lundi 29 avril 2024

Paris 2024 : à qui profitent les jeux Olympiques ?

À moins de cent jours des JOP de Paris 2024, l’intérêt de l’organisation d’un tel événement se pose. Sujette à la controverse, cette édition sur le sol français invite à la réflexion sur la place et le rôle du sport dans notre société.

L’organisation de l’événement suscite logiquement doutes et controverses, mais tout n’est pourtant pas à jeter avec l’eau du bain olympique.

Stéphane Floccari

Agrégé et docteur en philosophie et professeur à l’Insep

Ainsi posée, la question ressemble à une mise en accusation, sur le mode : « À qui profite le crime ? » Ce sens de la question ne peut être ignoré. Il y a un cahier des charges olympique et il a son côté obscur. À chaque édition de cette compétition qui, avec la Coupe du monde de football et le Tour de France, constitue l’un des trois spectacles sportifs de masse universels, ce cahier est rouvert. Il est compréhensible que l’organisation de l’événement suscite doutes et controverses.

Le coût financier exorbitant d’infrastructures produites ad hoc a de quoi inquiéter et même effrayer. Surtout quand on sait que certaines d’entre elles, aux dimensions pharaoniques, ne seront jamais réutilisées ni rentabilisées. Tout ceci ne pousse pas à mettre la main au portefeuille sans quelques craintes légitimes. Et que penser de la facture écologique présentée à des générations futures qui croulent déjà sous les impayés environnementaux ?

À ce tableau, il faut ajouter tous les dommages collatéraux : les gens en situation de grande précarité déplacés à la hâte et sans solution de rechange durable, le prix des terrains qui s’envole et l’explosion du prix des transports en commun. L’arbre olympique cache la forêt de la désespérance sociale de pays entiers qui choisissent malgré tout de le planter dans leur terre nationale. Et on voit mal comment, pour fêter le centenaire de sa précédente organisation de la compétition réactivée par le fameux (et très misogyne) baron Pierre de Coubertin, la « start-up nation » France pourrait faire exception à la règle.

Les alibis politiques restent les mêmes : faire tourner l’économie, dynamiser le bâtiment et les services, donner l’occasion de rayonner à un pays qui en a toujours besoin et qui le mérite tant. L’antienne est bien connue. Nonobstant ces motifs d’inquiétude légitimes dans un pays où l’on n’écoute plus vraiment ceux qui souffrent et où l’on tend de plus en plus naïvement les micros à ceux qui ne proposent que des « solutions », ajoutant de la stigmatisation à la détresse et de la haine aux fractures sociales, tout n’est pas à jeter avec l’eau du bain olympique.

Des percées sont possibles. D’abord sportives : c’est l’occasion pour nos champions de montrer l’étendue et la diversité de leurs talents affûtés par un travail herculéen dans des conditions pas toujours reluisantes, car si des efforts de moyens sont consentis, ils sont encore répartis de façon trop inégalitaire entre les fédérations sportives. Ensuite sociales et humaines : pour peu que l’or brille, que l’argent coule à flots et que le bronze sculpte de grands destins, les Français trouveront des motifs de sourire dans un océan d’angoisses.

Enfin, on peut imaginer qu’une réflexion sur la beauté et la force éducative du sport s’ouvrira pour faire de la France, non pas une vitrine médiatique de la performance à tout-va, mais un atelier pédagogique du pouvoir d’émulation et de transformation de l’homme par l’homme qui a pour nom générique : « sport(s) ».

Vaste campagne de communication, la parenthèse enchantée des Jeux doit inviter les forces progressistes à plus de lucidité critique.

Jean-Marie Brohm

Sociologue et professeur émérite des universités

Les Jeux de Paris 2024 – supposés être « citoyens », « festifs », « écologiques », « financièrement maîtrisés », « sécurisés » – constituent une vaste campagne de propagande et de communication orchestrée par de puissants intérêts économiques, politiques et idéologiques associés aux enfumeurs professionnels de l’opinion publique.

En tête de gondole, le président Macron et tous les affidés du macronisme, qui fantasment sur une « nation sportive » hissée au top classement des médailles. Ensuite, les partis politiques y compris de gauche et les organisations syndicales « responsables » invités à participer à la grande « union sacrée » derrière « nos champions » idolâtrés.

Cette mobilisation générale revêt l’allure d’un endoctrinement national relayé par les radios, les télévisions, la presse, et entretenu par les organismes bancaires, les offices du tourisme, les agences publicitaires et les municipalités ayant acquitté un péage onéreux pour le passage de la flamme olympique.

Pilotée par le Cojop et les appareils idéologiques ou administratifs de l’État – le ministre de l’Intérieur, la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, la ministre des Sports et des jeux Olympiques – cette « grande machinerie silencieuse » de l’olympisme, selon l’expression de Pierre de Coubertin, est sous la responsabilité directe de la multinationale financière affairiste du CIO et de ses hiérarques, le président allemand Thomas Bach en tête, de concert avec la meute de chasse des « partenaires » capitalistes mondiaux ou nationaux en quête de surprofits et de paradis fiscaux, le tout en accord avec la ribambelle opportuniste des gestionnaires de la région Île-de-France et de l’Hôtel de Ville. 

Dans la situation internationale liée à l’invasion criminelle de l’Ukraine par la soldatesque de Poutine et aux menaces du terrorisme islamiste, l’avenir dira si la militarisation estivale de l’espace public aura été capable de maintenir les rêves éveillés de la « trêve olympique », de la « paix olympique » et autres niaiseries de « l’idéal olympique ».

L’avenir dira aussi si le probable déficit financier de Paris 2024 mettra un terme aux illusions rassurantes du « ruissellement » destiné à occulter l’endettement colossal du pays, la crise aiguë du logement social, la précarisation des classes populaires et moyennes, l’état de plus en plus délabré des services publics et des transports en commun, la misère de l’hôpital public et des maisons de retraite, la politique néolibérale d’austérité qui se fait au détriment de l’Éducation nationale, de la recherche scientifique et médicale, et de la culture.

La diversion politique de la « parenthèse enchantée » des Jeux et le mimétisme grégaire de l’identification nationaliste aux champions – qui rappelle les modèles totalitaires soviétique, est-allemand et chinois – devraient dès lors inviter les forces progressistes à plus de lucidité critique.

 

Monoprix : les salariés en guerre contre leur nouvelle direction

Ce vendredi 26 avril, les salariés d’une quarantaine de Monoprix en France se sont mobilisés à l’appel de la CGT pour réclamer une prime de participation, qui leur a été pour la première fois refusée cette année, ainsi qu’une hausse des salaires.

« Nous n’avons même pas les moyens de faire les courses dans notre enseigne » scandait dans son microphone Alain Sylvère Tsamas, délégué syndical de la CGT, ce vendredi 26 avril devant les salariés de l’immense Monoprix de deux étages à Nation dans le 20e arrondissement de Paris.

Depuis 7 heures du matin, des centaines de salariés en grève s’étaient réunis devant une quarantaine de supermarchés à travers la France à l’appel de la CGT pour dénoncer la suppression de leur prime de participation. Cette gratification versée annuellement, correspondant en moyenne à un mois de salaire, est toujours très attendue des employés de la chaîne, payés pour la plupart au Smic.

C’est par exemple le cas d’Odile Djeugoue, vendeuse à Monoprix depuis 20 ans. « Nous sommes mal payés, sous pression et épuisés à cause des réductions d’effectifs – 20 à 30 % depuis le Covid », explique la représentante de la CGT qui ne touche pas plus de 1 400 euros par mois à temps plein, malgré son ancienneté. « Cette prime, nous l’attendons toute l’année comme la récompense du travail que nous fournissons correctement malgré tout ».

NAO infructueuses

La célèbre enseigne « premium », propriété du géant Casino, de même que Franprix ou Naturalia, a fraîchement rejoint le giron du milliardaire tchèque Daniel Krestinsky, censé redresser le groupe stéphanois qui enregistre une perte nette abyssale de 5,7 milliards d’euros sur l’exercice 2023. C’est ainsi que le nouveau directeur général, et porteur du chantier, Philippe Palazzi a justifié cette prime nulle. Le hic ? Les salariés des supermarchés Casino, auront eux droit à leur récompense, bien que largement amoindrie. Le coup de tonnerre est intervenu la semaine dernière, dans un climat social déjà très tendu à la suite de NAO infructueuses et de l’annonce d’une suppression de 1293 à 3267 postes au sein de l’entreprise.

Lors des négociations, menées courant mars, le deuxième syndicat (après la CFDT), réclamait notamment des rémunérations de 2000 euros brut minimums, n’obtenant qu’une hausse de 1,9 % à 2,2 % pour le statut employé lors de la signature de l’accord le 3 avril. Pour compenser l’interdiction de poser leurs congés pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), les cégétistes avaient également demandé une prime dédiée à cette réquisition forcée. « Pendant les JO, des millions de touristes vont générer des richesses au détriment de salariés en souffrance », assène Alain Sylvère Tsamas, entouré de ses collègues du magasin de Nation, et de passants solidaires.

