vendredi 13 décembre 2013

Rassemblement en hommage à Nelson MANDELA ce samedi 14 décembre 2013 rue Félix Poulat à 11H interventions, animations, musique…

Nelson Mandela nous laisse un message essentiel : il a dit NON au racisme, à tous les puissants qui ont fini par céder devant l’extrême détermination de ce résistant et la force du droit qu’il incarnait.
Nous n’oublierons jamais les décennies où la France, de Charles de Gaulle à Valéry Giscard d’Estaing, coopérait avec le régime de l’apartheid.
Nous n’oublierons jamais que Mandela fut considéré comme un « terroriste », dénoncé comme tel par le président Ronald Reagan et Margaret Thatcher, que de nombreuses banques et entreprises occidentales coopérèrent avec ce régime raciste.
Rappelons par ailleurs qu’à Grenoble un Comité anti-Apartheid a impulsé de 1975 à 1994 une Campagne intense : boycott des oranges Outspan, pressions sur les entreprises « collaboratrices », interpellation des élus…
Aujourd’hui comme hier contre tous les racismes et pour l’égalité !
Il ne s’agit pas de se prosterner au pied de la statue de Mandela, mais de lutter comme il l’a fait contre les inégalités, les exclusions, tous les racismes d’aujourd’hui…
Le message de Nelson Mandela est vivant et doit le rester. Nous devons tous/toutes aller de l’avant, poursuivre la tâche immense de l’émancipation, de l’égalité des droits, de la lutte contre tous les racismes et de toutes les discriminations.
AEPS [Association Echirolles Palestine Solidarité]- AFPS – Afric’Impact- Association culturelle Amazigh- Cercle Laïque- CIIP- Comité de soutien aux réfugiés algériens- Comité Traite négrière esclavage- EELV [Europe Ecologie/Verts Isère]- FASE – FSU- FUIQP[Front uni des immigrations et des quartiers populaires]—Iran Solidarités- LDH Grenoble/38-- LDDHI (Iran)- Les Alternatifs – Maroc Solidarités Citoyennes- Mouvement de la PAIX –PAG 38- PCF- PCOF- PG- RasLfront Isère-- SOS Racisme- UD CGT-

Tribune. "Il faut mener une confrontation exigeante avec le Parti socialiste"

Comment assurer le meilleur avenir possible pour le Front de gauche ? Par Patrice Cohen-Seat, président d’Espaces marx. Il y a des moments où une force politique doit être à la hauteur de l’enjeu. C’est le cas. La France et même l’Europe sont dans une situation politique catastrophique. Les peuples s’enfoncent dans la crise. Droite et gauche paraissent aussi peu capables l’une que l’autre de trouver des solutions. (...) Le Front de gauche est dans notre pays le seul espoir d’enrayer cette mécanique infernale. À condition, toutefois, qu’il sorte de sa « maladie infantile » et se décide à se hisser au niveau de son rôle historique.
Les partis sociaux-démocrates courent après la droite, qui galope elle-même derrière l’extrême droite. Celle-ci pourrait arriver en tête l’an prochain aux européennes dans un pays comme la France : ce serait un énorme séisme politique. Déçu et en colère, le peuple de gauche est aux abonnés absents. Et la gauche d’alternative n’arrive pas à capter ce mécontentement et prendre le relais. Le Front de gauche est dans notre pays le seul espoir d’enrayer cette mécanique infernale. À condition, toutefois, qu’il sorte de sa « maladie infantile » et se décide à se hisser au niveau de son rôle historique.
Car l’enjeu est historique. Tournant le dos à ses lointaines origines de classe, le PS a repris un chemin qui, sauf au moment du Front populaire, avait déjà conduit ses prédécesseurs à rendre impossible l’idée même d’union de la gauche, quand Jules Moch réprimait les grèves dans le sang ou que François Mitterrand couvrait les exactions françaises en Algérie. Et pourtant la SFIO puis le PS ont longtemps conservé l’objectif de rupture avec le capitalisme. Aujourd’hui, ce lien ténu avec le parti de Jaurès a disparu. Incapable d’inventer une conception du socialisme à l’heure de la mondialisation, ce parti se perd dans une fuite aveugle vers la droite. Qui est alors « de gauche » aujourd’hui ? Et quelle doit être la position du Front de gauche vis-à-vis du PS quand son gouvernement applique le traité « Merkozy », continue la chasse aux immigrés et aux Roms et entend « revisiter » le droit d’asile ?
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jeudi 12 décembre 2013

Coût du nucléaire : l'ntervention du député FDG André Chassaigne à l'Assemblée nationale

Monsieur le Président,
Monsieur le ministre,
Chers collègues,
Nous examinons aujourd’hui une proposition de résolution présentée par M. Denis Baupin et le groupe écologiste visant à la création d’une commission d’enquête relative aux coûts de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects financiers de cette production.
Nos collègues souhaitent par la voie de cette commission que notre assemblée évalue le coût de la filière nucléaire française pour l’État, les contribuables et les consommateurs, mais également les incertitudes financières pesant sur l’avenir de cette technologie.
C’est une interrogation légitime. La Cour des comptes s’était déjà penchée en janvier 2012 sur les coûts de la filière électronucléaire, rassemblant l’essentiel des données factuelles disponibles actuellement sur les éléments qui constituent les coûts, passés, présents et futurs, de la production d’électricité nucléaire en France.
Ce rapport établissait deux principaux constats. D’une part, la progression des coûts de construction, qui ont triplé entre la construction de Fessenheim en 1978 et la construction de l’EPR de Flamanville  et la progression du montant des investissements de maintenance et de sûreté.  
D’autre part, l’état des lieux établi par la Cour des comptes soulignait les incertitudes qui pèsent sur le coût réel qui devra être supporté pour le démantèlement des installations et le traitement et la valorisation des déchets nucléaires. Les divergences d’appréciation sont parfois frappantes. Ainsi, l’enfouissement des déchets les plus dangereux ne coûterait « que » 14,4 milliards d’euros selon EDF… mais 36 milliards selon l’Andra !
 Ces sommes ne sont en outre toujours pas couvertes par les industriels. Sur les 79 milliards d’euros estimés pour le démantèlement et la gestion des déchets, moins de la moitié est provisionnée. Surtout, les provisions d’EDF sont particulièrement vulnérables aux aléas économiques : leur pérennité est tributaire d’une rentabilité suffisante des placements financiers d’EDF, qui ont déjà beaucoup souffert de la crise économique de 2008. La prolongation des réacteurs existants est susceptible aussi d’entraîner des coûts importants. Selon EDF, il serait nécessaire d’investir pour cela 50 milliards d’euros sur quinze ans, et 55 milliards si l’on intègre les dépenses prévues pour améliorer la sûreté suite à Fukushima.
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Dividendes : l’État français pris au piège de la financiarisation

par , Olivier Petitjean
L’État actionnaire, avide de dividendes ? Notre enquête sur les rapports entre bénéfices et dividendes distribués par les grandes entreprises françaises montre que celles dont l’État détient des participations sont aussi, et de loin, les plus généreuses à l’égard de leurs actionnaires. Au point de distribuer davantage de dividendes qu’elles n’ont enregistré de bénéfices.

L’État français se considère-t-il désormais comme un fonds d’investissement privilégiant les gains immédiats plutôt que les politiques industrielles et sociales de long terme, sur fond de nécessaire transition écologique ?
L’État, directement ou via l’une des institutions financières ou industrielles publiques – Caisse des dépôts, Fonds stratégique d’investissement (FSI), Commissariat à l’énergie atomique (CEA)… – est présent au capital d’une vingtaine d’entreprises cotées, parmi les 47 grands groupes étudiés dans notre enquête (voir les résultats complets). Dans neuf d’entre elles, la puissance publique pèse plus de 10% des actions, donc des voix (Areva, EADS, EDF, Eramet, GDF Suez, Orange, Renault, Safran, ST Micro). Or ce sont bien ces mêmes entreprises que l’on retrouve en tête du classement des entreprises qui reversent la plus grande part de leurs dividendes à leurs actionnaires. Aux côtés de groupes connus pour fonctionner selon une logique de siphonnage financier au profit de leurs principaux actionnaires, à l’exemple d’ArcelorMittal [1].
Au total, selon le dernier rapport de l’Agence des participations de l’État (APE), l’État français a perçu 4,6 milliards d’euros de dividendes en 2012. Soit une proportion considérable des 5,9 milliards de bénéfices réalisés par les entreprises concernées, qu’elles soient cotées en bourse ou entièrement publiques. EDF, GDF Suez, France Télécom, la SNCF, La Poste, Safran et Aéroports de Paris (ADP) représentaient à elles seules 90% de ces dividendes [2]. Ce choix de s’attribuer des dividendes se fait souvent aux dépens d’autres financements : investir dans la transition écologique, avec les énergies renouvelables ou de nouveaux modes de transports, améliorer les conditions de travail, augmenter les salaires ou créer des emplois.
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mercredi 11 décembre 2013

Hommage à Nelson Mandela



Hommage à Nelson Mandela
Paris le 9 décembre 2013
Discours de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français.




