Cherki, membre de
Maintenant la gauche. Assurant « comprendre les interrogations qu’on peut avoir
»sur la politique du gouvernement, le député PS de Paris avait admis
reconnaître « les intentions du président de la République », mais « doute(r)
que les moyens employés permettent d’y arriver ».
Semaine anti-coloniale du 14 février au 3 mars 2014
Du 14 février au 3 mars 2014, se tiendra la nouvelle édition de la semaine anti-coloniale. Ce vendredi 7 février la cérémonie d'ouverture a lieu à Colonel Fabien autour d'Henri et Gilberte Alleg.
A l'heure des différentes interventions militaires françaises sur le territoire africain et à la veille de la commémoration des 20 ans du génocide au Rwanda, cette manifestation prend tout son sens. En plus de ces problématiques d'actualité, les questions palestiniennes, kurdes, ou encore sahraouies seront soulevées.
Il s'agit bien de traiter la question du colonialisme, de la façon dont il est toujours présent, des solutions pour l'analyser et en sortir, de la mémoire. Ce combat est aussi celui de l'impérialisme dans son ensemble, engagement que nous faisons vivre tout au long de l'année et plus récemment lors du dernier Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants à Quito.
Pour toutes les raisons évoquées, nous encourageons la plus large participation aux initiatives de la semaine anti-coloniale (débats, conférences, projections...), afin de faire vivre la lutte anticolonialiste.
Ci-joint, le programme de la semaine anti-coloniale :
http://www.anticolonial.net/spip.php?rubrique107
A l'heure des différentes interventions militaires françaises sur le territoire africain et à la veille de la commémoration des 20 ans du génocide au Rwanda, cette manifestation prend tout son sens. En plus de ces problématiques d'actualité, les questions palestiniennes, kurdes, ou encore sahraouies seront soulevées.
Il s'agit bien de traiter la question du colonialisme, de la façon dont il est toujours présent, des solutions pour l'analyser et en sortir, de la mémoire. Ce combat est aussi celui de l'impérialisme dans son ensemble, engagement que nous faisons vivre tout au long de l'année et plus récemment lors du dernier Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants à Quito.
Pour toutes les raisons évoquées, nous encourageons la plus large participation aux initiatives de la semaine anti-coloniale (débats, conférences, projections...), afin de faire vivre la lutte anticolonialiste.
Ci-joint, le programme de la semaine anti-coloniale :
http://www.anticolonial.net/spip.php?rubrique107
mercredi 12 février 2014
Non l’ouverture à la concurrence des concessions hydrauliques !
Le président de la commission des affaires économiques de l’assemblée nationale, François Brottes, vient d’annoncer une décision imminente du gouvernement quant à « l’ouverture à la concurrence des barrages hydroélectriques ».
Rappelons les faits.
Le 27 août, alors que cela ne figurait ni dans les thèmes ni dans les conclusions du débat national sur la transition énergétique qui venait de s’achever, 3 ministres, Pierre Moscovici, Bernard Cazeneuve et Philippe Martin, annonçaient officiellement leur intention de lancer la mise en concurrence des concessions hydroélectriques à partir du 1er semestre 2014. Dans une lettre au président de la Cour des comptes, ils affichaient explicitement leur volonté de faire mieux que la droite qui s’était avérée selon eux incapable de mettre en oeuvre cette mise en concurrence, et avançaient pour ce faire une nouvelle méthode baptisée« méthode des barycentres », plus que favorable à la concurrence. Qui plus est, cette annonce était faite alors que la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale travaillait sur le sujet et que les députés missionnés pour établir des préconisations n’avaient pas achevé leurs auditions !
Le 7 octobre, ce rapport, présenté par Marie-Noëlle Battistel (PS) et Eric Straumann (UMP), était déposé. Que dit ce rapport ?
Considérant l’hydroélectricité comme « un point fixe de la politique énergique française depuis des décennies », il énonce les « difficultés majeures » qu’entraînerait la mise en concurrence des barrages :
- « danger pour la sureté des usagers et la sécurité des approvisionnements »- « hausse mécanique des prix pour les consommateurs », alors qu’aujourd’hui « la rente hydraulique profite au consommateur et à l’état »- « garanties insuffisantes apportées aux acteurs locaux pour les différents usages de l’eau »- « destructions d’emplois inévitables »Le prétexte de l’Europe ? Pas sérieux : il y a « absence d’ouverture réciproque des autres parcs hydroélectriques européens ».
