En Europe, la reprise pointe son nez. Mais, si la croissance
est à nouveau positive dans la plupart des Etats-membres, elle sera trop faible
pour réduire significativement le chômage. Au mieux, les cinq prochaines années
seront celles d’une croissance molle. Une fatalité ? Pas pour l’économiste
français Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS, auteur de l’illusion
financière (Les Editions de l’Atelier).
La stratégie européenne repose sur trois piliers : des «
réformes structurelles » pour restaurer la compétitivité ; l’austérité
budgétaire pour dégager l’espace à l’initiative privée ; et le partenariat
transatlantique, dont on dit qu’il créera « des centaines de milliers d’emplois
». Vous y croyez ?
Cette stratégie constitue une erreur majeure. Le problème
fondamental n’est pas lié à un manque de compétitivité, mais à l’excès de
dettes. Des dettes privées d’abord, notamment celles des banques, qui sont les
acteurs les plus endettés et ne remplissent plus leur mission. La question de
la dette publique est un alibi pour imposer un vieux programme : le
démantèlement de l’Etat-providence. Ce que l’Europe réalise, avec un succès
terrifiant, en Grèce, en Espagne, au Portugal et, dans une moindre mesure, en
Italie. Cette stratégie n’a aucune chance de favoriser le retour d’une
croissance durable. Elle enfonce l’Europe davantage encore dans la trappe
déflationniste.
L’Union mise sur le commerce extérieur. C’est ainsi qu’elle
justifie le partenariat transatlantique en cours de négociation avec les
États-Unis. De plus en plus d’Européens craignent que cet accord « de
libre-échange » se traduise par un nivellement par le bas de nos législations
sociales, sanitaires ou environnementales. Une inquiétude justifiée ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire