Le
ministre de l'économie, Bruno Le Maire, est à Belfort pour présider le
Comité de suivi de l'accord de 2016 relatif au maintien du site.
Deux
jours après avoir renoncé à se donner les moyens réels d’infléchir
l'opération d'absorption d'Alstom Transport par Siemens, en rachetant
les actions détenues par le groupe Bouygues, en se dérobant à
l’interpellation faite mardi dernier par le secrétaire national du PCF
dans sa lettre ouverte, il voudrait faire croire qu'il pourrait jouer un
rôle en se contentant de participer "personnellement" à un comité de
suivi.
M. Le
Maire essaie simplement d'enfumer les salariés d'Alstom. Le pouvoir
réel de décision appartiendra à qui contrôlera la majorité du capital.
Dans la branche transports, ce sera Siemens comme dans ce qui reste de
l’activité énergie, c'est General Electric. Comme seul moyen d'action,
M. Le Maire en sera réduit à dépenser l'argent des contribuables ou des
usagers des transports pour soutenir le chiffre d'affaire de Siemens
voire son taux de profit. Et encore, sous la contrainte du sacro-saint
dogme d'équilibre budgétaire.
A Belfort, le constat que pourra faire le comité de suivi est clair :
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Parmi les 21 TGV annoncés, 6 pour l'Italie ne sont toujours pas actés.
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La commande de 20 locomotives de manœuvre se fait au compte-gouttes.
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Sur
les 350 rames RER de la région parisienne, 71 seulement sont des
commandes fermes, dont les effets ne se feront pas sentir avant 2 ans.
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L'appel d'offres sur 120 nouveaux Trains d'Equilibre du Territoire n'a pas encore rendu son verdict.
Et
d'autres sites sont menacés qui, eux, ne font pas l'objet des
sollicitudes de Bruno Le Maire, notamment Ornans ou la direction veut
réduire l'effectif, avec l'aide d'un consultant spécialisé, à moins de
100 personnes, contre 387 aujourd'hui.
Comment
tolérer que la direction continue à ne faire aucune annonce
substantielle sur les recherches, et que les dépenses de R&D restent
toujours aussi limitées ? Ceci alors que pourtant les enjeux du
transport et de la maîtrise énergétique n’ont jamais aussi été
importants !
Encore
faudrait-il aussi que l’Etat – et le ministre concerné B. Le Maire –
ose demander des comptes et une transparence de la circulation de
l’argent, de son utilisation et des richesses créées à Alstom et GE.
Pour
faire avaler la pilule aux salariés, M. Le Maire multiplie des
promesses auxquelles personne ne croit, pas même lui. Pourtant, la
précédente absorption de la branche Energie par GE, adoubée par son
prédécesseur M. Macron aurait dû le conduire à un peu plus de
circonspection.
A
l'époque, GE lui avait promis la création de 1000 emplois en France en
trois ans. Si, après trois ans, le nombre 1000 est à peu près exact, en
réalité, c'est de suppressions d'emploi qu'il s'agit ! Et 345 nouvelles
suppressions se préparent à Grenoble, dans la branche Hydro. Tout aussi
inquiétant, GE a annoncé hier son intention de vendre tout ou partie de
sa filiale "Oil & Gas", ce qui ne manquera pas d'avoir un impact sur
les sites français. Faute de moyens d'action, M. Le Maire et son
ministre délégué en sont réduits à supplier GE de bien vouloir
"améliorer" son plan social.
Quelle
conception calamiteuse de la politique industrielle de la France et de
l’Europe ! Aucune vision, aucune ambition. Capitulation devant la
puissance des groupes américains ou allemands et devant les marchés
financiers mondiaux, avec, pour seule "stratégie", donner l'illusion de
limiter les dégâts sur l'emploi en France. Le tout au plus grand
bénéfice des actionnaires comme Bouygues, qui, dans le dépeçage
d'Alstom, auront touché près de 5 milliards d'euros de dividendes et
primes en cinq ans ! 5 milliards issus de la sueur et de l’inventivité
des travailleurs et des travailleuses…
D’autres
choix sont possibles pour développer les services publics de l'énergie
et du transport en France et en Europe et ainsi développer l'activité
d'Alstom et de toute l'industrie ferroviaire européenne. Nous
préconisons l'élaboration démocratique d'un grand plan de développement
du fret et des lignes à grande vitesse en Europe et, pour y répondre, la
mise en œuvre de coopérations industrielles européennes réelles, entre
égaux, et sous contrôle public, sans nécessiter une mise en capital
financier, comme ce fut le cas pour Airbus. Le système bancaire, la BCE,
doivent s’engager dans le financement des investissements nécessaires
(infrastructures, industrie et services) par des crédits à 0 %, voire
moins pour les projets les plus efficaces en termes économiques
(création de valeur ajoutée), sociale (emploi, formation, salaires) et
écologiques.
Ce
sont les luttes des salariés d'Alstom, de GE, de leurs sous-traitants,
des salariés des bassins d'emploi concernés et des populations qui
pourront faire aboutir ces propositions et mettre en échec la braderie
organisée par le gouvernement de M. Macron.
Le
PCF les appuie et les appuiera, et veut leur donner plus de force, par
son action politique, par ses élus locaux, nationaux et européens, et
par ses propositions politiques. L’Etat, la population et les salariés
doivent pouvoir imposer de tout autres critères de gestion que ceux du
capital et de la rentabilité financière, jusqu’à d’autres coopérations
internationales.
C’est
précisément aussi le sens des propositions alternatives aux ordonnances
« anti-travailleurs » du gouvernement Macron-Philipe, que le PCF a
mises en débat pour un code du travail tout à la fois protecteur et
donnant aux salariés des pouvoirs nouveaux sur l’utilisation de l’argent
des entreprises et des banques, avec la proposition de loi déposée de
« sécurité d’emploi et de formation » déposée à l’Assemblée nationale
par André Chassaigne au nom des députés communistes.
En
cela les communistes sont porteurs d’une toute autre conception de
l’intérêt général. Le PCF rencontre et rencontrera, pour construire avec
toutes et tous une alternative, les syndicalistes, les salariés et les
habitants directement concernés par Alstom et GE.