La « méthode des barycentre » (consiste à aménager le processus de remise en concurrence en favorisant la création de lots unifiés sur une même vallée) préconisée par les 3 ministres ? Ce serait « la perte de contrôle sur le parc hydroélectrique français », «un manque de garantie pour les collectivités locales » ; « la question du transfert des salariés est laissée de côté », le gain financier pour l’état et les collectivités territoriales est « à relativiser » mais « l’impact sur le prix de l’électricité bien réel ». On comprend mieux avec ce point que les parlementaires aient relevé au terme de leurs auditions « l’impatience des concurrents » pressés de dépecer le potentiel hydroélectrique national pour en capter la rente. Ce serait au bout du compte « un délitement du modèle français sous couvert d’eurocompatibilité ».
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Rappelons les faits.
Le 27 août, alors que cela ne figurait ni dans les thèmes ni dans les conclusions du débat national sur la transition énergétique qui venait de s’achever, 3 ministres, Pierre Moscovici, Bernard Cazeneuve et Philippe Martin, annonçaient officiellement leur intention de lancer la mise en concurrence des concessions hydroélectriques à partir du 1er semestre 2014. Dans une lettre au président de la Cour des comptes, ils affichaient explicitement leur volonté de faire mieux que la droite qui s’était avérée selon eux incapable de mettre en oeuvre cette mise en concurrence, et avançaient pour ce faire une nouvelle méthode baptisée« méthode des barycentres », plus que favorable à la concurrence. Qui plus est, cette annonce était faite alors que la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale travaillait sur le sujet et que les députés missionnés pour établir des préconisations n’avaient pas achevé leurs auditions !
Le 7 octobre, ce rapport, présenté par Marie-Noëlle Battistel (PS) et Eric Straumann (UMP), était déposé. Que dit ce rapport ?
Considérant l’hydroélectricité comme « un point fixe de la politique énergique française depuis des décennies », il énonce les « difficultés majeures » qu’entraînerait la mise en concurrence des barrages :
- « danger pour la sureté des usagers et la sécurité des approvisionnements »- « hausse mécanique des prix pour les consommateurs », alors qu’aujourd’hui « la rente hydraulique profite au consommateur et à l’état »- « garanties insuffisantes apportées aux acteurs locaux pour les différents usages de l’eau »- « destructions d’emplois inévitables »Le prétexte de l’Europe ? Pas sérieux : il y a « absence d’ouverture réciproque des autres parcs hydroélectriques européens ».
La « méthode des barycentre » (consiste à aménager le processus de remise en concurrence en favorisant la création de lots unifiés sur une même vallée) préconisée par les 3 ministres ? Ce serait « la perte de contrôle sur le parc hydroélectrique français », «un manque de garantie pour les collectivités locales » ; « la question du transfert des salariés est laissée de côté », le gain financier pour l’état et les collectivités territoriales est « à relativiser » mais « l’impact sur le prix de l’électricité bien réel ». On comprend mieux avec ce point que les parlementaires aient relevé au terme de leurs auditions « l’impatience des concurrents » pressés de dépecer le potentiel hydroélectrique national pour en capter la rente. Ce serait au bout du compte « un délitement du modèle français sous couvert d’eurocompatibilité ».
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Texte intégral de la Déclaration finale du deuxième sommet de la CELAC, La Havane janvier 2014
Etape décisive dans la construction d’un monde multipolaire, le 2ème sommet des 33 chefs de gouvernement de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac) vient de se dérouler à La Havane les 28 et 29 janvier 2014.
La CELAC, qui rassemble 600 millions d’habitants, a commencé ses travaux en 2011 sous l’impulsion du Venezuela bolivarien ; elle est l’aboutissement des efforts des présidents Lula et Chavez pour accélérer l’unité politique et sociale des latino-américains, jusque là freinée par une OEA basée à Washington et instrumentalisée par les États-Unis. (1)
États membres de la CELAC (2014)Parmi les 83 points de la déclaration finale, on trouve la constitution de l’Amérique latine comme zone de paix – les conflits régionaux se règleront uniquement via le dialogue, en écartant tout recours à la force, la reconnaissance de l’action des peuples indigènes en faveur de la diversité biologique et la nécessité d’éviter la commercialisation de leurs savoirs par les transnationales, un train de mesures contre la pauvreté, l’analphabétisme et les inégalités, en faveur de la sécurité alimentaire, du développement agricole, de la coopération technique et scientifique, de l’intégration économique et financière.
