Ce 8 mai, la France commémore le 69e anniversaire de la
victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre
mondiale en Europe. L’historien Jean-Paul Scot analyse le sens de cette
commémoration à laquelle il faut redonner du contenu politique.
Signée en deux temps, la capitulation de l’armée du Reich a
mis fin à un conflit qui fit plus de 36 millions de morts sur le continent.
Mais "On minimise trop souvent la portée des idéologies fasciste et nazie
dont on commémore aujourd’hui la défaite", analyse Jean-Paul Scot.
Humanite.fr : Pourquoi faut-il commémorer le 8 mai 1945 ?
Jean-Paul Scot : La capitulation de l’Allemagne Nazie, c’est
très différent de la fin d’une simple guerre impérialiste, basée sur la
conquête de territoires, comme l’était la première guerre mondiale. Dans le cas
de 1945, la victoire est celle contre une tentation de domination idéologique,
basée sur des principes antidémocratiques, de discrimination raciale, anti
socialistes et anti-communiste. En 1945 on ne faisait pas la différence entre
la victoire sur l’Allemagne et la victoire sur le nazisme, les deux étaient
intimement liées. Et aujourd’hui, combattre les fondements de cette idéologie
reste très important.
Humanite.fr : Après la fin de la seconde guerre mondiale, il
fallut attendre 8 ans pour qu’un décret
fasse du 8 mai, un jour férié en mars 1953. Et dès 1959, un autre décret signé
du Général de Gaulle garda la commémoration mais pas le jour férié. En 1975,
Valéry Giscard d’Estaing supprima carrément les commémorations du 8 Mai dans un
contexte de réconciliation avec l’Allemagne. C’est François Mitterrand qui en
en octobre 198, rétablit le caractère férié et mémoriel du 8 mai. Comment
expliquer ces tergiversations en ce qui concerne cette commémoration ?
Jean-Paul Scot : Il y a eu une tendance très précoce dès
1945-46, de la part d’un certain nombre de démocrates chrétiens et de
résistants de droite à vouloir effacer le caractère anti fasciste et antinazi
de la victoire de 1945, au nom de la nécessaire réconciliation européenne. Sous l’impulsion de W Churchill il y a eu une
incitation à effacer la contribution des communistes et de l’union soviétique
dans la lutte antifasciste. Il s’agissait de prôner la réconciliation au nom de
la civilisation européenne et de ses racines chrétiennes…
C’est dans le contexte de la lutte contre le réarmement de
l’Allemagne et sa réintégration au sein de l’alliance atlantique en 1953, qu’il
y a eu un sursaut de la part du Général de Gaule qui a souhaité que le 8 mai et
la difficile victoire contre l’Allemagne nazie
reste dans les mémoires.
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