Madame l'ambassadrice d'Afrique du Sud en France,
Messieurs les ambassadeurs de Palestine en France et auprès de l'Unesco,
Madame Jacqueline Dérens, fondatrice de la Rencontre nationale avec le peuple d'Afrique du Sud,
Mesdames, messieurs,
Chers amis, chers camarades,

Le 7 juin 1990, quatre mois à peine après sa libération, le 11 février 1990, Nelson Mandela se trouvait ici même au siège du Parti communiste, accueilli par Georges Marchais. Âgé alors de 72 ans, celui qui n'était pas encore Président de la nation « arc en ciel » était venu en frère pour témoigner de sa reconnaissance à notre parti, et à toutes celles et ceux qui, à ses côtés, avaient embrassé le combat contre l'apartheid et celui pour sa libération, 27 années d'un combat inlassable, finalement victorieux, et 42 ans depuis l'instauration de l'apartheid en 1948.
Aujourd'hui, Madiba n'est plus, il est « rentré à la maison », endeuillant une nation dont les frontières débordent la seule Afrique du Sud. Nelson Mandela n'a jamais voulu être une icône,  lui, dont les premiers mots à sa sortie de prison, furent : « Je suis ici devant vous, non comme un prophète, mais comme votre humble serviteur. » C'est pour honorer cette leçon de combat et d'humilité au service de l'émancipation humaine, que nous portons à nouveau ce soir à la boutonnière le badge à l'effigie de Mandela, que nous portions si fidèlement lors des longues années de lutte pour sa libération.
Ce soir, nous saluons le combat d’une vie, qui fut le symbole de la lutte collective de tout un peuple. Celle d’un jeune sud-africain avocat noir, celle du militant de la Charte de la liberté  adoptée par le Congrès du Peuple en 1955, à Soweto, celle d’un révolutionnaire qui fait le choix de la lutte armée, quand la tyrannie de l'apartheid ferma toutes les portes de la non violence, celle d’un responsable politique qui traverse avec courage et sans haine 27 années de bagne et de prison, celle du premier Président sud-africain élu au suffrage démocratique non racial, symbole de l'union d'un peuple dans sa lutte pour la liberté, la paix et une nouvelle Afrique du Sud. Telle fut l’existence de Nelson Mandela, tumultueuse, faite des peines les plus profondes comme des joies les plus grandes.
L'hommage le plus sincère que nous pouvons rendre à Nelson Mandela est d'éviter les artifices d'une canonisation vidée de sens, portant au pinacle l'homme de la réconciliation et masquant volontairement l'homme de combat. Nelson Mandela ne fut qu'un. La dureté de sa lutte est indissociable de son ambition de réunification, fondée sur l'égalité de tous les Sud-Africains. Il n’y a pas eu d’abord Mandela le révolutionnaire, puis Mandela le réconciliateur. Il a toujours été les deux. La lutte contre l’apartheid et la volonté de réconciliation ont été les objectifs fondateurs de l’ANC qui se battait pour une Afrique du Sud non raciale rassemblée autour de la justice et des droits démocratiques pour tous. Mandela est devenu la figure de proue de ce combat. Mais derrière lui, il y avait une cause, une organisation, la triple alliance de l'ANC, du Parti communiste sud-africain et de la Cosatu, et des milliers de combattants. Derrière le nom de Mandela raisonnent ceux de Walter Sisulu, d'Olivier Tambo, de Joë Slovo, de Chris Hani, le secrétaire général du PC Sud Africain, sauvagement tué un an avant l'élection de Mandela, de Desmond Tutu, de Dulcie September, représentante de l'ANC, lâchement assassinée en plein Paris, et tant d'autres.... Le sourire de Mandela est une constellation de sourires, de ces sœurs et frères sud-africains, de ces combattants, de ces camarades. Nelson Mandela est universel, il est le visage réconfortant, familier de ceux qui n'abdiquent pas face à la ségrégation, la discrimination, l'exploitation, l'oppression, de ceux qui tendent la main, qui rassemblent autour de causes justes qui font l'essence de l'humanité. Pour tous ces combattants, j’ai ce soir une pensée très émue.
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Voter au Vénézuéla

Le progrès des bolivariens aux municipales de décembre 2013 est d’autant plus intéressant que certains médias et politologues réduisaient la révolution au “messianisme” de Chavez ou annonçaient la division interne de ses partisans après sa mort.
Ce dimanche 8 décembre 2013 plus de 19 millions de vénézuélien(ne)s étaient appelé(e)s à choisir 337 maires (dont deux métropolitains) et 2.435 conseillers municipaux. C’est le dix-neuvième scrutin en 14 ans de révolution. Les observateurs internationaux – comme les délégués des Conseils Nationals Electoraux de l’Équateur ou du Salvador – ont rendu compte d’un processus normal, paisible.
La droite voulait faire de ces élections municipales un vote-sanction contre la gestion de Nicolas Maduro, comme point culminant d’une guerre économique lancée par le secteur privé (1). Elle a perdu son pari. Le premier bulletin officiel du Centre National Electoral, sur base de 97,52 % des résultats transmis, indiquent que le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) s’est renforcé comme la première force politique du pays en obtenant environ 210 des 337 mairies. L’opposition de droite (MUD, Mesa de Unidad Opositora) remporte environ 50 mairies, dont quelques grandes villes comme Valencia, San Cristobal ou Maracaibo. A Caracas, le leader de la droite Antonio Ledezma bat de quelques décimales le candidat chaviste Ernesto Villegas pour le poste de “maire métropolitain” tandis que le candidat chaviste Jorge Rodriguez obtient la “Alcaldía Mayor”, la mairie stratégique de Caracas.
Le PSUV obtient environ 49 % (5.111.386 votes) face aux 42 % de la coalition de droite (4.435.097 votes). Avec ces 700.000 votes d’avance sur la droite, le camp bolivarien progresse nettement par rapport au score plus serré des présidentielles d’avril 2013 (remportées par Nicolas Maduro avec une avance de 300.000 votes sur le concurrent de la droite). Ce progrès est d’autant plus intéressant que certains médias et politologues réduisaient la révolution bolivarienne au “messianisme” de Chavez ou annonçaient la division interne de ses partisans après sa mort. Le parti communiste, allié du PSUV, réalise un faible score : 1,6 %.
La population ne s’est donc pas laissée entraîner dans la spirale du chaos voulue par l’opposition qui a joué sur toutes les touches, des paniques médiatiques aux sabotages électriques. La majorité des maires et des conseillers élus appliqueront le “Plan Patria 2013-2019”, programme écosocialiste, socialiste et participatif. (2)
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mardi 10 décembre 2013

Du fond de sa cellule n°28, notre ami Marwan Barghouti, nous adresse spécialement un texte en hommage à Nelson Mandela

« Votre pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages »
Durant toutes les longues années de mon combat j’ai eu l’occasion à maintes reprises de penser à vous, cher Nelson Mandela. Et encore plus depuis ma propre arrestation en 2002. Je songe à un homme qui a passé 27 ans dans une cellule, en s’efforçant de démontrer que la liberté était en lui avant qu’elle ne devienne une réalité dont son peuple allait s’emparer. Je songe à sa capacité à défier l’oppression et l’apartheid, mais aussi à rejeter la haine et à placer la justice au dessus de la vengeance.

Combien de fois avez-vous douté de la victoire au bout de ce combat ? Combien de fois vous êtes vous demandé vous-même si la justice pourrait s’imposer? Combien de fois vous êtes vous interrogé sur le silence du monde ? Combien de fois vous êtes vous demandé si votre ennemi n’allait jamais pouvoir devenir votre partenaire ? A la fin vous ferez la preuve de cette volonté implacable qui fera de votre nom l’une des plus brillantes références pour la liberté.

Vous êtes beaucoup plus qu’une inspiration. Vous aviez bien compris le jour où vous êtes sorti de prison que vous n’étiez pas seulement en train d’écrire l’histoire mais que vous contribuiez au triomphe de la lumière sur la nuit. Et vous êtes alors resté humble. Et vous portiez une promesse bien au-delà des frontières de votre pays, la promesse que l’oppression et l’injustice seront vaincues et que sera ouverte la voie de la liberté et de la paix. Au fond de ma cellule, je me rappelle sans cesse cette démarche et je poursuis moi-même cette quête, et tous les sacrifices deviennent supportables dans la seule perspective qu’un jour le peuple palestinien puisse accéder aussi à la liberté, à l’indépendance et que ce pays puisse vivre finalement en paix.

Vous êtes devenu une icône. Ce qui a permis l’éclat de votre cause et son rayonnement sur la scène internationale. L’universalité pour contrer l’isolation. Vous êtes devenu un symbole pour tous ceux qui croient que les valeurs universelles sur lesquelles vous fondiez votre combat pouvaient rassembler, mobiliser, pousser à l’action. L’unité est la loi de la victoire pour les peuples opprimés. La cellule exigüe et les heures de travail forcé, la solitude et l’obscurité ne vous auront pas empêché de regarder au-delà de l’horizon et de faire partager votre vision. Votre pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages.