Rien que dans ce Monoprix, près de 40 salariés sur 170 étaient en grève, CGT et CFDT confondu. Des rassemblements ont été organisés devant plus d’une quarantaine de supermarchés aux lettres rouges. La députée FI Rachel Keke, était, elle, venue soutenir les grévistes du Monoprix de la rue Saint-Antoine dans le 4e arrondissement de Paris. Une délégation de la CGT Monoprix se rendra à la manifestation parisienne du 1er mai pour porter ces revendications. Le boucher en poste depuis 24 ans est inflexible : « nous ne lâcherons rien ! »

 

dimanche 28 avril 2024

Immigration : À la frontière franco-italienne, des « privations de liberté hors de tout cadre juridique », alerte la Défenseure des droits

La Défenseure des droits dénonce des « violations des droits » et de « lourdes atteintes » aux libertés des exilés traversant les frontières franco-italiennes, dans une « décision-cadre » publiée ce 25 avril, après deux ans d’instruction.

« Des atteintes substantielles et multiples ». Dans son rapport publié le 25 avril, la Défenseure des droits est claire : les droits des personnes exilées traversant la frontière franco-italienne sont bafoués de manière « préoccupante » par la police des frontières, « à partir du moment où elles sont contrôlées, jusqu’à leur éloignement du territoire ».

En juillet dernier, Gérald Darmanin avait déployé une « border force » à la frontière franco-italienne, dont 120 militaires de l’opération Sentinelle, plus de 150 gendarmes et policiers, et des drones. Durant deux années, la Défenseure des droits, Claire Hédon a enquêté sur les contrôles effectués quotidiennement par cette « border force » dans les Hautes-Alpes et les Alpes-Maritimes. Elle conclut, sans détour, sur l’irrespect de la « directive retour » prévue par le droit européen.

Des refoulements illégaux face au droit européen

Lors de leur entrée sur les territoires, les personnes traversant les Alpes de l’Italie à la France font face aux procédures ne respectant pas « les garanties juridiques minimales de la directive retour, telles que le recours à une procédure équitable et transparente ». À leur arrivée sur le sol français, la situation des personnes exilées doit supposément être examinée individuellement, elles doivent avoir accès à un interprète et se voir exposer un motif de décision de refus « en fait de droit ». Or, ces droits ne sont pas appliqués, et ce sur une « zone frontalière très étendue et imprécise, ce qui est en contradiction avec le droit européen », alerte l’enquête de Claire Hédon.

Pour les frontières européennes dites « intérieures », le principe de libre circulation s’impose à travers le « Code frontières Shengen ». Mais depuis 2015, la France a rétabli les contrôles par le biais d’une mesure d’exception, renouvelée sans cesse. En février 2024, ce code est modifié. Désormais, « en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure d’un État » les contrôles sont possibles. Une nouvelle mesure introduite par le Parlement et le Conseil européen permet aussi l’autorisation du transfert « des ressortissants de pays tiers appréhendés dans la zone frontalière et séjournant illégalement sur son territoire vers l’État membre d’où ils sont directement arrivés ».

Pourtant, la Cour de justice de l’Union européenne et le Conseil d’État rappelaient récemment l’obligation pour les États membres « d’appliquer les garanties juridiques minimales » pour que les « droits fondamentaux soient respectés ».

Des « conditions indignes » et des « entraves graves »

Plus loin dans son rapport, la Défenseure des droits rapporte qu’« un grand nombre de personnes interpellées se retrouvent enfermées pendant plusieurs heures voire une nuit entière, dans des locaux présentés comme des espaces de « mise à l’abri », sans fondement légal et dans des conditions indignes ».

Claire Hédon précise que sont concernées des « personnes vulnérables, notamment des familles, des mineurs et des demandeurs d’asile ». Ces derniers, censés bénéficier d’un accueil spécifique, font face à une « entrave grave », contraire au droit d’asile : la « non-entrée ». S’ils sont considérés comme « non entrés », les demandeurs d’asile sont alors directement refusés d’entrée sur le territoire et leur demande d’asile n’est pas prise en compte. Pareillement, les mineurs accompagnés ou non sont victimes de « lourdes atteintes à leurs droits », par des « procédures entravant leur accès à la protection de l’enfance », note la Défenseure des droits.

La Défenseure des droits appelle, en outre, « à faire cesser, dans les plus brefs délais, les procédures et pratiques constatées et à mettre fin aux atteintes multiples portées aux droits des personnes qui sont contrôlées et interpellées à la frontière franco-italienne ». Près de 33 000 personnes ont été refoulées en 2023, et plus de quarante sont décédées en traversant les Alpes franco-italiennes en 10 ans, selon Info Migrants.

