dimanche 16 août 2009

L'urgence d'un pôle public bancaire


Yves Dimicoli, animateur de la commission économique du PCF, réagit à l’affaire des bonus et avance des propositions.
Quel commentaire faites-vous à l’annonce des - bonus de la BNP-Paribas ?
Yves Dimicoli. Le scandale des bonus est dû à un autre scandale beaucoup plus grand encore. Les banques jouissent d’un plan de sauvegarde de l’État de 360 milliards d’euros ouvert sans changement des critères du crédit et des gestions bancaires, sans aucun contrôle démocratique. Tout ce fric, les banquiers l’utilisent pour amasser des liquidités et les placer, accroître les marges, les bonus et les promesses de dividendes pour les actionnaires, et en aucun cas pour améliorer les conditions de crédit pour les PME, l’emploi, la formation et des investissements réels efficaces. Et c’est pour ça que leurs actions montent en Bourse.
Au contraire, le robinet du crédit continue de se fermer et les conditions d’accès de se durcir, notamment pour les PME. Selon la Banque de France, la croissance des crédits au secteur privé non financier a enregistré une nouvelle baisse de 3,5 % en juin après une de 4,6 % en mai. Sont particulièrement touchés les crédits de trésorerie et pour l’investissement.
Des voix affirment que la fin de la crise approche…
Yves Dimicoli. Les indices boursiers et les prix du pétrole remontent à toute allure alors que nous sommes en récession. La spéculation repart et elle peut repartir parce que les spéculateurs n’ont, eux, aucun problème pour accéder au crédit : leurs promesses de gains faciles intéressent les banquiers. Bref, la crise a éclaté à cause de tous ces comportements. Mais au lieu de rompre, en changeant les critères des banques et du crédit, en donnant aux salariés des pouvoirs d’intervention et de contrôle sur les choix, on continue comme avant et c’est ça qui mène au pire. Donc ça suffit !
BNP-Paribas a bénéficié d’une aide de l’État de 5,1 milliards d’euros, Son bénéfice net au premier semestre 2009 est de 3,1 milliards d’euros, très supérieur aux attentes. Que font les dirigeants ?
Ils provisionnent 1 milliard d’euros de bonus qui bénéficieront, pour l’essentiel, à leurs traders et à eux-mêmes.
Ils rachètent, après Fortis, une nouvelle banque (Findomestic) qu’ils vont payer entre 850 millions et 1,5 milliard d’euros !
Et, pendant ce temps, les PME clientes de la BNP font ceinture et l’immense majorité de ses salariés voient leur salaire bloqué et leurs conditions de travail se dégrader.
Quelles sont les propositions concrètes que vous mettez en débat ?
Yves Dimicoli. Il faut dire stop aux bonus, mais, au-delà, le crédit doit être considéré comme un véritable service public avec de nouveaux critères d’attribution, et des institutions bancaires responsabilisées. Les propositions communistes vont dans ce sens. Il faut favoriser les entreprises qui s’engageraient à sauvegarder l’emploi avec des formations. Le taux d’intérêt des crédits aux entreprises doit être modulé : il devrait être abaissé d’autant plus que les investissements à financer programment plus d’emplois, de formation et de bons salaires. Il devrait être d’autant plus relevé que l’argent servirait à des opérations financières et spéculatives. L’argent mobilisé pour sauver les banques devrait être alloué à un fonds public national et régionalisé, alimenté aussi par les 28 milliards d’euros accordés par l’État aux entreprises en exonérations de cotisations sociales patronales. Ce fonds, qui pourrait être saisi par les comités d’entreprise, les délégués du personnel, les élus, etc., prendrait en charge tout ou partie des intérêts payés aux banques par les entreprises sur leurs crédits pour l’investissement dans la mesure où celui-ci programme de façon contrôlable plus d’emplois et de formations. Tout de suite, exigeons des moratoires sur les suppressions d’emplois et, selon les mêmes principes, la création, dans chaque région, d’un fonds public alimenté par des aides publiques régionales aux entreprises à l’appui des luttes et propositions de terrain pour l’emploi et les salaires, afin de débloquer et réorienter, sans attendre, le crédit.
Il faut aller vers la constitution d’un grand pôle public bancaire et financier autour de la Caisse des dépôts incluant des banques nationalisées pour développer ce nouveau crédit.

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