Le secteur a été reconnu comme essentiel par le gouvernement. C’est pourtant essentiellement pour fabriquer des téléphones que travaillent les salariés de ST Micros à Crolles. La CGT en appelle au préfet et aux élus.
Sept cents salariés environ travaillent encore à Crolles, sur le site de St Microelectronics. « Nous produisons des puces dont l’essentiel va dans des smartphones, il ne s’agit pas d’une production essentielle à la lutte contre l’épidémie », constate David Majewski, délégué syndical CGT.
Danger grave et imminent
Encore faut-il noter que les systèmes de protection mis en place l’ont été après intervention de la CGT et de l’inspection du travail. « Nous avons des contacts avec nos collègues en Italie, souligne David Majewski, et nous avons commencé à intervenir début mars pour demander le renforcement des mesures de protection ». La direction de l’entreprise a continué à privilégier le niveau de la production – elle a baissé de 20 à 30%, selon le degré d’automatisation des processus – et, le 18 mars, la CGT a engagé une procédure de constat de « danger grave et imminent », avec l’appui de l’inspection du travail. « Cette procédure a contraint l’entreprise à prendre de nouvelles dispositions, mais il est difficile de respecter des règles de distanciation dans certaines organisations du travail, ou encore à proximité de la badgeuse que tout le monde doit utiliser », constate le responsable syndical.
Jusqu’à 50%
Un accord d’entreprise a été ratifié par la CFDT et la CGC. Il prévoit la réduction des effectifs présents sur le site dans une proportion qui pourra aller jusqu’à 50%. Tout est dans le « jusqu’à ». « Nous avons des exemples qui montre que ces 50% ne sont pas partout atteints », relève David Majewski. Plus largement, c’est la notion d’activité essentielle qui est discutée. Caractère essentiel reconnu pour la filière électronique par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, dans le même temps que les pouvoirs publics appellent au respect du confinement. « Nous ne produisons que de façon marginale pour le médical – les puces livrées par ST pour des respirateurs provenaient de stocks et il faudrait trois mois pour mettre en route une ligne de fabrication -, on demande aujourd’hui aux salariés de venir s’exposer et d’exposer leur famille pour fabriquer des téléphones ».
300 euros de présentéisme sur le site
On ne fait d’ailleurs pas que demander. La direction de l’entreprise recourt à des intérimaires et propose des heures supplémentaires à des volontaires. Une prime de présentéisme a été mise en place par la direction. 300 euros pour inciter à venir travailler dans l’usine, qui seront versés au prorata des temps de présence. « Non seulement on incite à ne pas respecter le confinement, mais en plus on met en danger ceux pour qui 300 euros représente le plus, les précaires, les bas salaires… », s’indigne le syndicaliste. Qui ajoute que « ça nous fait mal au ventre d’utiliser des milliers de masques chirurgicaux ou de masques FFP2 pour produire des puces alors qu’il font défaut à tant de personnels soignants ».
La CGT a écrit le 26 mars au préfet de l’Isère et à l’inspection du travail pour demander d’imposer une mise en veille des lignes de fabrication. « C’est une décision qui sera sans doute prise au niveau national, ça prendra du temps or le virus n’attend pas ». La CGT s’est également adressée au maire de Crolles pour lui demander de prendre un arrêté d’interdiction d’activité du site de ST Micros.
Aujourd’hui, la direction semble camper sur ses positions. Au point que la CGT envisage l’appel à la grève pour protéger les salariés qui voudraient se protéger.
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