 

LA GAUCHE UNIE


 

samedi 27 avril 2024

Casino : le distributeur s’apprête à sabrer dans ses effectifs, jusqu’à 3 267 emplois menacés

La nouvelle direction de Casino a annoncé le 24 avril aux syndicats les contours de son « plan de réorganisation », qui prévoit la suppression de 1 293 à 3 267 emplois. Une saignée des effectifs redoutée par l’intersyndicale du groupe, sur fond de cession massive de ses magasins et de rachat par le duo d’actionnaires Kretinsky-Lacharrière.

La saignée redoutée par les syndicats se confirme. La nouvelle direction de Casino, passé en mars dernier aux mains de nouveaux actionnaires, le duo de milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, leur en a soumis l’ampleur lors d’une convocation ce mercredi 24 avril. Entre 1 293 et 3 267 postes pourraient disparaître au sein du groupe, selon le nouveau « projet de réorganisation », sur fond de cession de la quasi-totalité de ses hypers et supermarchés à Intermarché, Auchan et Carrefour.

À la perte de 2000 postes dans les magasins et les entrepôts s’ajouterait la suppression de 500 autres au sein du siège historique du groupe, à Saint-Etienne, qui en compte actuellement 1 564. Les autres sièges, dont les syndicats pensaient jusque-là qu’ils seraient épargnés, pourraient également subir la perte de quelque 700 postes.

Le scénario pourrait s’avérer encore plus sombre si les quelques magasins encore restants dans le giron du distributeur et certaines de ses plateformes logistiques n’ont pas trouvé de repreneurs d’ici septembre : 1 974 salariés de plus pourraient être alors laissés sur le bas-côté.

« Même si on s’y attendait, ces chiffres sont un choc », a réagi auprès de l’Humanité Jean Pastor, le délégué syndical Central CGT Géant Casino, selon qui cette décision serait le résultat du travail de sape lancé de longue date par l’ancienne direction du groupe, menée par l’ex-grand banquier Jean-Charles Naouri, patron tout-puissant durant trente ans.

Casse sociale sans précédent

Prévue pour le 6 mai, une réunion des comités sociaux et économiques devrait, selon le distributeur, plancher sur un « projet de plan de sauvegarde de l’emploi » (PSE), conduit parallèlement aux négociations avec les syndicats pour en définir le contenu. Casino « proposera une phase de départs volontaires pour les salariés concernés » par un PSE « présentant un projet professionnel, afin de limiter autant que possible le nombre de départs contraints », selon un communiqué de la direction.

L’intersyndicale de Casino (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) n’a eu de cesse au cours des derniers mois d’alerter sur la « casse sociale sans précédent » qu’ils anticipaient face à un « dépeçage » mené à marche forcée, sans considération pour l’avenir des salariés, soumis aux choix d’investisseurs guère soucieux de leur sort.

Pendant longtemps l’un des plus gros employeurs de Saint-Etienne et du département de la Loire, Casino, 125 ans après sa création, s’est endetté à hauteur de 6,4 milliards d’euros et amorce, avec l’annonce de ces suppressions d’emplois et ces ventes à la découpe, une nouvelle étape dans sa lente agonie.

 

Saint-Martin-d’Hères. Un parfum d’œillets


 

Les membres du collectif 25 avril animé par Manuel Branco, le maire David Queiros, la conseillère départementale Franàoise Gerbier et des élus de la ville de Saint-Martin-d’Hères.

La Ville de Saint-Martin d’Hères a commémoré le cinquantième anniversaire de la révolution portugaise en inaugurant une “Place de la Révolution des oeillets – 25 avril 1974”.

En bordure de l’ensemble Neyrpic, accueillant une des trois futures entrées du pôle de vie, la “Place de la Révolution des oeillets” a été provisoirement inaugurée ce 25 avril 2024. Provisoirement, car les travaux d’aménagement ayant pris un peu de retard, elle est encore en chantier et sera très officiellement installée le 25 avril 2025 sur ses 3500 m2.

Quoi qu’il en soit, l’intention et la commémoration étaient effectives en présence d’une assistance fournie à laquelle participaient, non sans émotion, de nombreux Portugais ou enfants de réfugiés.

Syndicats retraites Vizille Nupes

Commémoration
Ce 25 avril marque le 50e anniversaire de le révolution qui renversa la dictature fasciste portugaise instaurée par Antonio de Oliveira Salazar et prolongée par Marcelo Caetano qui opprimait le pays ainsi que les peuples colonisés, depuis de trop longues années. Il était important de le célébrer.
L’histoire en a été rappelée ces jours-ci. Il est peu après minuit en ce 25 avril 1974, lorsque retentissent sur les ondes de Radio Renascença les paroles de Grândola, Vila Morena, une chanson interdite par le régime. Le moment est venu pour les soldats de l’armée portugaise – ulcérés par les guerres coloniales – de renverser “la plus vieille dictature d’Europe” instaurée en 1933.