Le traité transatlantique, un typhon qui menace les Européens

par Lori M. Wallach
Engagées en 2008, les discussions sur l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne ont abouti le 18 octobre. Un bon présage pour le gouvernement américain, qui espère conclure un partenariat de ce type avec le Vieux Continent. Négocié en secret, ce projet ardemment soutenu par les multinationales leur permettrait d’attaquer en justice tout Etat qui ne se plierait pas aux normes du libéralisme. 
Imagine-t-on des multinationales traîner en justice les gouvernements dont l’orientation politique aurait pour effet d’amoindrir leurs profits ? Se conçoit-il qu’elles puissent réclamer — et obtenir ! — une généreuse compensation pour le manque à gagner induit par un droit du travail trop contraignant ou par une législation environnementale trop spoliatrice ? Si invraisemblable qu’il paraisse, ce scénario ne date pas d’hier. Il figurait déjà en toutes lettres dans le projet d’accord multilatéral sur l’investissement (AMI) négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les vingt-neuf Etats membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) (1). Divulguée in extremis, notamment par Le Monde diplomatique, la copie souleva une vague de protestations sans précédent, contraignant ses promoteurs à la remiser. Quinze ans plus tard, la voilà qui fait son grand retour sous un nouvel habillage.
L’accord de partenariat transatlantique (APT) négocié depuis juillet 2013 par les Etats-Unis et l’Union européenne est une version modifiée de l’AMI. Il prévoit que les législations en vigueur des deux côtés de l’Atlantique se plient aux normes du libre-échange établies par et pour les grandes entreprises européennes et américaines, sous peine de sanctions commerciales pour le pays contrevenant, ou d’une réparation de plusieurs millions d’euros au bénéfice des plaignants.
D’après le calendrier officiel, les négociations ne devraient aboutir que dans un délai de deux ans.
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lundi 9 décembre 2013

Catherine Mills : "Pour enrayer le chômage, (il faut) rompre avec les dogmes économiques"

L’économiste du PCF, Catherine Mills, souligne la responsabilité des des politiques d’austérité et avance le besoin d’une sécurité sociale de l’emploi et de la formation.
L’Insee vient d’annoncer un taux de chômage au plus haut, au troisième trimestre. Estimez-vous que François Hollande atteindra son objectif d’un inversement de la courbe du chômage dès la fin de l’année ?
Catherine Mills. Non. Le chômage de masse est directement lié aux types de gestion des entreprises mis en place depuis les années 1980. Et dont l’objectif est de baisser la part des salaires dans la valeur ajoutée et d’augmenter la part des profits. Accrochée à une vision libérale qui part du principe que les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain. Or, c’est exactement le contraire qui se passe. Cette nouvelle phase de la crise systémique montre la responsabilité des groupes dominants et de la finance dans la nouvelle explosion du chômage. À cela s’ajoutent les réformes mises en place, comme la loi dite de sécurisation de l’emploi qui est une porte ouverte à toutes les vannes de licenciement. Une loi pour la flexibilité qui met en cause les droits des salariés et le licenciement économique. Il y a à la fois la crise économique, les limites de la croissance, mais en même temps, la politique menée. Or, celle conduite par François Hollande, comme toutes les politiques menées en Europe, est marquée par des cures d’austérité et par la réduction du « coût du travail ».
Justement, le gouvernement martèle que le crédit d’impôt aux entreprises va permettre de créer 30 000 emplois…
Catherine Mills. C’est faux. Ce crédit d’impôt aux entreprises de 20 milliards d’euros dès 2014 bénéficie aux entreprises sans aucun critère pour développer réellement la recherche, la formation, l’emploi. Il est basé sur l’idée que le coût du travail est trop élevé. Or, la France n’est pas du tout un pays à hauts salaires. Là où il y a un problème de compétitivité, c’est dans la recherche et dans la formation. Nos salariés doivent être mieux qualifiés. Cet outil n’incite pas à accroître les dépenses de recherche, ne fait pas repartir l’investissement, alors que toute baisse du coût du travail va entraîner une insuffisance de la demande, via le transfert de fiscalité vers les ménages, et un nouveau processus de dépression va s’enclencher. Tout cela est extrêmement grave.
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Quand les actionnaires accaparent 60% des bénéfices des entreprises

par