Professeur
à l’université de Londres, Philippe Marlière dénonce une volonté très
complaisante de rattacher à tout prix Manuel Valls, l’homme fort du
gouvernement, à une tradition de gauche, et plus précisément socialiste.
Dans une récente note de blog vous écrivez : « Valls est un sarkozyste » [1]. Ce n’est pas un peu fort ?Non, ça décrit la situation et la réalité. On a un ministre d’un gouvernement socialiste, de gauche donc, qui plus est à un poste stratégique, l’Intérieur, qui reprend dans ses discours et sa pratique gouvernementale des pans entiers d’une politique sécuritaire, qui était le fond de commerce du gouvernement précédent et d’une droite dure. Et ce, sur des sujets aussi importants que les questions de sécurité, d’ordre, la gestion des différentes communautés dans le pays, la question des Roms, de l’islam, des religions, qui sont évidemment les dossiers les plus importants à ce poste.
Sur ces sujets extrêmement sensibles, dans un climat de tension entre des personnes de foi et de culture différentes, au lieu de se comporter comme un ministre de l’Intérieur de gauche, de manière neutre et bienveillante pour tous, Manuel Valls continue dans la même veine que le sarkozysme et en particulier celle de son prédécesseur, Claude Guéant. Il met de l’huile sur le feu, divise, clive, et prend des positions contraires à ce qu’un ministre de l’Intérieur devrait faire, des positions qui ne sont pas soutenues par la loi actuelle. Dernièrement, il a déclaré qu’il fallait voir de plus près la question du voile à l’université, alors que cette question ne pose absolument aucun problème. On a affaire ici à des adultes et porter le foulard est tout à fait légal. Ce type de discours brouille les frontières entre la gestion responsable et professionnelle d’un ministère très important et les déclarations à l’emporte-pièce, teintées d’une idéologie sécuritaire de droite. Peut-on tout de même le qualifier de « sarkozyste de gauche » ?
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