par Lori M. Wallach
Engagées en 2008, les discussions sur l’accord de libre-échange entre le
Canada et l’Union européenne ont abouti le 18 octobre. Un bon présage
pour le gouvernement américain, qui espère conclure un partenariat de ce
type avec le Vieux Continent. Négocié en secret, ce projet ardemment
soutenu par les multinationales leur permettrait d’attaquer en justice
tout Etat qui ne se plierait pas aux normes du libéralisme.
Imagine-t-on des multinationales traîner en justice les gouvernements
dont l’orientation politique aurait pour effet d’amoindrir leurs
profits ? Se conçoit-il qu’elles puissent réclamer — et obtenir !
— une généreuse compensation pour le manque à gagner induit par un
droit du travail trop contraignant ou par une législation
environnementale trop spoliatrice ? Si
invraisemblable qu’il paraisse, ce scénario ne date pas d’hier. Il
figurait déjà en toutes lettres dans le projet d’accord multilatéral sur
l’investissement (AMI) négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les
vingt-neuf Etats membres de l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) (1). Divulguée in extremis, notamment par Le Monde diplomatique,
la copie souleva une vague de protestations sans précédent,
contraignant ses promoteurs à la remiser. Quinze ans plus tard, la voilà
qui fait son grand retour sous un nouvel habillage.
L’accord de partenariat transatlantique (APT) négocié depuis
juillet 2013 par les Etats-Unis et l’Union européenne est une version
modifiée de l’AMI. Il prévoit que les législations en vigueur des deux
côtés de l’Atlantique se plient aux normes du libre-échange établies par
et pour les grandes entreprises européennes et américaines, sous peine
de sanctions commerciales pour le pays contrevenant, ou d’une réparation
de plusieurs millions d’euros au bénéfice des plaignants.
D’après le calendrier officiel, les négociations ne devraient aboutir
que dans un délai de deux ans.
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