Le FN, avec Air France, a montré sa convergence avec le patronat. Décryptage par Alain Hayot, délégué national à la culture du PCF, Valérie Igounet, historienne, spécialiste du négationnisme et Mourad Lafitte, réalisateur.
Marine, Marion, Jean-Marie, ou l’ordre inégalitaire établi
par Alain Hayot Délégué national à la culture du PCF
Le poids du lepénisme pèse lourdement sur l’air du temps. Il éclaire la vraie nature du parti du clan Le Pen, plus uni que ne le laisse voir la tragi-comédie qu’il nous sert. Le FN donne le la au débat politique. On le mesure entre autres aux ignobles propos de Nadine Morano ou au fait que Sarkozy prétend combattre le FN tout en calquant sa vision sociétale sur celle des lepénistes.
La crise des réfugiés fonctionne comme un révélateur de la collusion idéologique autour du thème de la fermeture. La reculade de Merkel suivie par Hollande et les autres dirigeants européens donne des ailes à Marine Le Pen. Elle parle, contre toute réalité, de « submersion migratoire ». Le fantasme du « grand remplacement » n’est plus très loin comme il ne l’est pas non plus dans les propos de Fillon, Estrosi ou Ciotti. Ils légitiment ainsi les peurs agitées par Marine, Marion et Jean-Marie Le Pen.
Ainsi de l’appel au repli nationaliste qui exacerbe la haine de ces « barbares » venus des mondes arabo-musulman et africain, ces galeux d’immigrés auxquels le FN veut retirer le droit du sol au nom de la priorité nationale. Comme si le logement, l’hôpital ou l’école souffraient d’abord de la présence étrangère ; comme si notre histoire ne témoignait pas du fait que le genre humain n’a ni souche ni racine mais un cerveau pour penser, des langues pour échanger, des pieds pour bouger et une conscience pour éprouver son unité.
Ainsi de la culture où le FN tente d’exploiter le désarroi identitaire de millions de Français dans une Europe et un monde qui leur échappent. Dans les communes qu’il dirige, le FN pratique la censure. Dans le pays, il mène des actions violentes contre la création contemporaine qualifiée au mieux d’élitiste, au pire de pédo-pornographique. Ce que rejette le FN, mais aussi de nombreux élus de droite, c’est la capacité de l’art à transgresser le réel, à inventer et à anticiper le changement. Le FN prétend savoir ce que le peuple veut en matière culturelle. En vérité, il veut l’enfermer dans une vision passéiste et sclérosée du patrimoine et dans une forme de divertissement déconnectée de toute portée critique et émancipatrice.
Ainsi du monde du travail où la situation à Air France a montré la convergence du FN avec le patronat, le gouvernement, les forces politiques et les médias qui s’en sont pris avec une violence inouïe aux salariés. Là encore, les Le Pen, Philippot ou Collard ont étalé leur haine de classe. Contrairement au discours social qu’ils tiennent, ils n’ont pas eu un mot de solidarité avec les salariés, encore moins d’attention à leur détresse face aux licenciements. Philippot en a même rajouté en menant une charge contre les syndicats, accusés de politiser les enjeux. Comme si l’économie et l’emploi ne dépendaient pas de choix politiques. Ainsi des élus régionaux FN qui ont systématiquement voté contre toutes les délibérations qui allaient dans un sens social et culturel au service des populations et des territoires et dont toutes les interventions transpiraient la haine et le racisme.
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