Une ouverture vers la démocratie, une révolution porteuse d’antimpérialiste et anticoloniale, même si de nombreuses avancées ont été rognées depuis.

Inauguration
Dévoilement de la plaque par le maire David Queiros et la Première adjointe Michèle Veyret, chant portugais, présentation des lieux et du contexte ont illustré une initiative chaleureuse où le soleil était de la partie. Une occasion aussi de saluer le travail effectué par le collectif 25 avril réuni autour de Manuel Branco, lui qui a fui la dictature et la guerre coloniale à 19 ans avant d’entrer dans la Résistance contre celles-ci à Saint-Martin-d’Hères.

Une cérémonie qui a pu raviver souvenirs et combativité.

Rendez-vous au même endroit le 25 avril de l’année prochaine sur une place entièrement équipée.

Nupes PS retraites Vizille

vendredi 26 avril 2024

André Chassaigne Député du Puy-Dôme


 

Léon Deffontaines : « La voix de la France doit être réaffirmée plutôt que diluée »

Nous entamons ce mercredi avec Léon Deffontaines (PCF) une série d’interviews des principales têtes de liste aux élections européennes. Le jeune homme de 28 ans, qui conduit une liste communiste d’ouverture, mène campagne en tendant la main aux orphelins du « non » au référendum de 2005 sur la constitution européenne et en mettant le travail au cœur de son projet dans la ligne de Fabien Roussel, son mentor.

Vous êtes candidat aux élections européennes mais vous voulez moins d’Europe. Est-ce cohérent ?

« C’est d’autant plus cohérent que la question posée est de savoir quelle Europe nous voulons. Nous avons besoin de coopération européenne mais pas de l’Europe que nous subissons, qui tend à légiférer sur tout. Nous devons réaffirmer ce qu’était l’Europe à l’origine, une coopération entre États souverains. »

Vous êtes candidat aux élections européennes mais vous voulez moins d’Europe. Est-ce cohérent ?

« C’est d’autant plus cohérent que la question posée est de savoir quelle Europe nous voulons. Nous avons besoin de coopération européenne mais pas de l’Europe que nous subissons, qui tend à légiférer sur tout. Nous devons réaffirmer ce qu’était l’Europe à l’origine, une coopération entre États souverains. »

« Il faut rester dans l’institution, mais la transformer, donc sortir de certains traités. Sur l’énergie par exemple, nous sommes pour une remise en cause du marché européen de l’électricité. Il faut soumettre au référendum de nouvelles règles européennes. La France est le peuple européen le plus méfiant vis-à-vis de l’Europe. Cela ne s’arrangera pas si on n’est pas capable de reprendre la main sur les décisions prises au niveau européen. »

« Je ne serai pas député européen mais député de la France au Parlement européen »


 

jeudi 25 avril 2024

Les mercenaires de la finance, lettre d’avril 2024


 Edito d’André Chassaigne, lettre des députés, avril 2024

Le déficit public de la France a atteint 5,5% du produit intérieur brut (PIB) sur l’année 2023, contre les 4,9% prévus par le budget imposé au Parlement à l’automne. Une véritable sortie de piste pas totalement inattendue tant les prévisions du gouvernement étaient optimistes. Le Haut Conseil des finances publiques avait d’ailleurs appelé à une forme de prudence concernant ces chiffres.

Loin de reconnaître une erreur d’appréciation ou de remettre en cause sa politique économique et budgétaire, le grand maître de la stratégie du choc, Bruno Le Maire, s’est empressé d’annoncer sa « détermination totale » à trouver des « économies complémentaires »… tout en démentant avec virulence la mise en place d’un plan d’austérité !

Pris en flagrant délit de débâcle budgétaire, le Premier ministre s’est lui lancé dans une énième offensive contre les chômeurs désignés comme profiteurs. Quand il s’agit d’accélérer la destruction des acquis sociaux pour ne pas s’en prendre aux vrais responsables, le chef de bande tire plus vite que son ombre.

A l’opposé, dans leur course au grisbi, les mercenaires de la finance oublient qu’en France, en 2023, 100 milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires et près de 200 milliards d’euros d’aides l’ont été aux grandes entreprises, sans critères et sans contreparties.

Invités à nous rendre à Bercy pour des consultations visant à trouver de nouvelles pistes pour racler les fonds de tiroir et faire la poche des citoyens, nous avons refusé de participer à cette mascarade. Nous sommes convaincus que ce sont sur les recettes et non sur les dépenses qu’il est urgent d’agir. Nos propositions en la matière sont nombreuses, sérieuses et soutenues par nos concitoyens.

Comme toujours, le gouvernement agit dans la précipitation et veut taper fort. Des coupes brutales sont à prévoir dans tous les secteurs, y compris dans ceux qui sont en souffrance. Convoquées le 9 avril, nos collectivités pourraient elles aussi être mises à rude épreuve, ce qui aura inévitablement des conséquences directes sur la vie de nos concitoyens.

Le 30 mai, lors de notre journée réservée, nous ferons entendre une autre voix et mettrons à l’ordre du jour des textes pour contraindre le gouvernement et la majorité à débattre et à se prononcer sur des sujets qu’ils refusent d’aborder. Ce sera notamment le cas du CETA que l’exécutif bloque délibérément pour ne pas affronter le refus de la représentation nationale.

Royaume-Uni : la loi sur l’expulsion des migrants vers le Rwanda suscite un tollé

Le projet du Royaume-Uni d’expulser des migrants vers le Rwanda a été validé lundi 22 avril. Le premier ministre Rishi Sunak a assuré que rien n’empêchera son exécution et que les premiers charters pourraient décoller d’ici 10 à 12 semaines. Le texte est unanimement dénoncé par les associations de défense des droits et l’ONU appelle le gouvernement britannique à « reconsidérer son plan ».

« Nous sommes prêts », « ces vols décolleront, quoi qu’il arrive », a martelé, lundi 22 avril, le premier ministre britannique Rishi Sunak, lors d’une conférence de presse, à propos du projet de son gouvernement d’expulser les migrants vers le Rwanda, quelle que soit leur nationalité. Un projet maintes fois retoqué, mais qui a finalement été validé lundi soir par les Chambres des Lords après son adoption à la Chambre des communes.

La réponse de l’exécutif aux 30 000 personnes ayant traversé clandestinement la Manche à bord de canots de fortune en 2023 fait l’objet de vives critiques parmi les associations d’aide aux migrants, l’opposition travailliste mais aussi jusqu’à l’ONU. Elle va « à l’encontre des principes fondamentaux des droits humains », avait notamment jugé son Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk. Après l’adoption, l’ONU a appelé le gouvernement britannique à « reconsidérer son plan » dénonçant des lois britanniques « de plus en plus restrictives qui ont érodé l’accès à la protection des réfugiés » depuis 2022.

« Une violation des droits humains protégés au niveau international »

Le texte avait d’ailleurs été retoqué à l’automne dernier par la Cour suprême du Royaume-Uni qui avait jugé illégal ce projet d’expulsions des demandeurs d’asile en raison des risques qu’ils encourent. Pour y parer, le projet a été remodelé et adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali qui définit le Rwanda comme un pays tiers sûr et prévoit le versement de sommes substantielles en échange de l’accueil des migrants.

« Aucune cour étrangère ne nous empêchera de faire décoller les avions », a également insisté Rishi Sunak, alors que de premières expulsions vers le Rwanda avaient été bloquées par la justice européenne. Poussé par l’aile droite de sa majorité, le chef de gouvernement s’était même dit prêt à sortir des traités internationaux si nécessaire. Il déclare désormais que des « avions charter » ont d’ores et déjà été réservés et pourraient décoller d’ici 10 à 12 semaines.

Les compagnies et autorités aériennes qui faciliteraient ces vols « pourraient être complices d’une violation des droits humains protégés au niveau international », ont pour leur part estimé lundi les rapporteurs spéciaux auprès des Nations unies sur le trafic d’êtres humains, sur les droits des migrants et sur la torture. Le commissaire du Conseil de l’Europe pour les droits de l’homme, Michael O’Flaherty, a qualifié, de son côté, cette loi d’« atteinte à l’indépendance de la justice ».

Un plan, par ailleurs, jugé « impraticable », « brutal » et « qui ne réussira pas à mettre fin aux traversées de la Manche » par le directeur général de l’organisation Care4Calais Steve Smith, rapporte l’AFP. Le gouvernement devrait « se concentrer plutôt sur la tâche vitale consistant à traiter les demandes d’asile de manière juste et rapide », a aussi réagi Enver Solomon, du Refugee Council. C’est une « honte nationale » et il « laissera une tache sur la réputation morale de ce pays », a ajouté, dans un communiqué, Sacha Deshmukh, à la tête d’Amnesty International au Royaume-Uni, tandis qu’Amnesty, Freedom from Torture et Liberty, dénonce « une menace significative pour l’Etat de droit ».

 

mercredi 24 avril 2024

Notre liste vous ressemble. Elle réunit des femmes et des hommes qui, comme vous, ne vivent pas de la distribution de dividendes mirobolants, mais de leur travail


 

Stop à la répression de l'action syndicale et aux atteintes aux droits et libertés !


 Ces derniers mois, les arrestations, garde à vue, convocations et condamnations de militant·es et responsables syndicaux·ales, notamment de nombreux·ses responsables de la CGT, qui n'ont fait qu'exercer leurs mandats se sont multipliées. Plus d'un millier de militantes et militants sont concerné·es. Certain·es militant·es ont même été l'objet d'interventions totalement disproportionnées des forces de l'antiterrorisme.

Cette offensive sert le projet d'une extrême droite historiquement et plus que jamais antisyndicale qui est quant à elle rarement inquiétée.

Cette criminalisation de militant·es syndicaux·ales et associatif·ves par le pouvoir est inacceptable !

Le PCF est solidaire de celles et ceux qui la subissent et exige que les droits, en particulier les droits syndicaux, soient pleinement respectés.

La semaine dernière, ce sont des candidates et candidats aux élections européennes qui se sont vus interdire une réunion publique. Comme c'est trop souvent le cas, une manifestation à Paris a également fait l'objet d'une interdiction finalement levée par le tribunal administratif, montrant ainsi le caractère arbitraire de la décision de la préfecture.

Le PCF dénonce ces atteintes aux droits et libertés. La liberté d'expression doit être respectée tout comme le droit de manifester qui est un droit constitutionnel.

Parti communiste français
Paris, le 22 avril 2024.

Chez Samsung, les cadres dirigeants devront travailler gratuitement un jour de plus par semaine

Arguant d'une situation économique dégradée, le constructeur sud-coréen Samsung, qui a accusé une baisse de 14 % de son chiffre d’affaires annuel en 2023, a imposé aux cadres dirigeants de ses dizaines de filiales de travailler un jour de plus, le samedi ou le dimanche. Sans contrepartie financière.

Le samedi ou le dimanche. C’est peut-être la seule marge de manœuvre laissée aux cadres des dizaines de filiales de Samsung Electronics Co., notamment celles des divisions liées à la fabrication et les divisions commerciales. Ils devront désormais se soumettre à une semaine de travail de six jours, selon une révélation du Korea Economic Daily.

La raison invoquée par le puissant conglomérat sud-coréen pour imposer cette décision unilatérale, qui sera mise en œuvre dès ce lundi 22 avril ? Des résultats économiques jugés décevants, que ses cadres dirigeants sont donc invités, sans contrepartie financière, à redresser de toute urgence.

« Considérant que les performances de nos principales unités, dont Samsung Electronics Co., n’ont pas répondu aux attentes en 2023, nous introduisons la semaine de travail de six jours pour les dirigeants, afin d’injecter un sentiment de crise et de déployer tous les efforts pour la surmonter », a ainsi déclaré l’un des responsables du groupe Samsung, relayé dans Les Échos.

Les résultats financiers du 4e trimestre 2023 révèlent une baisse de 14 % du chiffre d’affaires annuel, par rapport à 2022, ainsi qu’une chute de 96 %, au cours du premier trimestre 2024, de son bénéfice d’exploitation, par rapport au premier trimestre 2023.

Des chiffres à mettre en lien avec une baisse du nombre d’appareils vendus : 400 000 de moins que l’année dernière, la chute mondiale de la demande en semi-conducteurs. Avec, en toile de fond, une forte dépréciation du won, la monnaie coréenne, qui créerait un climat d’incertitude autour de l’avenir de la firme, connue pour ses activités dans l’électronique mais également présente dans l’industrie lourde, les services financiers, l’hôtellerie et les parcs d’attractions.

Une entreprise qui piétine les libertés syndicales

Cette régression des droits sociaux n’a cependant rien de surprenant au sein d’une entreprise, véritable institution en Corée du Sud par son poids économique, qui s’est illustrée, à travers son histoire, par son peu d’égards pour ses salariés.

En 2016, l’unique syndicat du groupe, le SGS (Syndicat général du groupe Samsung), créé en 2003, avait ainsi dénoncé des violations des droits de l’homme au sein de l’entreprise, mais aussi la situation des travailleurs précaires, les maladies professionnelles liées à l’utilisation de produits chimiques cancérigènes, à l’origine de leucémies mortelles non reconnues par l’entreprise, ainsi que l’évasion fiscale.

En 2019, le président, Lee Sang-hoon, et le vice-président du géant de l’électronique, Kang Kyung-hoon, avaient par ailleurs écopé de dix-huit mois de prison pour la répression antisyndicale qu’ils ont exercée d’une main de fer alors qu’ils étaient à la tête du groupe.

En tournée européenne en décembre 2016, le SGS avait été reçu en France, au siège de la CGT et au Sénat, avant la visite de sa délégation au Royaume-Uni, en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Luxembourg.

 

mardi 23 avril 2024

1944-2024 : 80 ans du droit de vote des femmes

Des droits à défendre et de nouveaux pouvoirs à conquérir pour les femmes !