Les présidents s’engagent à soutenir le processus de paix en Colombie, les droits de l’Argentine sur les îles Malouines, le caractère latino-américain et caraïbe de Puerto Rico (actuellement annexé par les États-Unis), la reconstruction de Haïti, et rejettent l’embargo maintenu contre Cuba par Washington (dont ce sommet souligne l’isolement presque total).
Reprenant une proposition du président Mujica (Uruguay), le président Maduro (Venezuela) a proposé un “cabinet permanent” pour intensifier la capacité de travail au quotidien de la CELAC et éviter toute “bureaucratisation”.
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La CELAC, qui rassemble 600 millions d’habitants, a commencé ses travaux en 2011 sous l’impulsion du Venezuela bolivarien ; elle est l’aboutissement des efforts des présidents Lula et Chavez pour accélérer l’unité politique et sociale des latino-américains, jusque là freinée par une OEA basée à Washington et instrumentalisée par les États-Unis. (1)
États membres de la CELAC (2014)Parmi les 83 points de la déclaration finale, on trouve la constitution de l’Amérique latine comme zone de paix – les conflits régionaux se règleront uniquement via le dialogue, en écartant tout recours à la force, la reconnaissance de l’action des peuples indigènes en faveur de la diversité biologique et la nécessité d’éviter la commercialisation de leurs savoirs par les transnationales, un train de mesures contre la pauvreté, l’analphabétisme et les inégalités, en faveur de la sécurité alimentaire, du développement agricole, de la coopération technique et scientifique, de l’intégration économique et financière.
Les présidents s’engagent à soutenir le processus de paix en Colombie, les droits de l’Argentine sur les îles Malouines, le caractère latino-américain et caraïbe de Puerto Rico (actuellement annexé par les États-Unis), la reconstruction de Haïti, et rejettent l’embargo maintenu contre Cuba par Washington (dont ce sommet souligne l’isolement presque total).
Reprenant une proposition du président Mujica (Uruguay), le président Maduro (Venezuela) a proposé un “cabinet permanent” pour intensifier la capacité de travail au quotidien de la CELAC et éviter toute “bureaucratisation”.
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vendredi 7 février 2014
Sortir de l’euro ? Pierre Khalfa répond à Marianne
À propos d’un dossier de Marianne sur la sortie de l’euro. Par Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic.
« Sortir de l’euro ? Le débat interdit » titre Marianne (N° 876, du 31 janvier au 6 février).
On pourrait ironiser en faisant remarquer que ce soi-disant débat interdit fait régulièrement l’objet d’échanges argumentés dans un certain nombre d’organes de presse, que ce soit à droite ou à gauche, que cette perspective est évoquée régulièrement par certains responsables politiques et qu’en pages intérieures Marianne reconnaît que « dans tous les ministères des Finances de la zone, comme dans tous les services de recherche et de gestion des risques des grands établissements financiers, tout le monde planche là-dessus ». Pour un débat interdit… On pourrait aussi faire remarquer que Marianne « oublie » de donner la parole à une position, celle pour qui la mise en place de la monnaie unique n’est qu’un des aspects d’un problème plus vaste, l’imposition en Europe par tous les gouvernements de politiques néolibérales menées au nom de la compétitivité.
L’Interview d’E.Todd, décryptage
Dans ce dossier, l’interview d’Emmanuel Todd mérite que l’on s’y arrête. On pourrait là aussi ironiser sur ses propos sondant l’inconscient de François Hollande « son inconscient sait, il a peur ». C’est le même Todd, partisan du « hollandisme révolutionnaire » qui, pendant la campagne électorale de 2012, soutenait François Hollande et prévoyait qu’il serait forcé par la crise de prendre des mesures anti-libérales…
Dans son interview, Todd traite le Parlement européen de « parlement bidon ». Pourtant, la comparaison entre le Parlement européen et le Parlement français ne tourne pas nécessairement à l’avantage de ce dernier. Ni l’un ni l’autre ne sont à l’initiative des lois et dans le cas français, l’utilisation d’une niche parlementaire pour présenter une proposition de loi n’a de chance d’aboutir qu’avec l’accord du gouvernement. Cependant, avec l’instauration de la codécision dans de nombreux domaines, le Parlement européen peut bloquer une directive en cas de désaccord avec le Conseil, à l’issue d’une procédure d’amendements et d’allers-retours avec le Conseil, ce qui est déjà arrivé à certaines reprises. Par contre, si le Parlement français peut théoriquement bloquer un projet de loi du gouvernement, il en est tout autrement dans la pratique, les parlementaires de la majorité étant soumis à une logique institutionnelle qui les rend, in fine, solidaires du gouvernement. Comme tous les anti-européens, Todd refuse de reconnaître que c’est parce que la démocratie a été vidée de son contenu au niveau national qu’elle est quasi-inexistante au niveau européen.
