Une mineure prostituée sur trois est âgée de 13 à 15 ans, selon une enquête inédite réalisée par l'Observatoire des violences envers les femmes en Seine-Saint-Denis et publiée ce mardi 12 novembre.
L'objectif de cette enquête selon Ernestine Ronai ? «Mieux connaître le parcours de ces jeunes pour mieux les protéger». Pour cela, la responsable de cet Observatoire des violences a ainsi eu accès à 19 dossiers des juges pour enfants du tribunal de Bobigny et analysé une quarantaine de signalements de la protection de l'enfance.
Et le constat est alarmant : un tiers d'entre elles (seuls trois garçons étaient concernés) a moins de quinze ans, avec des victimes signalées à la protection de l'enfance âgées de 6 à 17 ans, beaucoup sont déscolarisées et ont déjà souffert de violences, physiques et sexuelles.
A ce sujet, et selon les données communiquées par le juge, 89 % des jeunes filles s'adonnant à la prostitution ont en effet été violentées par le passé. Il s'agit à 40 % de violences physiques et sexuelles, souvent commises au sein du foyer. A noter que les mères de 61 % des mineures ont elles-mêmes été victimes de violences conjugales.
L'étude révèle par ailleurs que 72 % des cas de violences dénoncées aux autorités compétentes n'ont pas fait l'objet de suites judiciaires. «Les conséquences en sont dramatiques», notent ses auteurs, qui assurent que «prendre davantage en compte ces victimes [serait] in fine un des moyens de lutter contre la prostitution des mineurs».
Ils reviennent également sur le rôle dramatique des réseaux sociaux, qui représentent 50 % des lieux d'approche des clients de prostitution. Et appellent à mettre en place des structures d'accueil spécifiques pour ces mineurs, ainsi qu'à mieux former les professionnels à leur prise en charge.
«Si nous avons fait cette enquête inédite, c'est parce que le sujet nous paraît être un angle mort des politiques publiques», a estimé Stéphane Troussel, le président socialiste du 93. Il appelle de ses voeux à ce que le phénomène – en «expansion» selon les experts – soit «intégré» aux mesures attendues du Grenelle des violences faites aux femmes.
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