A l’attention de Madame
Malerba
Cheffe de service
Service de
l'Immigration et de l’intégration
Préfecture de l’Isère
12, Place de Verdun
38000 Grenoble
Madame,
Je tenais tout d’abord à vous
remercier d’avoir bien voulu ré-ouvrir le dossier de cette famille qui n’a eu
de cesse de se battre depuis de longs mois pour éviter l’éclatement familial
qui pèse lourdement sur leurs têtes, en raison des risques d’expulsion dans des
pays différents qu’elles encourent. Avec courage malgré la peur, avec
détermination malgré les barrières financières qui se sont dressées devant eux
suite à leur perte du droit à travailler, avec sagesse aussi et respect des
règles de la République qui les accueille en son sein, sans jamais céder au
sentiment d’injustice face à des lois qui, si elles ont vocation dans notre
pays à répondre aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, permettent
aussi malheureusement l’expulsion de travailleurs sincères qui contribuent à la
richesse de notre pays, ils ont gardé l’espoir de pouvoir continuer à
travailler et vivre en famille dans notre pays.
D’ailleurs, contrairement aux
idées véhiculées dans certains médias, l’immigration représente un coût de
68 milliards d’euros et des recettes de 72 milliards, donc un apport
net de presque 4 milliards (OCDE). Les immigrés contribuent à alimenter la
richesse par habitant d’un pays comme la France. Ils créent de la richesse et
de l’emploi, car ils sont aussi consommateurs, cotisants et contribuables (TVA
et autres impôts). Ils apportent également une diversité culturelle et
professionnelle qui favorise l’économie du pays d’accueil.
C’est pour témoigner que c’est
dans cet esprit républicain auquel je suis très attachée en tant qu’élue de
progrès social qu’évoluent Marie-Gaëlle et Ted. Leur parcours démontre leur
obstination à travailler et à progresser dans les tâches et responsabilités au
sein de la société française, malgré tous les obstacles qu’ils ont traversés et
su surmonter. Je les rencontre régulièrement depuis décembre et je peux
attester que c’est une famille qu’il serait vraiment dommage de séparer sans
espoir que ses membres revivent ensemble quelque part un jour, la situation
dans chacun de leur pays d’origine ne permettant pas de compter sur la
délivrance de titres de séjours pour les uns et les autres. A chaque occasion
où nous échangeons, c’est un plaisir de partager leurs expériences de vie et de
vision sur les sujets d’actualité qui nous entourent, et de trouver des espaces
de discussion ouverts sur le monde, la politique, le social, le travail, la
condition parentale, l’implication associative et militante. Pour moi, Marie-Gaëlle
et Ted sont déjà des citoyens français à part entière, qui n’ont pas d’autre
ambition que de gagner leur vie honnêtement, de construire une famille épanouie
et paisible où partage et respect mutuel se ressentent avec bonheur quand on
les côtoie. Il ne leur manque que l’autorisation de rester et travailler, que
permettrait pourtant la circulaire Valls.
A Saint-Egrève la zone
industrielle s’est développée avec notamment de nouvelles offres de
restauration qui correspondent à l’expérience de Ted. Je ne doute pas qu’il
soit très rapidement embauché, au vu des responsabilités et compétences qu’il a
déjà exercées dans ce domaine et au vu de ses capacités relationnelles. Quant à
Marie-Gaëlle, elle a assumé avec un courage remarquable la formation
d’aide-soignante entreprise à plusieurs heures de trajet de chez elle, dans des
conditions financières épouvantables et je ne doute pas une seconde, si l’épée
de Damoclès qui pèse sur elle est également levée, qu’elle réussisse à obtenir
son diplôme puis à trouver rapidement un emploi dans un secteur de la santé
toujours en tension comme vous le savez.
Pour toutes ces raisons, j’espère
de toute la force de mes valeurs humanistes que vous accorderez un regard
bienveillant à cette situation et que vous statuerez en faveur d’une délivrance
de titre de séjour qui leur permette de travailler et vivre parmi nous.
Je vous remercie pour votre
attention à mon courrier un peu long, mais qui traduit tout mon attachement à
ces personnes de qualité.
Je vous prie d’agréer, Madame,
l’expression de ma haute considération.
Sylvie GUINAND,
Elue municipale,
Membre de l’ANECR et de
l’ADECR
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