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« Sortir de l’euro ? Le débat interdit » titre Marianne (N° 876, du 31 janvier au 6 février).
On pourrait ironiser en faisant remarquer que ce soi-disant débat interdit fait régulièrement l’objet d’échanges argumentés dans un certain nombre d’organes de presse, que ce soit à droite ou à gauche, que cette perspective est évoquée régulièrement par certains responsables politiques et qu’en pages intérieures Marianne reconnaît que « dans tous les ministères des Finances de la zone, comme dans tous les services de recherche et de gestion des risques des grands établissements financiers, tout le monde planche là-dessus ». Pour un débat interdit… On pourrait aussi faire remarquer que Marianne « oublie » de donner la parole à une position, celle pour qui la mise en place de la monnaie unique n’est qu’un des aspects d’un problème plus vaste, l’imposition en Europe par tous les gouvernements de politiques néolibérales menées au nom de la compétitivité.
L’Interview d’E.Todd, décryptage
Dans ce dossier, l’interview d’Emmanuel Todd mérite que l’on s’y arrête. On pourrait là aussi ironiser sur ses propos sondant l’inconscient de François Hollande « son inconscient sait, il a peur ». C’est le même Todd, partisan du « hollandisme révolutionnaire » qui, pendant la campagne électorale de 2012, soutenait François Hollande et prévoyait qu’il serait forcé par la crise de prendre des mesures anti-libérales…
Dans son interview, Todd traite le Parlement européen de « parlement bidon ». Pourtant, la comparaison entre le Parlement européen et le Parlement français ne tourne pas nécessairement à l’avantage de ce dernier. Ni l’un ni l’autre ne sont à l’initiative des lois et dans le cas français, l’utilisation d’une niche parlementaire pour présenter une proposition de loi n’a de chance d’aboutir qu’avec l’accord du gouvernement. Cependant, avec l’instauration de la codécision dans de nombreux domaines, le Parlement européen peut bloquer une directive en cas de désaccord avec le Conseil, à l’issue d’une procédure d’amendements et d’allers-retours avec le Conseil, ce qui est déjà arrivé à certaines reprises. Par contre, si le Parlement français peut théoriquement bloquer un projet de loi du gouvernement, il en est tout autrement dans la pratique, les parlementaires de la majorité étant soumis à une logique institutionnelle qui les rend, in fine, solidaires du gouvernement. Comme tous les anti-européens, Todd refuse de reconnaître que c’est parce que la démocratie a été vidée de son contenu au niveau national qu’elle est quasi-inexistante au niveau européen.
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À qui la patrie reconnaissante?
Par Frédérick Genevée, historien.
"La décision présidentielle d’une ou de nouvelles
panthéonisations est éminente. Elle devrait à mon sens reposer sur quelques
principes. D’abord, dans la manière de décider. Si une consultation a été
engagée, il me semblerait plus démocratique que cela soit le Parlement qui en
décide et non un seul homme – fût-il élu au suffrage universel direct. Il
faudrait aussi, non seulement en finir avec la masculinité caricaturale de
cette institution, que l’on trouve non seulement inscrite dans sa devise « Aux
grands hommes, la patrie reconnaissante », mais surtout dans sa composition.
Combien d’ouvriers au Panthéon?
Il me semble donc qu’il faudrait, cette fois-ci, faire
entrer de nombreuses femmes au Panthéon. Pas une, pour se donner bonne
conscience, mais plusieurs. Il n’est pas tolérable que seules deux femmes y
reposent aujourd’hui, dont l’une parce qu’elle est la «femme de ».
Il est aussi nécessaire d’être attentif à la diversité
sociale. Combien d’ouvriers au Panthéon? Aucun. Combien de personnalités issues
de l’immigration ? Trop peu. Le Panthéon ne peut trouver ou retrouver sa
fonction démocratique qu’en étant à l’image de ce que fut et est la société
française.