« La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. » Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges (1791)


Les femmes obtiennent progressivement le droit de vote dans la majorité des pays autour des XIXe et XXe siècles.

En 1925, alors que les députés se sont prononcés favorablement pour le droit de vote des femmes mais pas encore les sénateurs, le PCF est le seul parti à présenter des candidates aux élections municipales : à Douarnenez, l’ouvrière Joséphine Pencalet qui a pris part à la grève des sardinières pour leurs conditions de travail et leurs salaires (une grève victorieuse dont nous fêterons cette année le centenaire), est élue. Mais son élection est annulée suite à l’opposition des sénateurs.

C’est seulement en 1944, quand la France se libère de l’occupation nazie et de la collaboration, que les femmes deviennent électrices et éligibles. En mars, l’Assemblée constituante provisoire, installée à Alger, leur accorde d’abord le droit de vote. Puis le 21 avril 1944, l’amendement du député communiste Fernand Grenier modifie l’Ordonnance portant organisation des pouvoirs publics du Comité français de libération nationale pour qu’elles soient électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes. Ce droit de vote et d’éligibilité est enfin confirmé par le Gouvernement provisoire de la République française le 5 octobre de la même année et mis en pratique en avril 1945 lors des élections municipales.

Tout est à reconstruire et les communistes prennent une part active dans l’édification de la société de l’après-guerre (Sécurité sociale, droits nouveaux pour les travailleuses et les travailleurs dans les entreprises…). Comment dès lors ne pas reconnaître, enfin, ce droit civique aux femmes, dont l’action dans la résistance ne fut pas de moindre importance que celle des hommes ?

Depuis, de nombreuses lois (14 !) ont consacré la parité en politique mais la progression vers plus d’égalité n’est ni linéaire ni irrésistible : les freins sont nombreux, aujourd’hui encore. Les inégalités, justifiées par des différences biologiques, qui assignent les femmes à la maternité et aux métiers du soin et du lien les maintiennent dans un état de minorité permanent. La sphère publique ne peut pas échapper aux inégalités observées dans le monde du travail où elles sont le résultat de la logique capitaliste : la division du monde du travail permet de mieux capter les richesses qu’il produit, le genre servant à justifier des salaires en moyenne inférieurs.

80 ans après, il est donc impossible de dire que l’égalité femmes-hommes est pleinement réalisée.

Les chiffres montrent au contraire que les femmes sont loin de représenter la moitié du corps politique ni, au sein de celui-ci, la moitié des plus hautes fonctions : 37 % de députées (un chiffre en recul pour la première fois depuis 1988), 36 % de sénatrices, 45 % de conseillères municipales mais à peine 17 % de maires et le plus souvent de petites communes (25 femmes maires seulement dans les 100 plus grandes villes de France), et 20 % de présidentes de conseils départementaux. Derrière la parité quantitative se joue aussi la parité de responsabilité. Or les femmes occupent des fonctions moins élevées que les hommes.

Alors que c’est encore très majoritairement sur les femmes, à plus de 85 %, que reposent les tâches domestiques et la charge de la famille et de la parentalité, qu’elles subissent de façon ultra majoritaires des temps partiels et donc des salaires partiels, il leur est difficile, voire matériellement impossible, d’imaginer se projeter dans un engagement civique et politique. Pour permettre aux femmes de disposer de leur temps et ainsi être en capacité de participer pleinement à la vie publique et politique, il faut s’attaquer à réformer structurellement le monde du travail, augmenter les salaires des métiers à prédominance féminine, légiférer pour indexer les salaires sur l’inflation, diminuer le temps de travail de toutes et tous pour travailler mieux et atteindre le plein emploi. Et en amont, dispenser des enseignements non-sexistes à l’école afin que les petites filles et les petits garçons ne soient plus enfermé·es dans des stéréotypes de genre qui formatent leurs choix scolaires.

De telles avancées sociales bénéficieraient à toutes et tous : les conquis féministes ont en effet un impact sur le progrès social en général. Que les femmes occupent plus de place en politique, pèsent dans les décisions et le débat public, ne doit pas être considéré comme une défaite pour les hommes : ce sont des défaites pour le patriarcat.

L’égalité est notre affaire à toutes et tous, femmes et hommes.

Cet anniversaire doit être l’occasion de faire le bilan des progrès et des reculs documentés, notamment par les rapport annuels du Haut Conseil à l’Égalité.

Il doit aussi être l’occasion de célébrer les conquêtes sociales du mouvement ouvrier et de ses élu·es mais surtout, au regard des reculs et des menaces qui pèsent sur les droits humains, d’exprimer le besoin d’en conquérir de nouveaux partout dans la société, particulièrement dans la sphère structurante du travail.

 

Parti Communiste Français
19 avril 2024