La statue de Jaurès domine
la petite équipe. Comme un gardien des valeurs que ces militants
communistes de Suresnes brandissent : depuis début juillet, le parti
communiste organise une collecte de fonds dans plusieurs villes du
département. Objectif, réunir de quoi affréter huit cars (à raison de 1
000 € par véhicule) afin d'emmener des familles en vacances, au Tréport,
en Normandie, le 20 août.
« D'habitude des actions
solidaires sont menées ville par ville mais cette année est
particulière. Il fallait une opération d'envergure pour les 80 ans du
Front populaire. Le but est de faire partir le plus de monde possible à
la mer », insiste Elsa Faucillon, la patronne du PCF des Hauts-de-Seine.
Et c'est là que la machine de guerre communiste démontre toute son
efficacité. Des dizaines de militants ont investi les marchés et les
places de Bagneux, Montrouge, Vanves, Suresnes et Issy-les-Moulineaux.
« Il n'y a pas que dans les villes pauvres que des gens sont dans le
besoin. On vise tout le monde », ajoute Elsa Faucillon.
Mardi
place Jean-Jaurès à Suresnes un petit groupe avait déployé barnum, pile
de tracts et affiche annonçant la fête de l'Huma, en septembre.
« L'accès pour tous aux vacances comme à la culture, on le doit au Front
populaire. Que des enfants ne partent pas en vacances est un scandale.
C'est aussi pour cela qu'on se bat », martèle Marianne Valensi, du PCF
92. Place Jean-Jaurès, les passants qui refusent le tract sont
rarissimes. « Nous sommes très actifs sur la ville. Les gens nous
connaissent. On reçoit un bon accueil », commente Rodolphe Balensi,
conseiller municipal PCF.
La
participation idéale est de 15 €. « Ce n'est pas excessif, juge Nadira.
J'ai pris plusieurs tracts que je vais distribuer à mes proches. »
« C'est bien et pas bien à la fois », nuance Danielle qui se revendique
malgré tout « de gauche » : « la cause est belle mais on demande trop
aux gens... L'Etat se désengage de tout. » « Les villes aussi », tacle
Rodolphe. « Suresnes a fermé son centre de vacances dans le Jura. La
commune n'est plus actrice du tourisme social », dénonce le jeune élu.
Une
femme s'arrête devant le barnum. « C'est que pour les familles, pas
pour les retraités, interroge-t-elle. Donner pour que des enfants aient
des vacances est normal. Mais attention, hein, je ne suis pas communiste
! » Un peu plus tard, Honorine s'attarde longuement et détaille le
tract. « J'ai la chance de travailler, précise d'emblée cette mère de
deux petits. Alors oui je suis prête à donner un coup de pouce à
d'autres. Quand j'étais au chômage, dans le besoin, j'aurais aimé qu'on
m'aide à aller à la mer avec mes enfants. »