Résistance
Si l’on accepte le principe de la panthéonisation et de
l’érection d’un temple républicain, il faut y faire entrer celles et ceux qui
ont servi la République et qui ont défendu ses principes démocratiques et
d’égalité. Toutes les cultures et sensibilités politiques qui ont concouru à la
défense de notre liberté doivent y être représentées, cela exclut évidemment
les personnalités qui ont porté dans l’histoire de France des discours de
haine, de racisme et d’antisémitisme, donc de l’extrême droite.
Il est enfin une période –outre celle de la Révolution
française– qui peut incarner facilement, aux yeux de tous et notamment des plus
jeunes, ce que furent le pire et le meilleur de la France, c’est évidemment
celle de la Seconde Guerre mondiale. Et le meilleur, c’est la Résistance.
jeudi 6 février 2014
De quoi la "théorie du genre" est-elle le fantasme?
Par Elisabeth Roudinesco
Réunis en une grande coalition boursoufflée, voici que les
représentants de l'extrême-droite, toutes tendances confondues - anti-mariages
gay, appuyés sur un catholicisme intégriste, salafistes habités par la terreur
d'un maléfique lesbianisme américain, lepénistes anti-système, baroudeurs de la
quenelle, anciens du Groupe uniondéfense (GUD), multiples partisans de
Dieudonné, de Robert Faurisson, d'Alain Soral, de Farida Belghoul, de Marc
Edouard Nabe et autres écrivains illuminés, habitués des plateaux de télévision
-, nous offrent un spectacle tonitruant pour commémorer le quatre-vingtième
anniversaire de l'irruption des ligues fascistes hurlant contre la République,
sur fond de crise économique majeure. Les images partout diffusées ressemblent
à celles du 6 février 1934, même si les protagonistes de ces défilés intitulés
"jour de colère" se détestent les uns les autres et affirment ne pas
partager les opinions de leurs alliés. La haine de l'autre est toujours
enfantée par l'union de ceux qui se haïssent entre eux. Rien à voir avec le
magnifique poème biblique sur la colère de Dieu (Dies Irae).
Et c'est pourquoi on retrouve dans leurs rangs une même
thématique : slogans conspirationnistes, détestation des élites, des
intellectuels, des femmes, des étrangers, des immigrés, de l'Europe
cosmopolite, des homosexuels, des communistes, des socialistes et enfin des
Juifs, le tout ancré dans la conviction que la famille se meurt, que la nation est
bafouée, que l'école est à l'agonie, que l'avortement va se généraliser,
empêchant les enfants de naître, et que partout triomphe l'anarchie fondée sur
une prétendue abolition généralisée de la différence des sexes.
Le thème n'est pas nouveau, il était déjà présent sous une
autre forme dans certains discours apocalyptiques de la fin du XIXe siècle qui
affirmaient que si les femmes travaillaient et devenaient des citoyennes à part
entière, elles cesseraient de procréer et détruiraient ainsi les bases de la
société, laquelle serait alors livrée, d'un côté aux "infertiles" -
sodomites, invertis et masturbateurs - agents d'une dévirilisation de l'espèce
humaine, et de l'autre aux Juifs, soucieux, d'établir leur domination sur les
autres peuples en usant d'une fertilité sans commune mesure avec celle des
non-Juifs. Le thème du Juif lubrique, incestueux et pourvu d'un pénis sans
cesse érigé, aussi proéminent que ses fosses nasales, est une des constantes du
discours antisémite.
Aujourd'hui, les ligues de la colère prétendent dénoncer,
après le vote de la loi sur le mariage entre personnes du même sexe, un nouveau
complot fomenté à la tête de l'Etat pour détruire davantage la famille et la
différence anatomique des sexes. Il aurait pour objectif d'imposer l'enseignement
dans les écoles républicaines d'une prétendue "théorie du genre"
visant à transformer les garçons en filles, les filles en garçons et les
classes en un vaste lupanar où les professeurs apprendraient aux élèves les
joies de la masturbation collective. On retrouve ici le thème de l'infertilité
érigé en complot contre la reproduction sexuée et l'idée de la généralisation
de l'accouplement entre personnes du même sexe. En effet, aucun enfant ne peut
naître biologiquement d'un acte sexuel qui unirait une femme devenue homme et
un homme devenu femme.
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